Jorja Smith – Une session live pour confirmer tout le bien qu’on pense de son nouvel EP
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Auteur·ice : Augustin Schlit
08/06/2021

Jorja Smith – Une session live pour confirmer tout le bien qu’on pense de son nouvel EP

| Photo : Vicky Grout

Vous aimez Jorja Smith ? Félicitations, vous n’avez aucune personnalité. Blague à part, on vous met au défi de trouver dix personnes de votre entourage qui ne sont pas touchées par la voix de la nouvelle reine de la soul made in Britain. Et pour s’en convaincre, il suffit de voir le statut que cette dernière a su acquérir, et surtout maintenir à l’aide d’un seul album paru il y a déjà trois ans. Pourtant, la jeune prodige de 23 ans a réussi l’exercice difficile de rester constamment sur les radars de tout le monde sans jamais nous pousser à l’indigestion qu’un succès aussi fulgurant aurait pu provoquer. En se basant sur ce constat, est-il encore possible d’émettre un avis nuancé sur la musique de Jorja Smith ? Rien n’est moins sûr. Est-ce qu’on va se priver d’essayer pour autant ? Certainement pas !

Dire que nous accueillons ce nouveau projet, aussi maigre soit-il, à bras ouverts relève de l’euphémisme. D’une part parce que, depuis qu’on la suit, Jorja Smith ne nous a (presque) jamais donné de raisons de douter de son talent, d’autre part parce que de maigre, ce projet n’a que l’apparence. En effet, alors que son premier effort témoignait de qualités impressionnantes en matière de songwriting et de chant, il était aussi indéniable que son autrice, du haut de ses vingt ans, se réfugiait encore un peu trop derrière ses nombreuses influences, aussi qualitatives furent-elles. Le résultat, au-delà de toutes ses qualités, avait alors pu en laisser certain·e·s sur leur faim.

Qu’à cela ne tienne, Lost & Found reste malgré tout un magnifique témoin des turpitudes d’une jeune adulte en devenir, emprunt d’incertitudes adolescentes, de découverte de soi et surtout d’une sincérité à faire fondre un iceberg. Sur Be Right Back, rien de bien nouveau sous le soleil. On retrouve toujours cet équilibre entre questions de société, presque politiques, d’un côté et introspection de l’autre, à ceci près que trois ans séparent les deux projets. Et ça se sent ! La crooneuse a mûri, ses textes se sont affinés et son style s’est affirmé. Pour autant, on sent que Jorja a encore des choses à offrir, de nouveaux horizons à explorer pour devenir la star intemporelle qu’elle est si proche de devenir. Heureusement, cette dernière a visiblement quelques coups d’avance et nous rassure quant à l’évolution de sa musique :

“It’s called Be Right Back because it’s just something I want my fans to have right now. This isn’t an album and these songs wouldn’t have made it. If I needed to make these songs, then someone needs to hear them too.”

Be Right Back, de par sa nature, nous oblige donc à aborder son contenu avec plus de détachement et d’ouverture que s’il s’agissait du petit frère officiel de Lost & Found. On sent d’ailleurs un certain dépouillement tout au long de l’EP. Pas au sens péjoratif du terme, bien au contraire, mais plutôt dans la sérénité que chacun des titres dégage. Ce projet est à prendre comme un espace transitionnel. Un amuse-bouche dont l’intérêt principal est de nous rappeler toutes les raisons qui nous ont fait tomber amoureux·ses d’elle, avant de passer à un nouveau chapitre de sa discographie.

Et le live dans tout ça ? Ce n’est pas bien compliqué, il ne fait qu’enfoncer un peu plus le clou. Les titres phares de l’EP n’y résonnent que plus fort et les arrangements, impeccables, apportent aux morceaux les moins mémorables une aura toute neuve. On pense notamment à un titre comme Gone, qui atteint ici son plein potentiel. Le tout pour un résultat finalement magnifiquement fluide et homogène. Jorja Smith, quant à elle, habite chaque titre avec une prestance et une classe qu’on n’avait pu jusqu’ici qu’entrevoir derrière ses airs un peu timides.

 

Une chose est sûre, si les huit morceaux qui composent Be Right Back ne méritent pas de se faire une place sur le futur album de notre diva britannique préférée, on n’a aucun souci à se faire quant à la suite des aventures de Jorja Smith.