Les clips de la semaine #144
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Auteur·ice : Rédaction
23/10/2021

Les clips de la semaine #144

| Photo : Laurens Saint-Gaudens

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours.


Mansfield.TYA – L’Acqua Fresca

Sur l’île de Maldoror, un bagne enferme des amantes séparées. Du silence s’élève alors le chant d’amour de deux prisonnières, une ronde de nuit qui fait se retrouver le temps d’un rêve, étreintes, les amoureuses.” Souvenez-vous, en mars dernier, l’album Monument Ordinaire de Mansfield.TYA venait à la fois nous glacer le sang et nous réchauffer le cœur. Un condensé éclectique de sentiments et de spontanéité face à la mort notamment, mais également face à l’amour, comme sur L’acque Fresca. Le morceau a désormais droit à un clip à l’imagerie léchée , qui rend hommage aux romances queers. Format carré, pellicule vieillie et couleurs saturées : la magie opère en quelques instants seulement.

 

Enfant Sauvage – Time To Fall

Une musique de cinéma. Ou un cinéma musical, au choix. Guillaume Alric, la moitié de The Blaze, s’offre un détour en solo avec le projet Petrichor. Deux premiers extraits sont déjà disponibles, et induisent aux mêmes émotions frissonnantes que sur Dancehalll’incroyable premier album du duo qu’il forme avec son cousin Jonathan AlricAvec Silent Love le mois passé, le producteur servait, en guise de note d’intention de ce nouveau projet, une facette plus solaire et lumineuse de sa musique. Avec Time To Fallil continue sur sa lancée pour offrir un hymne plein d’espoir et de vie, sur fond de nappes électroniques imparables. Chaque morceau s’accompagne (évidemment) d’un chef-d’œuvre visuel, qui rend hommage aux racines rurales de l’artiste. Le projet complet est attendu pour le 19 novembre prochain, et vous en aurez assurément plein les oreilles et les yeux.

 

Pi Ja Ma – Should I Call U Baby

Comme second extrait de son nouvel album, c’est un réel mini-film savamment bien réalisé que nous propose Pauline de Tarragon alias Pi Ja Ma. Réalisé par Sharon Hakim et produit par Partizan, le clip montre la chanteuse seule au comptoir d’un bar, attendant un rendez-vous qui ne viendra jamais. Des mots échangés avec le barman à moitié à la rigolade qui illustrent bien le coté loufoque et vrai assumé de la chanteuse. Mots échangés aussi avec des inconnus dont un venant lui demander son numéro. « En fait quand je te dis non, c’est genre non. » Sur ce rappel plus que nécessaire, le clip se déroule ensuite alors qu’elle quitte le bar et essaie de joindre la personne à qui elle pense tout en marchant en bord de route, affublée de son costard rose. Should I Call U Baby débute en guitare voix, en français, très minimaliste (« Mon amour, je suis perdue, je ne sais pas si tu m’aimes plus »). Puis les choeurs arrivent, la chanson se gonfle jusqu’à se transformer en mini-comédie musicale. Un clip qui mériterait d’être un épisode de cinquante minutes, tellement on aime les chansons de rupture lorsqu’elles sont si délicieusement réalisées.

 

Mauvais Sang – Décor

Pour les besoins du clip suivant, les membres du groupe Mauvais Sang ont quitté leurs pénates suisses, britanniques et françaises pour planter leur Décor dans un étonnant univers parallèle, dépeint par Antoine Vercellotti. On y vit une nuit épileptique, partagée entre fête et anxiété, au rythme saccadé de la voix élégante de Léo Simond et des gros riffs de guitare qui transpercent le morceau de part en part. Une aventure nocturne des plus excitantes qui trouvera son prolongement au printemps 2022, avec la sortie d’un premier album qu’on attend déjà avec impatience.

 

Crayon – Misplaced (ft. Tora & Gracy Hopkins)

La délicatesse de la semaine nous est offerte par Crayon. Tout récent arrivant au sein du génial label Erased Tapes, qui abrite notamment les merveilles de pointures telles qu’Ólafur Arnalds ou Nils Frahm,  le producteur et multi-instrumentiste parisien s’est associé à Jo Lowenthal, leader du groupe australien Tora, et Gracy Hopkins pour produire Misplaced, son premier titre dans sa nouvelle écurie. Le clip réalisé par Jameson Pepper met également en scène le danseur Léo Walk pour donner vie à cette transe poétique et mélancolique, qui trouve son décor dans un magnifique appartement haussmannien.

 

Ferielle – Grand écran

Repérée par la Souterraine, qui lui avait accordé une place sur sa compilation du début de l’année, Ferielle endosse cette fois le premier rôle sur Grand écran, son tout premier clip, réalisé par Pierre Sallet et Kilian Louison. La jeune artiste y dévoile un univers pastel en filant la métaphore cinématographique, dans une vidéo qui mêle shootings vintages et influences bien plus contemporaines. Une jolie manière de nous inviter à suivre une trajectoire qui s’annonce prometteuse !

 

Météo Mirage – Bloqué

Après nous avoir bercés tout le mois d’août avec un hymne à la chaleur d’été contagieuse sobrement nommé Je pense à toi, Météo Mirage est de retour cette semaine avec de quoi occuper nos oreilles pour l’automne tout entier. Bloqué est une petite pépite au goût mi-doux mi-amer, où l’écriture devient délivrance d’une condition imposée, et laisse s’échapper l’absurdité de ces derniers mois et la difficulté d’y faire face. Produit avec La Bête de Bagarre et clippé dans un mood vintage aux couleurs de coucher de soleil, ce nouveau titre semble bien décidé à tenir compagnie à nos tympans pour une nouvelle saison toute entière. Dévoilé cette semaine face à un Pop Up du Label moite et bondé qui aura su chalouper en rythme, il faudra guetter les prochaines dates du quintet qui présente sur scène une poignée de nouveaux morceaux toujours plus alléchants.

 

Alessio Peck – Tattile

Alessio Peck n’est pas de ceux que l’on peut ranger dans des cases. Tantôt joyeux chanteur de pop italienne vintage avec l’addictif Amore Bipolare l’été dernier, aujourd’hui tragique rockeur romantique avec Tattile, l’artiste brouille les pistes pour son plaisir et le nôtre avec. Nul besoin de parler italien pour ressentir l’épopée introspective que traverse ce morceau qui délaisse les guitares pour flirter avec l’électronique. Son clip en est d’ailleurs la parfaite incarnation, dans une échappée amoureusement enivrante. Accompagnant la sortie d’America, un EP de quatre titres aux saveurs d’avant, témoins des racines de sa culture musicale, Alessio Peck délivre avec Tattile la meilleure excuse pour filer découvrir le court format en entier et plonger dans un voyage qui rend un séduisant hommage aux six dernières décennies musicales.

 

GENER8ION, 070 Shake – Neo Surf

C’est un mystérieux objet qui a débarqué sur les Internets cette semaine. Pour notre plus grand plaisir. Le collectif GENER8TION est l’initiative du réalisateur Romain Gavras (Notre Jour Viendra, Le Monde est à toi) et du producteur français Surkin. Après un premier EP discret en 2016, c’est avec un nouveau concept que revient le duo cette année : dépeindre la désillusion d’une génération plongée dans l’ère dystopique et futuriste de 2034. En guise de tableau d’introduction, on retrouve cet incroyable Neo Surf, sur lequel s’invite la sensation 070 Shake. Un morceau d’une envergure folle, amorcé par un piano berçant et dynamisé par des fluctuations électroniques. Sur la valse synthétique de l’instru vient se poser le flow et le timbre imparables de la rappeuse, pour un rendu saisissant. Le clip de Gavras offre des tableaux à couper le souffle, divisés entre atmosphère post-apocalyptique et cybernétique digitalisée.

 

La Houle – La Mort Des Amants

Après l’enivrant Toi (Ce Moi), où le clip nous emmenait au cœur d’un Carnaval de Dunkerque empreint de mélancolie, on retrouve aujourd’hui La Houle au bord de la mer pour La Mort des Amants, deuxième extrait de son nouvel album La Chute, qui sortira le 3 décembre chez October Tone et Music From The Masses. Une nouvelle fois, les émotions sont à vif et se ressentent aussi bien dans l’interprétation que dans la mélodie shoegazy qui la porte. C’est beau, grave, parfois agressif mais surtout poétique ; un hommage au poème éponyme de Charles Baudelaire où la mort s’impose comme une solution salvatrice pour échapper au spleen…

 

Isaiah Rashad – THIB

Trois mois après la sortie de son dernier album The House Is Burning, Isaiah Rashad dévoile l’intrigant visuel de THIB, titre éponyme du projet. Réalisé par Heirs Entertainment & Psycho Films, il introduit le rappeur allongé dans son lit, griffonnant dans un carnet, quand tout d’un coup, la terre se met à trembler. Sa maison prend feu et explose dans la foulée. L’artiste américain se retrouve alors dans les airs, flottant au-dessus de son quartier, et devient le témoin des choses qui se trament dans sa rue la nuit. Un clip léché teinté d’absurdité mais excessivement envoûtant, tout comme le rap d’Isaiah Rashad, qu’il déverse sur une instrumentale signée TIGGI et Free P, rythmée par un beat saccadé qui s’accompagne d’une suave mélodie. 

Joy Crookes – Trouble

Joy Crookes s’arme du clip de Trouble, issu de son album Skin paru le 15 octobre dernier. Vêtue de cote de maille, l’artiste nous emmène dans un château rempli de chevaliers et aristocrates en tout genre. Cette chanson, elle l’a écrite pour un·e membre de sa famille avec qui elle avait toujours le même débat. “Your trouble’s the same as mine”, dit-elle, pour démontrer qu’iels sont tous deux du même côté et veulent la même chose. Bien que le thème soit plutôt sérieux, Joy Crookes amène son humour dans la vidéo et ajoute de la légèreté. On l’y voit notamment vaincre un homme à l’épée sous un rythme reggaeton. Que demander de plus finalement ?

Hope Tala – Tiptoeing

Encore un clip qui nous vient de Londres avec le retour visuel de Hope Tala. On retrouve les nuances bossa nova qu’on aime tant chez elle dans un R&B romancé. L’artiste semble aimer les vieux manoirs pour tourner ses vidéos puisqu’on la retrouve de nouveau dans cet environnement, du moins partiellement. Une image douce et analogique dans une ode visuelle aux femmes, c’est du Hope Tala tout craché et on ne s’en lasse pas. Sa voix nous transporte toujours autant, avec son souffle et son flow unique. Difficile de ne pas accrocher à la recette de l’artiste qui ne se révèle jamais redondante, nous donnant envie de danser sur l’amour chaque jour un peu plus.

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