Décidément, le Botanique ne cessera jamais de nous séduire. A peine la nouvelle saison de concerts débutée qu’à nouveau, le meilleur de la scène indie s’est donné rendez-vous en ce mois de Septembre sous notre dôme préféré. Et s’il y avait véritablement un immanquable en ce mercredi soir, c’était bien Juan Wauters. Issu du label Captured Tracks, le même que notre cher Mac DeMarco et certainement aussi allumé que lui, ce muchacho débarqué tout droit du Queens à New York avec sa folk lo-fi saupoudrée de Velvet Underground nous aura franchement mis des étoiles plein les yeux.
On arrive clairement en avance ce jour-là, alors on zone sur les marches histoire de casser la croûte au soleil. Tout à coup, le voilà justement qui s’amène nous faire la causette. Son allure est des plus magiques. La dégaine trapue, une bonne vieille tête d’innocent, les jambes arquées, lamain dans le jeans et un look digne des vieilles séries 90’s du dimanche genre 7 A La Maison, pas de doute, c’est bien lui. A l’aise dans ses baskets, le gaillard profitera ensuite du temps pour se dorer quelque peu la pilule torse nu au parc, avant de rentrer en salle pour les derniers préparatifs.
Juan Wauters, c’est vraiment toi et tes potes qui jouent posé sur un muret dans ton jardin lors d’une aprem barbecue, si t’habitais Brooklyn. Ca joue posément, sans artifices, tout en déconnade. Sur scène, on retrouve notre hombre en question, épaulé par ses deux potes, respectivement derrière les bongos et la guitare d’accompagnement. Un étendard simpliste, qui rappelle le titre de son dernier album, affiche les mots « Juan Wauters. Who, me? », comme s’il était lui même étonné de se retrouver tout-à-coup là.
Si le show est minimaliste, la prestation, elle, n’en reste pas moins éblouissante. D’une présence aussi timide que chaleureuse, Juan est un spectacle à lui tout seul. Entre son assurance un peu fragile, ses quelques pas de danse complètement ridicules mais tellement drôles, et son irrésistible voix nasillarde à l’accent latino, le type excelle dans l’art de faire des étincelles avec trois fois rien.
Autant efficace que désarmant de simplicité, les ballades ensoleillées s’enchaînent, oscillant entre ses deux albums North American Poetry et le tout récent Who, Me? en question. On attirera une attention toute particulière aux magnifiques Woodside Queens (magique à entonner en choeur légèrement éméché, on parle d’expérience), Lost In Soup, Water, ou encore le plus garage Sanity Or Not, qui nous laissent dans un état d’euphorie exaltée, que l’on attrape que trop rarement au cours d’un concert.
Tour à tour en solo puis en compagnie de son groupe, le new-yorkais prendra également le temps de nous servir un petit moment sentimental sur des sons de synthés de l’espace avec This Is I, pour tenter de conclure un set laissant définitivement un goût de trop peu à la Rotonde, qui ne veut absolument pas le voir partir ce soir-là. En suivra en tout une série de 3 ou 4 rappels successifs (quand même), qui se termineront sur un très magistral Ay Ay Ay entonné en espagnol, avant de rejoindre son public pour quelques pintes. Il n’y a pas à dire, on aura encore été gâtés.
Photos : Juan Wauters’ Instagram & Nicolas Nollomont.
Aime les lettres, les voyages et la musique jouée à plein volume. Erre toujours bien quelque part dans une soirée garage/psych ou indé. Adepte du lo-fi et de tout ce qui agace ta mère.