Kiwi jr : le daddy-cool-band du Canada a fait un crochet à Paris
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Auteur·ice : Adriano Tiniscopa
03/10/2022

Kiwi jr : le daddy-cool-band du Canada a fait un crochet à Paris

Installé à Toronto, originaire de l’Île-du-Prince-Édouard, le quatuor canadien sauce rock alternatif saveur nineties, Kiwi jr, a fait sa toute première date en France à la Boule noire à Paris ce vendredi 16 septembre, histoire d’entamer sa tournée européenne, devant une petite fanbase bien en forme, qui est soupçonnée d’avoir infiltré le public.

Ils rappellent les fameux Strokes à certain·es, ou bien les plus grunge et californiens Pavement à d’autres. Jeremy Gaudet, le guitariste & chanteur (voix principale), Brohan Moore, le batteur, Mike Walker à la basse, et le second guitariste, Brian Murphy ont ouvert leur concert avec le premier titre de leur dernier album Chopper (2022), Unspeakable Things :

« Unspeakable things

Written longhand in your diary

Unspeakable things

In bags piled into a phone booth

Pressed against glass

Shouted aloud alone in gear at a red light

Unspeakable things »

Un morceau efficace, des notes de synthétiseur un peu rétro années 1980, tenues par Brian Murphy, très présentes dans Chopper, des riffs en marge fiévreux et saturés, une batterie énergique, le tout passé à la moulinette du rock indie un peu teenage : l’entrée en matière est bonne !

Ce soir-là, la salle est remplie mais pas trop, une foule bien jaugée, de quoi permettre un passage relativement aisé bières en mains, à travers le public qui s’est agglutiné dans toute la longue salle de la Boule noire, installée quartier Pigalle. Sur scène les quatre musiciens ne paient pas de mine, « on croirait des profs d’histoire ! », pense très fort un gars. Lunettes, chemise et surgilet, ou bien le package t-shirt et chemise, jeans et l’air propret, « ceci est notwe pwemiewe fois à Pawis… euh… euh… on… I don’t know what I’m saying ! », finit par lâcher en souriant Jeremy Gaudet. La salle est comblée, n’hésitant pas à encourager « ouais ! » « waaou ! ».

Celles et ceux venu·es bouger ce soir, et de la tête aussi, devant ce rock indie presque pépère, mais qui ne patauge pas, doivent avoir la quarantaine, à l’instar des artistes des Kiwi jr. Leur champ lexical est celui de l’absurde, présent à travers leurs trois albums, parfois mystérieux, souvent décalé, avec des histoires banales, drôles et/ou bien ineptes, à l’image du titre Parasite II, balancé durant la soirée :

« There’s gotta be another man in the house who’s spending all the moneySomeone down in the laundry room keeps shrinking all my shirtsBut they won’t show, plant a seed, watch someone else watch it grow

I don’t really have time for a movie or really the moneyThere’s gotta be another man in the house who’s drinking all my beerIf they won’t show, pull a tooth, put it under someone else’s pillow »

Leurs leads de guitare sont simples et entraînants, parfois criants, et les chœurs sont enjoués et harmonieux. Certains morceaux sont courts, légers et de bonne humeur comme Domino, la track 9 de leur album Cooler Returns (2021), qui rappelle d’une certaine façon, la nonchalance assurée en plus, un bon tube du genre We’re Gonna Have a Real Good Time Together des Velvet Underground.

Avec trois albums sous la veste, Kiwi jr a déjà un bon répertoire. Leur premier single devenu album éponyme Football Money est sorti chez Mint Records en 2020. Puis le groupe a été repéré par Sub Pop, la célèbre maison américaine grunge où sont passés, notamment Nirvana et Soundgarden, et avec qui ils ont signé leurs deux dernières galettes.

De nombreuses petites balades mélodiques avec des guitares bien claires façon Dire Straits, des breaks bien appuyés à gros coups de charley, le concert est rythmé, tout s’enchaîne bien, des rythmiques rock classiques, la voix claire et éraillée de Jeremy Gaudet, parfois nasale. Résultat des courses : un bon cocktail musical d’outre-Atlantique, rafraîchissant et avec du pep, une madeleine de Proust pour les aficionados de la jangle pop.