Human Flare, l’album du renouveau pour Alaska Gold Rush
"
Auteur·ice : Hugo Payen
04/05/2022

Human Flare, l’album du renouveau pour Alaska Gold Rush

Présent sur la scène musicale belge depuis de nombreuses années maintenant, c’est un nouveau vent de fraîcheur qui souffle sur les rockeurs d’Alaska Gold Rush cette année. Après la sortie de deux albums en l’espace de six ans, c’est avec Human Flare que le duo belge nous revient, plus fort que jamais. Comme nous le raconte Renaud, la moitié d’Alaska Gold Rush, l’aventure ne fait que commencer.

L’aventure musicale dont il est question avec Human Flare est véritablement gorgée d’histoires aussi mélancoliques que sincères. Un troisième album sous le signe des relations humaines en tout genre, des plus symboliques pour Renaud Ledru et Nicky Collaer, têtes pensantes du groupe.

C’est une émotion assez positive quand on y pense la mélancolie. C’est vraiment quelque chose que je cherche constamment quand je fais de la musique.

Si l’ADN du groupe s’est vu évoluer au fil des années, la plume poétique de Renaud elle, est intacte. Qui plus est, à travers les dix titres qui composent ce nouvel album, celle-ci se voit être mise en valeur grâce à des arrangements travaillés jusqu’au moindre détail. À travers ses souvenirs, ses rencontres, et ses tourments, Renaud nous raconte sa vision des relations humaines sur un troisième album des plus réussis.

Un peu de free folk garage, ça vous tente ?

Pour comprendre en quoi consiste cette touche Alaska Gold Rush si singulière en Belgique aujourd’hui, il nous faut remonter quelques années en arrière, avec la sortie en 2016 de Wild Jalopy of the Mist. Un premier album aux sonorités brutes, dans lequel l’influence de la folk américaine et du blues est évidente. Un ensemble dans lequel se mélangent quelques notes de banjos et accords de guitare électrique, qui nous font alors voyager dans certaines contrées américaines.

 

Cependant, le simple terme de folk n’est que trop faible pour parler de la liberté musicale du jeune groupe belge. Rapidement, le nom de Alaska Gold Rush se répand. Entre plusieurs récompenses, et de nombreuses dates dans des festivals belges, le succès est instantané. Pourtant, Alaska Gold Rush ne fait pas que de la folk. En effet, dans la tête de Renaud, ses influences sont si nombreuses, qu’il lui est presque impossible de ne se restreindre qu’à un univers.

On adore rajouter quelque chose d’un peu crado dans ce côté délicat de la folk justement. On aime quand ça pète, avec de la distorsion. Du coup on utilise ce mot de garage pour nuancer et parler du fait qu’on fait aussi du bruit quoi. 

Faire du bruit. Une phrase devenue l’élément principal du groupe après la sortie de son premier album aux arrangements plus délicats, l’idée est dorénavant d’oser mélanger les styles, mélanger les univers. Mais faire du bruit peut souvent être vu comme quelque chose de sombre, quelque chose de lourd. Pourtant, Alaska Gold Rush arrive à allier ce bruit à la délicatesse de la folk, afin de former un tout unique en son genre.

Et même au-delà du son, dans le garage t’as ce petit côté fait maison où notre musique a quelque de beaucoup plus spontané. Puis pour le côté free, on aime ce truc un peu dingo où il n’y a pas forcément de règles.

Un style singulier donc, que l’on retrouvera quatre années plus tard, sur un second album à la spontanéité assumée. Malgré un timing particulier, Camouflage – sorti juste avant le début de la crise sanitaire -, reste une étape marquante dans la vie du groupe. En effet, Camouflage est le premier album sur lequel Nicky prend les baguettes. Une dynamique changée oui, mais qui propulse le groupe vers de nouveaux horizons encore plus flamboyants.

Quand l’humain rayonne

Comme nous l’explique Renaud, ce troisième album pourrait faire figure non pas d’un nouveau départ pour le groupe, mais tout simplement d’un départ. Entourés comme ils ne l’ont jamais été, « notre projet est enfin abouti », souligne-t-il. Avec une esthétique musicale trouvée, et une approche plus épurée, c’est une véritable pièce d’art que nous propose le groupe sur Human Flare.

J’ai toujours aimé écrire, que ça soit de la musique ou de la poésie. Inconsciemment je pense que le fait de ne pouvoir voir personne pendant le confinement, de réaliser l’état un peu pourri du monde et des gens, m’a inspiré. C’est dingue mais dès que tu rentres dans un côté relationnel, que tu discutes avec quelqu’un·e, tu oublies pas mal de côtés négatifs au final. C’est quelque chose d’un peu magique.

Quand nous lui demandons de nous décrire ce nouvel album en un mot, Renaud ne semble pas hésiter. « Sans prétention, je dirais beau ! », nous dit-il. Et il a bien raison. En effet, à travers les quelques morceaux qui composent l’album, une attention aux détails nous est flagrante. Malgré une certaine folie donnée aux arrangements, le groupe soigne ses sons et ses mélodies.

 

Human Flare est une immersion profonde au cœur de l’humain·e et de ses relations aux autres des plus lumineuses, qui nous invite alors dans différents moments de vie, figés par Renaud à la manière des grands peintres. Alors que Love Cameleon nous parle de la peur que l’on peut parfois ressentir en sortant de chez soi, Blue nous plonge dans ces moments d’adolescence où l’on a l’impression d’être incompris·es du monde entier, ces moments où l’on a qu’une envie : envoyer tout balader.

Pour moi chaque morceau représente une photo d’un moment, d’un état d’esprit. Chaque chanson est un peu comme un dialogue avec quelqu’un·e que j’aime bien. Blue raconte ce jour où ma sœur m’a permis de respirer un peu dans toute cette période difficile.

Une immersion donc, qui aborde également quelques moments plus mélancoliques, comme sur My Hands. Un petit coup de cœur personnel qui se veut tout de même être positif. Outre les relations humaines en générale, ce sont bien les rouages de celles-ci que le groupe aborde sur ce nouvel album. Entre une overdose de discours édulcorés sur OD On Sugar, ou le non-sens de certains jobs sur Trampoline, Alaska Gold Rush reformule certains problèmes de la société de manière très sincère.

De morceau en morceau, Renaud nous immerge ainsi dans différentes histoires, différents souvenirs de son enfance. Sur fond de riffs effrénés, et de mélodies débridées, Alaska Gold Rush nous dévoile un ensemble des plus réussis, offrant à ses auditeurs une belle palette de ce que le groupe fait de mieux. Human Flare est véritablement l’album du renouveau pour Alaska Gold Rush. Après plusieurs années de quête musicale, le groupe semble avoir trouvé ce qui le fait vibrer.

Cet album, on l’écoute en boucle, et on peut vous dire que l’on vibre tout autant qu’eux. Si l’univers singulier d’Alaska Gold Rush vous tente, et que vous avez autant envie que nous de découvrir la magie du groupe sur scène, pas de panique. En effet, figurez-vous que le duo belge célébrera la sortie de ce nouvel album sur la scène du Botanique à l’occasion des Nuits Botanique ce mardi 10 mai.


  • Le 6 mai, au Groom (Lyon)
  • Le 10 mai, aux Nuits Botanique (Bruxelles)

 

@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@