Il y a quatre ans, le monde perdait le groupe Her’s – récit de leur passage au Botanique en 2018
"
Auteur·ice : Caroline Bertolini
27/03/2023

Il y a quatre ans, le monde perdait le groupe Her’s – récit de leur passage au Botanique en 2018

| Photos : Caroline Bertolini (2018)

C’était le 18 septembre 2018, nous étions hyper excité·es à l’idée de voir un de nos groupes préférés sur terre performer dans le Witloof bar du Botanique. Une soirée mémorable que nous gardons précieusement dans nos coeurs – encore plus depuis la disparition soudaine du groupe et de leur tour manager dans un accident de voiture en mars 2020. Nous voulions donc leur rendre un hommage en vous faisant récit de notre expérience, en retournant presque 5 ans en arrière, avec des souvenirs photographiques que nous avons pu prendre à l’époque. Merci Stephen Fitzpatrick, Audun Laadig et Trevor Engelbrekston.

Cela faisait quelques temps que j’écoutais Her’s, probablement depuis 2016, avec la sortie du single aussi solaire que doux Marcel. Assurément le genre de chanson que j’envoyais à mon crush pour lui montrer à quel point j’étais une indie girl stylée parce que ça sentait la vibe Mac DeMarco à plein nez. Une esthétique très colorée, fournie d’illustrations un peu cheloues en tout genre, avec une pointe d’humour. De l’indie pop comme on l’aime. Je découvrais ensuite une des meilleures covers à ce jour de Loving You de Minnie Riperton faite par Her’s. Réconfortant, doux et poétique – j’étais bien sûr conquise.

 

Petit à petit, à force d’écouter les singles, de suivre le groupe qui était aussi attachant online qu’offline, l’urgence de les voir en live était bien présente. Jusqu’à l’annonce de leur venue dans les murs du Witloof (Botanique) au printemps 2018,  pour un moment intimiste ente vrai·es fans de la première heure. J’ai alors motivé des ami·es et réussi à en convaincre un, à qui j’ai fait découvrir le groupe spécialement pour qu’il m’accompagne. Onze euros bien dépensés, faute d’avoir une Bota’carte qui donnait accès au concert pour seulement huit pièces. Il restait alors quelques temps pour saigner l’album Songs of Her’s, et Invitation to Her’s qui sortira 3 semaines avant le concert sur le label Heist or Hit. Que des pépites ; Cool With You médaille d’or, You Don’t Know This Guy, What Once Was… Des sons pour le moins excentriques au groove imparable, aux guitares célestes et aux capacités vocales divines.

Jour du concert, plein d’excitation, nous entrons dans la salle. Nous remarquons alors qu’il y a du merch, dont des vinyles. Mon pote me donne ses derniers euros en cash pour pouvoir m’en acheter, même s’il en veut un également (je devais faire pitié). Je découvre alors un groupe encore différent de ce que j’avais imaginé. Je les aurais pensés délicats, doux. Ils l’étaient pour sûr, mais ce qui ressortait, c’était à quel point ils étaient solaires, drôles et complices. Je découvrais la voix de Stephen qui pouvait toucher la fréquence d’une alarme, le jeu de basse complètement improbable et unique de Audun. Je découvrais aussi l’ami qu’ils avaient amené des Etats-Unis, un carton de Pierce Brosnan dans le rôle de James Bond. Bref, le Witloof rempli mais pas sold out avait un sourire jusqu’aux oreilles et balançait de gauche à droite en suivant le bassiste. Une salopette par-ci, des Vans par-là, quelques blagues bien placées de la part de Stephen et nous étions comblé·es.

| Photos : Caroline Bertolini (2018)

Fin du concert. J’ai droit au single cher à mon coeur, Harvey – j’en filme d’ailleurs chaque seconde. On les voit encore se tortiller de bonheur d’être là, et nous, de les suivre dans cette transe. Contre toute attente, on les retrouve en fin de concert dans le public. Stephen couché sur le dos en train de jouer de la guitare et Audun qui nous sort un solo de basse court mais incroyable. Ils étaient si beaux à regarder et à entendre, pour un concert qui nous a laissé une bonne humeur pour des mois encore. Après le show, nous grattions nos dernières minutes post concert avant de prendre le train au cas où ils reviendraient vendre leur merch ou dire bonjour, ce que Stephen avait plus ou moins annoncé. Ce fut chose faite, et bien plus, lorsque les deux band mates ont accepté que je prenne une photo d’eux à l’argentique, se prenant dans les bras instantanément pour la pose, et m’ont signé mon vinyle “To Caroline”.

J’ai pu leur dire à quel point j’avais aimé leur musique et leur concert. Le groupe se plaçait comme une des étoiles montantes de l’indie avec une tournée américaine sold out en 2019, tournée qui leur coutera malheureusement la vie dans ce tragique accident de la route. La leçon c’est donc : n’attendez pas d’acheter les places pour voir ce genre d’artistes lorsqu’ils passent dans de petites salles, c’est précieux. Merci Her’s.