Keaton Henson, que la tristesse nous fasse danser
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Auteur·ice : Hugo Payen
17/02/2023

Keaton Henson, que la tristesse nous fasse danser

Passé maître dans l’art de nous conter ses peines et désenchantements à répétition, Keaton Henson est probablement l’un des artistes qui arrive à émouvoir son audience plus rapidement que Paul Mescal dans Aftersun – pour les plus cinéphiles d’entre vous. Avec une plume intimement brute et des sonorités gorgées de mélancolie, Keaton Henson manie la tristesse avec panache et vraisemblablement avec passion. Preuve en est : après quelques mois d’absence, Keaton Henson semble bel et bien de retour avec un premier single synonyme de nouvel album, House Party, prévu pour le 9 juin prochain.

Après la sortie en 2020 de Monument, dernière œuvre cathartique de l’artiste britannique en plein deuil, Keaton Henson s’est fait des plus discrets. Sans surprise donc quand on sait à quel point le singer-songwriter aime rester secret. Se décrivant lui-même comme un introverti à l’art candide, Keaton prend l’habitude de déverser ses pensées et ses émotions dans ses textes.

Depuis treize ans maintenant, le Britannique au cœur tendre tente de nous rassurer à sa manière, de nous faire comprendre que les peines des uns peuvent souvent faire écho à celles des autres. Habituellement pour le meilleur, mais parfois aussi pour le pire. Écouter Keaton Henson revient un peu à regarder Her de Spike Jonze, en boucle. Un véritable exutoire musical dans lequel Keaton se soulage sur fond d’ambiance orchestrale survolée par ces riffs naturels de guitare en tout genre. Un ADN reconnaissable et ovationné que l’on peut notamment découvrir sur les légendaires 10am Gare du Nord ou You, tous deux issus de Birthdays qui vient de fêter ses dix ans cette année.

 

Un ADN reconnaissable, on l’a dit, mais surtout inchangé au fil du temps. Du moins c’est ce qu’on pensait jusque maintenant. Introduisant son nouvel album, Henson déclare : « Je voulais faire un disque plus uptempo qui parle de la dépression et de ce que signifie être un interprète. Un disque écrit du point de vue d’un artiste qui s’est évidé durant de longues années, attiré par le succès. Comme dans un univers alternatif dans lequel il existerait une autre version de moi, seule et vide à force d’avoir voulu atteindre le sommet, mais qui reste capable d’exprimer ses émotions et ce, dans le langage naïf et assuré qu’est la musique pop. »

Woaw, voilà qui promet encore un autre chef-d’œuvre. Avec la sortie du premier Envy, c’est l’eau à la bouche que nous laisse ce grand monsieur qu’est Keaton. Un bel aperçu dans lequel le singer-songwriter nous raconte que de nos jours, tout est tellement porté sur la performance et l’ambition. Une vie que nous semblons vivre en permanence dans l’envie des personnes et des vies qui ne sont pas les nôtres, mais qui nous convainc que faire cela résoudrait nos problèmes et nos sentiments de solitude.

Je pense que le gars de la chanson a laissé tomber toutes ses amitiés et ses relations pour arriver à cet endroit de sa vie ou de sa carrière, et maintenant, réalisant que cela ne le rendrait jamais heureux, il déplore sa solitude et les années perdues, et essaie d’avertir les autres.

Bon, clairement l’attente va être longue jusqu’en juin prochain. Voyons le côté positif de la chose, cela fait quelques mois durant lesquels vous pouvez vous replonger dans son ineffable discographie pleine de surprises. D’albums studio aux bandes originales en passant par un album de musique classique, Keaton Henson est indéniablement l’artiste qui nous épatera à chaque fois. La suite, au prochain épisode.