TW : viol, violences sexistes et sexuelles.
Vous vous souvenez sûrement de la vague de témoignages de violences sexistes et sexuelles #MeToo, dont le hashtag est devenu viral en 2017 avec l’affaire Weinstein. À la suite de quoi, un déferlement de hashtag a eu lieu, pour représenter chaque secteur et créer un espace pour que les survivantes puissent s’exprimer librement et dénoncer leurs agresseur·euses. Le monde de la musique n’échappant malheureusement pas au sexisme de notre société, loin de là, c’est en été 2020 que le mouvement #MusicTooFrance voyait le jour. Le 12 janvier 2022, c’est au tour du collectif anonyme #MusicTooBelgium de lancer son compte Instagram pour recueillir les (sûrement nombreux) témoignages du sexisme et du harcèlement dans le monde de la musique.
Les langues se délient et la parole se libère en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles. Une avancée, oui, mais aussi le moment de se rendre compte que le quotidien de chaque secteur n’est que la face cachée de l’iceberg. Il y a quelques mois, nous nous sommes rendues compte de l’ampleur du problème par la mise en avant de témoignages de viol dans les bars bruxellois par soumission chimique. Des milliers de survivantes ont pu raconter leur histoire et ainsi faire prendre conscience que le problème perdurait et devait s’arrêter. Le mouvement #balancetonbar est né et des milliers de fxmmes (toute personne se reconnaissant comme telle) ont manifesté, repris possession de la nuit, et ainsi libéré la parole. D’abord Bruxelles, puis la Belgique entière et enfin la France.
Ce n’était qu’une question de temps pour qu’un mouvement similaire se lance dans notre milieu. Si vous travaillez dans le secteur musical en Belgique, vous saviez que ça allait arriver, vous ne saviez juste pas quand. Ça en dit beaucoup. Que ce soit au niveau de la sous-représentation des femmes, de la surreprésentation des hommes à des postes à responsabilités, les remarques sexistes devenues banales, jusqu’aux violences sexistes et sexuelles qui sont encore tues : le sexisme y a une place de choix. Il était temps que la parole se libère et c’est ce que le collectif anonyme #MusicTooBelgium a fait hier. Un extrait de leur manifeste (à retrouver au complet ici) :
Nous, collectif anonyme à l’initiative de @MusicTooBelgium sommes issu·e·s du secteur musical belge. Dans la droite lignée de #MusicTooFrance, nous mettons à disposition un formulaire afin de permettre aux victimes de violences sexistes et sexuelles de témoigner et de nommer leur(s) agresseur·euse(s).
Au sein d’un secteur professionnel où les normes sont écrites au masculin, où les hommes sont numériquement majoritaires et occupent les postes décisionnaires, où les stéréotypes de genre dissuadent les femmes de faire carrière, les violences sexistes et sexuelles sont rarement dénoncées.
Il est temps que la peur change de camp.
Jusqu’au 12 avril 2022, nous recueillons vos témoignages de violences sexistes (propos sexistes, dégradants, ambiances sexistes) et sexuelles. Vous pouvez rester anonymes si vous le souhaitez, mais il est temps de nommer votre ou vos agresseur·euse·s.
À partir de ces informations, nous pourrons recouper des récits d’agressions et de violences entre eux, dessiner des profils et rassembler des plaintes. Dans certains cas, nous pourrons transmettre des informations aux médias afin qu’ils puissent mener une enquête.
Le lien du formulaire se trouve ici si vous désirez prendre part à la libération de la parole dans le secteur musical belge.
Si vous avez un récit à partager, n’oubliez pas qu’on vous croit, toujours.
Mes articles sont plus longs qu’un solo de jazz.