| Photo : Liswaya
Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment aux jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours.
George Ka – Garçon Manqué Fille Manquante
Il y a des textes qui marquent au fer rouge, dont la portée dépasse le cadre de l’entertainment. Capable de réduire au silence la chaotique foule du Point Ephémère, Garçon Manqué Fille Manquante est de ceux-là. Né a cappella sur les scènes slam de Paris, il bénéficie désormais d’une production introspective au moment de débarquer (enfin) sur les plateformes de streaming.
“Tu m’as dit garçon manqué, j’ai entendu fille manquante.” En à peine quatre minutes, George Ka s’interroge sur ce qu’est la féminité de nos jours. Une réflexion personnelle, certes, mais dans laquelle chacun peut écouter, apprendre, comprendre, ou se reconnaître. Une célébration féministe qui trouve son écho dans les images captées par Clotilde Duong Van Huyen auprès de l’équipe de roller derby La Boucherie de Paris. On y voit des personnages forts, à la fois indépendants et solidaires. Pour ceux qui en redemandent, il n’y a plus que quelques jours à attendre avant la sortir du premier EP de la jeune artiste Par Avance le 26 mars.
Lulu Van Trapp – Joan of Arc
Affirmation féminine et forte toujours, Lulu Van Trapp est une héroïne rêvée dans laquelle chacun peut se reconnaître. Dernier teaser du premier album concocté par Rebecca, Max, Manu et Nico après des années à bourlinguer sur les différentes scènes parisiennes pour des concerts sauvages et fantaisistes, Joan of Arc est un feu d’artifices qui pétille de couleurs, d’influences et de lyrics qui dépassent le simple cadre de pop song. La titre de l’album I’m Not Here To Save The World en est notamment extrait. Condensé de trois années de vadrouille, les images d’Anastasia Matouskoff nous emmènent au plus près du quartet de joyeux freaks. Un voyage qui prendra un nouveau tournant dès le 23 avril avec la sortie d’un album attendu que l’on attend de pied ferme depuis si longtemps.
BLOWSOM – Breathin
BLOWSOM et le monde d’avant. Dans son nouveau clip coloré au bon goût de liberté, l’artiste parisien endosse le rôle de chacun des membres d’un groupe loufoque et déjanté pour mettre en lumière son nouveau titre, Breathin. L’occasion pour lui de s’essayer à différentes activités plus ou moins compatibles avec la conjoncture actuelle, avec en toile de fond une idylle obsédante qui lui a inspiré cette rengaine qui reste immédiatement en tête.
Victor Solf – How Did We ? (feat. ZéFIRE)
Groove irrésistible et tenue de soirée sont à nouveau de mise pour How Did We ?, le dernier clip de Victor Solf en featuring avec ZéFIRE. Quelques semaines tout juste après la sortie du touchant I Don’t Fit, notre dandy préféré continue de teaser la sortie de son premier album solo, Still. There’s Hope, prévue pour le 30 avril prochain. On le retrouve donc sur une voiture à la dérive, perdue au milieu des flots dans une ambiance incertaine, tenant le cap de cette basse sensuelle et de cette voix qui ne manque jamais son but. Un contraste saisissant qui semble constituer le fil rouge d’un disque qu’on attend décidément avec impatience.
MEYY – Famous
On la découvrait l’an passé avec son premier EP Spectrum, la sensation bruxelloise MEYY nous revient cette semaine avec une couleur musicale toute fraîche. Avec son single Famous, elle propose une ballade hyperpop pointue et avant-gardiste sur laquelle sa voix éthérée modulée se pose sur une trap lancinante efficace en tout point. Une musique alternative sur laquelle les accents rnb et soul de l’artiste parviennent tout de même à s’affirmer. Pour le clip, le collectif anversois Lacuna Studios, chapeauté par Lars Moereels, qui a pensé et ficelé une œuvre aboutie suintant d’érotisme, de sensualité et de romantisme. Son fauteuil hautement design – que l’on avait déjà repéré lors de son livestream au Botanique – se dresse comme la pièce centrale du clip depuis lequel l’artiste subjugue et crève l’écran.
Prattseul – Chapitre I, Vendredi 13
Ambiance mystérieuse et atmosphère fantastique pour le nouveau clip de Prattseul, Chapitre I, Vendredi 13. Inspiré par la bande-dessinée et le cinéma, Prattseul a mis sur pied un univers à l’allure étrange et aux personnages gentiment inquiétants, révélé dans une trilogie dont voilà le premier volet. Chapitre I, Vendredi 13 met en scène le personnage éponyme de cette étonnante saga dans un château aux volutes argentées, pour un huis-clos où folie et raison peinent à trouver leur équilibre. Une superbe vidéo signée par Simon Tirel (son nom à la ville) lui-même dont on attend la suite avec impatience.
Joseph Schiano di Lombo – When Puppies Dream
“Et la politesse, c’est pour les chiens ?“. En l’occurrence, oui. Non content de présenter ses respects aux meilleurs amis de l’Homme, Joseph Schiano di Lombo leur a carrément composé un album, Musique de niche, qui paraîtra au mois d’avril chez nos ami·e·s de Cracki Records. Deuxième extrait de ce disque qui pique déjà notre curiosité, When Puppies Dream prend le parti d’imaginer le rêve d’un chiot qui n’aurait pas encore ouvert les yeux sur le monde. C’est donc un assemblage de formes veloutées et de notes innocentes que l’on retrouve dans cette vidéo réalisée par Jonathan McCabe, pour un moment de douceur et de tendresse bienvenu par les temps qui courent.
Hollow Coves – The Open Road
La route s’ouvre devant les troubadours de Hollow Coves et leurs mélodies ensoleillées. Fidèle à ses vocalises claires et ses arpèges tout en douceur, le duo continue de tracer son chemin au milieu de la foisonnante nature australienne. Distribuant les pépites de gaieté sur leur passage. Libérant une légèreté insouciante le long des routes ensablées jusqu’à la côte pacifique. Simplement, le groupe nous embarque pour un road trip de plus de 4000 km le long de la côte Nord Est de l’île. Sans fioriture et avec finesse le groupe réchauffe nos cœurs de leurs plaisirs simples et de leurs rythmes vitaux et entraînants. Entre les bonheurs élémentaires et les couplets aussi revigorants que les cascades de Millaa Millaa, The Open Road nous appelle pour quelques instants d’évasion bienvenus.
Paradoxant – Faster
Échappé des fougueux BRNS, Antoine Meersseman poursuit en solo ses explorations sonores et créatives à travers Paradoxant. Chantre d’une musique sans concession aux aspérités assumées et recherchées, le Belge se plaît dans le bruit. Un bruit qui prend aux tripes, qu’il soit léger ou assourdissant. Faster. Non, le musicien prend son temps, fait les choses à son rythme, avec une assurance nonchalante et une réussite certaine. Bientôt, alors que les Monts d’Arrée se transforment en terrain de chasse géant enneigé, notre rythme se calque sur le sien. Et au fil des images multicolores et passées de Thibaut Charlut & Elsa Truscello, nos cœurs entrent en unisson et résonnent de concert. Vibrent d’une musique à la force brute et sauvage, à la beauté réelle et farouche.
Half Moon Run – How Come My Body
2 minutes et 19 secondes. Quelques images d’énergie live. Quelques instants de vie filmés en un élégant clip noir et blanc. Quelques notes de guitares douces puis des percussions qui s’intensifient. Et toujours la voix si juste et touchante de Devon Portielje. Tout ça pour un petit bijoux de folk apaisant et entêtant sans prétention. Une chanson qui rappelle autant les joies passées des concerts que les espoirs indélébiles de les retrouver. Et la preuve qu’en de courtes minutes, une mélodie simple et le sourire des un.e.s et des autres suffisent à nous rendre le nôtre, entre deux flashback stroboscopiques de nos derniers concerts.
Iliona – Une autre vie
Ce n’est un secret pour personne : notre plus belle découverte chanson française de l’année s’appelle Iliona. Double bénédiction : elle est belge. Issu de son remarquable premier EP Tristesse, c’est le titre Une autre vie qui s’offrait cette scène une mise en images des plus réussies. Entièrement écrits et réalisés par Iliona elle-même (à l’instar de ses précédents visuels), les séquences qui habillent la ballade pop enjouée sont empreints d’une véritable sensibilité cinéphile propre à cette artiste plurielle. Comme sur le visuel de Reste, elle s’entoure de FAM Production et de son inséparable Directeur de Photographie Pépin Struye pour donner vie à son effusion d’idées. Résultat : une élégante composition aux tons d’ocre, capturée au cœur du poétique Musée Van Buuren à Uccle. À la façon Donnie Darko, elle partage l’écran avec un sombre monstre attachant, pensé par l’illustratrice Lia Bertels et animé à l’aide des artistes Lora D’Addazio et Mathilde Remy. On ne s’en lasse pas.
Lagrace – Silly
Malgré son jeune âge, Lagrace ne manque ni de talent ni d’audace. Après des collaborations remarquées avec KCIV, Lorkestra ou encore Global Network, celle qui est aussi la benjamine des lauréat·e·s du chouette tremplin La Grande Party passe à la vitesse supérieure. Pour célébrer la sortie du premier titre qu’elle a produit entièrement, la jeune artiste a fait court. Percutant. Efficace. 1m26 de gros beats, de basses distordues et de punchlines aiguisées, pour un titre qui reflète à merveille son esthétique, entre candeur assumée, détermination sans faille et… crew déjanté.
Boys Noize & Kelsey Lu feat. Chilly Gonzales – Ride Or Die
Le clip suivant a tout du choc frontal, de la collision entre les cultures et les univers. Entre Boys Noize, Kelsey Lu et Chilly Gonzales, il y a un monde. Plusieurs, même. La rencontre entre ces trois constellations que tout oppose à première vue a pourtant donné lieu à Ride Or Die, un titre d’une douceur infinie sublimé par cette vidéo d’animation aux couleurs de la mélancolie. Une ballade qui s’achève en hymne techno à la dimension cathartique, au moment où l’on “célèbre” le triste anniversaire de la fermeture des clubs, lieux de prédilection du producteur allemand.
Catastrophe – Visages
“J’ai un million de visages dans la tête : c’est jamais assez” nous confie Catastrophe dans Visages et son clip fait maison lors d’une résidence, comme un boomerang faisant écho au manque des foules et des rencontres d’un temps plus charnel qui s’éloigne un peu trop. À travers un titre au courant électrique incarné par la présence et le charisme démultipliés de Blandine Rinkel, le groupe nous entraîne le long d’un ruisseau qui se transforme progressivement en fleuve aux accents de torrent, courant vers un climax éclatant de lâcher-prise. Si la chorégraphie puissante révèle la justesse du texte, l’envie d’esquisser quelques pas de danse peut aisément devenir contagieuse. Ne reste alors plus qu’à filer découvrir leur Release Party pour Arte Concert, parfait rappel de ce que sont le partage, la symbiose et la chaleur humaine d’un concert magistralement habité par ses musiciens. Une chose est sûre : nous n’aurons jamais assez de Catastrophe dans nos vies.
Météo Mirage – Transforme
C’est un nouveau voyage tout aussi beau que le précédent qu’aborde Météo Mirage cette semaine. Suivant la sortie de Ton Nom en début d’année, Transforme a été écrit par le chanteur par admiration profonde pour Eve, sa sœur née assignée garçon. Le titre évoquant sa transition nous offre l’occasion rêvée de prendre une dose d’amour infini et inconditionnel dans nos oreilles. Les images à rebours du clip sont d’une délicatesse et poésie précieuses, sublimées par le travail des couleurs toujours plus vives et chaudes. Météo Mirage attise le feu et confirme ainsi son goût pour la finesse et l’élégance dans son prochain EP à paraître au printemps prochain.
Middle Kids – Today We’re The Greatest
Le trio basé à Sydney revient après trois ans d’absence avec le clip de Today We’re The Greatest et vient de sortir son deuxième album du même nom, le 19 mars dernier. On retrouve Hannah Joy, leadeuse de Middle Kids, sur une falaise ou encore au beau milieu d’un champ de maïs. Un titre aussi doux et profond que son clip, qui offre une panoplie de paysages où la chanteuse apparaît vêtue de jaune fluo. Une chanson qui accompagnera à merveille ce début de printemps.
Baio – Take It From Me
A-t-on un jour chanté l’amitié plus mignonnement que Baio ? “Si tu cherches un ami en des temps incertains / Si tu cherches un coup de main, eh bien, je serais ravi de te donner la mienne / Si tu es enfermé dehors, tu peux avoir ma clé / Parce que tu peux prendre ce que tu veux, tant que tu le prends de moi”, déclare-t-il en ami qui ne vous veut que du bien. Pour rappel, Chris Baio c’est le bassiste de Vampire Weekend. Et sur le déjà troisième album de son échappée solo, Dead Hand Control, il se rapproche un peu plus des classiques pop. “Take It From Me, c’est ma tentative d’écrire ma version d’une chanson pour enfant ou d’un standard”, détaille-t-il. “Comme beaucoup d’autres morceaux sur l’album, ça parle d’être là pour autant que tu peux pour les gens qui t’entourent.” Les idées de l’enfance et de prendre soin des autres s’animent joliment dans cette petite vidéo au graphisme rappelant les films d’animation japonais, merci au talent du réalisateur Scott Peters et de l’illustrateur James Perrett. Et grâce à eux, même le caméo de l’inquiétant Nick Cave (“Oh, si tu veux écouter du Cave, je peux mettre Stagger Lee”) devient mignon.
Fantastic Mister Zguy – Gisèle
L’avantage d’être chanteur et graphiste, c’est que ça facilite grandement la création d’un clip. Extrait de ses États d’Âme, Gisèle a donc droit à une animation en stop motion signée… Fantastic Mister Zguy. Pour les aficionados du rêveur-chanteur, cette chanson est une surprise qui dévie un peu de son univers feel good caractéristique. Le zouave nous confiait notamment avoir ressenti “une belle vibration” sur ce rock de papa qui l’a surpris. Quoi qu’il en soit, les animations lo-fi et candides qui accompagnent cette douce ballade ne sauraient mieux retranscrire son émotion brute. Une claque de velours, une drôle de caresse. Tiens bon Gisèle.
NTO – Invisible
Les clips du producteur marseillais sont très rares, mais au vu de la qualité, on veut bien attendre autant de temps qu’il le faudra. Véritable petit bijou, Invisible nous plonge dans le quotidien d’un jeune harcelé dans la rue, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il a le pouvoir de se rendre invisible. Sa vie change et tout semble plus facile, surtout lorsqu’il rencontre une fille qui a la même capacité que lui. La vidéo est un chef-d’œuvre : il y a de la poésie, de la danse, de l’émotion, le tout en seulement cinq minutes. L’intensité de la musique de NTO se lie à la perfection avec les images, ce qui offre encore plus de profondeur à l’histoire.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.