La Chica, c’est l’artiste-poète à la voix sacrée
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Auteur·ice : Giulia Simonetti
04/12/2020

La Chica, c’est l’artiste-poète à la voix sacrée

Abstraction, pesanteur et introspection. La Chica réunit deux mondes. D’un côté la frénésie urbaine de Belleville (Paris) et de l’autre ses racines solaires vénézuéliennes. Elle prouve qu’une musique teintée de multiples influences sonores peut exister. Toujours accompagnée de son piano, sa voix nous emporte dans le monde de l’au-delà. Ce 4 décembre signe la sortie de son nouveau mini-album, La Loba, dédié à son frère défunt.

La légende narre que la louve, la Loba, a le pouvoir par son chant de redonner souffle aux corps sans vie. La Chica part de ce mythe pour mettre en lumière l’instinct à l’état brut. La puissance de la magie des femmes se déploie grâce à l’éveil des sorcières. L’album, par touches expressionnistes, multiplie les sensations. Comme le dit le célèbre compositeur André Manoukian il y a du sacré dans la voix de La Chica. En effet l’artiste franco-vénézuélienne arrive à moduler sa voix pour accéder à un état de transe. Sa voix et son piano incarnent la polyvalence musicale : du hip-hop au doo-wap en passant par l’influence classique de Debussy à la cumbia. Pour être bref, La Chica, c’est comme une douce caresse mystique. La chanteuse se met à nu dans cet album, face à nous, spectateurs, assistant à un chant sacré mais moderne de 21 minutes.

Dans cet album, elle traverse plusieurs états d’âme : la colère, la tristesse, l’amour et enfin l’illumination. Ce sont six titres et un interlude qui composent cette histoire. 3 est le titre d’ouverture : la chanteuse s’adresse d’emblée à son frère. Elle le questionne sur sa vie dans le monde des morts. Leurs énergies respectives vont se compléter pour former les graines du demain.

C’est avec Agua qu’on poursuit l’écoute de ce petit chef-d’œuvre. Ici La Chica chante un rituel à une rivière pour qu’elle emporte avec elle sa douleur et sa peine. Cette peine monte tout doucement en intensité pour se transformer en rage. Rage qui met en avant la nature forte et puissante des femmes et qui trouve son apogée dans le troisième morceau La Loba. On y ressent la tension de l’éveil des sorcières. Le piano y est intense et s’entremêle rythmiquement à la voix saccadée de l’artiste. Drink est un chant pour les morts, où la connexion spirituelle est palpable. Le piano se fond dans une douce alchimie bercée par la voix envoûtante de la chanteuse (I don’t want to dream again, l’m his ghost I drink your memory and swallow my wish I wanna be drunk til tomorrow”).

On continue l’histoire avec Sol. Sol est l’exutoire où la chanteuse délivre sa douleur afin de lui donner la force de briser les chaînes qui empêchent son frère, décédé, de s’envoler d’ici-bas. Sol est effectivement un titre aérien et magique qui monte doucement en intensité. Avant de conclure avec Hoy, qui est l’élévation finale, elle propose un délicat interlude au piano. La Chica décline toute sa palette d’états d’âme. Telle une chamane, elle fait le pont entre deux mondes, en musique et sur un air de magie.


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