Les clips de la semaine #100
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Auteur·ice : Rédaction
29/11/2020

Les clips de la semaine #100

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. 100 éditions plus tard, c’est toujours avec une joie immense que l’on vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment aux jeunes pousses de la musique. À l’occasion de cette centième, La Vague Parallèle vous a préparé une double ration de magie audiovisuelle avec les 20 clips qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours. Au programme : des découvertes, des surprises, des couleurs, mais surtout de la bonne musique.

Yelle – Vue d’en face (feat. Nicolas Maury)

Et si le seul duo capable de sauver cette désastreuse année 2020 était là, juste sous nos yeux ? La première a révélé à la rentrée l’un de nos albums préférés de ces derniers mois, continuant à l’ériger en icône pop moderne et pétillante. Le second, lui, a brillé de mille feux dans ce qui sera sans doute l’ultime saison de Dix pour cent, la meilleure série française depuis une éternité. Réunis ensemble à l’écran, Yelle et Nicolas Maury illuminent ce nouveau clip de tout leur talent et de cette sensibilité éclatante qui les caractérise si bien. Dans un huis-clos sensuel et empli d’une poésie touchante réalisé par Louis Carré, le duo donne vie à Vue d’en face, sublimé par un ballet domestique dans lequel on se perdra volontiers pour oublier la morne grisaille qui fait désormais partie de notre quotidien.

 

SebastiAn – Movement

Nouveau huis-clos, ambiance différente. C’est bien loin de la légèreté de Yelle et Nicolas Maury que SebastiAn plante le décor de son dernier clip, Movement, extrait de l’excellent album Thirst. Épaulé par Arnaud Deroudihle (déjà à l’œuvre avec Kaytranada, Breakbot ou encore PNL), la légende du label Ed Banger Records construit une atmosphère angoissante, faite de flashs et d’images torturées, dans laquelle une femme fait face à ses démons, seule dans son appartement. La parfaite représentation de cette immobilité schizophrène dans laquelle nous sommes toutes et tous enfermé·e·s en ces temps troublés (la violence et le miroir cassé en moins, quand même).

 

Emma Beko – MHS

Le genre de découverte qui fait du bien. Nouvelle venue de la scène hip-hop montréalaise, Emma Beko prépare le terrain pour un premier projet intitulé BLUE qui rendra hommage au passé qui l’a construite. Un esprit rétrospectif qui se fait ressentir sur ce MHS, un nouvel extrait aux accents r’n’b porté par la justesse d’une plume morose et touchante. MHS pour Mamaroneck High School, l’école secondaire new-yorkaise qu’elle rejoindra à quinze ans, après avoir quitté son Budapest natal. Elle fait ici voler son flow impeccable le long de riffs de guitare entêtants pour aborder l’addiction et l’isolement, tous deux liés à sa propre adolescence. Un morceau coming-of-age qui sonne comme la réconciliation entre Emma et son passé, pour mieux se tourner vers un futur qui, à en entendre ses compositions, s’annonce beau. Le clip qui accompagne la sortie est à l’image du morceau : une représentation nuancée d’une jeunesse sauvage, galérienne et profondément touchante. Retenez bien son nom.

 

Keith Carnal – Hope

Rien n’arrête le DJ hollandais qui continue de bombarder le monde de tracks aussi entêtantes que dévastatrices. Le prolifique producteur d’Amsterdam vise juste et touche une nouvelle fois avec Hope, sortie sur son propre label SEC NDº. Les images de V i z i o n n à travers un monde post-soviétique dépressif et déprimant résonnent d’une techno construite selon les principes chers à Keith Carnal. L’un après l’autre, les éléments rejoignent la danse pour composer une piste louvoyante et lancinante, où les sons se mêlent, fusionnent et s’entrechoquent avec une rare finesse. Bande son salvatrice d’un monde vidé de ses habitants et privé de ses joies. Sûr de ses armes et de ses atouts, Keith Carnal ne sombre pas dans l’attrait facile d’une techno tendance toujours plus énervée et continue de façonner son univers onirique. Hope, encore et encore.

 

Fils Cara – Sous ma peau

Offrir un clip à Sous ma peau, c’est ce qu’il manquait encore à Fils Cara pour son très bel album Fictions, et c’est maintenant chose faite. Mais pas n’importe quel clip : réalisé par Hugo Pillard, aussi connu sous le nom de TRENTE, l’esthétique de ce dernier nous emporte en un instant dans l’univers du morceau. De filtres colorés à des jeux d’ombres et de superpositions d’images, on y suit des vies qui s’entrechoquent et dont les plans resserrés donnent de la profondeur à l’émotion. Avec une respiration allongée et enrichie de piano au milieu du titre, c’est le rythme d’alternance des plans qui confère au clip la force si caractéristique du morceau. C’est simple, Sous ma peau nous happe et ne nous laisse qu’une seule échappatoire : se replonger sans plus attendre dans Fictions pour y boire la plume de Fils Cara.

Introversion – Night Terrors 

Contrairement à son titre, le nouveau morceau du producteur berlinois Introversion n’évoque pas de sombres cauchemars mais plutôt feu nos radieuses nuits sans fin. Sans fioritures et avec une froideur mécanique, le kick gronde et rebondit sans fin, inarrêtable et entêtant. Alors que l’héroïne erre dans les zones industrielles, hantée par ses souvenirs et perdue dans sa mémoire, les nappes diffuses et mélancoliques de synthétiseurs apaisent la détresse autant qu’elles amplifient la nostalgie. Vague après vague, les sonorités métalliques testent nos défenses, les caressent, les épuisent avant de les briser et de nous submerger. Comme souvent la nuit, on accueille avec délice, sans trop savoir pourquoi, ce qui nous est offert.

 

Matcha x Tando – Seule

L’alliance du feu… et du feu. À vrai dire, les retrouvailles entre Matcha et Tando ne pouvaient pas produire autre chose que des étincelles. Un an après la sortie de Même endroit, l’artiste et le producteur se réunissent à nouveau sur le titre Seule, pour une rencontre réussie entre pop urbaine et influences hispanisantes. Avec Joséphine Page aux manettes pour le clip, le titre explore les différents aspects de la vie amoureuse quand elle est vécue seul·e, avec une bonne dose d’humour et sans jamais sombrer dans la négativité, dans une vidéo à l’esthétique soignée.

 

Laure Briard – Eu Voo

Le clip suivant brise les murs de nos appartements pour mettre le cap au Sud, dans le désert espagnol des Bardenas Reales. C’est là-bas que la géniale Clémentine Lamazères (qu’on connaît mieux sous le nom de Norma) a posé sa caméra pour réaliser le nouveau clip de la non moins géniale Laure Briard. Les deux jeunes femmes y reconstituent leur propre rêve américain, sous un soleil aride et face à l’horizon, avec une idée en tête : traverser l’océan pour retrouver l’être aimé. Une chouette collaboration qui en annonce une autre : Eu Voo est aussi le titre du prochain EP de Laure Briard, enregistré au Brésil avec le formation psych Boogarins, et dont la sortie est prévue pour le 19 février prochain.

 

Slim & The Beast – Left Behind

Le groupe franco-américain Slim & The Beast signe un retour en beauté ! C’est sous nos yeux que s’écrit la dernière aventure du trio avec une vidéo destinée à illustrer le titre Left Behind. En guise de clip, Aaron Lopez-Barrantes, membre du groupe et tout aussi doué un crayon à la main, nous embarque dans la recherche graphique qui a mené à la création de la cover du titre, dans cet univers chatoyant et haut en couleurs qui fait désormais la marque de fabrique du groupe. Une bien jolie manière d’introduire la sortie de leur nouvel EP, Part II, disponible depuis quelques jours !

 

Richie Hawtin – Time Warps 

Figure de proue depuis plus de vingt ans d’une musique électronique minimaliste, cérébrale et innovante, Richie Hawtin revient à ses amours de jeunesse avec Time Warps. 17 minutes et 17 secondes de boucles entêtantes, de montées en intensité, de relâchement éphémères et infinis, de trêves en apesanteurs et de va-et-vient entre l’ombre et la lumière. Prodige technique et magicien des machines, le musicien maîtrise avec une grâce inégalée les variations de rythme et nous porte. Nul besoin d’empiler les sons ni d’enchaîner les effets, Time Warps se déploie autour de quelques éléments et brille par leur maniement d’une lenteur mesurée, chamanique et palpitante. La transe collective filmée puis ralentie et déformée par Barbara Kleinf embrase avec éclat et élégance la cadence de la piste. Tour à tour nets puis flous, les danseurs exultent en noir et blanc. Ils se fondent dans la masse, ne s’en distinguant que de courts instants pour, à travers leurs sourires, revendiquer et nous transmettre leur joie. 

 

Laura Groves – Foolish Game

Après Infinite Wisdom, Laura Groves continue de dévoiler des extraits de son prochain EP en sortant cette semaine Foolish Game. La relation dominant/dominé est souvent à l’origine de situations inextricables. Pourtant, cette nocivité peut aussi révéler notre force intérieure selon l’artiste. À l’image, la voix envoûtante de Groves superposée aux arrangements 80’s, nous guide vers un univers nocturne marqué par une lumière rouge, telle une chambre noire, où mystère et sensualité s’expriment en secret. Foolish Game est extrait de A Private Road, dont la sortie est prévue le 4 décembre chez Bella Union. 

 

Hilang Child – King Quail

Dans son nouveau single, Ed Riman alias Hilang Child, nous invite à prendre du recul sur l’importance que nous accordons au regard des autres, pour mieux s’accepter soi-même, sans peur du jugement. Ce titre pop psychédélique, porté par une guitare spatiale et des harmonies vocales aériennes, est illustré visuellement par un clip minimaliste dans lequel l’artiste apparaît de manière fantomatique, dans différentes tenues et postures, pour signifier l’ensemble des facettes qui nous constituent. King Quail est extrait de l’album Every Mover qui sortira début 2021.

Fantastic Mister Zguy x Th Da Freak – I Want You In My Bed

Bonjour, vous reprendriez bien un peu de 90s insouciantes ? L’éternel rêveur Fantastic Mister Zguy a pris des vitamines. Si la candeur et la spontanéité caractéristiques du parisien sont bel et bien au rendez-vous, le rythme se veut cette fois-ci plus endiablé. Rejoint pour l’occasion par Th Da Freak, le message est clair et net : I want you in my bed and I want you in my heart. À bon entendeur… Pour coller à l’ambiance digne d’un teen movie à l’américaine qui sent bon les escapades en skate et les cannettes de bière au soleil couchant, la réalisatrice Margaux Jaudinaud s’est attelée à un un travail de stop motion tout frais, tout doux. Brèves mais intenses, ces deux minutes sont une véritable dose de bonne humeur sans prétention.

 

Murman Tsuladze – Au soleil, je ne veux plus me marier

Crooner, membre d’une manif à République, ouvrier à l’usine et désormais businessman solaire. Bienvenue dans une des 1001 vies de Murman Tsuladze. À en juger par son accoutrement, sa piscine creusée et sa mallette remplie de billets, il faut croire que la vente de tapis volants fut florissante. Flanqué de ses deux gardes du corps Zaouri et Krikor, ce bon vieux Murman gère des business, se révèle autant à l’aise au golf qu’au basket, et mène la belle vie au soleil pour oublier un mariage qui ne se fera pas. Personnage tout droit tiré d’un Grand Theft Auto à la sauce URSS, Murman Tsuladze nous offre un nouveau tube tirée de l’EP Abreshumi (La soie). Rendez-vous à la Boule Noire en février pour une escale sur la route de la soie qui s’annonce délurée.

 

Alice Spa – Tes mots d’amour

Un ciel bleu pastel, la mer du Nord et de la douceur à perte de vue, Alice Spa fait son retour et ça fait du bien. Sur le sable, la jeune chanteuse livre ses questionnements sur l’amour, la rupture et la liberté. « Tempête qui nous guète, plus on avance, plus on se perd, mieux on se retrouve », avec sa voix cristalline et aérienne, Alice chante aussi la beauté de l’inconnu. Une beauté qui se retrouve à chaque instant de ce clip. À travers des regards transparents, des couleurs claires, des sentiments mélangés, mais aussi des corps qui se touchent puis se laissent. Celle qui nous avait charmé avec sa reprise de l’amour en solitaire (validée par la queen Juliette Armanet herself) revient avec un titre pop aux touches électro plus prononcées et un texte toujours aussi sensible. Tes mots d’amour annonce un deuxième EP (arrangé et produit par Le Manou) qui devrait sortir en janvier prochain. On a hâte.

 

TRENTE – Jamais voulu

«  J’ai besoin d’une peine d’amour pour vivre pleinement mes jours », voilà, on vous souhaite un bon réveil avec TRENTE ! Et pourtant, dès le début, sur ces quelques tristes notes, on fait quand même la fête avec Ian Caulfield, guest-star du clip. Car TRENTE parvient à mettre de la douceur partout, même quand les mots sont malheureux. Hugo Pillard, que l’on connait mieux derrière la caméra, nous livre ici un son libérateur et lumineux. Un clip aux lumières tantôt roses et bleues, accompagné des belle voix du groupe Pi Ja Ma. À l’image du reste de son nouvel EP Novembre sorti ce samedi, Jamais voulu semble parfois raconter la tristesse puis la jouissance ou l’espoir. Une histoire sincère et joyeusement désespérée comme on les aime.

 

Altin Gün – Ordunun Dereleri

Amateurs de sonorités anatoliennes, restez avec nous ! Les fantastiques oiseaux d’Altin Gün sont de retour. Le groupe qui s’est imposé comme la référence du psychédélique oriental (si vous ne connaissez pas, foncez écouter Supergesi Yuncadan, tube intemporel ô combien déflagrateur) revient avec le clip d’Ordunun Dereleri. Comme d’habitude, on ne comprend pas un mot, mais ça ne nous empêche pas d’être tout à fait subjugué par la poésie qui émane de ces instruments qui dialoguent, s’enroulent et s’entraînent dans une escapade fantasmée. Si les compères turco-néerlandais ont su garder cet équilibre entre influences traditionnelles et contemporaines, on note avec délice que le hippie 60s se transforme désormais en synthwave 80s. Une surprise de plus pour un groupe qui n’a, souhaitons-le, pas fini de traverser les époques vers une musique qui n’appartient qu’à eux.

 

Dinos – Césaire

Il est loin le temps où Dinos, ex-Punchlinovic, nous faisait des masterclass lors des Rap Contenders. Le résident de La Courneuve a évolué de façon fulgurante ces dernières années. Il a su faire oublier son statut de blagueur pour se présenter comme l’un des leaders du rap français. Il est venu confirmer cette semaine avec son nouvel album, Stamina, d’une qualité exceptionnelle. On y retrouve des sons incroyables, comme son Dyptique en ouverture, ou bien son featuring avec NekfeuMoins Un. Ici, le morceau est un clin d’œil à l’activiste et écrivain noir Aimé Césaire, souvent considéré comme une figure de la lutte raciale française. Dans un clip très esthétisé en noir et blanc, Dinos nous plonge dans son rêve et nous montre encore une fois l’étendue de son talent.

 

Wild Fox – Under Rod’s Mind

Vendredi 27 novembre, le renard sauvage infiltre l’esprit du Dieu de tous les dieux slaves. Il y trouve convoitise, rage, rivalité. Un mélange pervers dont il s’abreuve pour enduire sa page, son ton et son image. Au premier plan, le râle des voix, balayé en quelques secondes par un épais bourdon, avant que, sournoises puis frontales, les cordes n’imposent leur loi. Un affrontement égotique entre les armes de ces quatre angevins, érigeant l’équilibre Wild Fox. À l’écran, ces bas instincts se discutent autour d’un couscous. De l’argenterie sur une table peu accueillante, du béton lisse sous les néons, la nuit, le vide, la bête et le civil. Des plans aussi sinistres que magnifiques, pensés et fixés par l’un d’entre eux, Josic Jégu. Il nous tardait que le goupil nous saute ainsi à la gorge. Restons alertes quant à une récidive certaine en janvier 2021.

 

HSRS – Miles

Si vous aviez découvert Julie Bessard sous un autre pseudonyme en 2004, oubliez tout. HSRS est un véritable reset pour la chanteuse, autrice, productrice et musicienne. Heureuse conséquence du hasard de la vie, elle décide un jour, sur un coup de tête, d’embarquer dans un voyage au cœur de la jungle camerounaise qui changera radicalement sa philosophie artistique. Évoluant désormais indépendamment sous le nom énigmatique de HSRS, elle ne cesse d’impressionner dans des œuvres déstructurées, s’inspirant à la fois d’une pop accessible et d’une musique expérimentale plus étriquée. En résultent des morceaux vivants, libres et effervescents, à l’instar de ce Miles chaloupé et vibrant. Sur fond de percussions et de sonorités syncopées éparses, la voix tantôt grave tantôt plus légère de Julie Bessard nous emporte et le visuel halluciné et coloré rend l’expérience plus plaisante encore. Son projet DNA est disponible sur toutes les plateformes, et on vous invite vivement à aller le consommer sans modération !

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