S’il y a un événement dont on attendait impatiemment la nouvelle édition avec le dénouement de la crise sanitaire, c’est bien celui-ci. Après deux ans d’incertitudes et de contraintes, la Fête de l’Humanité a fait son grand retour dans son format traditionnel le week-end des 9, 10 et 11 septembre derniers et n’a sans doute jamais si bien porté son nom que cette année. Ce ne sont pas les 400 000 âmes qui avaient fait le déplacement pour retrouver la plus grande fête populaire d’Europe qui diront le contraire.
Cette année, se rendre à la Fête de l’Humanité avait tout d’une grande aventure – peut-être encore plus que d’habitude. Nouveau site, plus vaste mais aussi plus excentré, météo menaçante et forte concurrence des autres événements musicaux de la rentrée : il fallait être particulièrement motivé·e pour avaler les quelques heures de transport qui séparaient la Fête de l’Huma des grandes villes de l’Hexagone. Cela n’aura pas empêché quelques 400 000 braves de faire le déplacement sur le week-end et de redonner à l’événement des couleurs comparables (ou presque) à celles de ses affluences traditionnelles.
De notre côté, on n’a pas hésité une seconde au moment de cocher la date dans notre agenda. On le répète d’ailleurs à l’envi : la Fête de l’Humanité fait partie de ces rendez-vous qu’on ne manquerait pour rien au monde, encore moins après deux années de disette et de privations.
Vendredi party
Si le soleil n’était pas franchement au rendez-vous lors de notre arrivée en fin de journée le vendredi, l’effervescence et l’enthousiasme qui se faisaient déjà ressentir sur place nous ont rassuré·es sur la température du week-end. Ça tombe bien, c’est précisément ce qu’il nous fallait pour tenir le programme dantesque qu’on s’était fixé pour lancer les hostilités.
Une fois notre campement installé, c’est une programmation résolument festive qui s’offrait à nous pour démarrer notre Fête de l’Humanité sur les chapeaux de roue. Un petit tour par la grande scène pour s’y échauffer sur les premières banderilles électroniques de Kungs, un détour par la scène Joséphine Baker pour s’imprégner de l’énergie de L’Impératrice, quelques pas de danse esquissés sur les innombrables stands qui proposaient leur propre programmation festive et nous voilà déjà propulsé·es sur la scène Humacumba où nous savions pertinemment que nous finirions la nuit.
Entre la house sensuelle de Kiddy Smile, l’electroclash martiale de Kittin & the Hacker et le final enflammé de Pardonnez-nous, inutile de vous dire qu’elle fut longue et belle.
Samedi énergie
Un samedi matin – lendemain de fête, qui plus est – est-il forcément condamné à démarrer à midi ? Pas pour nous en tout cas ! En véritables habitué·e·s que nous sommes, nous le savons bien : les matinées sont tout aussi importantes que les soirées sur la Fête de l’Humanité. Elles sont plus calmes, bien sûr, et offrent la possibilité de découvrir le site sous un angle différent, plus propice à la discussion et aux échanges. On aura donc pris un plaisir assumé à flâner parmi les stands et à goûter les différentes spécialités régionales proposées ça et là, jusqu’à ce que la météo s’en mêle et nous contraigne à regagner les vestiaires pour une petite heure de pause.
Les deux concerts les plus intéressants de ce week-end hors du temps se sont donc enchaînés sous une pluie fine : celui d’Astéréotypie d’abord, celui de Carmen Sea ensuite. Si vous aviez suivi nos recommandations, vous le saviez déjà, c’est aux pieds de la scène Zebrock qu’il fallait passer son samedi après-midi. Les deux groupes nous ont immédiatement donné raison, le premier nous captivant par sa prestation d’une poésie et d’une sensibilité rares, le second nous entraînant dans des pogos jouissifs au rythme de sa guitare et de son violon qui s’entendent décidément fort bien.
C’est lorsque le jour se couchait que la magie de la Fête de l’Huma a opéré, nous conduisant à assister par hasard au concert d’un tribute band emmené par Régis, guitariste virtuose, dans un petit stand alors même qu’on avait prévu de rallier l’une des scènes du festival. Le reste de la nuit s’est ainsi écrit au gré des rencontres et des envies, toujours avec le son de la chouette scène électro en toile de fond.
Dimanche mélancolie
Le dimanche matin, alors que le soleil se décidait enfin à déchirer l’épais rideau de nuages qui avait obscurci le ciel une bonne partie du week-end, l’heure du départ se rapprochait lentement mais sûrement. Comme tous les ans, c’est un doux spleen qui s’emparait de nous au moment des au revoir, alors que les tentes se faisaient de plus en plus clairsemées dans le camping qui avait accueilli tant de joie et de rires durant ces trois jours. C’est précisément au moment de replier la nôtre avec un petit pincement au cœur que les premières notes du concert de Terrenoire ont retenti à quelques mètres de là, sur la scène Joséphine Baker. Vous vous en doutez : on a laissé sur place les arceaux et les sardines pour se précipiter devant ces deux frangins qu’on aime tant.
Ultime concert de ce week-end si riche en émotions, il n’en aura pas moins figuré parmi les plus marquants. Manifestement ravis d’être programmés sur ce si bel événement, les deux frères de Terrenoire nous auront aspiré par leur bonne humeur et leur sincérité si touchante, jusqu’à nous arracher nos dernières larmes du week-end, aussitôt séchées par la bienveillance et l’amour qui se dégageait encore d’une foule qui se préparait pourtant tout doucement à regagner ses pénates.
Au moment de regagner la sortie, en regardant l’événement s’éteindre tout doucement après avoir accroché des sourires sur des centaines de milliers de visages, une pensée nous a traversé l’esprit : la Fête de l’Humanité est vraiment le plus beau nom qu’on pouvait donner à un événement populaire. Et chaque année, la Fête fait honneur à son nom de la plus belle des manières. Cette année peut-être encore plus que les précédentes.
Pratiquant assidu du headbang nonchalant en milieu festif. Je dégaine mon stylo entre deux mouvements de tête.