How to be a boss bitch, une interview avec Nova Twins
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Auteur·ice : Chloé Merckx
29/09/2022

How to be a boss bitch, une interview avec Nova Twins

Les Nova Twins ont déboulé dans notre vie comme une tornade, et nous nous sommes prosterné·es à genoux, les paumes des mains jointes devant nos nouvelles grandes prêtresses du heavy metal. Si vous ne voyez pas qui elles sont, on peut déjà se demander où vous étiez ces quatre derniers mois, mais on peut surtout vous assurer qu’il ne faut pas passer à côté de leur puissance, auquel cas vous risquez de vivre une vie morose et vide de sens.

À quelques heures de leur set au Pukkelpop, nous avons eu la chance de discuter avec Amy Love et Georgia South lors d’une interview pleine de bienveillance, pour aborder l’espoir et la beauté d’une scène loud qui se découvrirait plus diverse, mais aussi de la boss bitch attitude qui transcende leur art. “How to be a boss bitch” une leçon offerte par La Vague Parallèle et les Nova Twins.

Nova Twins Interview

©Chloé Merckx


La Vague Parallèle: Comment allez-vous ? Excitées pour le concert de ce soir ?

Amy: Oui super excitées !

Georgia: Le Pukkelpop fait partie des festivals qu’on a toujours eu envie de faire.

LVP: C’était sur votre bucket list

Amy: À vrai dire, oui ça l’était. (rires)

LVP: C’est chouette de voir qu’autant d’artistes s’intéressent à notre petit pays.

Georgia: Honnêtement, tout le monde ne parle que de ce line-up qui est vraiment dingue cette année !

LVP: En parlant du line-up, Bring Me The Horizon joue sur la Main Stage ce soir, est-ce qu’on peut espérer vous voir performer 1X1 sur scène avec eux?

Georgia: Non, malheureusement, on doit partir assez tôt aujourd’hui, on n’aura pas l’occasion de le faire, mais on a hâte de retourner sur scène avec eux, on les a croisés hier soir d’ailleurs.

Nova Twins Interview

©Chloé Merckx

LVP: Quelle est la chanson que vous préférez jouer en live en ce moment?

Amy: Mmmm, Choose Your Fighter est super fun. Fire and Ice est assez fun aussi. En vrai, tout ce qui sort de notre dernier album est vraiment amusant à jouer.

Georgia: Je dirais aussi Choose Your Fighter, parce qu’elle est super énergique !

LVP: À propos de votre dernier album Supernova, déjà félicitations ! Il a été particulièrement bien reçu par la scène loud, comment vous sentez-vous par rapport à toute l’attention qu’il a eue ?

Georgia: Je pense que, toutes les deux, nous regardons cet album un peu comme notre enfant, donc quand tout se passe bien pour lui on est genre : “Yayy !”. C’est super chouette et on est vraiment contentes.

Amy: On est vraiment fières de cet album, on l’a écrit pendant le confinement, c’était une période assez turbulente, donc voir cet album sortir et être si bien reçu, c’est quelque chose qu’on aurait vraiment pas su prévoir. On est très reconnaissantes et surtout heureuses qu’il y ait eu tant d’amour autour de lui.

 

 

LVP : Vous n’avez pas peur de mélanger beaucoup de genres dans votre musique, et on se demandait ce qui vous motive, ou vous a motivé à créer un son aussi hybride ?

Georgia : Je dirais que cela nous vient assez naturellement, on ne s’amène pas au studio en se disant “Tiens, aujourd’hui je vais faire du rock, ou du rap”. Quand on écrit, on essaye de se demander : qu’est ce qui sonne comme nous ? Après, notre personnalité se mélange au reste, mais on n’y pense pas tant que ça.

Amy : On essaye aussi de ne pas se mettre de limites, on se laisse aller, on voit ce qu’il se passe, on essaye d’écouter notre intuition. Si on commence toutes les deux à se sentir enthousiasmées par une chanson, on se dit que c’est bon, et puis on persévère jusqu’à ce que ce soit terminé.

Georgia : Par exemple, Sleep Paralysis sonnait assez différemment du reste, mais ça nous plaisait vraiment et on s’est dit qu’il n’y avait pas de raison que cette chanson ne soit pas sur l’album.

LVP : On se demandait justement quelle avait été l’inspiration derrière cette chanson. Pour notre part, elle nous a fait penser à un film de Tim Burton ! 

Georgia : (rires) C’est cool comme comparaison !

Amy : Encore une fois, je pense que c’était juste une période très sombre pour tout le monde. On se sentait un peu comme dans un cauchemar avec toute la merde qui se passait. La première chose qui m’est venue en tête était la couleur bleue et ce genre d’atmosphères. C’est une chouette et honnête petite chanson, mais d’un autre côté elle est aussi super chaotique dans le refrain. Le monde nous semblait immobile, et en même temps il y avait tout ce chaos qui se déroulait sous nos pieds. Sleep Paralysis est une de mes chansons préférées de cet album.

Je trouve ça génial de voir toutes ces femmes et ces personnes non binaires arriver en haut et reprendre ce pouvoir qui nous a été enlevé depuis trop longtemps.

 

LVP : Supernova était fort en rapport avec le pouvoir féminin, et on sait qu’il n’y a pas encore beaucoup de femmes qui abordent ce sujet-là dans la scène loud. On voulait savoir quelle avait été votre expérience avec l’écriture de chansons auxquelles les femmes peuvent s’identifier ? 

Amy : Je pense qu’on essaye d’être honnêtes, on parle de ce en quoi nous croyons. On utilise notre visibilité pour élever certaines personnes et s’assurer que tout le monde se sente vu et entendu. Évidemment, on ne sait pas faire ça pour tout le monde, mais on fait de notre mieux pour créer une bonne énergie et un safe space pour les personnes qui viennent à nos concerts. C’est pareil pour la musique, on veut que les gens se sentent vulnérables et ouverts, mais on a aussi envie qu’ils se sentent en pouvoir. Ce n’est pas le cas pour nous la plupart du temps, on est des filles normales, mais parfois il faut se mettre dans ce mindset de protestation : “Aujourd’hui je vais avoir confiance en moi, même si ça n’est pas le cas je vais faire semblant” ; et ça c’est notre album. Supernova doit représenter cette énergie qu’on donne aux gens et qu’iels nous rendent en concert.

Georgia : Je pense aussi qu’on écrit des chansons qu’on aurait aimé entendre plus jeunes pour se sentir badass ou sexy ou impertinentes. C’est ce qu’on veut entendre dans un moshpit.

LVP : Est-ce que le fait d’avoir si peu d’exemples féminins dans le métal en grandissant a affecté votre son d’une certaine manière ?

Georgia : Je pense qu’on a essayé de prendre des influences partout où on pouvait, mais on a aussi beaucoup pris de notre imagination. On s’est inspirées de Beyoncé, de Destiny’s Child, de Missy Elliott et de toutes ces femmes puissantes qui ne sont pas dans le heavy metal, mais dont la puissance est inspirante.

Amy : Je trouve ça génial de voir toutes ces femmes et ces personnes non-binaires arriver en haut et reprendre ce pouvoir qui nous a été enlevé depuis trop longtemps. C’est génial de voir ces gens qui, tout d’un coup, prennent de la place et disent “C’est notre espace aussi”. On n’essaye pas d’éradiquer les hommes, on veut juste les rejoindre et s’ajouter à l’équation. On veut que la musique soit pour tout le monde parce que ça a le mérite de l’être, et en plus ça rend le monde musical meilleur et ça apporte une nouvelle palette de genres et de gens. C’est ça qu’on a envie de voir en concert.

LVP: Cleopatra est une chanson qui retrace le chemin d’une reine mythique qui prend le pouvoir dans un terrain hostile. Est-ce qu’on se trompe si, d’une certaine manière, on compare la chanson à votre parcours personnel ? 

Amy : (rires) Ça peut être une bonne façon de la décrire.

Georgia : On a surtout adoré l’idée de cette femme qui est presque arrivée au statut de déesse et qui vient chercher tout le monde. (rires)

Amy : On l’a écrite après BLM (Black Lives Matter), et on avait envie d’avoir une chanson qui parle un peu de ça aussi et, d’une certaine manière, de permettre aux gens de se sentir fiers de leur héritage, de leur culture, de s’aimer soi et chaque centimètre de son corps. On a envie que les gens se sentent comme des boss bitch, Cleopatre était aussi une sorte de guerrière.

LVP : Et une boss bitch !

Amy : Et une boss bitch ! (rires)

LVP : On aimerait terminer cette interview en vous demandant quel est votre rêve en tant que groupe ? 

Georgia : Oh, on a tellement de rêves ! Mais pour commencer on a envie de continuer ce qu’on fait. On veut faire de nouvelles rencontres, de nouveaux amis et continuer à rendre la scène diverse, à chaque fois qu’on atterrit quelque part on voit des scènes qui se diversifient et c’est génial. Le plus beau, c’est les retours qui nous viennent des personnes en concert qui nous disent que c’est la première fois qu’elles s’identifient à quelqu’un sur scène ou qu’elles se sont fait des amis qui leur ressemblent dans le public. On veut plus de ça, que tout ça devienne plus grand !

Amy : Et peut-être un jour amener tout ça dans un stade. (rires)

LVP: On l’espère en tout cas ! Merci les filles pour cette interview, c’était super enrichissant !

Nova Twins: Merci à vous !

Nova Twins Interview

©Chloé Merckx