Premier prix de la compétition belge Du F. dans le Texte qui met chaque année en lumière les talents francophones de la région Wallonie-Bruxelles, Lazza Gio nous dévoile enfin son univers atypique avec le morceau le sport life pt. 1 (80 pompes) et son clip contemplatif sur les toits charbonneux de Charleroi. Entre production lo-fi en mode mille-feuilles, modulations vocales oniriques et textes à vifs, la musique de Lazza Gio vous glisse sous la peau. À retrouver ce samedi 20 août à La Carrière Festival.
Il y a indéniablement quelque chose de l’ordre du beau chez Lazza Gio. Paradoxal lorsqu’on observe les semblants de je-m’en-foutisme négligé qui font le charme d’un tel personnage. Plus tôt dans l’année, sur la scène du Botanique, en finale de la compétition Du F. dans le Texte, l’artiste belge semblait user d’un humour maladroit pour mieux camoufler l’enjeu personnel de sa matière artistique. La musique de Lazza Gio est chantée avec un esprit d’urgence et de catharsis, ses textes se dévoilant touchants et vulnérables tandis que l’enrobage autotuné lui apporte la distance sécurisante qui lui permet de se dévoiler.
Parmi ses quelques premiers morceaux, le sport life nous avait pas mal bluffé·es, et c’est un plaisir de retrouver le titre mis en images dans le cadre si particulier du Pays Noir de Charleroi, aussi connu sous le nom du “Pays aux soixante montagnes”. Un endroit choisi autant pour sa brutalité que pour sa poésie abstraite, vaisseau d’une histoire qui reste à écrire, tourné vers l’avenir et ses possibilités de renouveau. Des éléments chers à l’artiste, qui se met en scène de façon contemplative et corporelle au sommet des terrils carolos, tandis que des motards lui tournent autour, symbolisant peut-être ses maux inhérents.
Comme pas mal d’éléments de son univers, le titre du morceau aux allures désuètes cache en réalité une symbolique poétique pour Lazza Gio, qui purge ses démons dans la sport life depuis des années, assénant des droites à ses addictions et ses coins d’ombre à coups de pompes et de tractions. Jamais la salle de sport n’aura résonné aussi touchante et mélodieuse, et on remercie Lazza Gio pour ça.
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.