L’IMPERATRICE : “Le français, ce ne sera jamais une mode”
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Auteur·ice : Valentin Dantinne
12/06/2018

L’IMPERATRICE : “Le français, ce ne sera jamais une mode”

On a déjà pris la peine de vous parler de Matahari, le premier album de L’Impératrice, groupement parisien en vogue au style astral. Lors des Nuits du Botanique, les six copains sont venus présenter leur personnification de la féminité dans une Orangerie très en forme pour une soirée 100% aux couleurs du label Microqlima. Le temps de les réunir à six dans leur loge sans que le premier ne se faufile le temps d’avoir trouvé le dernier et nous y voilà. Récit de notre entrevue quelques heures avant le couronnement bruxellois de L’Impératrice.

Chacun s’installe, tantôt dans le canapé tantôt sur une chaise faisant face au miroir des loges. Ce n’est pas rien de réunir tout ce beau monde dans une même pièce. Rapide tour des présentations, chacun chantonne son rôle au sein du groupe. Charles au synthé, Flore aux cordes vocales comme elle s’amuse à le dire si poétiquement, Tom à la batterie, David à la basse, Hagni au synthé et Achille à la guitare.

Alors que je leur demande s’ils sont contents de jouer à Bruxelles (qui plus est à guichets fermés), les six acolytes feignent le dégoût d’être là avant de me dire qu’ils sont naturellement ravis. Déjà venus à Bruxelles plusieurs fois, notamment l’année dernière dans le chapiteau du Botanique et plus récemment dans le cadre des sessions FiftyFifty où ils avaient installé une atmosphère particulièrement festive, les parisiens commencent à bien connaître la capitale voisine.

Récemment, les six asticots ont pris l’avion pour New-York avec dans leurs bagages leurs sonorités spatiales pour les faire découvrir outre-Atlantique. Un passage express, comme le confie Flore. Mais pas moins “chanmé” selon Charles même s’il avoue que chacun l’a vécu à sa manière. « C’était inattendu en fait. Surtout de faire deux concerts la même soirée parce que le premier était complet, le deuxième aussi. C’est quand même loin les Etats-Unis, c’est pas notre public et on s’est rendus compte qu’on avait plein de gens à rencontrer là-bas, c’est hyper excitant. » Flore nous raconte que le public new-yorkais est assez différent. « Ils sont hyper à l’écoute et en même temps ils réagissent hyper bruyamment dès que tu fais un truc dans les morceaux ou bien ils connaissent des parties que des gens connaissent pas normalement, c’est hyper troublant mais hyper chouette pour nous. »

Le groupe a publié en avril dernier son dernier clip Paris dans lequel apparaît l’actrice française Marina Foïs. L’occasion de discuter réalisation avec Charles. « A chaque fois qu’on fait un clip, l’idée c’est de rencontrer le réalisateur, de lui parler du morceau et d’en dégager les grands axes et de lui laisser carte blanche. Une fois qu’on a un pitch qui nous plaît, on laisse le réalisateur complètement autonome sur sa manière de gérer le clip parce que personnellement, j’aime pas du tout m’immiscer car s’immiscer dans le travail d’un réalisateur c’est, j’imagine, à peu près la même chose que s’immiscer dans le travail d’un musicien. Ce serait lui mettre des bâtons dans les roues. L’idée c’est de le laisser libre pour être surpris. On a juste donné l’analogie entre Paris et une femme, une actrice et Clémence (Demesme, ndlr) elle a vraiment fait son truc, elle a appuyé cette analogie. »

Quand je leur parle de leur année 2018 et de leur conquête des médias, Charles, en tête de proue, raconte qu’ils sont tous contents des retours, plus particulièrement ceux du public.  « La grande chose qui a changé, c’est les critiques du public. On n’avait jamais eu autant de messages de gens sur Instagram, sur Facebook, qui disaient du bien de tel ou tel morceau, qui s’exclamaient en disant qu’ils adoraient. Ca m’a permis de me rendre à quel point vis-à-vis du public c’était important de sortir un album. » Cet album, ils le défendront notamment dans une multitude de festivals et concerts cet été, en France, en Belgique ou même en Suisse, en Italie et au Canada. Complètement “la tête dans le guidon” pour reprendre les mots de Flore, les membres du groupe ne se quittent jamais et ne s’arrêtent plus. Mais évoluer à six tempéraments en permanence en tournée, c’est pas trop le bordel parfois ? « Non ça va c’est pas trop le bordel, on gère bien. On sait tous se mettre un peu en retrait quand il faut » répond David, visiblement désigné par les autres pour répondre à cette question particulière. Chahuteur de la bande ? « Heureusement, on peut compter sur lui, il a la lourde responsabilité de nous réveiller le matin » balance Charles, le sourire en coin. Flore ne se fait pas prier pour le taquiner à son tour. « On a un mec chaud tu vois, qui drague beaucoup, qui se lève tôt, c’est un peu notre moniteur de colo, David. » Ambiance bon enfant entre tout le monde donc, ça donnerait presque envie de partir en tournée avec eux.

Le temps venu pour moi d’aborder la phrase que l’on entend partout. On le sait tous, les médias le répètent partout, les artistes le matraquent aussi en interview : la langue française s’est “décomplexée”.  Mais à force de s’être décomplexée, n’est-ce pas finalement la nouvelle mode ? Charles n’est pas d’accord. « C’est pas une mode le français, ce sera jamais une mode. C’est un tout. Ca s’est décomplexé, c’était hyper ringard de chanter en français. Y a eu vraiment l’avènement de La Femme qui est un groupe qui, pour moi, avec leur attitude super rebelle, balec et un peu punk bourgeois, ont vraiment réussi à décomplexer ce truc et tout le monde a eu envie de le faire. Parce que quand t’entends La Femme, c’est génial quoi, ils racontent des trucs et ils ont une telle liberté que je pense que ça a donné envie à tout le monde. »

Et sinon, ils écoutent quoi, les six, en tournée ? Hormis leur passion Vengaboys qu’ils passent en loge pour se chauffer avant les concerts, Achille s’amuse à mettre les bandes originales des films de De Funès dans le van. De leur coté, chacun dans leurs écouteurs, ça diverge. En passant de Her pour s’aider à s’endormir « mais dans le bon sens », à ces albums jamais écoutés en entier jusqu’aux dernières sorties, ça varie. David, lui de son coté, aime bien le calme et avoue « ne rien écouter car on en fait déjà beaucoup de la musique ». Parfois, pour s’endormir, il écoute la musique de FIFA. A en croire les autres, aimant visiblement le charrier, David aime le calme et son petit oreiller gonflable. Heureusement pour lui, dans leur programme ultra chargé qui s’annonce, les six joyeux lurons ont tout de même deux semaines de vacances de prévues. Amen, et longue vie à L’Impératrice.


Lives :

  • Le 24 juin 2018 : Solidays, Paris
  • Le 14 juillet 2018 : Dour Festival, Dour
  • Le 9 novembre 2018 : Le Splendid, Lille
  • Les 29 et 30 janvier 2019 : L’Olympia, Paris
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