| Photo : Trinity Ellis

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours.

Shygirl – Cleo

Shygirl revient encore plus grandiose et théâtrale que jamais. Elle nous avait déjà épatés avec son EP ALIAS, elle revient après une collaboration avec slowthai sur BDE avec Cleo, son deuxième single de 2021. La Londonienne enveloppe ce nouveau son d’une nouvelle manière avec des orchestrations de cordes cinématographiques qui ouvrent le morceau, avant que sa voix ne nous plonge ensuite vers des sonorités et des drops warehouse taillés pour la musique club auxquels elle nous a habitués. Shygirl nous sert un clip glamour où elle challenge à merveille son star potential. Le destin de la productrice rappeuse est en route, c’est indéniable.

A$AP Ferg – Green Juice (ft. Pharrell Williams & The Neptunes)

À peine signé sur Roc Nation, le label de Jay-Z, A$AP Ferg balance déjà un nouveau single, Green Juice. Et le rappeur de New-York ne fait pas les choses à moitié. Il s’offre la présence du mythique duo de producteurs The Neptunes, composé de Pharrell Williams et Chad Hugo. Sur une instrumentale sombre et futuriste, le membre d’A$AP Mob déverse un flow énervé imbibé d’egotrip et proclame sa supériorité dans le rap game : « I’m the king, I’m the ruler ». Le morceau s’accompagne d’un impressionnant visuel réalisé par le français Valentin Petit, où l’artiste est plongé dans un New-York apocalyptique digitalisé.

Yard Act – Land Of The Blind

Les trublions anglais de Yard Act continuent d’incendier le monde avec une élégance et une justesse hors-norme. Second morceau annoncé de leur premier album à paraître en janvier 2022, Land Of The Blind résonne autant de leur critique acerbe que de leur guitare acérée. L’écriture précise et caustique, le parlé-chanté juvénile et assuré de James Smith visent juste et ridiculisent en trois minutes notre fascination pour les projecteurs et les prestidigitateurs qui exploitent notre aveuglement. La guitare sèche joue des mélodies saturées et électriques, la folie s’empare du maître de cérémonie et personne n’ouvre les yeux à temps. Avec ce court pamphlet en noir et blanc qui ne nous demande rien d’autre que de nous réveiller, Yard Act continue de s’affirmer comme un groupe qui compte, un groupe qui monte et chose rare, comme un groupe qui ne veut pas s’élever seul mais avec nous.

EDGAR MAUER – Pensées sauvages

C’est avec une très douce sauvagerie qu’Edgar Mauer fait son apparition dans nos vies. Et c’est avec une exquise animalité que la chanteuse Maëve Couderc dévoile son univers en clair-obscur, emplie de poésie non-dite, plein de caresses cathartiques et débordant d’une tension violente et tendre. Avec justesse, sans fausse pudeur et sans exhibitionnisme forcé, loin des clichés, les corps se cherchent et se touchent, les âmes s’entrechoquent et les désirs se libèrent. Et pendant que la voix de cristal de Maëve Couderc étend son empire avec une grâce divine et sensuelle, les belles images de Dana Bardawil façonnent avec clarté et sincérité un monde céleste. Un monde qui s’efface petit à petit alors que nos propres pensées sauvages inondent nos sens.

Murman Tsuladze – They closed the roads (ჩაკეტეს გზები)

Les chiens fous de Murman Tsuladze reviennent pour un trip baroque en noir et blanc sur fond de sybaritisme assumé. A la recherche de la vie, ils oublient les lendemains qui chantent et attrapent le présent par le colback avant qu’il ne s’enfuit pour toujours. Dans une ambiance post-URSS, à la croisée entre la fête foraine et l’élevage d’autruches, la mélancolie transpire pourtant des strophes accusatrices jetées avec flegme au milieu des basses rebondissantes et des mélodies de saz. Perdue au milieu de son voyage et de ses revendications, la troupe insolente de Murman. Ni volte-face ni retour en arrière? Sans doute, mais qu’importe. Depuis le début ils savent, depuis le début ils l’ont accepté ; les ponts sont coupés et le jusqu’à la lie le calice sera bu.

Safia Nolin – Personne

De retour avec un EP SEUM tout juste sorti  ce vendredi 29 octobre et un clip pour le titre Personne, l’artiste originaire de Montréal nous enchante les oreilles un fois de plus. Réalisé par Safia elle-même,  le quatrième extrait de SEUM transpose la musicienne dans l’univers du célèbre jeu vidéo Les Sims, qu’elle affectionne depuis l’adolescence. Doux et brûlant, le morceau aborde des sonorités grunge que l’autrice-compositrice est allée chercher en repoussant ses limites grâce à une variété d’instruments et une pluralité de sons. À déguster au chaud durant ces prochains jours de pluie.

Yaeji & OHHYUK – 29

Celle qui s’est doucement mais sûrement hissée au rang de référence en matière de house low-key est de retour entourée de OHHYUK. Après nous avoir rendu addict à des bangers comme Raingurl ou One More, l’Américano-Coréenne s’était faite plus discrète en suite de la sortie de son dernier album WHAT WE DREW 우리가 그려왔. La productrice réapparaît avec un double single en collaboration avec OHHYUK, membre d’un boys band coréen indie nommé Hyukoh. « Lorsque je me sentais un peu coincée et stagnant avec la musique, Hyuk m’a aidé à retrouver les joies de la création, et c’était la première fois que je collaborais avec quelqu’un de manière aussi proche sur de la musique. » Avec 29 (et Year to Year), Yaeji offre une palette différente, sans doute due à l’imprégnation du travail de Hyuk. L’atmosphère est toujours reconnaissable, les morceaux toujours aussi addictifs mais ces deux nouveaux sons dévoilent une Yaeji capable de glisser vers des basses grunge plus froides avant d’aérer le morceau avec des « i gotta go » aux instrus plus tropicales. Did someone say genre bending ?

Révélé par La Grande Party, qui célèbre le lancement de sa deuxième édition jeudi prochain, Mů vient tout juste de prendre son envol avec la sortie d’un nouvel EP, UPON. Le jeune artiste poursuit ainsi l’incroyable épopée initiée il y a quelques mois maintenant avec son premier disque, ONCE. Cette semaine, Mů a révélé le clip d’Asiè Wunmien, qui continue de tisser la trame d’un univers inspiré de la fantasy et de la science-fiction en construisant patiemment les contours de son décor et de ses protagonistes. La vidéo réalisée par Lukas Sabaliauskas synchronise en effet l’image et le son pour faire des respirations du morceau les secousses nécessaires à la création de la vie sur cette nouvelle planète où tout reste à faire. Une création aussi novatrice qu’immersive, dans laquelle on se plaît à se perdre autant qu’à rêver.

Metronomy – It’s good to be back

Après un hiatus suite à leur emblématique Metronomy Forever de 2019, la joyeuse bande britannique revient déjà avec un nouvel album sous le bras prévu pour le 18 février 2022 et intitulé Small World. À l’écoute du premier extrait dévoilé cette semaine, intitulé It’s good to be back, le quintet n’a rien perdu de sa scolarité et ce septième album sera certainement placé sous le signe de la légèreté et l’allégresse. Et on ne dit pas non. En guise d’introduction à la nouvelle identité visuelle qui accompagnera ce nouveau chapitre, nous découvrons un voyage loufoque et coloré dans un univers factice, au cœur de décors foisonnants, qui rappelle vaguement le film Un jour sans fin. Une juste dose de good vibes qui assure avec brio le comeback d’un des collectifs les plus consistants de sa génération.

Ama Lou – Trust Nobody

S’il y en a bien une qui sait entretenir le teasing, c’est Ama Lou. Si on découvrait l’Américaine en 2018 sur sa sublime session COLORS, elle n’a toujours pas dévoilé de long-format à l’heure actuelle. Deux EPs ont cependant largement fait l’affaire en tant qu’amuses-bouches, laissant trainer au passage quelques pépites comme NORTHSIDE ou encore la triade DDD qui comptabilise plus de 10 millions de vues sur Youtube. Plus de doute : elle est fin prête pour la cour des grand·es. C’est en tout cas ce que laisse présager Trust Nobody, le premier single d’un potentiel album – pas encore annoncé. Sur une production envoûtante du génie Shlohmo et du visionnaire D33J, elle dégaine son flow implacable et habille le titre d’un clip en black/white à son image : sans chichi, authentique, épuré et d’une poésie naturelle. Envoie la suite Ama, please.

Rédaction

C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.