Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment aux jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours.
Prudence – Good Friends
Nous l’avions laissée avec un sublime EP et un live absolument hypnotisant pour ARTE Concert Festival. Prudence revient cette semaine avec le clip de Good Friends, véritable déclaration d’amour à l’esthétique futuriste, et au titre débordant de bienveillance. Génial prolongement du monde sci-fi découvert avec Offenses, Good Friends met en scène le ballet de deux corps qui se cherchent et s’appréhendent, pour mieux se synchroniser dans une chorégraphie maîtrisée aux tons de mauve interstellaire. Par les temps qui courent, il fait bon de pouvoir s’évader vers d’autres galaxies, et plus encore si la bande son du voyage spatial reste aussi envoûtante. Avec ce titre porteur de lumière et d’espoir, Prudence prend son envol et annonce la sortie de son premier album au printemps. Autant dire que l’on trépigne d’impatience.
SLIFT – Thousand Helmet of Gold
Le trio en vue de la scène garage rock française se paye un clip aussi bouillant qu’impeccablement taillé pour fêter le premier anniversaire de la sortie de leur brulant et affuté second album UMMON. Aux sons distordus des guitares, les images de Guthio & Alexis Regidor nous emmènent dans un monde désolé et rougeoyant où semble n’avoir survécu que des navettes au look steampunk. Alors que la planète se transforme en volcan et que le groupe toulousain mène tambour battant la charge à l’aide de riffs intrépides et d’une batterie inépuisable, les survivants fuient l’apocalypse. Direction l’hyper-espace intergalactique pour un voyage à sens unique au milieu des orages astraux et des pluies d’étoiles filantes. Porté·es par l’énergie du groupe qui ne semble jamais devoir reprendre son souffle, on ne sait pas quelle sera notre fin. Mais dans le cosmos avec SLIFT, que pourrait-on craindre ?
Ashe – Till Forever Falls Apart (feat. FINNEAS)
De sa pop subtilement alternative, Ashe parvient à dépeindre avec un sens du songwriting remarquable des récits autour de ses relations, de ses amours et (évidemment) de ses emmerdes. Autrice d’un premier album en 2018 intitulé The Rabbit Hole, c’est surtout par son double EP Moral of the Story qu’elle nous convaincra l’année suivante. Un projet séduisant sur lequel s’invitait à la production et à l’écriture l’auteur-compositeur-interprète Finneas O’Connel – accessoirement le génie derrière le When We All Fall Asleep, Where Do We Go? de sa cadette Billie Eilish. Ce n’est donc pas vraiment une surprise que ce sublime Till Forever Fall Apart jouisse d’une certaine alchimie. Un morceau marqué par son romantisme assumé et une certaine philosophie “smile it happened” qui parlera assurément à beaucoup. Le réalisateur Sam Bennett parvient à traduire en images la complicité des deux comparses, dans le décor somptueux du désert californien. Les deux artistes nous y offrent une démonstration de danse à la Astaire/Rogers, tandis que les tons grisés des nuages et rosés du ciel s’embrassent en toile de fond. Un tableau à couper le souffle.
Valley Maker – Branch I Bend
Quelques jours après la sortie de son cinquième et sublime album When The Day Leaves, le poète des grands espaces états-uniens dévoile un nouveau clip. Faiseurs de miracles et explorateur inlassable du monde et de la nature humaine, Valley Maker s’observe avec un regard aussi sage qu’affuté. Fidèle à son esthétisme épuré, le troubadour s’efface derrière ses paroles aux teintes tendrement mélancoliques. Si les images voilées de dustoftheground renforcent la sensation de trouble qui ne nous quitte plus ces jours-ci, les couplets chantés d’une voix d’or nous ramènent avec douceur à la simplicité de notre condition d’être vivant éphémère. Et si le temps qui passe constitue assurément notre perte c’est aussi lui qui, par sa célérité et son indifférence, rend toutes choses chères à notre cœur.
Remi Wolf – Photo ID (feat. Dominic Fike)
Perfect match. L’une est la promesse d’une alt-pop colorée et hyperactive, l’autre est l’enfant terrible du genre-bending : Remi Wolf et Dominic Fike unissent leurs forces pop sur un remix funky de l’excellent Photo ID, présent sur l’EP I’m Allergic To Dogs de Wolf sorti l’an passé. Sur ce second EP (faisant suite à son premier projet You’re A Dog!), la chanteuse californienne affirmait sa fibre extravagante et ses productions tubesques chaloupantes à souhait. Fike, qui sortait l’an passé son premier album What Could Possibly Go Wrong, s’invite sur le morceau pour délivrer un couplet rappé qui s’insère parfaitement dans le titre. Truffé de références propres à la Gen Z et la pop culture qui la nourrit, ce remix de Photo ID va illuminer votre semaine. Le clip, réalisé par Florida Man, est un condensé de légèreté et d’allégresse, saupoudré d’esthétiques TikTok et d’un format carré so trendy. Assurément votre dose de soleil de la semaine.
Unschooling – Social Chameleon
Vous reprendrez bien un peu de nostalgie punk-rock avec Unschooling ? En quelques accords asséchés et des mélodies envoûtantes à la Talking Heads, les faux bad boys de Rouen font palpiter à plein régime notre veine seventies. Le rythme s’emballe et nos corps se déhanchent sur les lignes de guitares répétitives et les couplets chantés avec une flegme magnétique. Les images colorées de la vidéo faite main par le groupe dessinent des souvenirs aussi pop culture que pré-MTV et finissent de nous transporter dans le passé. Et si on ne veut pas y rester c’est pour pouvoir nous ruer dans la prochaine salle de concert à ouvrir une fois cette pandémie sans fin enterrée six pieds sous terre, et rejoindre le pogo déclenché par l’énergie aussi confiante que rafraîchissante du quatuor.
Sons Of The East – On My Way
Après un premier album sorti en 2015, deux EP et la sortie de deux nouveaux titres courant 2020, le groupe de folk hétéroclite australien Sons Of The East est de retour avec un nouveau morceau, On My Way, gorgé de bonnes énergies. Une nouvelle réussite pour le trio charismatique, en pleine préparation de son deuxième album qui s’annonce déjà haut en couleur. Pour la réalisation du clip de On My Way, le groupe a vu gros. Dans une période où la distanciation sociale est le maître mot, l’objectif du groupe était de rassembler. L’idée était de demander à leurs fans de montrer comment était la vie de leurs côtés de la planète. Au final, 500 vidéos récoltées à travers 30 pays différents pour un résultat aussi chaud et ensoleillé que leur Australie natale. Sons Of The East nous permet alors le temps d’un instant, de nous évader loin de nos quotidiens.
Julia Jean-Baptiste – Faux amours
Après avoir longtemps écumé la scène de la pop française en compagnie des groupes Pendentif et Nouvelle Vague dont elle portait haut la voix, Julia Jean-Baptiste semble bien partie pour mener sa barque à bon port. Cette semaine, la jeune artiste a fait son grand retour avec Faux amours, le titre qui marque le début d’une nouvelle ère de sa carrière puisqu’il annonce la sortie prochaine d’un EP qui porte le même nom. C’est épaulée par Diogo Strausz et Clément Roussel à la production et de Natacha Mojaïsky à la réalisation que Julia Jean-Baptiste embrasse gaiement ses influences bossa-nova et son goût pour les couleurs vives, histoire de faire de cette nouvelle étape un véritable point de départ pour de nouvelles aventures qui s’annoncent savoureuses.
Kristel – My Man
On vous avait déjà parlé de Kristel et on avait bien fait car pour la sortie de son prochain album, prévu pour le 28 mai prochain, le trio malgache n’a pas fait les choses à moitié. Du côté du mix et des arrangements, le groupe s’est offert les services d’Adam Clayton, bassiste des légendaires U2 (rien que ça) pour apporter un grain rock à son ouvrage, et du côté de l’image, Kristel a collaboré avec Gregory Wagenheim et Jean Chauvelot pour la réalisation de son nouveau clip My Man. Une histoire d’amour spatiale toute en animations qui met parfaitement en valeur ce titre pop-rock au refrain à l’enthousiasme débordant, qu’on se surprend déjà à chanter à tue-tête.
DAYMARK – Daydreams
Comme Keep Dancing Inc la semaine dernière, DAYMARK a rendu ce jeudi un vibrant hommage aux lieux de culture, désormais fermés depuis de longs mois. C’est donc au Cinéma des Cinéastes que le duo a réalisé son nouveau clip Daydreams, rappelant à nouveau le lien étroit qui subsiste entre l’image et le son dans ce projet qui fait la part belle aux atmosphères planantes et aux voyages dépaysants. Si on n’est pas certain·es que le titre fera plier Roselyne Bachelot au sujet de la réouverture des lieux culturels, il nous aura en tout cas convaincu·es de suivre la sortie prochaine de l’EP de DAYMARK, prévue pour le printemps prochain.
Joseph Mihalcean – Trop Dormi
Le clip suivant est une petite merveille de douceur et de pudeur, du genre de celles qu’on aimerait garder pour nous mais dont on sait qu’il faut les partager pour le bien de l’humanité. L’artiste canadien Joseph Mihalcean a eu la douleur de perdre sa mère il y a quelques années et a dû passer par les pénibles et pourtant nécessaires étapes du deuil. Un cheminement qui lui a inspiré Trop Dormi, un morceau qu’il joue avec sa fille Simone, qui l’accompagne à la flûte traversière, et qu’Estelle Frenette-Vallières a retranscrit dans cette animation à la fois inspirante et apaisante, dans laquelle on vous invite à vous laisser glisser sans plus tarder.
Laura Mvula – Safe Passage
Laura Mvula est de retour, et elle nous ramène pour l’occasion une synth-pop façon eighties diablement euphorisante. Safe Passage est la première sortie de l’artiste depuis son second album The Dreaming Room en 2016. Avec ce retour à la fois vintage et élégant, cette porte-drapeau de la soul britannique parvient sans mal à placer sa voix forte au service d’une composition électrique. Certifié good vibes only, ce morceau est décrit par Mvula comme “un poème sur le véhicule qui nous sauve de l’espace où nous avons l’impression de nous noyer pour nous emmener vers la terre promise, qui existe réellement.” Un mantra hédoniste qui se voit mis en image dans un clip coloré, mené avec énergie par la chanteuse qui arbore pour l’occasion des shoulder pads à la Grace Jones. So freaking chic.
Mickey van Seenus – Under My Skin
Issu de la scène queer américaine, Mickey van Seenus nous conquiert avec son ambitieux premier clip, Under My Skin. Son parcours est atypique : après de nombreuses années dans la scène jazz locale, iel s’est orienté vers la musique électronique en s’intéressant au trip hop, à l’ambient house et à la trance. L’artiste non-binaire puise ainsi son inspiration aux meilleures sources, quelque part en la pop théâtrale de Kate Bush, l’efficacité électronique de Desire et l’expérimentation futuriste de SOPHIE. On apprécie également la beauté froide et obsédante du clip réalisé par la vidéaste Louise Fauroux. Son premier EP, Creature Comfort, est à paraître le 26 mars 2021 sur le label bORDEL Records.
Emma Beko – Party (feat. Rymz)
Fin janvier, l’artiste québécoise Emma Beko dégainait BLUE, un premier mini-album au style pluriel et aux références éclectiques. Neuf titres guidés autant par les influences hip-hop de sa jeunesse que par la scène alternative, à l’image de ce Party. Un morceau balancé entre des riffs de guitare nostalgiques et crépusculaires et des kicks plus soutenus. Elle y chante, elle y rappe, et donne la réplique au rappeur montréalais Rymz. La rencontre entre les deux est alchimique. Comme sur le sublime visuel de MHS, c’est l’artiste elle-même qui réalise le clip, aux côtés de Laurence Davidson et Clara L’Heureux-Garcia. Les trois réalisatrices jouent de tableaux alléchants entre jour et nuit, avec notamment des séquences saisissantes autour d’un arbre en flammes.
Bleib Modern – Glow
Le groupe de post-punk allemand fait son retour avec Afraid To Leave, titre de son dernier album sorti le 5 mars dernier chez Icy Cold Records, trois ans après leur dernier album studio Antagonism. Pour l’occasion, Thomas Schamann — le batteur — s’est muni d’une caméra et a capturé quelques moments de la formation au style glacé durant les tournées à travers l’Europe pour accompagner le titre Glow, extrait de leur dernier disque. De quoi nous faire voyager un peu (et c’est pas de refus) et nous plonger dans l’intimité de Bleib Modern, pour notre plus grand plaisir.
Federico Luz – PAN
Découvrez l’univers halluciné du belgo-uruguayen Federico Luz, vous n’en sortirez indemnes. Un pied dans la mode et l’autre dans la musique, le jeune créateur est un véritable esthète à l’extravagance mystique et fascinante. Son premier single en est la démonstration la plus vive : un véritable manifeste de cette musique qu’il définit lui-même comme de la techno-sorcery. La base du morceau repose sur des nappes électroniques claquantes, empruntées à la culture bruitiste, sur lesquelles se pose un spoken word chamanique. Le poème récité, Luz l’a écrit lors d’une visite rendue à son père en Uruguay. Il deviendra par la suite un leitmotiv, avant de se voir habillé de sonorités absconses pour composer PAN, dont le titre fait directement référence au dieu grec des satyres et de la musique. C’est d’ailleurs en hommage direct à cette même divinité que résonnent inlassablement une poignée de flûtes au fil du morceau. Le clip, conduit par la réalisatrice Anna-Sophie Lugmeier, nous offre un voyage syncopé et nébuleux.
Julien Doré ft. Clara Luciani – L’île au lendemain
Les pieds et le piano dans l’eau, Julien Doré et Clara Luciani nous offrent un clip tout en sobriété pour L’île au lendemain. Plus qu’un duo capillaire entre boucles et frange lisse, c’est une pause en noir et blanc, une balade un brin mélancolique en pleine nature, qui apaise. Côté réalisation, c’est le Bruxellois Brice VDH que l’on retrouve. Primé aux dernières Victoires de la musique pour une autre collaboration avec Julien Doré, il a également réalisé des clips pour Angèle, Roméo Elvis et… Clara Luciani. Ici encore, le pari est réussi visuellement. On se laisse alors emporter par le bruit de fond de la rivière et bercer par l’harmonie des voix. Au final, tout ça ne sert pas à rien : un bon duo en piano-voix ça fait toujours du bien, surtout un dimanche.
Japanese Breakfast – Be Sweet
Michelle Zauner aka Japanese Breakfast est de retour après quelques années d’absence pour mettre de la chaleur dans vos cœurs et dans vos oreilles. Après le très acclamé Soft Sounds From Planet en 2017, l’auteure-compositrice-interprète annonce la sortie d’un troisième album Jubilee (Dead Oceans) qui s’impose comme une véritable renaissance artistique, laissant de côté les thèmes douloureux de ses précédentes œuvres pour parler cette fois d’épanouissement et de bonheur. Cette nouvelle direction se ressent dès la première écoute de Be Sweet, premier single du nouvel opus, dont la pop 80’s accrocheuse vous donnera envie d’improviser un dancefloor au milieu de votre salon. Le clip, qui mérite aussi le coup d’œil, met en scène Michelle Zauner et Marisa Dabice de Mannequin Pussy, en agents du FBI volontairement grotesques, enquêtant sur des affaires paranormales. Une parodie kitsch et hilarante de X-files !
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.