| Photo : Vincent Vdh
C’est désormais notre rendez-vous annuel. À l’aube de la saison des festivals, nous retrouvons l’équipe de La Magnifique Society pour trois jours au beau milieu du Parc de Champagne, cathédrale verte classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour ce retour à la normale après une édition particulière l’année dernière, le festival rémois a vu les choses en grand avec Genesis Owusu, PNL, The Smile, Herbie Hancock ou les Black Eyed Peas. Mais aussi et surtout une scène techno en plein air. Spoiler : c’est une réussite.
Quel plaisir que de retrouver notre parc préféré ! Chaque année, c’est la même rengaine. Un festival chaleureux, un cadre atypique, et la maison familiale d’un membre de La Vague Parallèle. Un tout qui offre les conditions parfaites pour déconnecter délicieusement le temps d’un week-end. Comme un air de vacances, un FlixBus file vers l’Est et la Champagne-Ardenne. Petit détour par chez Géraldine et Jean-Pierre – salut maman, salut papa – pour déposer nos sacs et nous parer de nous plus beaux apparats (robe pour l’un, pull FILA sans manches pour l’autre), et nous voilà dans le parc enchanté de La Magnifique Society. Comme par magie, il ne nous faut pas cinq mètres pour Cédric Cheminaud, directeur du festival à la bonhommie sans pareil.
Vendredi découverte
Nous sommes accueillis par l’ode à l’oisiveté de Courtney Barnett, Rae Street. Let go of expectation, change the station and find out what you want. Nous décidons alors d’appliquer son message à la lettre en rangeant notre programme au fond de notre poche pour se laisser porter par le vent plutôt que de chercher à voir tel ou tel acte, en profitant des espaces avec tables et chaises posées ici et là, heureux vestige de l’édition assise de 2021. Une déambulation qui nous conduit à onduler sur À la folie avec Clara Luciani, au milieu d’échanges de sourires avec les familles présentes.
Sans boussole, on entend, au loin, un bpm lancinant. Comme des insectes attirés par la lumière, l’on se dirige inexorablement vers la source du son. Le Royal Garden, ou scène boom boom pour les intimes, nous accueille alors à bras ouvert. On glisse petit à petit vers l’épicentre du tourbillon, tapant du pied en rythme avec la scène techno locale alors que la nuit tombe. On se rend compte alors qu’il est l’heure de retrouver la grande scène Central Park car Thom Yorke s’apprête à démarrer son set avec son nouveau projet The Smile. Accompagné de son fidèle acolyte Jonny Greenwood et de Tom Skinner, batteur des Sons of Kemmet, il dévoile ses compositions poétiques et évanescentes entre les arbres plongés dans l’obscurité.
Dès la fin de cette accalmie, on retourne vers la tempête techno – cette scène boom boom, décidément ! Alors que, l’année dernière, Cédric Cheminaud nous confiait envisager de miser sur davantage de temps calmes, ce cercle lumineux sorti de nulle part nous aspire avec une efficacité diabolique, pour notre plus grand bonheur. La musique s’arrête alors, et on refuse un after tentant pour garder des forces. Demain, Yuksek, PNL et Genesis Owusu sont prêts à en découdre.
Samedi déluge
Après une courte mais réparatrice nuit, un tournoi de ping pong improvisé et un déjeuner en famille, nous voici de retour dans la verdure pour discuter avec Yuksek, qui s’apprête à prendre la relève du collectif La Forge sur notre scène préférée pour un Dance O’Drome de Radio Nova en direct depuis La Magnifique Society. Déambulant dans les allées du festival, on discute avec un public essentiellement venu pour le duo le plus attendu du rap-jeu, PNL. Certains, très jeunes, sont surpris que nous connaissions Nas ou Kid Cudi. D’autres se plaignent en riant de nos accoutrements : “Vous avez au moins 1000 points de swag, je n’en ai que 20 alors que j’ai fait un effort.” Pourtant, sous le déluge, péniblement protégés par nos ponchos, l’on ressemble plus à des tentes Quechua qu’à autre chose. Entre chanson et disco, Juliette Armanet se charge alors de chasser les nuages.
On se précipite alors vers la petite scène du cadre pour assister au meilleur concert du week-end. On ne sait pas trop comment décrire Genesis Owusu. Un punk qui fait du rap ? Un crooner totalement funk ? En mode karaoké, flanqué de deux hype men surexcités, l’Australien réussit le tour de force de (se) lancer (dans) un pogo alors qu’il est programmé à l’horaire le plus complexe, à savoir juste avant la tête d’affiche à l’autre bout du festival. Hypnotisé, le public le suit dans son univers incandescent, et reste hébété à discuter entre inconnus pendant de longues minutes après la fin du show, comme s’il souhaitait garder encore un peu l’état de libération collective à laquelle il venait de prendre part. Bouillants, on file tout droit vers la scène techno avec le crew de l’ami Yuksek pour, encore une fois, faire le plein de rencontre, de sourires. Véritable rendez-vous d’ex-rémois·es revenu·e·s au bercail, ce diabolique cercle est l’occasion de revoir les sourires familiers de vieux amis, mais aussi de s’en faire de nouveaux.
Dimanche repos
Après une telle débauche d’énergie et d’émotions, c’est dans un tout autre état que nous débarquons sur le site pour un dernier jour où flâner est notre principal objectif. On surprend nos pieds à nous diriger inconsciemment vers le Royal Garden, mais on choisit de profiter du cadre magnifique pour un kebab végétal et un thé bio qui font office d’élixir de jouvence. On danse avec le collectif Catastrophe, dont l’univers teinté de comédie musicale nous enchante, puis on va rendre visite à Cédric Cheminaud, toujours aussi détendu. On tente de lui souffler le nom des Red Hot Chili Peppers pour l’année prochaine, au cas où. Une dernière promenade dans ce parc qu’on ne veut plus quitter en compagnie de Benjamin Epps et Fishbach et il est déjà malheureusement temps de dire au revoir aux incroyables bénévoles de l’association Culture Mécanique. Par leur aide précieuse, mais également par la prise de conscience des festivaliers (imprégnés de la pureté du Parc de Champagne), on se rend compte qu’après trois jours de fête et des milliers de festivalier·e·s, le site est d’une propreté saisissante. Un festivalier nous aborde pour nous donner une photo de nous qu’il avait pris l’année dernière, un acte qui symbolise à lui seul l’ambiance familiale et hors du temps si particulière que l’on a pu ressentir.
Bravo et merci, La Magnifique Society ! Papa, maman, préparez la maison, le rendez-vous est pris pour l’année prochaine.
Petit, je pensais que Daniel Balavoine était une femme. C’était d’ailleurs ma chanteuse préférée.