Vous ne savez pas encore que Jazz Lambaux est ce dont vous avez besoin pour 2024, mais on est persuadé·es que son dernier single vous permettra de bouger votre derrière en cette année de zbeul olympique. Médaille d’or déjà acquise pour le combo folk, postpop et cornemuse sur le Yesterday de Jazz Lambaux.
Jazz Lambaux est un artiste fascinant évoluant entre Paris et New-York. Connu sous son précédent nom de scène Jazzboy, il avait attiré l’attention dès 2018 autour de quelques EP (Jesus Jazz notamment) accompagnés de vidéos ténébreuses et décalées. Le nouveau projet du français Jules Cassignol se déploie désormais en dehors des tracés actuels de la pop et s’enfonce dans les territoires bien plus troublants de l’art-pop agrémenté de folk acoustique et électronique, et d’une instrumentation très singulière.
La musique de Jazz Lambaux propose en effet une déconstruction acide des rythmes pop. Par des phrases musicales accélérées et distordues, l’agitateur martyrise les sons pour faire ressortir toute l’incongruité d’une musique pensée pour le plus grand nombre, dans un monde où plus personne ne sait quoi faire pour tenir ensemble une société grevée d’inégalités.
I am an Alien, in an aquarium, chante-t-il par exemple d’une voix trafiquée sur un single génial de 2022 (Alien). Prenant d’une certaine manière la succession d’une hyperpop qui s’est un peu perdue dans sa propre parodie, Jazz Lambaux revient à une musique instrumentale presque ambient sur certains morceaux et réinjecte le son anachronique de la cornemuse. Portée par de superbes passages stridents joués par Enora Morice, virtuose de cet instrument, la musique de Jazz Lambaux s’étire dans toutes les directions comme si elle enflait dans un espace-temps sans limite. On ne se remet toujours pas du drop de cornemuse sur le morceau Paranoid sorti en 2023.
Sur Twilight, single de 2023 également, Jazz Lambaux revient à la guitare acoustique pour créer par des échos savamment construits un cocon musical où l’on se sent bien, planant sur les harmonies de cornemuse. The world is ending and I’ve never seen the twilight (Twilight).
Qu’est-ce que nous raconte Jazz Lambaux ? On n’en sait rien ! Que veut-il faire de sa musique ? On ne comprend pas encore tout. Mais la puissance triste qui ressort de chacun de ses morceaux nous procure un indescriptible bonheur. Ça fait un peu mal à la tête mais on tripote ses blessures avec ce petit sentiment agréable de jouir de sa douleur. Alors on remet en boucle des morceaux qui courent dans tous les sens et sur lesquels on veut danser.
Sur le morceau qui vient de sortir, Yesterday, tous les chevaux sont lâchés. Commençant par une vieille ballade qu’on imagine enregistrée sur une cassette, le son s’éclaire, accélère et on part dans un manège spatial. Voix distordue, rythme au marteau piqueur et aigu de cornemuse, on ressort lessivé·es de cette écoute mais on relance le morceau immédiatement. On vous laisse découvrir cette nouveauté et on vous encourage à écouter le reste de ses productions.
Je soutiens la thèse que Lana Del Rey est la nouvelle Bob Dylan.