La gastronomie italienne par Kids Return à Pete the Monkey : “Les Beatles, c’est la margherita de la musique”
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Auteur·ice : Joséphine Petit
07/08/2022

La gastronomie italienne par Kids Return à Pete the Monkey : “Les Beatles, c’est la margherita de la musique”

Vendredi 15 juillet 2022, Saint-Aubin-sur-Mer, Normandie. Un soleil brûlant nous mord les épaules alors que s’avancent sur scène les Kids Return. On a beau avoir chaud, sentir les coups de soleil se dessiner, et les yeux éblouis malgré les lunettes de soleil posées sur le nez, on se sent tout à coup pousser des ailes. Dès les premières notes, on regarde la foule autour de nous en souriant. C’est le genre de concert que l’on a envie de partager avec la terre entière, ces moments où l’horloge semble avoir mis ses aiguilles en pause, le temps de se dire que l’on est précisément en train de vivre un bel instant. C’est doux, beau et mélodieux, c’est Kids Return à Pete the Monkey. Alors que leur nouveau titre I Will Wait For You a déjà intégré notre BO de l’été, nous avons pris le temps d’échanger avec Clément et Adrien après ce concert radieux, rejoints pour l’occasion par leurs trois musiciens, Alex, Tamino et Cyril.

La Vague Parallèle : Salut les Kids Return, on se retrouve juste après votre concert à Pete the Monkey. Comment vous vous sentez ?

Clément : On est trop contents. C’était un super concert, il y avait plein de monde. On a kiffé, on a pris du plaisir.

Adrien : On a senti que les gens étaient hyper à l’écoute. C’est un peu la première fois qu’on ressent ça en festival, par rapport aux petites salles. Il y avait des gens qui étaient là pour nous, d’autres qui nous découvraient, et une belle alchimie entre nous sur scène. On a tout donné, et je pense que ça s’est ressenti.

LVP : C’est la première fois que vous venez à Pete the Monkey ?

Clément : On a fait notre deuxième concert ici il y a un an alors qu’on venait de sortir notre premier morceau.

Adrien : Mais ce n’était pas un vrai Pete the Monkey. C’était plutôt un mini-Pete. On a joué trente minutes avec Clément, à deux, c’était mignon. Mais là ce soir c’était vraiment kiffant.

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

LVP : Et depuis, Alex, Tamino, et Cyril, vous avez rejoint l’aventure en live, c’est ça ?

Tamino : C’est ça, depuis avril-mai.

LVP : Qu’est-ce que ça change pour vous d’être à cinq sur scène maintenant ?

Clément : En fait, on a composé l’album en live, mais par souci d’argent et pour pouvoir faire le plus de shows possible au début pour se faire connaître, on s’est dit qu’on allait jouer à deux. Mais depuis le début, on savait qu’on voulait avoir des musiciens qui nous accompagnent pour le live, voire plus. On va peut-être enregistrer les prochains disques avec cette équipe. C’était hyper important pour nous de créer un vrai groupe, et ne pas seulement prendre juste de bons musiciens qui n’auraient pas vraiment l’âme du groupe. On a pris beaucoup de temps, on a essayé avec beaucoup de gens, et on est tombés sur ces trois perles. On n’a même pas vraiment fait de casting, on savait qu’on voulait faire de la musique avec Alex parce qu’on le connaissait. On galérait sur la basse et la batterie. On m’a parlé de Tamino, on m’a dit qu’il était trop fort. Il organise des soirées qui s’appellent Jazz Killers au Silencio, avec des jazzeux qui défoncent tout. Il est venu au studio avec Cyril, son ami bassiste, et c’était une évidence.

Tamino : Ce qui est cool, c’est qu’il y a eu une grosse effervescence quand on a rencontré tout le monde avec Cyril, surtout au niveau de l’amitié. On s’entend trop bien, c’est hyper cool.

LVP : Justement, Kids Return, c’est aussi un projet autour de l’amitié, non ?

Clément : Évidemment ! Adrien et moi, on n’est pas des techniciens purs. Ce qu’on aime c’est faire des mélodies, des morceaux, produire tout ça, passer des bons moments et vivre de belles choses. On a vraiment une vision d’ensemble de ce qu’on veut faire, mais pour cela il faut s’entourer. Depuis le début, on sait bien s’entourer, et ça reste notre force. Nous deux déjà, on se complète beaucoup, et il ne nous manquait qu’eux trois. Pour toute la partie business, ce ne sont que des potes. Il n’y a pas de relation de travail. On travaille, mais on s’est forcés à le voir comme cela, dans le sens où c’est une passion qu’on a envie de vivre. Là, c’est notre quatrième concert à cinq. L’année prochaine on risque de beaucoup plus tourner à cinq, parce qu’on a expliqué à notre tourneur que c’est le jour et la nuit entre les deux. Mais ça prend du temps, et c’est normal. On est un nouveau groupe, alors on se doit de faire des premières parties ou plus petits shows, et on ne peut pas faire ça à cinq. Ça coûte beaucoup d’argent de tourner à cinq. Mais pour moi c’est une formule qui rend le projet comme il doit être.

LVP : On sent d’ailleurs que vous portez beaucoup d’importance au côté live et analogique de votre musique. Quand vous êtes à deux, vous devez vous adapter sur les autres instruments.

Clément : Oui. On garde tout le temps nos synthés analogiques. Mais quand on est à deux il y a effectivement des bandes, et c’est beaucoup plus kiffant quand ce sont de vraies personnes qui viennent avec leur feeling. Ce qui est génial aussi, c’est qu’ils se sont approprié les morceaux, et ils nous ont permis à nous d’aller ailleurs. Ça, c’est très cool.

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

LVP : Vous avez créé le projet pendant le premier confinement ?

Adrien : Oui, c’est ce que j’explique sur scène avant de jouer notre morceau qui s’appelle Lost in Los Angeles. On devait y partir pour un certain temps, et on est partis quelques jours avant le premier confinement. On s’est fait rapatrier à Paris parce qu’ils commençaient à s’armer un peu dans tous les sens aux États-Unis. Quand tu rentres dans une nouvelle ère où tu ne sais pas où tu vas, avec le covid, les États-Unis ne sont pas le pays le plus rassurant. Donc on a pris un avion pour rentrer à Paris, et on s’est dit qu’on n’allait pas se confiner avec nos parents, au cas où. On s’est confinés tous les deux avec notre meilleur pote, Lucas, qui a réalisé le clip de Orange Mountains. On a regardé plein de films et fait beaucoup de musique tous les deux. Tout s’est fait naturellement en voyant ce film de Takeshi Kitano, Kids Return. On l’a regardé un soir, et le lendemain, alors que je jouais un autre thème d’un de ses films, Clément, comme dans un faux biopic, avec un rayon de soleil qui lui tombait dessus dans l’appart de mes parents exposé plein ouest, me dit : « Si on faisait un groupe tous les deux et qu’on s’appelait Kids Return, ce serait pas super cool ? » J’ai lâché les mains du piano et j’ai dit ok.

Clément : À ce moment-là, je ne savais pas jouer de piano et on ne savait pas qu’Adrien savait chanter. Un nom ça peut amener loin ! (rires)

LVP : Vous avez posé le nom avant de monter le projet en fait.

Clément : Exactement, comme des gosses de cinq ans !

Adrien : On avait ce rêve d’avoir un groupe et de faire de la pop. Et c’est vrai qu’il y avait tout dans ce nom : l’amitié, la nostalgie, la naïveté…

Clément : Ça nous a aussi donné la force de changer, parce qu’on avait un autre groupe, de le quitter et de se mettre à la composition, ce qu’on ne faisait pas avant. J’étais batteur et Adrien était aux synthés, on ne composait pas tellement. C’était douloureux pour nous.

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

LVP : C’est intéressant que votre premier titre s’appelle Melody, car on n’a finalement pas besoin d’être un très bon pianiste ou chanteur pour penser à la mélodie.

Clément : Je pense que pour faire de bons disques, il faut bien jouer. Nous on appelle des gens qui jouent très bien, mais on leur demande d’écouter notre sensibilité. Il y a des choses qu’on ne peut pas faire, comme les batteries du disque, qu’on a écrites mais qu’on ne peut pas jouer parfaitement. Pareil pour la basse, et les synthés parfois. En revanche, il y a des moments où on savait qu’il fallait que ce soit moins bien joué pour qu’il y ait plus d’émotion et de sincérité, et là on l’a fait nous-même. On a tout enregistré dans un studio de malade, à Motorbass, sauf les voix qu’on a eu besoin d’enregistrer plus à notre façon, pour que ça nous ressemble plus. Notre but, c’est qu’il y ait de l’émotion et des mélodies.

Tamino : Ils nous drivent aussi énormément. Pour tout ce qui est groove, ils arrivent très bien à communiquer ce qu’ils veulent dans chaque morceau. Pour Cyril et moi, ça a été une découverte, étant donné qu’on se connaît très bien et qu’on joue du jazz d’habitude. On a dû comprendre ce qu’ils voulaient sur chaque morceau, et maintenant j’ai l’impression que je joue ces morceaux depuis dix ans. C’est trop bien.

LVP : C’est l’intention qu’on veut mettre dans un morceau qui a son importance aussi.

Tamino : Forcément. Et dans le live, la magie d’être à trois de plus, c’est qu’on peut vivre des moments hyper intenses sur un instant. Ça peut être beaucoup mieux qu’à deux, ou parfois moins constant qu’avec une backing track, mais ça reste trop cool.

LVP : J’ai aussi l’impression que les Beatles vous ont beaucoup influencés. Vous y faites même référence dans un morceau où j’ai entendu « Lucy in the sky ».

Adrien : C’est notre influence principale.

Clément : Cette chanson s’appelle My Life. Elle sera dans notre premier album. Pour moi, les Beatles sont le meilleur groupe de l’histoire. En terme de rapport entre les chansons et la durée de vie du groupe, l’avancée qu’ils ont fait sur la production à l’époque, leurs pochettes, leurs documentaires, c’est incroyable. Ils jouaient trop bien aussi. On dit que Ringo était un mauvais batteur, mais c’était un tueur. Les albums d’Harrison ensuite sont mes chansons préférées. On est fans ultimes. Ça me saoule qu’on n’en parle pas, juste parce que ce sont les Beatles et que c’est évident. C’est le meilleur groupe. Il faut s’en rappeler.

Adrien : Quand t’écoutes les Beatles puis les Kinks, tu te dis que les Kinks, c’est génial, mais est-ce que ça aurait existé s’il n’y avait pas eu les Beatles ?

Clément : Si tu vas en Italie dans la meilleure pizzeria et que tu prends une margherita, si elle est très bonne, tu peux expérimenter ensuite : rajouter des champignons, des olives, etc. Les Beatles c’est ça : c’est la margherita de la musique.

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

LVP : En parlant de pochettes d’album, vos artworks se suivent et vous représentent sur toutes vos pochettes. Avec qui est-ce que vous avez travaillé ?

Clément : On a travaillé avec Apollo Thomas, qui est comme un frère pour nous, et qui était là dès le début. Pour te dire c’était le frère de mon ex, c’est comme notre famille, je le connais depuis dix ans. J’ai toujours voulu bosser avec lui, on kiffait trop son travail. On l’a fait et ça a très bien marché.

LVP : Finalement, ces pochettes ramènent aussi un petit quelque chose de cette influence cinématographique du cinéma japonais à laquelle vous faites référence.

Clément : Oui, il est très connecté avec le Japon. On lui a vraiment fait confiance. C’est un artiste des couleurs, il est très bon.

Adrien : Et très sensible aussi.

Clément : On a fait vingt-cinq mille retouches par pochette avant de la livrer, et on a besoin de cette énergie chez les gens avec qui on travaille. C’est pareil avec notre mixeur. On a besoin de travailler avec des personnes qui sont prêtes à reprendre les choses jusqu’à ce qu’elles soient bonnes. Il fait partie de ces gens-là.

Tamino : C’est aussi parce que vous êtes tous les deux très perfectionnistes.

Clément : Grave, c’est pour ça que c’est cool de bosser avec ces gens-là !

 

LVP : Sinon, vous restez faire la fête à Pete the Monkey jusqu’à demain ?

Clément : Ce soir c’est sûr, et demain on se laissera porter. On ne sait pas encore.

Adrien : On a aussi nos meilleurs potes qui jouent ce soir. Ils s’appellent Please. Ils ont joué hier et ils rejouent ce soir en concert au casque.

Clément : Et il y a aussi Thomas Guerlet qu’on aime bien et qui joue demain.

LVP : Vous avez eu des coups de cœur dans les concerts que vous avez vus ?

Clément : On adore David Numwami et Oracle Sisters aussi, mais ils ont joué juste avant et après nous, donc on n’a pas eu le temps de les voir.

Interview co-écrite et réalisée avec Victor Houillon

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