Arlon est une scène, et va vous le prouver du 27 avril au 01 mai. Les Aralunaires, c’est le genre de festival sur lequel on voudrait tomber plus souvent : engagé, conceptuel et prometteur. Avec une affiche alléchante et des concepts à n’en plus finir, le rendez-vous arlonais continue de bâtir sa réputation et de se faire une place dans le calendrier musical de bon nombre de mélomanes de Wallonie (et d’ailleurs !). On a discuté avec Sébastien Cuvelier, le programmateur du festival, pour mieux décrypter l’ADN des Aralunaires.
Billets ici : https://www.aralunaires.be
Rares sont celles et ceux qui peuvent se vanter d’avoir vu Angèle chanter dans la véranda d’une Pompe Funèbre. Et pourtant, en 2017, Les Aralunaires rendaient cela possible ! Véritables passionné·es de musique, amoureux·ses des défis et arlonais·es de cœur, les membres de l’équipe du festival ne manquent pas d’imagination et de créativité pour mettre sur pied l’un des festivals les plus atypiques du Plat Pays. Pour sa treizième édition, Les Aralunaires fait la part belle aux grands noms en vogue (Sopico, Béesau, Antoine Wielemans), aux artistes dits “niche” (caroline, Famous, Asa Moto) mais également aux jeunes pousses belges et françaises (Slamino, STACE, Shoko Igarashi, Ada Oda et bien d’autres).
D’un escalier en colimaçon à la plus grande église de la ville en passant par un dépôt de matelas, les lieux qui accueilleront le line-up s’apprêtent à stimuler tous vos sens, et c’est le but ! Conceptuel sur le fond comme sur la forme, Les Aralunaires vous propose des expériences de concert comme vous n’en avez jamais vécues. Et des expériences de camping mémorables également : cette année, le festival met en place un système de couchsurfing 2.0 qui vous permettra de roupiller chez d’autres festivalier·ères, chez vous, chez nous, sur un bout de canapé, dans un jardin, ou dans la chambre d’ami·e. Vous l’aurez compris : si vous voulez des anecdotes de festival originales à raconter à vos barbecues d’été, c’est aux Aralunaires qu’il faut être !
L’expérience avant tout
“On tente de proposer des expériences de concert différentes, et c’est ça qui va parler aux gens.” analyse Sébastien Cuvelier, organisateur du festival. Avec une vingtaine de lieux de concerts qui font honneur au patrimoine arlonais, Les Aralunaires misent sur une programmation non seulement musicale mais également expérimentale. C’est d’ailleurs parfois le lieu lui-même qui va faire germer des idées de programmation dans la tête des organisateurs, à l’image de l’Église Saint-Martin qui accueillera le Belge Antoine Wielemans (Girls In Hawaii) le 27 avril prochain. “Parfois on trouve un lieu, on sait qu’il est génial, mais on se demande comment faire pour l’habiter le mieux possible. Pour cette Église, qui est la plus grande d’Arlon, on s’est dit que la sensibilité de la musique du dernier projet d’Antoine Wielemans collerait bien avec l’esprit de l’endroit.”
À l’inverse, c’est parfois l’artiste ou le groupe qui influence le choix du lieu, comme pour caroline, groupe britannique post-rock qui monte en flèche : “C’était le premier groupe programmé pour l’édition 2022. Et on savait qu’il fallait trouver un lieu qui colle au fait que ce groupe est connu pour avoir répété dans des squats, dans des piscines désaffectées, etc. On a cherché dans tout Arlon et on a mis le doigt sur un lieu extrêmement brut : un entrepôt de magasin de meubles où sont stockés des matelas. C’est un endroit avec énormément de cachet, tout en bois. Le côté organique de l’endroit était exactement ce que la musique de caroline demandait.”
Au-delà d’une expérience pour les festivalier·ères, c’est également une invitation aux artistes à sortir de leur zone de confort qui est proposée. “C’était un vrai challenge au début. En 2009, quand on a commencé, c’était un vrai ovni. On s’est inspiré.es des Nuits Sonores de Lyon ou du Sónar à Barcelone pour affiner notre concept, et ça reste un format qui n’est pas courant en Belgique. D’où le fait que certain·es artistes soient parfois déstabilisé·es. Le déclic qui nous a vraiment rendu crédibles, c’est quand on a réussi à faire jouer Arno en 2014 dans une salle de 250 personnes alors qu’il aurait pu remplir cette salle quatre fois, au moins. Et il a adoré. Cette année, avec Sopico, on sait qu’il joue un Olympia quelques jours après Les Aralunaires. Et on a joué là dessus en lui proposant un show plus intimiste, en mode try out juste avant sa grosse date. Et c’est certainement la dernière fois qu’il pourra se le permettre, donc ça rend le rendez-vous d’autant plus immanquable.”
Une affiche coups de projecteur
Avec le LAB, Les Aralunaires fait le pari des petits noms qui deviendront grands ! En l’occurrence ceux de chez nous, avec deux journées gratuites placées sous le signe de la découverte qui nous permettent de découvrir ces jeunes talents dans des cadres intimistes. “On a commencé le concept du LAB trois ans après la première édition. L’idée, c’était de montrer à quoi ressemblent les artistes qu’on aime. Les plus jeunes pousses qui ne sont pas encore assez rodé·es pour de plus grandes scènes se retrouvent dans ce parcours gratuit avec un concept de proximité. On fait jouer ces artistes chez les gens, dans des caves, dans des musées, dans des presbytères. On joue sur le côté convivial pour le LAB, et c’est toujours assez unique et propre aux Aralunaires.”
Au programme du LAB cette année : les jeunes rookies de l’indie parisienne Music On Hold, la pop surréaliste de Judith Kiddo, le rock sixties d’Edouard Van Praet, la musique solaire aux accents hispaniques d’Ana Diaz, l’onirique flutiste Shoko Igarashi, le post-punk à l’italienne de Ada Oda, les arabesques électroniques de Hun Hun, la soul enivrante de STACE, le bazar orchestral de Frankie, le jazz affuté de Ciao Kennedy, l’indie folk paisible de Catbug et l’electronica plurielle de Slamino.
Arlon RPZ
C’est un véritable esprit arlonais qui transcende le festival, et c’est une valeur qui tient à cœur de l’équipe des Aralunaires. L’événement a le mérite d’avoir su souder les mélomanes (et les moins mélomanes aussi) de la région autour d’un seul rendez-vous attendu par beaucoup. “Le pass 5 jours, c’est la meilleure façon de vivre ce festival pour s’immerger dans l’expérience et profiter des découvertes. Et la plupart du temps on vend le trois quarts de ces pass avant même d’annoncer le line up. Ça témoigne de la fidélisation d’un certain public majoritairement arlonais qui nous fait confiance, sans même savoir quel·les artistes seront à l’affiche. On peut dire que le festival a instauré un vrai esprit de communauté à Arlon.”
Niveau breuvages, c’est aussi un hommage à Arlon qui est rendu par Les Aralunaires. Oubliez les bières plates et autres cocktails hors de prix vendus dans vos festivals habituels, ici on boit de l’Araluna. Quel festival peut se vanter d’avoir sa propre bière ? La bière du festival, brassée en collaboration avec la BAC (une coopérative brassicole arlonaise), sera servie pour la toute première fois et les festivalier·ères de cette édition 2022 seront les premier·ères chanceux·ses à pouvoir la goûter ! Et si vous n’êtes pas amateur·rices de houblon, vous trouverez votre bonheur dans un grand verre de maitrank. Littéralement “la boisson de mai”, cette potion à base de vin blanc et d’aspérule est la boisson traditionnelle d’Arlon et viendra troubler vos folles soirées aralunaires – pour votre plus grand plaisir.
Un ancrage local et des valeurs communautaires qui tranchent avec l’allure pédante et snob de la plupart des festivals de musique indé : “Quand tu proposes ce genre d’affiche avec des artistes niches et indé, tu es facilement considéré comme élitiste, on pourrait croire que tu te crois au-dessus du lot. Alors que pas du tout, et c’est que veut transmettre Les Aralunaires : venez boire un coup, y aura du maitrank, de la bière, des mecs du Carnaval, et puis après venez voir les concerts, même si vous ne connaissez pas les artistes. C’est pas ça l’important.”
BILLETTERIE ET + D’INFORMATIONS : https://www.aralunaires.be
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.
