Les frères Lawrence nous préparent quelque chose d’explosif, à en croire ce premier extrait. Après s’être imposés comme figures tutélaires du genre EDM, les deux producteurs s’éloignent depuis quelques années déjà de la fibre mainstream qui avait fait leur succès sur Caracal ou Settle, afin d’expérimenter la richesse de la musique électronique. C’est ainsi qu’ils s’emparaient ces quatre derniers étés des scènes du monde entier pour proposer des couleurs différentes, laissant s’exprimer leur créativité sans bornes aux travers d’EPs éparses et variés : Moonlight pour le côté funk et rétro, Ultimatum pour les vibes chaleureuses et tout dernièrement Ecstasy, un concentré technique de house plus brute. Si l’annonce d’un nouveau long format pour le 28 août prochain arrive à point, le line-up absolument fou de cet ENERGY a décidément tout pour lui. Impatience puissance infinie. 

À l’occasion de la sortie de ce premier morceau éponyme de l’album, le duo retrouve un invité d’exception dont l’aura si particulière avait déjà fait la gloire du brûlant When The Fire Starts To Burn en 2013. Eric Thomas, grand conférencier de l’Illinois, c’est l’archétype même de cet orateur à l’éloquence puissante et marquante. Assez du moins que pour inspirer les deux Britanniques à articuler leur nouvelle galette autour d’un des discours hyper-motivants de l’Américain. “You should feel invincible! Powerful! Strong!” scande Thomas. C’est ainsi que cet ENERGY retrouve les gimmicks déjà observés chez Disclosure avec notamment cette suspension silencieuse avant le drop, sur laquelle se posent les mots “Where your focus goes, your energy flows. Are you hearin’ me?” avant d’entamer une explosion instrumentale effervescente, fiévreuse et chaloupée. Le titre s’accompagne d’un clip totalement déjanté s’inspirant des codes futuristes et dystopiques pour mettre en scène une représentation tordante de la course spérmatozoïdîque. Ça vaut le détour.

Somme toute, une ambiance très similaire au mini-projet Ecstasy partagé en février dernier et qui ouvrait donc la voie à ce prochain opus. Les plus observateur·rices d’entre vous remarqueront d’ailleurs que la pochette de l’EP s’inscrit, en réalité, dans celle de l’album. Un visuel qui met en image le fameux visage minimaliste qu’arbore la fratrie Disclosure depuis ses débuts, formé ici à partir de deltas azurés. C’est joli et c’est malin. Le morceau réunit finalement beaucoup des influences récentes du groupe : l’atmosphère solaire avec les percussions brésiliennes, la répétition étourdissante de la mélodie, l’énergie minimaliste et saccadée typiquement house. On comprend mieux la vocation actuelle de Disclosure avec cet album, et notamment la symbolique de son nom : l’énergie, et rien que l’énergie. Dès lors, ne comptez pas vous prélasser au soleil tranquillement à l’écoute de cette oeuvre. Des 200 tracks produites dans le cadre de l’album, seulement 11 seront retenues pour composer leur projet le plus court (39 minutes seulement) mais aussi le plus direct, à en croire les frangins. Une chose est sûre : au vu de la liste d’invité·es, ENERGY ne promet que du bon.

Flavio Sillitti

Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.