| Photo : Paul Mérelle
Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment aux jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours.
Klon – Santa Barbara
La plus joyeuse des bandes de l’Hexagone s’offre un détour balnéaire des plus feel good. Les sept esprits effervescents qui composent le supergroupe Klon nous ont concocté un trip moelleux et rêveur sur les côtes de Santa Barbara. Un morceau moins électro et froid que l’excellent West qui les dévoilait en novembre dernier, et qui prouve la versatilité de leur musique. Le texte malicieux se fond aisément dans les ritournelles mélodiques et vaporeuses du refrain, qui ne tardera pas à s’ancrer dans vos têtes. Niveau clip, c’est la prolifique Aube Perrie qui s’y colle, après nous avoir gâté les rétines sur le Peur des filles de L’Impératrice ou encore le Burnin de Petit Biscuit. À propos du clip de Santa Barbara, la réalisatrice décrit “un trip hallucinatoire sous la forme d’une escapade salée/sucrée, qui mélange culture et fantasmes des vacances à la mer à une DA sous acide.” La suite de leurs aventures prendra la forme d’un EP à paraître le 11 juin prochain.
fig.﹅ – USERNAME
Peu d’information ont filtré sur le ou la mystérieux·se fig.﹅. Un premier album annoncé pour le 7 mai chez les hurluberlus visionnaires de Bruit Blanc et un premier clip en forme de plongée retro dans l’excitation des années 2000 pour la modulation des images et vidéos sous forme de 0 et de 1. Un début 100% punk électronique : terme bâtard qui ne définit rien mais reflète à merveille les sons distordus et compressés dont iel se repaît. À grands coups de datamosh, la corruption s’étend dans les scripts, déforme les pixels en rythme et façonne un morceau puissant. Les questions fusent et une fièvre magnétique nous gagne lors de cette première plongée en apnée dans le monde fulgurant de fig.﹅. Excitation over 9000 !
Eartheater – Faith Consuming Hope
L’énigmatique Eartheater continue de sublimer son dernier album Phoenix: Flames Are Dew Upon My Skin en habillant le titre conclusif de l’opus d’un clip léché et poétique. Sous l’objectif du réalisateur britannique Elliott Power, la chanteuse américaine mêle l’imagerie sacrale du culte religieux et celle de la sensualité lascive et décomplexée. Un récit inspiré de son propre vécu, comme elle le confie : “Lorsque je travaillais dans un monastère, je me souviens avoir senti une pulsion puissante et coquine émerger en moi. J’ai suivi cette luxure, sans la craindre ni l’échouer ni la comprendre de travers.” Le résultat est une envoûtante et sombre épopée au cœur de deux mondes en contradiction, qui se partagent l’écran sur fond de mélodies folk expérimentales ensorcelantes et avant-gardistes. Autant se le dire : Eartheater sait comment subjuguer.
Mazy – You Got Me
Les derniers poulains de l’écurie Sweat It Out déboulent depuis les lointaines banlieues australiennes. Ils brandissent à bout de bras leur musique aussi chaude et nostalgique qu’une fin de soirée en été. Tame Impala n’est jamais très loin des nappes de reverb qui emplissent le morceau et les frères Gallagher leur jettent un coup d’œil de haut, Oasis oblige, à chaque slide de guitare. You Got Me semble sorti autant des zones industrielles et grisâtres anglaises que des école de surf de Bells Beach. Habile mélange d’influences, la dream pop entêtante du trio tourne en boucle dès la première écoute. I’m ready to fall so don’t try to stop me when you drop me. Perso, Mazy, on n’est pas prêt·es de les lâcher.
VAPA – Deep
Quelques mois après la sortie du clip d’Envol Captif, dont on vous avait parlé à l’époque, VAPA poursuit sa belle ascension électronique. Dans la lignée de ses précédentes vidéos à l’esthétique visuelle très affirmée, le jeune producteur a travaillé avec I Am Stramgram pour interroger la notion d’isolement, particulièrement présente dans nos sociétés contemporaines en ces temps troublés. Le résultat, c’est Deep, un titre contemplatif et planant que Perrine Drouillet s’est attachée à illustrer dans un clip animé qui met en perspective l’étonnant univers de VAPA, quelque part entre les étoiles et la terre ferme.
Greentea Peng – Kali V2
À 24 ans, Aria Wells a déjà su séduire la planète de son R&B infusé à la neo soul et au reggae, à la croisée des chemins entre l’héritage d’Amy Winehouse et l’univers d’Erykah Badu. Après Rising, un premier EP révélateur en 2019, écrin du mélodieux Mr. Sun (miss da sun), elle s’apprête à dégainer son premier album Man Made, annoncé pour le 4 juin prochain. Après en avoir dévoilé quatre extraits, Greentea Peng réitère avec ce Kali V2, dont le nom fait référence à Kali Ma déesse hindoue de la préservation, de la transformation et de la destruction. Un titre qui fait suite au Kali V1 sorti en décembre 2017. Le clip nous plonge dans la nuit urbaine teintée de lumières rouges alertes, et démontre toute la richesse de l’imagerie de Greentea Peng, véritable maîtresse de sa propre esthétique. Le disque comportera 18 morceaux et est annoncé par la chanteuse comme une “exploration de soi-même et des sons. Un cadeau et une thérapie, une provocation pour l’esprit humain.”
François Ier – Prélude
« Il n’est pas rare d’entendre un musicien, un écrivain ou n’importe quel créateur invoquer le terme “accouchement” pour signifier la difficulté dans laquelle sa création a été élaborée. Afin d’illustrer le Prélude de mon premier album, j’ai pris le parti de retranscrire cette comparaison au sens propre. » C’est avec près de 1200 dessins esquissés par ses soins au stylo BIC sur plusieurs années que François Ier a réalisé son premier clip, Prélude, qui célèbre la naissance de son nouveau projet. Un travail à la fois symbolique et très concret qu’on s’émerveille à regarder, saisi·es par la pureté des images et la beauté de la musique céleste qui les accompagne.
Woodini – Lloyd
Le projet suivant nous a frappé·es par son esthétique et ses références, qu’on ne se lasse pas de chercher et de découvrir au fil des visionnages. Lloyd, c’est la dernière sortie de Woodini, un artiste qu’on situerait quelque part entre Jamie XX et Bonobo. C’est aussi le nom du barman de l’hôtel Overlook dans Shinning, un film culte de Stanley Kubrick qui a donné son nom à ce nouveau clip. On y retrouve donc les corridors d’un hôtel, une ambiance rougeâtre évocatrice et des battements de cœur qui ne dépassent pas 70 battements par minute, pour une ambiance bien plus planante qu’angoissante. À découvrir sans tarder !
Twin Shadow – Alemania
George Lewis Jr. alias Twin Shadow fait sa réapparition deux ans après Caer son dernier album sorti en 2018. On se souvient de son excellent premier album intitulé Forget (2010), depuis l’artiste a parcouru du chemin et a visité les styles musicaux. Ici, on le retrouve sous un jour qu’on ne connaissait pas, ambiance 70’s au rendez-vous. Accompagné de sa guitare, Twin Shadow nous embarque pour un trip ponctué d’humour, le tout avec un fond vert comme simple décor. Vous ne pourrez pas vous empêcher de chanter Alemania à tue-tête et, on l’espère, vous déhancher dessus.
esperanza spalding – formwela 2 (feat. Ganavya Doraiswamy)
Préparez-vous pour votre instant méditation de la semaine. La contrebassiste Esperanza Spalding dévoilait cette semaine Triangle, un projet composé de trois élans méditatifs destinés à explorer le pouvoir guérisseur des sons. Après un éblouissant concept-album en 2019 intitulé 12 Little Spells, la compositrice américaine semble avoir trouvé son créneau dans ce registre thérapeutique et éthéré qui joue des sons pour alléger nos têtes, littéralement. Dans le cadre de la création de son dernier projet, c’est d’ailleurs d’expert·es en musicologie et neurosciences qu’elle s’est entourée pour monter le Songwrights Apothecary Lab, espace collectif de création “mi-atelier de compositeur et mi-pratique de recherche guidée”. Aux sonorités de Triangle s’ajoutent les images d’un court-métrage réalisé par Matthew Hayes avec la direction artistique de Rob Lewis. Un moment suspendu.
Les Louanges – Pigeons
Après nous avoir fait fondre le cœur sur ses deux premiers projets La nuit est une panthère et Expansion Pack, le québécois Vincent Roberge (de son vrai nom) ressort sa pop jazzé-groovy pour dévoiler son nouveau single Pigeons. Un titre sur lequel se retrouve la verve textuelle de ce “kid qui gueulait des choses en québécois” et qui décide ici d’emprunter un virage plus smooth et vaporeux, en posant sa voix claire et habitée sur une instru chaloupée aux accents latins de cha cha cha. Les lignes, emplies de second degré et de poésie, explorent le sentiment de retour – à la maison ou bien à soi. Une conversation avec lui-même que Roberge a imaginé dans un esprit Copolla, au milieu d’un hôtel vide, donnant naissance à un clip abouti, réalisé par la montréalaise Soleil Denault. On veut la suite, et vite s’il vous plait !
Sarahmée – Elle est partie (feat. Nissa Seych)
La fibre féministe et l’empowerment qui transcendent le nouveau morceau de Sarahmée vont vous faire frémir. L’artiste sénégalo-canadienne qui chamboule la scène rap québécoise continue de dévoiler les pépites de son troisième album prévu pour l’été prochain. Après l’engagé et poignant Le cœur a ses raisons dédié à la lutte antiraciste, Elle est partie s’adresse aux problématiques de sexisme qui gagnent du terrain aux quatre coins du globe. “Elle est partie est inspirée de différents types de femmes, d’histoires vécues et du reflet de notre société” confie l’artiste. Épaulée par la chanteuse seychelloise Nissa Seych, Sarahmée nous offre ici une hymne rap, pop et dancehall qui couple engagement sociétal et rythmes dansants. Avec JB Proulx à la réalisation et Alex Francœur à la chorégraphie, le clip élève davantage le niveau avec une enfilade de tableaux à couper le souffle.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.