En 2018, le saxophoniste Étienne Jaumet, surtout connu comme membre du duo Zombie Zombie, a publié 8 Regards obliques, un album de reprises de standards de jazz. Rencontre à l’issue de son concert à l’Église Saint-Eustache dans le cadre du Paris Music Festival.
La Vague Parallèle : Bonjour Etienne ! Comment te sens-tu après ce concert ?
Etienne Jaumet : Je me sens bien ! Je suis dans l’enthousiasme du moment, des gens. C’est rare que je sois interviewé après les concerts. Je plane un petit peu, la fatigue va revenir après.
LVP : Pourrais-tu me parler du processus de création de ton dernier album ?
E : J’avais envie de faire un disque solo mais différent des autres albums que j’avais faits. J’avais toujours eu en tête de faire un disque de reprises de jazz un jour, parce que c’est une sensibilité que j’ai. C’était le bon moment, je me sentais à l’aise avec le saxo pour ça.
LVP : Le titre est un peu une référence à Brian Eno et son jeu de cartes Obliques… Les morceaux ont-ils été envisagés avec ce jeu de cartes ?
E : On peut penser à ça, mais en fait j’ai cherché le titre après. Je voulais montrer qu’on pouvait faire du jazz sans être jazzman, juste avec un angle différent, oblique. J’aimais aussi dans ce regard l’espèce de double sens qu’il y a : regarder d’abord, et regard, qui veut dire hommage en anglais. Ce titre peut avoir deux sens en fonction de la langue.
LVP : C’est important pour toi de donner une allure plus moderne au jazz ?
E : En fait, j’ai plutôt essayé d’intégrer le jazz à mon langage, qui est très club en ce moment. De toute façon, avec la boîte à rythmes, je ne peux pas reproduire le swing d’un batteur de jazz. Autant faire quelque chose de très simple rythmiquement, et se laisser porter par les mélodies et par le son.
LVP : Tu as collaboré avec Flavien Berger sur le titre Arco Iris. Qu’est-ce que tu retiens de cette collaboration ?
E : Il est venu dans mon studio et on a fait spontanément le morceau. On avait pas d’idée de morceau avant, on a utilisé mes synthés. C’était une vraie composition, à deux, spontanée. Je ne voulais pas qu’on s’envoie des fichiers et qu’il y ait un morceau à la fin. Le morceau a émergé et j’étais hyper content. On aurait pu faire un morceau pas très bien, et en fait non. Je suis content qu’aujourd’hui les gens aient envie de l’écouter.
LVP : Est-ce qu’il y a un jeune artiste que tu aimerais faire découvrir à nos lecteurs ?
E : Il y a un ingénieur du son qui s’appelle Rashad Becker, qui fait du mastering et fabrique des disques. Et maintenant, il fait de la musique. Il a fait deux albums, c’est de la musique contemporaine. Que du son, des sensations, c’est très agréable.
LVP : Je sais que tu es très fan de John Carpenter. Quel est celui de ses films que tu préfères et pourquoi ?
E : Peut-être The Thing ou Invasion Los Angeles. Ce sont deux films un peu précurseurs de ce que l’on allait faire beaucoup au cinéma, c’est-à-dire des films qui ont une autre portée que la science-fiction. Une portée qui est aussi sociale, qui sous ses allures futuristes raconte beaucoup de choses et est sujette à beaucoup d’interprétations. C’est faussement de la série B et ce sont de vrais films d’auteur.
LVP : As-tu des projets en cours ?
E : Oui, un disque avec Gilbert Artman, qui est un musicien qui a commencé dans les années 70 avec des groupes comme Lard Free, et qui fait aujourd’hui Urban Sax. On a fait un duo qui devrait sortir avant l’été.
LVP : Et enfin, qu’est-ce que je peux te souhaiter ?
E : Je sais pas, j’ai déjà dépassé toutes mes espérances ! De jouer dans des lieux comme ça, devant un public. Je n’aurais jamais pensé que cela aurait pu m’arriver, alors que je jouais dans ma chambre tout seul, à essayer de reproduire ce qu’il y avait sur les disques.
J’aime bien faire des photos et les gens qui lisent les articles jusqu’en bas.
