Le nouveau Frank Ocean se dévoile tout en douceur
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
04/04/2020

Le nouveau Frank Ocean se dévoile tout en douceur

Respirez un bon coup, enfilez vos plaids préférés et faites vous couler un thé gingembre bien chaud, c’est le genre de nouvelle qui chamboule : Frank Ocean a sorti deux nouveaux morceaux. Et le monde recommence soudainement à tourner. Après avoir partagé les premières bribes de ce que sera le prochain disque du roi de la RnB avant-gardiste, ce sont deux singles qui s’ajoutent à une constellation déjà bien scintillante, qui n’annonce que du bon et du grand Ocean. Si l’artiste est attendu cet automne au légendaire Coachella, on ne peut qu’espérer que la suite de l’album paraîtra d’ici là. En attendant, on s’immerge volontier·ères dans les méandres confortables de ces deux nouvelles caresses.

On vous en parlait fin de l’année passée : il est de retour. Histoire de vous remettre à jour, le nouvel album de Frank Ocean devrait comporter 13 tracks dont deux déjà partagées pour notre plus grand plaisir. DHL annonçait ainsi en décembre dernier le retour tant attendu d’Ocean sur les bases plus hip-hop de l’univers de l’Américain, avec des beats lents sur ritournelle de percussions et un léger autotune épiçant un flow franc. In My Room, lui, venait jouer la carte de l’ambivalence avec un texte à fleur de peau et un rythme électronique chaloupant. L’occasion pour le chanteur de nous rappeler qu’il sublime toujours autant ses failles et continue de saupoudrer sa fragilité d’une musicalité irrésistible. La vulnérabilité comme arme de prédilection, tel est le motto de Christopher Edwin Breaux.

Arrivent alors les deux nouveaux extraits. Si la nostalgie et la mélancolie de White Ferrari vous frappent encore la poitrine, préparez-vous à être conquis·es. Résolument plus doux que les deux précédentes sorties, les acoustiques Dear April et Cayendo amorcent le retour des ballades minimalistes de Frank Ocean, terrain où il semble nous gagner à chaque fois. Le premier est un arrache-coeur comme on en voit rarement. S’adressant à cette entité symbolisée sous le nom d’April, il délivre ainsi un break-up song vibrant qui traite du point de non retour, de ces choses qui se sont perdues dans le passé. Tout en sobriété, des fonds de riffs de guitare amplifiés occupent à eux seuls la partie instrumentale du morceau et dessinent une nébulosité enrobante sur laquelle la voix du poète se pose naturellement, pour nous narrer ses peines de coeur. Sur CayendoOcean emprunte le mysticisme lyrique de l’espagnol pour composer un bijou sentimental articulé autour de cet hispanisme littéralement traduit “en chute”. Celle qui nous fait perdre la raison, qui nous persuade que la douleur en vaut la peine et dont l’atterrissage se révèle le plus souvent destructeur. L’histoire intemporelle de cet amour à sens unique, racontée ici sur des notes délicates et discrètes, qui laissent priorité à la pureté d’une voix si singulière.

If this hasn’t broken me yet, I will never break.

If I can stand what I feel, why am I falling?

Deux titres que l’icône pop avait, en réalité, déjà dévoilés auparavant. Il nous faudrait alors revenir à ces fameuses soirées PreP+, “ce à quoi auraient dû ressembler les boîtes de nuit new-yorkaises des années 1980 si les médicaments préventifs contre le VIH avaient existé”. Avec ce concept remarquable, Ocean faisait la part belle à la communauté queer et promouvait par la même occasion les traitements antirétroviraux qui gagnent, chaque jour, du terrain contre l’épidémie du VIH. C’est lors de ces soirées que les meilleur·es DJs du globe faisaient grimper la température avec notamment les révélations Bouffant Bouffant et Sherelle. À la table des invités de marque, on retrouvait aussi les mythiques Justice et l’incandescent Sango, qui s’appropriaient respectivement Dear April et Cayendo dans des remixs irrésistibles. On a d’ailleurs déniché quelques instants de cette effervescence musicale des deux producteurs de génie à l’œuvre sur ces précieuses rééditions. Avertissement : on y aperçoit Frank Ocean sourire de toutes ses dents et danser comme si demain n’existait pas, et vos cœurs risquent de ne pas s’en remettre. On vous aura prévenu·es.

https://www.youtube.com/watch?v=5pOeMM7JQ_c&frags=pl%2Cwn

https://www.youtube.com/watch?v=uujt42mHBKg

 

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