Le dernier album Palaces de Flume ne sort pas des sentiers battus
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Auteur·ice : Adriano Tiniscopa
12/07/2022

Le dernier album Palaces de Flume ne sort pas des sentiers battus

| Photo : Zac Bayly pour MusicTech

Il sortait ses premiers cartons il y a tout juste dix ans. Les aficionados de la « Flumestep » se souviendront de l’entêtant Holdin On ou bien du remix You & Me de Disclosure diffusé sur toutes les radios de France et de Navarre qui propulsaient l’artiste sur la scène électro partout dans le monde. Harley Edward Streten est revenu le 20 mai dernier avec 13 titres compilés dans un projet intitulé Palaces, toujours logé dans la maison de disques australienne Future Classic.

Fidèle à sa tradition de collaboration, le producteur et DJ électro Flume a de nouveau concocté un projet partageux avec de nombreux feats pour un résultat d’album très féminin. Une galette qui fait suite à six années d’absence et un précédent disque Skin récipiendaire d’un Grammy Award en 2017 du meilleur album électronique/dance. Palaces marque un retour dubstep quelque peu trivial que les groupies ont peut-être su apprécier. Un projet toutefois un poil suranné qui rappelle ce que font des artistes comme Rustie ou bien encore Tsuruda.

Un album un peu malhabile

Highest Building fait démarrer l’album de façon saturée avec des synthétiseurs très identifiables et des drops pesants classiques, qui ont fait la patte du DJ australien. Le morceau est accompagné de la musicienne et chanteuse française Oklou généreusement autotunée qui interprète un texte aux allures fleur bleue :

Baby, baby, I’ve been where you told me
All the way up to the highest building
I didn’t look down on the way in
All the way up to the highest building

Au départ très vrombissant, Get U est un titre qui prend l’allure d’un patchwork de textures instrumentales. D’abord, une dubstep fracassante puis une rythmique au tempo plus lent accompagnée d’une voix féminine vaporeuse. D’autres titres comme Escape avec l’australienne Kučka et le chanteur américain Quiet Bison et I Can’t Tell avec l’artiste pop britannique Laurel sont du même acabit. Ce n’est malheureusement plus surprenant venant de l’un des ambassadeurs de la future bass.

 

Finalement le titre Only Fans se distingue en réussissant plus pleinement à intégrer l’invitée, la productrice et DJ espagnole Virgen Maria, dont la voix ici ne se réduit pas à un simple sample mais donne au morceau un air pop façon Doja Cat. Au premier abord incongrues, les paroles décevront probablement celle ou celui qui attendait quelque chose de plus effronté encore :

Hi, bitch, check my price
Never, never, never think twice
Puta, puta, puta all night
Pull up, pull up, pussy so tight
Instagram won’t let me stop

Go est un son assez typique de ce qu’a déjà pu produire Flume et peut-être l’un des plus bienvenus. La seconde partie dans son style breakbeat est dynamique, invite à bouger. L’artiste semble avoir quitté un instant l’EDM pour se recentrer sur une recette qui le caractérise et qu’il maîtrise mieux.

 

Dans un dernier son puissant de closing, Flume invite Damon Albarn, le cofondateur de Gorillaz et Blur, dans son dernier et éponyme tube Palaces. Un titre très doux au tempo lent, des notes de piano qui se traînent auxquelles s’agglomèrent une multitude de claviers jusqu’à inonder l’auditeur·rice de saturation dans une dernière phase explosive. Dans un très court texte, Damon Albarn y délivre un mystérieux message :

I thought beyond the exit
There would be palaces
And so there were
Composed within time
Being here before
If outside is no more
The golden astroturf
The countdown to the big show
Swimming in casinos

En bref, malgré beaucoup d’amour dans les textes et quelques pistes EDM kitsch très bien mixées, Palaces n’est sans doute pas l’écrin le plus affiné de Flume. L’artiste électro parvient à nous replonger dans la nostalgie de ses premières bombes comme On Top ou Ezra, mais ne convainc pas totalement. N’empêche que le producteur australien a de quoi séduire encore, en témoigne la grande tournée de concerts prévue cet été dont un aura lieu en France le 16 juillet prochain à l’Olympia de Paris et un autre en Belgique au Dour Festival le dimanche 17 juillet.

Par ailleurs, Flume fait des émules : un album de quatre remixes est sorti le 8 juillet dernier intitulé Palaces (The Remixes, Pt. 1). L’EP affiche Mount Kimbie, Logic1000, Otik et Prospa.

Billetterie en ligne pour le concert à l’Oympia : https://link.dice.fm/Flume-Olympia