James Blake rassemble le meilleur de ses deux mondes sur un mini-EP
"
Auteur·ice : Flavio Sillitti
16/10/2020

James Blake rassemble le meilleur de ses deux mondes sur un mini-EP

La surprise de la semaine. Et quelle surprise ! Si l’ultraproductivité du Britannique pendant le confinement n’était plus vraiment un secret (livestreams et singles renversantscollaborations de rêve), ce petit bijou de quatre titres pointe le bout de son nez inopinément, pour notre plus grand plaisir. Depuis Assume Form, son quatrième album paru en janvier 2019, force est de constater que l’identité artistique de l’auteur-compositeur s’est vue colorée de quelques touches de sensibilité et de luminosité. Labellisé à faux de sad boy, James Blake prouvait avec ce tour de force qu’une part de lumière se cachait dans la mélancolie rêveuse de ses compositions. Une luminosité qui se retrouve sur ce nouveau projet, qui infuse son romantisme fraîchement dévoilé à la fibre clubby électronique de ses débuts. Le meilleur des deux mondes. 

Pour celles et ceux qui adulent le Britannique pour sa voix éthérée et ses compositions brumeuses, sachez que le bonhomme manie aussi bien les boîtes à rythmes et les platines que ses cordes vocales. C’est d’ailleurs par ses talents de production qu’il se faisait remarquer en 2009 avec son premier EP en date Air & Lack ThereofDepuis, parallèlement à ses albums, il n’a cessé de dévoiler des pépites minutieuses et pointues, dont l’exaltant CMYK ou encore If The Car Beside You Moves AheadTant de propositions électroniques qui justifient amplement l’arrivée d’un projet comme Before, décrit par l’artiste comme un “hommage aux clubs londoniens”.

 

Sur Assume Form ainsi que sur ses récents singles You’re Too Precious et Are You Even Real?, le musicien bottait le derrière à la masculinité toxique du monde musical en affirmant haut et fort un romantisme décomplexé à travers des ballades sentimentales dédiées à sa moitié, l’activiste et actrice Jameela Jamil. Un sentimentalisme à la chaleur plus qu’opportune qu’il nous plaît de retrouver ici mêlé à la froideur technique d’une électro puissante. Le mélange fonctionne, et on serait presque tenté·es d’affirmer que James Blake invente la lettre d’amour version club. C’est ainsi que I Keep Calling et Before débutent chacun sur des cris du cœur de Blake (“I keep calling your heart, Oh, let it ring if I’m falling too hard” pour le premier, et “You move me naturally” pour le second).

Progressivement, dans un crescendo brillamment orchestré par Blake et son acolyte Dominic Maker (du groupe Mount Kimbie), les compositions gagnent en dynamisme et les rythmes s’emballent pour une sobre élancée chaloupante. L’outro de Before nous offre même une intense démonstration de club music plus compacte et puissante, forcément réjouissante.

 

Sur Do You Ever se manifeste la fièvre plus dure et tourmentée, un esprit qui ne va pas sans rappeler son mesmérisant EP Klavierwerke. Délicieusement distordue, sa voix vient alors appuyer des portées de violoncelles et un beat constant. Finalement, Summer of Now s’ouvre sur les notes célestes de Blake qui chantonne sur un tapis sonore épuré et délicat, avant de s’emporter dans des flux plus déconstruits, sans trop s’éloigner de l’esprit rêveur et nostalgique de l’EP.

“I’m not the summer of all my worries, and I’m not the summer of yours / I’m not the summer of 2015, but I can be the summer of now” nous susurre-t-il, symbolisant par des mots simples sa transition si cruciale à l’âge mur, à l’âge de l’instant t. Before, malgré son nom emprunt d’une certaine nostalgie, semble puiser dans les trésors du passé de James Blake pour mieux se tourner vers l’avenir. Agrémenter des bases solides de production d’une sensibilité nouvelle, voilà la voie vers laquelle s’orientent ces quatre joyaux de club sentimentale.

Pour marquer l’événement, il s’associait ce vendredi 16 octobre à la boite Boiler Room pour diffuser un live set explosif en direct. L’occasion pour nous de retrouver les quatre morceaux de l’EP ainsi que des remixs calibrés, dont celui de l’incroyable Make Out In My Car de Moses Sumney à 45:54. Un régal.


@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@