L’effervescence façon Johnnie Carwash : “On est totalement un groupe de live”
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Auteur·ice : Joséphine Petit
21/07/2022

L’effervescence façon Johnnie Carwash : “On est totalement un groupe de live”

| Nicolas Rivoire

De passage à Toulouse pour faire le plein de découvertes à l’incontournable Weekend des Curiosités, nous étions curieux·ses de prendre un shot d’énergie communicative avec les Johnnie Carwash. Sur la route cet été pour présenter leur album Teenage Ends sorti l’hiver dernier, le trio pop garage semble comme à la maison d’une scène à une autre. Balayant le moindre doute en quelques morceaux où l’on balance aisément la tête, les bras, jusqu’au corps tout entier, on ne peut que vous conseiller la tornade live Johnnie Carwash qui emporte jusqu’à vos articulations sur son passage. On a voulu échanger avec Manon, Bastien et Maxime pour en savoir un peu plus sur leur histoire, leur rapport au live, ou encore à la composition. Spoiler : on a beaucoup ri.

La Vague Parallèle : Salut les Johnnie Carwash, on se retrouve quelques heures avant votre concert au Weekend des Curiosités, vous vous sentez comment aujourd’hui ?

Bastien : Très bien, un peu fatigués.

LVP : Vous êtes sur la route là ?

Bastien : Depuis ce matin.

Maxime : On vient de Lyon, du coup il y a pas mal de route pour aller à Toulouse. Demain on va à Belfort, donc là c’est le plus gros week-end de notre vie (rires). C’est nous qui conduisons, tout est fait maison chez Johnnie Carwash !

LVP : C’est la première fois qu’on se rencontre en interview pour La Vague Parallèle, est-ce que vous pouvez nous présenter un peu votre projet ?

Manon : On s’appelle Johnnie Carwash. On est un trio de pop garage et on vient de Lyon. On aime bien tout ce qui est fun.

Maxime : On vient de sortir notre premier album au début de l’année, donc c’est un peu notre première tournée. Et c’est la première fois qu’on vient à Toulouse.

LVP : Vous nous racontez comment tout a commencé pour vous ?

Bastien : On s’est rencontrés tous les trois dans des jams à Lyon, et puis on s’est rendu compte qu’on allait voir les mêmes concerts de rock. On a voulu faire un groupe ensemble, et on a trouvé un local à Décines, à côté de Lyon. C’était quatre parpaings avec plein d’araignées dedans, en été 2018.

LVP : Je crois justement que votre nom vient de votre premier local de répétition ?

Manon : Oui ! Il y avait un carwash juste à côté. On entendait les tapis se faire taper. Puis « Johnnie » parce qu’on trouvait ça cool.

© Marie Maurin

LVP : Votre premier album Teenage Ends est sorti en janvier dernier. Avec quelques mois de recul, comment avez-vous vécu cette sortie ?

Maxime : Bien ! C’est la première sortie d’album, donc avec un peu de stress et la sensation d’apprendre pour le prochain. C’était assez naturel au final.

Bastien : Oui, on avait prévu de le sortir en janvier, mais avec les pénuries le vinyle est sorti plusieurs mois plus tard. On a fait une petite tournée de sortie d’album qui était incroyable.

Manon : Avec des gens qui chantaient déjà les paroles, trop bizarre ! C’était cool !

LVP : Manon, tu nous as dit tout à l’heure que vous définissiez votre musique comme du garage pop, avec l’énergie du garage sur un format qui reste pop dans la structure. La plupart de vos morceaux sont plutôt courts et efficaces. C’est quelque chose de naturel pour vous à l’écriture ?

Manon : Oui, on ne se pose pas de questions. Si on n’a plus rien à dire, on ne rajoute rien.

Bastien : On aime bien aller droit au but.

Manon : Après, il y a des morceaux de plus en plus longs, peut-être qu’on change aussi. On évolue.

Maxime : Mais le format reste pop.

Bastien : Oui, on aime la pop, mais on aime les grosses guitares aussi.

Manon : La grosse disto ! (rires)

LVP : Justement, dans cette idée des morceaux qui se rallongent, le dernier morceau de l’album, Nothin’, est une super montée en intensité de six minutes, comme un climax de fin. C’était évident pour vous qu’il ferme le disque ?

Manon : Oui !

Bastien : Ça reflète aussi le live, on termine le concert avec ce morceau. C’est un titre qui se détache dans le format, et ça permet de mettre un point final au live et à l’album.

Manon : Il est assez différent du reste, et comme il se démarque, c’est difficile de le mettre avant les autres. Il clôture bien le tout je trouve.

Bastien : C’est vraiment un morceau où on prend notre temps.

Maxime : C’est le propos du morceau d’ailleurs : ne rien faire.

LVP : D’ailleurs, comment se passe la composition entre vous ? Vous faites tout à trois ?

Manon : Oui, beaucoup de choses à trois.

Maxime : Manon ramène quand même une petite base de paroles et de guitare, et après on arrange ensemble.

Manon : Chacun écrit sa partie.

Maxime : Oui, j’écris les paroles de la batterie : ta ta tum tum ta ta pich ! (rires)

 

LVP : Des moods adolescents à l’amour de la junk food, du féminisme à la timidité maladive, ou encore de la paresse à la haine des toilettes publiques, on sent que vous jouez avec les thèmes en sautant de sujets très banaux à des revendications plus sérieuses. C’est important pour vous de garder un tel équilibre dans un disque ?

Bastien : Oui, de ouf !

Manon : Après on n’y réfléchit pas trop. Ça vient comme ça vient, c’est spontané. Puis on se rend compte qu’il y a des choses hyper fun sans grand sens, et d’autres où on a vraiment voulu dire quelque chose. Et effectivement ça forme un équilibre, c’est bien.

Maxime : C’est bien de ne pas se cantonner à faire des blagues. On n’est pas des clowns, mais on ne veut pas se prendre au sérieux non plus. On a vraiment le cul entre deux chaises et ça nous convient.

Bastien : Ouais, on fait des brainstormings toutes les semaines pour savoir le juste milieu.

Manon : « Attention, là on devient trop sérieux, il faut une chanson à blagues s’il vous plaît ! » (rires)

LVP : Vous avez travaillé avec Margaux Jaudinaud, moitié d’Ottis Cœur, qui a réalisé entre autres deux de vos clips ainsi que la pochette de votre album. Comment s’est passée cette collaboration ?

Bastien : En fait, c’est une pote depuis longtemps. On l’a rencontrée aussi dans les jams à Lyon, avant Johnnie Carwash, avant Ottis Cœur, avant les années 2000, avant Jésus Christ ! (rires)

Manon : Oui, ça se passe très bien, justement parce qu’elle nous connaît bien. Du coup elle sait transmettre notre énergie.

Bastien : Puis en même temps on la laisse faire, c’est la famille. Elle est membre d’honneur de l’association Johnnie Carwash.

Manon : On lui laisse toujours carte blanche et on n’est jamais déçu·es.

LVP : Et vous êtes aussi fans de dinosaures ?

Bastien : Bien sûr ! Pas autant de Jurassic Park qu’elle, mais c’est un peu contagieux.

Johnnie Carwash au Weekend des Curiosités © Louis Derigon

LVP : On sent aussi que le live porte une place de choix dans votre projet. La scène, c’est un endroit où vous vous sentez à l’aise ?

Manon : Oui, de plus en plus. C’est ce qu’on préfère faire en tout cas.

Maxime : Oui, on est totalement un groupe de live. Même sur les enregistrements, on les pense comme une prise live. Il y a forcément des choses en plus, mais tout est pensé pour le live.

Bastien : On ne veut pas avoir de bandes, s’il y a des erreurs, on les garde. On veut garder quelque chose de vivant.

Manon : Oui, garder cette énergie.

LVP : Donc le disque reste au plus proche de ce qu’on peut entendre en concert.

Manon : Oui, après on profite aussi de notre ingé son Romain, qui nous suit sur scène et a enregistré notre album.

Romain : Bonjour, c’est Romain !

Maxime : Romain, est-ce qu’il y a du vocoder sur l’album ?

Romain : Ne se prononce pas. (rires)

Manon : On reste au plus proche, mais on a quand même la liberté avec le studio de rajouter quelques nappes de guitares, de synthés… ou des chasses d’eau ! (rires)

Bastien : Il y a une chasse d’eau sur Public Toilet enregistrée en stéréo.

Maxime : Pour en revenir au fait qu’on soit un groupe de live, quand on compose des chansons elles sont d’abord pensées pour le live, et l’enregistrement vient après. Ce qui est plutôt logique (rires).

Manon : Jusqu’ici tout va bien.

Maxime : La plupart des chansons sont testées en live avant d’être enregistrées. Voilà, il ne faut pas le dire pour les fans, mais on a joué l’album avant sa sortie (rires).

LVP : C’est peut-être pour ça que les gens connaissaient les paroles dès la sortie !

Manon : Justement, je trouve qu’on a vu une différence. Les gens ont eu le temps de les écouter après la sortie, et on a vu que les gens étaient bien plus à fond une fois qu’ils connaissaient les morceaux.

Maxime : Avant, les gens nous huaient (rires), et maintenant ils nous applaudissent.

Manon : Quelle belle victoire !

LVP : Ça représente quoi pour vous de jouer au Weekend des Curiosités ?

Bastien : C’est trop bien !

Maxime : Très bonne ambiance, l’orga a l’air trop bien. C’est la première fois qu’on joue dans le coin, donc on a vu de nouvelles autoroutes. On a débloqué l’A20 sur le jeu Carwash ! (rires) Le festival et le Bikini ont l’air super cool.

LVP : Vous avez un coup de cœur dans la programmation du festival ?

Manon : On a beaucoup d’artistes à découvrir ce soir déjà.

LVP : C’est le principe du Weekend des Curiosités !

Manon : Oui, on connait MNNQNS qu’on aime beaucoup. Mais à part ça, je n’ai jamais écouté les autres, et c’est l’occasion de découvrir !