Interview – Lézart Records
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Auteur·ice : Jakob Rajky
01/06/2016

Interview – Lézart Records

C’est dans le cadre de la série de soirées MAY DAY que j’ai rencontré Valentin et Eloi du collectif Lézart Records, collectif multi-tâches de la métropole lilloise.

La Vague Parallèle : Salut les gars, expliquez nous un peu les grandes lignes de ce projet !

Lézart Records : On a créé le collectif, un mélange d’art pictural et musical, en Novembre 2014 avec trois autres amis avec pour objectif premier d’apporter une cohérence entre ses deux pôles.

LVP : On peut s’attendre donc à un spectre artistique très large ?

LR : Effectivement même si notre identité musicale tend de plus en plus vers la techno, sans pour autant délaisser le reste. On essaie au mieux de convier toutes les musiques électroniques tant qu’elles sont produites en grande partie par des machines.

LVP : Mis à part la techno alors, quels genres de sonorités sont appréciées chez vous ?

LR : On aime beaucoup la house, on a quelques trips breakbeat et depuis quelque temps nos artistes essaient de produire quelque chose entre la micro-house et la techno.

LVP : Un bon mélange des genres en somme ? Conceptuellement ça ressemble à quoi une soirée Lézart ?

LR : Notre première soirée était un Expo-mix en afterwork, on avait essayé de construire une scénographie importante qui pouvait coller avec les oeuvres d’ELPID, le premier artiste pictural qu’on avait donc présenté .

LVP : Vous vous entourez effectivement de DJ/producteurs résidents mais aussi d’artistes, on peut citer ELPID donc mais aussi Tony Roekens ou Le Spoown.

LR : Oui on avait à cœur de mettre en avant plusieurs formes d’art depuis le début, on a créé un site internet qui regroupe les œuvres et les bio de nos artistes mais aussi un webzine.

LVP : Un webzine ? Ça nous intéresse ça ! Qu’est ce que vous y développez ?

LR : Comme on a pu te le dire, on cherche vraiment à convier tous les arts, et un webzine est une façon pour nous d’échanger sur tout ce qui semble cohérent avec notre charte graphique : des chroniques sur des sorties musicales, des concerts, des artistes, des interviews aussi …
On n’essaie de parler de ce qui nous touche, de ce qui nous inspire. On ne voulait surtout pas faire quelque chose comme Konbini.

LVP : Pourquoi ne pas faire comme Konbini ?

LR : On a rien contre Konbini en soit, mais leur Fast&Curious en guise d’interviews d’artistes internationaux ça nous fait un peu mal. Konbini marche au coup de cœur, ils veulent faire le buzz sur des trucs cool et parfois incohérents. C’est dommage quand on a une visibilité comme eux (près de 2 millions de likes sur Facebook).
Pour l’instant on a perdu nos rédacteurs mais le webzine reprendra en septembre.

LVP : Toujours sur la même ligne éditoriale?

LR : Oui, on applique au webzine le principe qu’on applique à nos soirées : prendre des risques en proposant quelque chose de différent, on préfère se mettre en danger plutôt que de céder à la facilité.

LVP : La mise en danger, comme cette soirée au Smile Club ?

LR : On ne veut pas faire deux soirées identiques, on change de lieu, de scénographie, d’artistes. On veut modifier les perceptions. On en a marre de se retrouver dans les mêmes endroits tous les week-end.

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LVP : Et ça a marché, les gens étaient au rendez-vous?

LR : On a pas reçu le nombre de gens qu’on espérait, c’est dommage, on estime que la mise en danger ne devrait pas être à sens unique. Le public devrait se mettre autant en danger que le collectif qu’il est susceptible d’aller voir. Mais l’envie qui sourdait de tout le monde ce soir là, c’était dingue. Les gens étaient comme fous. On pense notamment à une meuf qui accompagnait Breitlitz, un des artistes programmés ce soir là, il est parti après son set parce qu’il était fatigué. Elle est restée jusqu’à la fermeture, à 7h. Ce sont des choses qui vous donnent envie de continuer. On a de la chance d’avoir le public qu’on a. Pas forcément nombreux, mais sincère.

LVP : On sent que le rapport humain est primordial dans votre processus.

LR : C’est le cas. C’est tellement plus difficile de faire bouger 15 personnes avec quelque chose de recherché que de faire se soulever une foule de 10.000 personnes avec de la soupe.

LVP : La concurrence est rude parfois !

LR : On ne veut pas voir les collectifs, lillois ou autres, et les grosses structures comme des concurrents mais plutôt comme des collaborateurs potentiels. On travaille vraiment sur le partage comme maître-mot.

LVP : Vous avez fait beaucoup de partenariats ?

LR : Non pas énormément, certains même nous ont mis des bâtons dans les roues involontairement. On s’est vu annulé une soirée prévue à la salle Henninot à cause d’un autre collectif. C’est vraiment dommage que certains soient là seulement pour le prestige, sans penser aux autres. Pourquoi se tirer dans les pattes? Vivre, juste vivre, c’est déjà tellement quelque chose. Alors faisons le ensemble. Certaines personnes ont peut être perdu ce que Underground Resistance faisait, se cacher pour n’être que l’artiste, pas l’homme derrière le masque. Seulement proposer quelque chose, dans le but de s’exprimer, anonymement.

LVP : C’est noble comme démarche. Et vos artistes justement, ils sont du genre à se cacher ?

LR : On voit nos artistes comme des scientifiques fous. Souche par exemple, est un touche à tout d’un éclectisme intéressant. Il est animé d’un amour pour la scène et le public. Il cherche toujours le petit truc qui fera la différence. De ses productions mimalistes et progressives ressort toujours quelque chose de profond à la Recondite. A l’inverse, Jules Mont, jeune bachelier bordelais, a un esprit beaucoup plus logique, il produit une house moderne et très carrée aux influences disco. Un petit génie ! Vient ensuite Bilal J, un montréalais exilé au Maroc, sound-designer au cinéma, le mec est féru de machines, avec un style bien à lui. Ses live sets, très éclectiques sont orientés techno. il est capable de te jouer un morceau de blues en plein milieu d’un live techno. Il est vraiment dingue !

https://soundcloud.com/bilalj/textures-iv#t=4:10

LVP : J’ai le sentiment que Lézart Records est un laboratoire !

LR : Tu ne crois pas si bien dire, on vient d’emménager dans un grand appartement, on y confectionne une pièce dédiée à un home studio, pour nos artistes au début, et par la suite on espère inviter des artistes de tous horizons pour travailler ensemble.

LVP : La production est aussi importante que l’événementiel pour vous ?

LR : Oui, la production est un support. C’est la carte de visite de ton collectif en somme !

LVP : Tous vos résidents sont producteurs, qu’est ce qui se prépare en ce moment ?

LR : Souche a sorti un EP en Novembre 2015 : Modat Club. Une techno tribale et céleste, avec beaucoup de percussions dans un style cosmo-chamanique. Le mois prochain Jules Mont sort un EP qui fera la part belle aux origines de la House, et Breitlitz un EP beaucoup plus emprunt de techno industrielle. Le mec faisant beaucoup de mastering on peut s’attendre à quelque chose de très léché ! Et puis pour tout ce qui est unreleased, on aimerait le sortir sur des compilations Lézart Records.

LVP : Merci beaucoup pour cette entrevue éclairée, on rappelle que vous serez au Stereoclub jeudi soir (le 02/06) pour la MAY DAY partie 2 avec Souche, Soulstorm, Man Outta Space et un gros gros live de Bilal J à ne surtout pas manquer !

L’événement par ici.

Pour explorer les sonorités du Lézart :

Soundcloud de Souche.
Soundcloud de Bilal J.
Soundcloud de Breitlitz.

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