JAKOMO en release party à l’Ancienne Belgique ou comment toucher des sommets
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
03/04/2023

JAKOMO en release party à l’Ancienne Belgique ou comment toucher des sommets

| Photos : Flor Huybens pour JAKOMO

On les a connus jeunes, on les a connus à peine expérimentés mais avec un énorme potentiel à porter. On les a vus une fois, deux fois, trois fois – peut être plus -, en live. On a été admiratif·ves, amusé·es, concentré·es. On croyait avoir tout vu, tout entendu, et on pensait que peut-être cet album serait une consécration de tout ça, sans trop nous surprendre. Bref, on s’apprêtait à devenir blasé·es à tort, quand les musiciens de JAKOMO ont sorti leur masterpiece, Lobby il y a de ça quelques semaines. Après une écoute seulement, il était clair que nous ne devions pas manquer leur double date à L’Ancienne Belgique. Si vous l’avez raté, on ne peut rien faire pour vous, mais on veut bien vous raconter. 

Nous commençons donc par un mea culpa : nous avons raté la première partie. Un show de taille, puisqu’il était mené par le projet solo de Gal Go, saxophoniste de King Krule. On imagine tout de même bien l’extase qu’à dû être ce moment. Et on vous propose de l’écouter :

Vient le moment de vous parler du concert de JAKOMO, dont l’entrée en matière fut beaucoup plus rock que ce que nous pensions trouver en arrivant dans la salle. C’est Cataract, notre morceau favori qui donne le ton du reste de la soirée. Nous passerons donc un moment intense, rempli de guitares saturées et lumières tamisées. S’enchaîne ensuite le single qui a porté le dernier projet du groupe, Luna Park, qui nous raconte mot pour mot ce qui se passe à l’instant ; “I guess I’m just some kind of lunatic“. Une nouvelle chanson, une ancienne. Un coté obscur et un côté lumineux. De l’intensité mais aussi du groove et un certain sens de l’humour qu’on apprécie particulièrement.

On remarque directement que les Belges ne sont pas là pour mettre en avant une guitare ou une voix en particulier et c’est exactement pour ça que Julien Tanghe et Wout Vermijs se partagent la scène de façon très égale et humble. Une voix et une guitare de chaque côté de la scène pour une balance parfaite. Peut-être n’étiez-vous pas présent·es, ou peut-être n’avez-vous pas bien vu l’ambiance qui régnait entre les musiciens. Au nombre de quatre, ils semblaient concentrés, hyper complices, toujours un demi-sourire aux lèvres et ça rayonnait de joie d’être là sur scène. Il serait plutôt logique de penser que c’est le cas sur toutes les scènes, mais à force d’aller voir des concerts, on oublie un peu ce sentiment.

| Photo : Flor Huybens pour JAKOMO

La ligne de basse de Plumb nous a particulièrement envoûté·es, juste le niveau de groove qu’il nous fallait pour un jeudi soir, donnant assurément au nouveau projet son intensité et son dynamisme. Ambiance rouge pour un thème qui va bien à Dracula, et comme ce personnage de la littérature plutôt peu connu, JAKOMO aime l’obscurité et le silence. Sans nous déplaire. Le groupe sait quand faire du bruit mais aussi quand se taire. Quand chuchoter et quand crier. Sur celui-ci, ce sont des voix pleines et presque rauques qui s’emparent de nos oreilles et puis de notre tête pour en dévorer toutes les émotions. On se sent un peu suspendu·es à la chanson, sans trop savoir pourquoi.

De retour à la lumière dans le précédent album avec OK, Coach qui met en avant le super falsetto de Wout. On reconnaît vraiment bien la différence entre les deux projets et c’est un choix qu’on salue d’avoir intercalé les deux pour faire respirer le live. Dès que la musique s’intensifie, laisse la place à chaque instrument pour respirer, c’est assurément Lobby qui fait son entrée. Puis c’est vraiment le moment où tout se relâche. On entend tous les instruments aussi fort que faire se peut, en cohésion totale pour une outro deep in the feels. On entend Julien crier “you don’t deserve my heart” – on ne savait d’ailleurs pas qu’il était capable d’un tel cri. Retour aux applaudissements, juste comme ça, on est encore dérouté·es. On aura également droit à un moment solo de Jef Ballon, qui vient spécialement devant pour nous faire un petit moment bass only.

| Photos : Flor Huybens pour JAKOMO

Notre petit péché mignon arrive dans le set. Un moment plutôt sensuel pour un jeudi soir. Sexdroom vient nous caresser de sa main mélancolique mais joueuse. Atmosphère écarlate de circonstances à nouveau. La basse qui retentit comme pour nous dire que c’est “move-your-hips mandatory hour”. On aime beaucoup le travail qui a été fait sur les différentes façons dont Julien et Wout placent leur voix pour signifier des choses très différentes. Tout en subtilité. Cette chanson, elle représente bien le projet dans son ensemble. Elle est dosée de tous les ingrédients, bien répartis pour nous conquérir, utilisant les silences comme arme létale. Malheureusement, pour avoir été présent·es au premier show du jeudi, nous n’avons pas eu droit au solo de saxophone du grand Gal Go. Sachez que nous en sommes extrêmement tristes, mais heureusement le livestream était là pour nous fournir notre dose en sonorités jazz.

Une phrase résonne dans la pièce, c’est le “I’m not ready to love” qui a le pouvoir de nous déchirer le cœur en deux. C’est Atlas qui, fort heureusement, arbore un riff plutôt dynamique et léger pour nous aider à digérer les paroles. C’est alors qu’une mélancolie estivale s’empare de la salle, pour un très bel instant.

| Photos : Flor Huybens pour JAKOMO

Une chanson qui ressort énormément de cet album, c’est également Wear qui est crépusculaire, d’un calme frustré, très Radiohead-ish, si vous voulez notre avis. Les voix sont angéliques alors que tout nous met dans l’ombre. C’est une ambiance mélancolie condamnée qui arbore son lot de poésie. Un calme avant la tempête, cette fois-ci, leadé par le falsetto. On se croit dans Exit Music (For A Film) – vous savez exactement de quelle partie on parle. Le final sera un final de rock stars où tout part en vrille et l’ambiance s’exporte jusque dans le public. 

| Photo : Flor Huybens pour JAKOMO

On finit par le classique Call me out qui fait chaud au cœur et de longs remerciements très humbles encore une fois, pour ramener l’ambiance rock star ensuite. On a même droit à une danse de Gal Go qui, dans son excitation, manque de faire débrancher tous les câbles. Notre oreillette nous dit qu’un problème technique a eu lieu le vendredi. Si on le mentionne, c’est parce qu’il a été comblé avec brio avec un petit What’s the Use (meilleure chanson de la Terre objectivement parlant), qui commence par cette ligne de basse incroyable empruntée à Thundercat. Ajoutez à ça une impro de Gal Go et vous avez un combo parfait. Wastelands vient ensuite boucler la boucle puisque c’est la chanson qui débute Lobby de ses nombreux changements de tempo.

Bref, JAKOMO est en route pour une belle aventure depuis déjà quelques années et l’aventure ne fait que se bonifier. Nous pensons, malgré le cliché, qu’il est raisonnable de dire que Lobby constitue pour eux “l’album de la maturité” et la découverte d’un son qui leur appartient et dans lequel ils se baladent avec beaucoup d’aisance. Bientôt, il vous sera impossible de voir le groupe dans un AB Club. On vous conseille donc de vous dépêcher d’acheter vos tickets pour le premier show à venir, pour une énorme dose d’intense rock, mais aussi de rock joueur, et enfin de rock mélancolique et sensuel à la fois. What’s not to love about that? 


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