Pendentif : “Le français s’est décomplexé”
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Auteur·ice : Adrien Amiot
25/03/2018

Pendentif : “Le français s’est décomplexé”

Siège du label [PIAS], Paris 18ème. J’ai rendez-vous avec Pendentif, groupe actif depuis 2010 et dont le premier album, Mafia Douce sorti en 2013, avait rencontré un joli succès, notamment grâce au mini-tube Embrasse Moi. Je rencontre ainsi Julia, Benoît, Jonathan et Mathieu, les quatre très sympathiques membres du groupe bordelais. Entre Paris, Lyon, les Pyrénées et Bordeaux donc, le quatuor a écrit et enregistré son deuxième long format, Vertige Exhaussé, sorti le 9 février dernier.

 

La Vague Parallèle : Salut Pendentif ! C’est quand la première fois que vous avez fait de la musique ? Votre premier projet, ça remonte à quand ?
Pendentif : C’était dans les années 2010, on a commencé à faire des morceaux dans notre piaule avec Benoît, on avait fait venir Cindy qui était la première chanteuse pour chanter sur les démos. On est complètement autodidactes, on a direct commencé à écrire nos propres chansons. À l’époque c‘était plutôt « pop ligne claire », avec pas mal de guitares. Genre « la Californie », l’océan, la mer, les amours… Pour le nouvel album, Vertige Exhaussé, les thèmes c’est plutôt le paysage, le paysage de montagne. On remonte la Garonne, on se dirige vers la source, tout est plus synthétique.
Julia : Moi j’avais pris des cours de guitare à 14 ans pour m’accompagner et reprendre Oasis, ça a hyper bien marché, du coup je reprends Oasis quand je me fais chier. (rires) C’était vraiment mon objectif pour faire Wonderwall. Après j’ai repris Green Day… On est là haut les gars !

LPV : Vous avez l’impression d’appartenir à un courant, un mouvement pop française ?
Pendentif : Sur le premier album, on nous avait souvent classé dans le renouveau french pop, à l’époque on n’était qu’une dizaine de groupes à refaire de la pop en France, avec Aline et La Femme notamment. Depuis 5 ans ça a explosé à Paris. Malheureusement il n’y a plus trop de scène à Bordeaux, rien ne sort vraiment du lot.

 

LVP : Ça serait quoi votre objectif pour cet album ? Quel public vous voulez toucher ?
Pendentif : Le plus large possible ! On a pas trop d’objectif, pas de pression, c’est ça qui est bien… Tout ce qui nous arrive, c’est du bonus ! Notre truc c’est de pas jouer notre vie sur ce projet. On a mit le temps pour faire cet album, il n’y avait pas de timing précis. On aimerait bien tourner un peu, partir à l’étranger comme sur le premier album. On a pas mal d’accroches à Québec à Montréal, on a déjà été jouer pas mal là-bas et c’est top. Sur la première tournée on était allé en Chine, en Russie, en Albanie, au Kosovo, des trucs assez improbables parfois… On s’est fait plaisir !

LVP : Si vous aviez un meilleur souvenir de scène ce serait quoi ? Le truc qui vous a le plus marqué ?
Pendentif : On trippait bien sur le premier album, il y avait une bonne complicité sur scène et les gens c’est ce qu’ils aimaient, ils nous le disaient. On se fendait la gueule sur scène. Ça se voyait qu’on souriait, on racontait des conneries… Le meilleur concert ? Je dirais celui à Shanghaï, dans un club. C’était une salle super grande, 400-500 places, et on était inconnus là-bas, mais le soir c’était BLINDÉ. Il y a un truc incroyable avec le public chinois. Ils attendaient la dernière seconde du morceau pour applaudir, c’était super perturbant. Tant que la dernière note de guitare n’était pas terminée ils restaient stoïques et juste après ils applaudissaient comme des oufs. (rires) Le lendemain on a joué pour un festival à la campagne, sur une scène immense genre Rock en Seine. Ce qui est énorme c’est que pour notre concert il y avait des chinois habillés en rockers avec des patchs et tout, alors que nous on fait une pop assez gentille. C’est dingue, ils voulaient qu’on signe sur leurs vestes en jean. Ils avaient des drapeaux de malade et des fumigènes rouges ! Par contre à 9h du soir le concert il est terminé, tout le monde rentre chez soi.

LVP : Et si vous aviez une pire expérience de scène ?
Julia : Pour le fameux concert en Chine, j’ai eu une crise de calculs rénaux. Au final je l’ai plutôt bien vécu ! (rires) Je suis allé à l’hôpital, ils m’ont donné des anti-douleurs de cheval et du coup j’étais défoncée sur scène comme si j’avais fumé quinze pétards. J’étais dans le cosmos ! C’était un hôpital de campagne délabré qui faisait méga flipper. Y’avait une salle avec cinquante personnes qui sous perfusion à l’eau salée, je me suis retrouvée au milieu c’était très étrange. Après le concert en Chine j’ai vomi 3 fois alors que j’avais pas bu d’alcool, rien, juste l’adrénaline du concert, l’anti-douleur et le fait d’avoir dansé alors que j’avais pas mangé depuis 48h et que j’étais au fond du trou deux heures avant. En plus on s’est fait coupé en plein morceau parce qu’on avait dépassé de deux minutes, le régisseur est carrément monté sur scène pour nous couper le courant, c’est dingue ! (rires) C’est notre ingé son qui a compris qu’ils faillait qu’on aille s’excuser parce que les mecs étaient vraiment vénères. On a du aller s’excuser au régisseur général pour les deux minutes de retard. La communication était très compliquée, c’est des codes différents ; ils font le service militaire pendant 5 ans donc il y a un côté très militaire. On est rentrés en touc touc.

 

Mathieu : J’ai aussi un pire souvenir. C’était en Russie, à l’after d’un concert. On s’est retrouvé dans une soirée parallèle dans le bar de notre hôtel. On vole une bouteille de vin, on pensait que ça passerait tranquille mais non ! (rires) Y’a un molosse qui nous a gaulé et le mec nous a botté le cul, genre vrai coup de pied au cul. On s’est barré en courant. À un moment ça a fait le tour que le mec avait défoncé les petits Français donc ils venus à notre chambre et il nous ont amené du mousseux pour se faire pardonner, au final c’était pas mal !

LVP : Si vous deviez  me parler de l’élaboration d’une chanson en particulier, une chanson de l’album ?
Pendentif : Sur la tournée précédente il y a un mec qui venait souvent nous voir et qui est finalement devenu un pote ; il s’avère qu’il était champion de France d’ULM et sa spécialité c’était les vols synchronisés avec la musique. Il a un Autogear, c’est un ULM avec une palme. Par exemple il mets un Daft Punk et il vole en fonction du rythme. Sur l’album on s’était dit qu’il fallait faire une chanson pour aller voler avec lui. On s’est servi du rythme de battement de la palme, ça nous a donné un rythme qu’on a utilisé en arpégiateur, c’est vraiment complètement dingue.

 

LVP : C’est quoi votre vision d’ensemble de la musique aujourd’hui ?
Julia : On est tous différents dans le groupe. Moi par exemple je déteste l’autotune, j’ai l’impression que c’est présent partout, même dans la pop, et ça me casse les couilles. Les autres au contraire aiment bien. Y’a comme un pont qui se crée, entre les rappeurs qui ont envie de chanter, et à l’inverse les chanteurs qui rappent. Typiquement, Aloïs Sauvage ou Eddy de Pretto, très blanc-becs middle classe, qui se mettent à prendre les codes du rap avec derrière les figures tutélaires, Jacques Brel, Barbara notamment. Le français s’est décomplexé.
Mathieu : Nous on fait une pop aérienne anglo-saxonne, mais de l’autre côté Bagarre est influencé par des groupes de trap US : il y a une diversité géniale. Même dans les années 80, il n’y avait pas autant de mélange des genres. C’est super positif, ça casse les codes, vraiment. Même plus besoin d’aller écouter des groupes américains, t’as ce qu’il faut chez toi. C’est super intéressant parce qu’en 2010 tout le monde avait les mêmes figures – Étienne Daho, Elli et Jacno – hyper années 80 ; maintenant c’est beaucoup plus éclaté : on peut aussi bien trouver Mac de Marco que le trap, de la house,…

LVP : Si vous deviez faire un feat avec quelqu’un, ça serait qui ?
Julia : Ça fait 4 ans que j’écoute Rhye en boucle, un mec qui a une voix de meuf un peu à la Sade. Grosse mélancolie, chansons très délicates et élégantes… Il vient de sortir un 2ème album, je l’ai beaucoup beaucoup écouté le premier du coup je dis Rhye !
Les autres : On aime le rap belge, l’Or du Commun notamment. Le défi ça serait de faire un feat avec un rappeur. Le mieux ça serait un gros ricain qui chante en Français, un Kendrick francophone ça serait top ! (rires)

LVP : Vous vous voyez où dans 5 ans ?
Julia : Propriétaire d’un 170 m2 à Pantin avec des gosses et des comptes en banque en Suisse.
Les autres : Dans 5 ans ? On en sera au 4ème album, on sera des stars à Pantin et en Chine, malheureusement on sera obligés d’y aller régulièrement… On a peur d’y retourner, on est traumatisés. (rires) Plus sérieusement, dans 5 ans si on peut continuer c’est déjà super ! Peut-être qu’on fera du rap, qui sait.

 

LVP : Si vous aviez un lieu à nous faire découvrir, à Paris ou ailleurs ?
Julia : La brasserie Gallia à Pantin. On l’a découvert l’été dernier, la bière Gallia qui se vend partout vient de là. Y’a un espace extérieur, des cours de yoga et des concerts, le dimanche aprem là-bas c’est incroyable ! Bon après c’est la ville la plus polluée de France.
Mathieu : La presqu’île Saint-Jacot de la Mer en Bretagne, c’est l’endroit que je préfère au monde.
Benoît : Les Baronnies des Pyrénées, c’est tellement humide qu’on dirait une île tropicale : ça s’appelle « la petite amazonie ».
Jonathan : la côte sauvage entre l’île d’Oléron et Royan.

Pendentif est en concert partout en France pour présenter Vertige Exhaussé.

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