Le meilleur du Dour Festival 2014
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Auteur·ice : Fanny Ruwet
29/07/2014

Le meilleur du Dour Festival 2014

Jour 1 – Jeudi

Les lunettes de soleil sur le nez, les bottes dans le sac (on connait la poisse de Dour pour la pluie), la crème solaire dans une main, notre programme dans l’autre : on était prêts pour le Dour Festival. Enfin presque, parce que si on avait su qu’il allait faire si chaud, on aurait probablement embarqué une centaine de litres d’eau en plus.

Grosse galère pour se garer, on est à la bourre. On se maudit un peu d’avoir raté les copains des Tangerines et de Leaf House.

On se dépêche de rejoindre le chapiteau où joue Chet Faker sous une chaleur étouffante. La température n’empêche pas les festivaliers de s’agglutiner pour voir le producteur australien et se mettre à se déhancher sur des titres comme Gold ou Release Your Problems.

Et on passe voir Johnny Flynn qui joue en même temps. Il n’y a pas grand monde mais les festivaliers présents semblent bien connaître l’indie folkeux : ça crie pas mal quand il entame The Water et ses titres les plus connus. Accompagné par  son band (ils sont 6 au total), Flynn est parfait pour commencer le festival.

On passe ensuite par le tant attendu Détroit. On avait déjà pu les voir mettre le feu à l’Ancienne Belgique en mai dernier, on avait plutôt hâte de les retrouver. Ma Muse, Droit Dans Le Soleil, Le Creux De Ta Main, les extrait d’Horizons s’enchainent et enchantent Dour avant qu’un bon vieux Lazy ne réveille pour de bon les premiers rangs. Ca crie, ça chante, ça pogote, ça s’amuse, on pardonne même à Cantat son “Alors, ça va Namur ?“. Entre deux morceaux, une fille du rang derrière dit à son compagnon “Je suis bluffée, ils dégagent un truc énorme” et elle résume assez bien le concert. Ils envoient, dégagent quelque chose de fou, ont l’air de s’éclater. Le Vent Nous Portera, Votre Majesté, Fin de Siècle, Tostaky, Comme Elle Vient en rappel : les vieux classiques de Noir Désir achèvent les festivaliers, heureux.

dourcantat

Rendez-vous sur la Cannibal Stage pour retrouver le “Wizzard”. Oui, Jeff Mills est bien à Dour cette année et a décidé d’envoyer du lourd. Le public est comme électrisé devant une des légendes de la musique électronique. Le set est efficace jusqu’à une coupure, tout le monde relève la tête, un peu hagard, se demandant ce qu’il se passe. On voit Jeff Mills s’en aller, il a l’air mécontent, le public se renseigne et on apprend assez rapidement qu’un “fan” lui aurait balancé un gobelet dessus. Merci c******.

Jour 2 – Vendredi

Le deuxième jour commence, on est devant pour ne rien rater de Fakear. On s’attendait à moins de monde pour une de nos curiosités de cette 26ème édition de Dour et le producteur caennais aussi apparemment. Ça ne l’a pas empêché de nous mettre une belle claque à grands coups de samples lancés à partir de ses pads. Une maîtrise parfaite, un public enchanté et survolté comme sur La Lune Rousse. Un moment magique.

A l’heure, cette fois, on file voir The Feather sous le chapiteau de la Petite Maison Dans La Prairie. Peu de gens sont déjà là (la plupart des festivals étant sans doute en train de comater au camping en se demandant pourquoi ils avaient autant bu la veille) mais le groupe se donne. C’est joli, c’est doux : la journée commence parfaitement.

Une heure plus tard, Intergalactic Lovers succède au groupe de Thomas Médard sur cette même scène. La formation flamande s’était déjà fait remarquer au festival de Dour en 2011 et revient avec un superbe 2ème album sous la bras, Little Heavy Burdens. Dès la première chanson, la chanteuse Lara ne tient plus en place et danse comme une dingue, comme à son habitude. Le public suit en chantonnant les très bons Islands, Northern Rd ou encore Obstinate Heart.

Passage ensuite par The Notwist, qui a rassemblé pas mal de monde. Difficile de se frayer un chemin jusqu’à l’avant de la scène. Mais au fond, il faut dire que j’étais personnellement assez déçue. Ayant eu des échos d’un concert fou au Botanique il y a quelques mois, j’en attendais beaucoup.. Mais rien. Musicalement, oui, c’était en place, mais les musiciens ne donnaient rien. Markus Acher, avec ses airs de geek pas très à l’aise, sautillait d’un pied sur l’autre mais ne semblait pas spécialement présent. Dommage.

On en a raté la moitié (et on s’en veut un peu), en partie “à cause” du live surprenant de N’To, Band Of Skulls jouait sur la scène de la Petite Maison dans la Prairie. Ne vous fiez pas au nom, le groupe livre une pop-rock mélodieuse avec des touches de soul. On a quand même eu droit à l’excellent Death By Diamonds And Pearls avant de repartir.

On les avait manqué à plusieurs reprises depuis 2007 et leur premier album Myths Of The Near Future, on ne pouvait pas se permettre de manquer ne serai-ce qu’une miette du live des Klaxons. Et autant dire qu’à peine la première note jouée, on s’est retrouvé ébahis. Un enchaînement de titres travaillé et efficace, un groupe exalté par son public et l’ambiance, et certainement un des meilleurs live de cette année, on est repartis avec des étoiles dans les yeux. Mention spéciale à Atlantis To Interzone et à Echoes que les festivaliers ont su entonner en chœur et aussi au mec qui a escaladé un des pylônes de la scène pour se retrouver à une bonne dizaine de mètres de hauteur et bien emmerdé la sécu au passage.

dourklaxons

On décide sur le moment d’enchaîner avec la fin du set de Kölsch. On ne connaissait pas et on y a fait une belle découverte, une techno accessible et énergique, pile ce qu’il nous fallait pour se préparer au gros nom du vendredi.

Et le gros nom de la soirée c’est le dieu allemand de la techno, le grand Paul Kalkbrenner. Plus besoin de présenter ce monstre de la musique électronique, 90% du public a d’ailleurs déjà vu son film Berlin Calling et écouté en boucle sa B.O., devenue un véritable hymne de la techno moderne. Le berlinois a livré un show en plus de son set avec un jeu de lumières à couper le souffle. On ne pouvait qu’en redemander.

Autre live immanquable de la soirée : Totally Enormous Extinct Dinosaurs, TEED pour les intimes. Le set de Paul Kalkbrenner à peine terminé, on se précipite sous le chapiteau de la Petite Maison dans la Prairie pour retrouver un des plus grands espoirs du monde électro anglais. Orlando Higginbottom, de son vrai nom, a littéralement mis en transe son public avec une techno-house à la fois douce et puissante. Plus aucun doute, ce mec est à suivre au centimètre.

Jour 3 – Samedi

13h20, direction le Danse Hall pour le concert des jeunes Ulysse ! Avec son mélange d’électro et de rock, le trio a réussi à réunir pas mal de monde, véritable exploit pour un concert programmé si tôt. Energique et visiblement très heureux d’être là, le groupe fait l’unanimité, comme il l’avait faite aux Ardentes une semaine plus tôt.
Nous avons, plus tard dans l’après-midi, eu l’occasion de poser quelques questions au trio, l’interview sera mise en ligne bientôt.

On passe ensuite par  Traams, assez décevant. Les 3 anglais se contentent du minimum, ne donnent pas grand chose à leur public et le chanteur semble plus désagréable de mauvaise humeur qu’autre chose. Peut-être juste une mauvaise journée.

East India Youth leur succède, seul avec son mac, quelques claviers, sa basse et son talent. William Doyle, de son vrai nom, nous charme comme il l’avait fait aux PIAS Nites en mars dernier. Véritablement déchainé sur certains morceaux, son attitude un peu animale contraste avec son style propret, sa petite cravate et son air de gendre idéal : on adore.

Un peu plus tard, c’est MLCD qui nous donne rendez-vous. Le groupe belge présente son (très bon) nouvel album, nous achève avec quelques anciennes chansons donc les fabuleuses What Are You Waiting For ?, Slow Me Down et Shine On. Déchaînés, comme à chacun de leurs concerts, les Liégeois arrivent même à nous coller des frissons pendant le single Fire.

Début de soirée, les indétrônables Girls in Hawaii montent sur scène. Pour leur 5ème passage à Dour, ils enchainent leurs succès, des extraits de leur dernier album Everest et mettent le feu à coups de Flavor et Rorschach, . Le show semble vraiment court tellement il est bon. On les reverra, c’est certain.

La grande scène. On y est depuis une bonne demie heure. Pourquoi ? Pour The Hives. Et comme à chaque fois qu’on a pu les croiser, Howlin’ Pelle Almqvist et sa bande de potes ont tout donné sur scène. La joyeuse bande de déglingués ne nous a pas laissé une seule minute de répit. Entre Main Offender, Take Back The Toys, Patrolling Days et quelques plongeons dans la foule, le public ne s’est arrêté de bouger et de pogoter. On a même eu droit au désormais légendaire morceau de clôture, Tick Tick Boom. Que demander de plus ?

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Moment tant attendu, le concert de Mogwai ! Première fois qu’on voyait le groupe, on a été assez surpris par leur allure. Ils sont normaux. Vraiment normaux. Mogwai, ça pourrait être le band de ton banquier, ton boucher et un type qui traîne au skatepark pas loin de chez toi, sauf qu’ils ont de l’or dans les mains. Dès les premières notes, le public est parti, dansant, planant, se laissant aller. Les Écossais nous prennent aux tripes et nous baladent pendant près d’une heure trente.

On s’est ensuite heurté à un choix assez difficile et lourd de conséquence : Rone ou The Gaslamp Killer. On a fini par pencher pour Rone qui a su nous livrer un set assez proche de ce qu’on aurait pu imaginer de celui de Gaslamp Killer avec une électro psychique, élégante et plein de poésie  tout en gardant son efficacité avec des basses bien placées. Gaslamp, la prochaine sera pour toi.

Jour 4

Découverte du jour : Moaning Cities, ce groupe “dont on a déjà entendu parler mais qu’on situe pas trop”. On a été assez agréablement surpris : le groupe mélange rock garage, des touches de blues et des sonorités plus spéciales avec des instruments assez peu fréquents telle qu’une cithare. C’est chouette, c’est énergique (et c’est une fille à la basse, c’est déjà presque suffisant pour convaincre).

Le moment fun de la journée, c’était avec Lisa Leblanc, ovni venu d’Outre-Atlantique. Avec son style un peu bizarre, sa “trash folk”, comme elle l’appelle, elle met le feu, mélange les styles, fait du rock avec un banjo. Le public danse, se prend pour un gang de cowboys. Elle remercie une tonne de fois les festivaliers pour cet engouement avec des “Merci Dour, vous avez été une amazing crowd”  (à prononcer avec un accent canadien à couper au couteau). Après un concert de folie, le public en veut toujours plus et réclame “Ma vie c’est d’la marde“, morceau phare de son premier album. “Oh ok. Je pensais pas que vous connaissiez ça ici“. Oh si, et beaucoup connaissent même le morceau par coeur. Ses deux musiciens lachent leurs instruments pour se placer tous deux aux choeurs et seule au banjo, elle y va. Dingue.

Le public était clairsemé au début du concert de Breton, ça n’a pas duré. Les festivaliers sont arrivés en masse à partir du deuxième morceau et on pouvait voir un sourire se dessiner sur le visage de Roman Rappak et ses acolytes. Les titres aussi puissants les uns que les autres sont accompagnés de projections vidéos en accord avec les sons. C’est beau, enjoué et certainement un des meilleurs lives de Dour.

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On avait quelques craintes en arrivant sur la grande scène pour aller voir Kaiser Chiefs. Après un cinquième album assez bon mais sorti de nulle part, on s’attendait à voir des Kaiser Chiefs un peu plus mous qu’avant et avec peu de choses à nous présenter, on s’est bien planté. Ricky Wilson a su ambiancer la scène avec des titres qu’on avait oublié mais dont les paroles nous revenaient en tête en un instant. Instant nostalgie très sympa finalement avec des titres comme “Ruby” ou encore “I Predict A Riot” et qui nous a fait réécouter le dernier album d’une autre oreille.

Phoenix, Phoenix, Phoenix ! 20 ans d’expérience live et ça se voit. Thomas Mars et ses potes savent ce que le public veut et savent également le donner. Une setlist parfaitement travaillée avec des morceaux du dernier album, enchaîné d’un “Lisztomania” hurlé par les festivaliers pour terminer sur des titres plus anciens. Un jeu de lumière à rendre épileptique et hypnotique. Seul regret, une impression de départ prématuré pour le public.

On n’a pas bougé d’une semelle depuis la fin de Phoenix, l’euphorie redescend un peu avec l’averse qui nous tombe dessus mais c’était sans compter les “Douuuuureeeeeeehh !” incessants du public jusqu’à l’arrivée du tant attendu Boys Noize. On s’attendait à être secoué par le live d’Alex Rhida, peut être pas autant  mais personne ne pouvait se plaindre. Le producteur allemand a su mixer ses derniers titres comme “Go Hard” avec les anciens en nous laissant en pleine extase.

C’était la première fois que La Vague Parallèle passait par le Dour Festival et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a aimé. Dour est une bulle, un village éphémère, un monde en soi où tout le monde s’aime. Dour, c’est l’amour.

Avec ses mille (7, en fait) scènes, impossible de s’ennuyer ne serait-ce que 5 minutes et surtout, contrairement à des monstres de festivals comme Werchter, on ne s’y sent jamais à l’étroit. Quel que soit le concert où tu vas, tu peux toujours te frayer un chemin jusqu’au deuxième rang tout en ayant un certain espace autour de toi.
Au début un peu inquiétés par les aprioris qu’on peut entendre sur l’événement parce que “Oui mais tu sais, là bas ce sont tous des drogués”, on s’est finalement rendus compte que Dour est, de loin, le meilleur des festivals.

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