Depuis quelques années déjà, Les Inrocks et Le Grand Mix se sont associés dans le cadre des Inrocks festival, histoire de mettre en lumière des artistes chéris par le magazine français et par le public. Cette année on a droit à deux soirées bien distinctes, une française et une internationale.
C’est pour la soirée made in France qu’on avait rendez vous jeudi soir dans la salle de Tourcoing. Au programme, trois artistes qui représentent la nouvelle vague française dans ce qu’elle a de plus pop et aventureux : Her, Paradis et Lescop.
Avant de parler de chaque groupe en particulier, on pourrait aborder de ce qui les rassemble en dehors de leur nationalité, car ce soir on a eu la chance d’assister à trois vraies performances. Des concerts avec un son absolument parfait, exception faite d’un petit bug pendant le concert de Paradis, mais surtout une véritable ambition des groupes, tant dans la mise place scénique que dans des jeux de lumière particulièrement travaillés, ce qui n’est pas le cas de tous les jeunes groupes français. Une recherche de la perfection et une véritable envie d’apporter une puissance live à leur musique qui font mouche et ont conquis le public, venu très nombreux ce soir là: la salle affichant complet et se remplissant fortement dès le premier concert.
C’était à Her d’ouvrir le bal de cette soirée francophone. Revenus de leur mini-tournée américaine et accompagnés pour la première fois de deux choristes, les Rennais jouaient pour la seconde fois au Grand Mix cette année, après un premier concert enthousiasmant dans le cadre des fameux Afterwork de la salle. Et autant le dire, la musique du groupe peut se comparer à un bon vin : elle prend chair et s’impose à nous au fil des écoutes et des concerts. L’apport des choristes donne un plus non négligeable à leur pop teintée de soul et de r’n’b. Leur musique pleine de sensualité s’épanouit sur scène et pique au cœur le public déjà bien présent pour les voir. L’avantage de Her c’est qu’ils développent sur le territoire français une musique aux tnférences et aux sonorités totalement américaine, ce qui leur offre une image et un style totalement inédit dans le spectre musical actuel de l’hexagone. Il suffit de voir le nombre de personnes présentes au stand du merch après le show pour réaliser que leur concert fut une réussite pour le public.
C’est ensuite aux Paradis de débarquer sur scène et dès les premières secondes on a la confirmation de ce que le premier show nous laissait penser: cette soirée ne nous décevra pas !
Certes on reste un peu circonspect concernant les paroles du groupe – entre facilité et naïveté un peu désuète – mais le mur sonore fabriqué par les Parisiens ne peut que nous emporter avec lui. Entre sonorité 80’s et musique électronique moderne, ils concoctent un son qui ne ressemble qu’à eux tout en représentant bien ce qui fait la scène française actuelle: mélanger les genres, sans gène et sans honte, pour créer son propre ADN. La preuve en est d’ailleurs donnée ce soir avec leur réinterprétation tout en modernité de La Ballade de Jim de Alain Souchon.
Le côté hypnotique de leur musique est bien renforcé par les lumières des stroboscopes qui entraîne un public ravi jusqu’à la transe, qu’elle soit musicale ou mentale. Le groupe finira son concert par l’excellent Toi et Moi, leur plus gros tube qui achèvera nos dernières réticences : on adore définitivement Paradis et on prendra plaisir à les revoir sur scène, où ils donnent à leur musique toute la puissance qu’elle mérite.
On reconnait un grand artiste à sa faculté de transformer ses chansons, à les transcender à travers le filtre du live. A ce jeu on aura aucun problème à le dire : Mathieu Peudupin aka Lescop est un putain de grand artiste. Alors qu’au vu de leur tournée précédent, on avait quelques doutes sur la capacité du bonhomme et de son groupe à occuper la scène, le concert auquel on a assisté ce soir les emmène à un autre niveau. Dès Echo, la première chanson du concert, Mathieu nous embarque avec lui dans son monde, nous attrape par le col pour ne plus nous lâcher pendant une heure. Se promenant sur la scène tel un lion en cage, il nous accroche par son charisme animal, cette présence scénique absolument folle qui nous scotche la rétine et qui nous empêche de quitter la scène des yeux. Il est en ça bien aidé par ses quatre musiciens, tous excellents, qui donnent aux compositions un brin mélancolique des albums de Lescop une toute autre couleur musicale une fois transposées en live. Le public répond présent, frappe des mains, hurle, et se lâche enfin totalement pour le dernier concert de la soirée. Toutes les inhibitions ont disparu, la transe entraperçue avec Paradis est désormais totale. La communion est magnifique entre le groupe et son public, notamment sur des titres tels que le fédérateur La Nuit Américaine, Dérangé bien plus brutal que sa version studio ou le tube La Forêt, qui prend une toute autre mesure avec ses nouvelles orchestrations.
Il est presque minuit lorsque les dernières notes du concert résonnent, on sort de la salle exténués et heureux. Heureux de voir une scène française si large et pleine de vitalité, heureux de voir des artistes capables de faire vivre pleinement leur musique sur scène. Heureux simplement d’une soirée quasi-parfaite, qui ne laisse augurer que du bons pour la suite, ce vendredi !
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.