La Mort et La Lumière : Terrenoire clôture l’histoire avec optimisme
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
04/02/2022

La Mort et La Lumière : Terrenoire clôture l’histoire avec optimisme

| Photo : Giulia Simonetti

Après nous avoir offert l’un de nos albums coup de cœur de 2020 avec un premier jet personnel, poétique et finement exécuté, le tandem Terrenoire revient avec sept nouveaux morceaux. Intitulée La Mort et La Lumière, cette suite voit les deux artistes explorer leurs sujets de prédilections sur des sonorités plus lumineuses et dansantes que jamais, mais également sur des compositions contemplatives minimalistes et bouleversantes.


La Vague Parallèle : Deux ans après la sortie des Forces Contraires, vous décidez de nous raconter la suite. Pourquoi maintenant ?

TERRENOIRE : Écrire la suite de l’histoire, c’était évident depuis un petit temps. On trouvait intéressant de donner une dimension plus lumineuse au disque. Au moment où Les Forces Contraires a interagi avec le public et le monde, notamment pendant la pandémie, il a pris une toute autre tournure. Quand on pense à Ça va aller, Jusqu’à mon dernier souffle ou Le Temps de revenir à la vie, ils sont devenus des hymnes d’encouragement et de force pendant le confinement. Fort de l’interaction du disque et des gens, on se devait d’entretenir l’écriture. C’est la résolution lumineuse de cette histoire, et il fallait qu’on raconte d’abord Les Forces Contraires pour comprendre comment articuler cette suite. Il y a cette idée d’aller vers quelque chose. Long risque de 17 morceaux.

 

LVP : Les nouveaux morceaux sont plus lumineux avec des morceaux plus uplifting. C’était aussi intéressant pour vous d’explorer des thèmes plus solaires que sur le précédent ?

TERRENOIRE : C’était nécessaire, en tout cas. On avait déjà bien déversé nos questionnements et nos mélancolies sur le premier disque, en les teintant d’espoir en filigrane. Ici, c’est l’inverse. Les nouveaux morceaux, c’est de l’espoir teinté de questionnements plus poétiques. Les deux parties du disque peuvent être vues comme le symbole du ying et du yang.

LVP : Sur Misère !, on retrouve une certaine noirceur assumée autant dans la façon de déverser les paroles que dans le sujet societal pessimiste. C’était important pour vous de parler de ces choses-là de cette façon-là ?

TERRENOIRE : La violence qu’on aborde dans Misère !, c’est une violence extérieure. Comme si on s’était rééquilibré intérieurement et qu’on pouvait désormais choisir où on posait nos yeux. Beaucoup de morceaux abordent l’observation des choses qui nous entourent, davantage que sur la première édition qui était plus intérieure et intime. En nommant la misère et lui dédiant une chanson, on voulait changer notre façon de l’aborder, et de la taire.

LVP : Vous n’aviez jamais peur de passer pour des donneurs de leçon avec ce morceau ?

TERRENOIRE : Pas vraiment. On dit qu’il « faut qu’on parle du problème de la misère », on ne dit pas qu’on va tout vous expliquer, mais qu’on va se poser les questions avec vous. C’est important.

LVP : En contraste avec tout ça, il y a des jets de lumière éclatants. Sur Se Revoir on retrouve un bridge instrumental façon italodisco. C’était quoi l’idée derrière ce gimmick inédit dans votre univers ?

TERRENOIRE : C’était un plaisir, un relâchement. Nos sets nous ont permis de déceler des lacunes au niveau de la dynamique de notre live, et on a composé ce morceau en ce sens. C’était une joie de produire un morceau avec une vibe Lionel Richie, virevoltant. C’est la dopamine de l’album.

LVP : Le sous-titre inclus la mort et indique que vous la traitez assez frontalement. Comment appréhendez-vous cette grande énergie qu’est la mort dans vos morceaux ?

TERRENOIRE : C’est bien dit, « la grande énergie qu’est la mort ». C’est vraiment une énergie qu’il faut traiter. La tabou il n’y a rien de pire, c’est comme une grande pièce vide avec un froid glacial.

LVP : Un tabou qu’on retrouve généralement sur la scène pop francophone.

TERRENOIRE : Même dans la société en général, en fait. On essaie toujours d’annuler les choses qui sont détestables. Alors que sur ce disque on a voulu combler ces espaces, en nommant les choses et en redéfinissant les énergies autour de certains concepts, dont la mort. C’est pour ça qu’on enrobe toujours nos textes d’une dose de vie : du sexe, du courage, etc.

| Photo : Giulia Simonetti

LVP : En parlant de sexe, c’est intéressant de voir que quand vous saisissez le jargon sexuel, c’est souvent avec une volonté de poésie, à l’image des paroles « j’ai vu sur toi la mort aller-venir en missionnaire ».

TERRENOIRE : J’aime trop cette phrase, ça fait plaisir. L’idée derrière cette phrase, c’est d’exprimer les traces que les épreuves de ta vie laissent à l’intérieur de toi. Et on voulait accoler cette image de la mort qui te fait l’amour. Parler de sexualité, ou plus largement des corps, ça ouvre un espace chez nous. On peut loger beaucoup d’idées dans ces images charnelles, car le sexe et le désir permettent d’y additionner beaucoup de choses, dont le vertige et le vide de la mort.

LVP : En clôturant toute l’aventure Les Forces Contraires avec le morceau Les Météores, guitare-voix minimaliste, c’était quoi l’intention ?

TERRENOIRE : Le morceau est certainement le plus chevaleresque, c’est un absolu d’amour et on le ressent dans les images désuètes qu’on utilise. On retrouve beaucoup d’humour dissimulé, la chanson sourit à travers une simplicité dans les textes, à l’image du refrain qui ne veut rien dire d’autre que « je t’aime ». Et qui ne dit que ça, d’ailleurs. (Rires).

LVP : C’est souvent une affaire de grands symboles : les météores, le phénix, la mer, le soleil. Que cachent ces grands symboles ?

TERRENOIRE : La vision symbolique de notre projet nous tient à cœur. Grâce à ces symboles, on peut graviter autour de grands concepts qui nous permettent de parler de beaucoup de sujets en se sentant connecté à différentes énergies liées à ces symboles. Tu crées des constellations de concepts qui légitiment tes choix de sujets.


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