Instant douceur avec Annie Burnell à Pete the Monkey
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Auteur·ice : Joséphine Petit
06/08/2022

Instant douceur avec Annie Burnell à Pete the Monkey

À Pete the Monkey, l’unicité des instants font qu’on en oublie souvent le temps qui passe. C’est ainsi que devant une petite scène sur fond de paysage de carte postale, nous avons assisté à une déclaration d’amour à la délicatesse d’Annie Burnell. Quelques heures avant de monter sur scène, nous l’avons retrouvée à l’ombre des grands arbres normands pour échanger sur son EP, Child’s Moon Palace, sorti en mai dernier. Entre la création de son groupe et son rapport à la mélodie, Annie Burnell s’est confiée à nous tout en douceur sur son projet.

La Vague Parallèle : Salut Annie, on se retrouve alors que tu viens d’arriver à Pete the Monkey, quelques heures avant ton concert ici. Comment tu te sens aujourd’hui ?

Annie : Bien ! C’est agréable de partir de Paris pour venir dans la forêt et respirer un peu. J’aime beaucoup.

LVP : C’est la première fois que tu viens à ce festival ?

Annie : Oui, tous mes amis me disent que le festival est super, et j’en suis déjà sûre ! Ça me rappelle des festivals australiens dans lesquels j’allais quand j’étais petite, comme Woodford, un peu hippie et familial. C’est un grand festival en plein été, où il fait très chaud. C’est spectaculaire !

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

LVP : C’est aussi la première fois qu’on se rencontre en interview pour La Vague Parallèle. Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu ton projet ?

Annie : Je m’appelle Annie Burnell et je viens d’Australie. J’habite en France depuis cinq ans. On est trois dans mon groupe, on écrit et on produit les chansons ensemble.

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

LVP : Justement, au début tu faisais de la musique seule, puis tu as rencontré les deux autres personnes qui font maintenant partie du projet.

Annie : Oui, c’est ça. J’ai fait de la musique pendant dix ans toute seule, en Australie puis ici. J’ai rencontré Arnaud et Louis grâce à un ami en commun, Adam Naas. J’avais toujours cherché un groupe, des gens qui seraient un peu comme une famille pour moi. Maintenant c’est ce que j’ai : Arnaud est mon copain et Louis mon meilleur pote ! C’est quelque chose de très fluide, on rigole tout le temps. Ce n’est pas stressant, on garde du fun.

LVP : À ton avis, avoir voyagé entre l’Australie et la France, ça a influencé ta musique ?

Annie : Je ne sais pas si ça a influencé ma musique, mais c’est peut-être plutôt moi qui ai changé. J’ai quand même des chansons qui parlent du mal du pays. Comme je ne suis pas française, j’ai parfois l’impression de me sentir à l’écart. Émotionnellement, le voyage a changé des choses sur mon écriture.

LVP : Dans tes influences, on entend beaucoup de folk, mais tu cites aussi Lana Del Rey ou encore Frank Ocean. Ta musique, c’est un melting pot de tout cela ?

Annie : Oui, c’est grâce à Louis et Arnaud. Avant j’écrivais beaucoup de chansons folk, et maintenant j’écris aussi avec un clavier, pas seulement la guitare.

LVP : C’est plutôt toi qui écris, qui présente à Louis et Arnaud, et ensuite vous réarrangez à trois ?

Annie : Au début c’était comme ça. Mais finalement Louis écrit aussi les chansons et Arnaud est aussi producteur dans le groupe. Avant, c’était moi qui arrivais avec une idée de chanson déjà écrite. Aujourd’hui, c’est parfois Louis qui arrive avec un début de morceau ou de mélodie, et Arnaud qui ramène parfois un petit bout de batterie. Ça s’équilibre à nous trois, et j’ai de la chance, c’est exactement ce que je cherchais : une vraie collaboration.

 

LVP : Tu as sorti un premier EP en avril. Avec un peu de recul, comment as-tu vécu cette sortie ?

Annie : Je me sens bien. Ça fait toujours du bien de sortir quelque chose, et de commencer quelque chose à nouveau. Avant, je n’avais pas beaucoup de morceaux, et aujourd’hui, les gens ont un aperçu un peu plus grand. Ça fait du bien de fermer ce chapitre.

LVP : Ce sont des morceaux qui existaient depuis longtemps ?

Annie : J’avais écrit un morceau il y a quatre ans, et j’ai écrit les autres avec Louis et Arnaud ces deux dernières années.

LVP : Et le titre Mind Over Matter, qui était déjà sorti, est le seul à ne pas figurer dans l’EP. Il y a une raison particulière ?

Annie : Arnaud a un studio de musique à Montreuil, et quand on a décidé de faire de la musique ensemble, c’est la première chanson avec laquelle je suis arrivée là-bas. Je ne sais pas pourquoi on ne l’y a pas mis, il n’y avait juste pas la place pour celui-ci.

LVP : Ton EP s’appelle Child’s Moon Palace. Il y a une référence à Paul Auster dans ce nom ?

Annie : Oui ! Il y a deux références en fait. D’abord, le livre que moi je n’ai pas lu, mais Arnaud le lisait au moment où on écrivait ce morceau. La chanson parle de ma relation avec mon copain et son fils. Donc c’est un mélange entre le livre de Paul Auster, et ce que je vis avec cet enfant.

LVP : Sinon sur scène, vous êtes toujours en trio ?

Annie : Oui. Parfois, on a aussi quelqu’un qui joue du clavier, mais ce soir ce sera moi.

LVP : D’ailleurs, quel est ton rapport à la scène et au public ?

Annie : J’aime beaucoup. J’ai toujours un peu peur avant, mais ce n’est pas parce que je n’aime pas jouer, c’est simplement par anticipation. Quand je suis sur scène et en studio, ce sont toujours mes jours préférés.

LVP : On t’a aussi vue partager des musicienn·es avec Merryn Jeann, et j’ai l’impression que vous êtes aussi proches de Thomas Guerlet. C’est une scène musicale avec laquelle tu te sens proche ?

Annie : En effet, Thomas Guerlet m’a invitée à faire sa première partie il y a quelques mois. Et Merryn Jeann est une amie d’enfance en Australie. On était à l’école ensemble là-bas. On se connaît depuis quatorze ans et on a déménagé en France en même temps.

LVP : Et il y a d’autres artistes que tu aimerais voir sur le festival ?

Annie : Oui, Anna Majidson ! Et aussi Amadou & Mariam, j’ai hâte. Ça va être chouette !

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

LVP : Il y a beaucoup de groupes en ce moment, comme Men I Trust, qui font de la musique un peu cotonneuse avec des voix féminines. Est-ce que tu t’y associes ?

Annie : J’adore Men I Trust, c’est une influence pour moi. J’écoute aussi Billie Eilish et Olivia Dean depuis des années. J’adore les voix douces avec des mélodies fortes.

LVP : La mélodie, c’est important pour toi ?

Annie : Oui, à mes yeux, la mélodie explique l’intention. Quand tu lis un poème, tu le lis avec les pauses, avec de la force par certains moments. Pour moi, c’est ce que la mélodie représente. Je pense que ma voix est mon premier instrument, celui qui est le plus important. Je joue de la guitare et des claviers pour accompagner ma voix finalement.

LVP : Dès le début, quand tu as commencé la musique, tu jouais déjà sur une voix feutrée comme aujourd’hui ?

Annie : Avant, mes mélodies étaient plutôt folk. Aujourd’hui, je vais plus vers du jazz, du rnb, etc. Mais cette voix feutrée a toujours été la base de mes chansons.

LVP : Pour finir, est-ce que tu veux nous partager ton meilleur souvenir sur scène ?

Annie : Je pense que c’était au Pop Up. La salle était remplie avec nos amis, et c’était la première fois que les gens chantaient par cœur les paroles de Come Over et ma reprise de Frank Ocean. C’était trop bien !

Interview co-écrite et réalisée avec Victor Houillon

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