Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours.
FKA twigs (feat. The Weeknd) – Tears In The Club
Peut-on décerner à FKA Twigs sa place sur l’Olympe et on n’en parle plus ? Il y a quelque chose de tout bonnement divin à effectuer un numéro de pole dance dans un aquarium au milieu d’un laboratoire – pas le souvenir d’avoir vu Hercule en accomplir autant. Plus sexy, tu meurs étranglé par des bas résilles. Le dernier clip de l’artiste en featuring avec The Weeknd rivalise avec un épisode d’Euphoria pour le prix de la paillette-qui-bave-sur-la-face. La réalisation est signée Amber Grace Johnson, avec un artwork 3D par le talentueux SIM qui mérite une mention spéciale. Coproduit par nulle autre que la géniale Arca, en collaboration avec Cirkut et El Guincho, Tears in the Club fait suite à la sortie du single Measure of a Man en novembre dernier, pour un album qu’on espère annoncé prochainement ?
Béesau – Censure
Lors de notre rencontre avec Béesau fin octobre à l’occasion de la sortie de son album, on avait pris le temps de s’attarder sur Censure, un de nos coups de cœur du projet. Un morceau issu d’une session studio endiablée qui avait quelque peu dérapé. Évidemment, on ne s’en plaint pas quand on entend le résultat, un morceau instrumental extrêmement généreux et cathartique qui voit la finesse du jeu de Béesau flirter avec une production drill pour un résultat dont on ne peut que saluer l’efficacité. Pas étonnant du coup que ce dernier ait eu envie de remettre un coup de lumière sur le titre en l’accompagnant de ce clip, hommage au film Mo Better Blues de Spike Lee.
Band of Horses – In Need of Repair
Avec In Need of Repair, les Américains de Band of Horses nous donnent un avant-goût de leur sixième album studio Things Are Great dont la sortie est prévue pour le début de l’année prochaine. Après un premier titre Crutch sorti plus tôt en 2021, le groupe de Seattle revient avec un clip surréaliste où se succèdent des scènes aussi absurdes que drôles pour dénoncer la constante nécessité contemporaine de résoudre de manière systématique nos pseudo-problèmes. Images filmées à la pellicule Kodak, rayons de soleil orangés du Sud, ambiance légèrement kitch, mais élégante, leur nouveau visuel quasi cinématographique illustre parfaitement la nouvelle direction légère et ironique que prend Band of Horses. Musicalement, le groupe garde la couleur “teenager” presque encore garageband de leur voix (probable héritage de Seattle où le groupe s’est formé) tout en s’imprégnant des sonorités plus chaudes du Southern rock américain, le groupe étant désormais basé à Charleston. Rendez-vous le 04 mars 2022 pour la suite.
FLETCHER, Hayley Kiyoko – Cherry
Qui a dit qu’on ne pouvait pas sortir un clip “summer vibes” rempli de sensualité lesbienne en plein hiver ? En tout cas pas FLETCHER ni Hayley Kiyoko, et encore moins nous ! Après girls girls girls en octobre, FLETCHER assume pleinement son rôle de nouvelle icône pop queer, s’éloignant de son image de chanteuse américaine trop lisse et mainstream de ses débuts. Narration d’un désir naissant entre les protagonistes de la vidéo sur une ambiance de fond californienne et vintage (toute la panoplie VHS, Polaroids et téléphone à clapet), cette collaboration culinaire entre les deux artistes queer apparaît comme un hymne à la séduction et la Cherry sur le gâteau n’est que le passage à l’acte, l’action d’assouvir et d’assumer son désir. Après tout, pourquoi résister à la tentation quand elle est si fruitée ?
Boys Noize – Love & Validation (feat. Kelsey Lu)
Lorsque deux esthètes se rencontrent, ça fait forcément des merveilles. Le tandem qui lie le producteur berlinois Boys Noize et la chanteuse américaine Kelsey Lu est une machine à créativité. Après Ride or Die plus tôt dans l’année, sur lequel s’invitait également Chilly Gonzales, c’est Love & Validation qui vient cristalliser la collaboration des deux artistes. Un morceau qui se retrouve sur le remarquable cinquième album +/- (Polarity) du Berlinois et qui s’offrait cette semaine un visuel captivant. “La vidéo de Love & Validation nous a donné l’occasion de révéler différents types de désirs profonds de connexion humaine et de présence physique, notamment dans les expressions érotiques” confie Lu. Dans des tableaux mystérieux tournés en clair-obscur et réalisés par Diana Kunst (épaulée par Mau Morgó) des corps s’emmêlent dans la pénombre d’une forêt : “Le film est une invitation à céder à la séduction silencieuse de la flore et de l’érotisme.”
Diogo Strausz – Flight of Sagittarius
La jolie trouvaille de la semaine. Mais qui est donc ce Diogo Strausz ? Producteur de génie, future icône d’un groove impérissable qui traverse les générations, il délivrait l’hiver passé Emancipão, un EP aux saveurs de son Brésil d’origine et mâtiné des registres jazz et house qui l’influencent aujourd’hui. Cette semaine, c’est sous l’aile du label Goutte d’Or Records (filiale de Cracki Records) que s’élance Diogo dans une ère résolument plus funk et groovy, avec un premier single intitulé Flight of Sagitarrius qui se situerait entre le boogie old school de Marcos Valle et le jazz funk d’Azymuth. Signé Romane Pineill, le clip traduit bien cette effervescence chaloupante en nous plongeant dans un séduisant ballet des corps dansants, le tout enrobé d’une délicieuse narrative articulée autour des thèmes astrologiques. Et voilà ce qu’on appelle un joli cadeau de fin d’année.
Pop Pom Squad – Popular (feat. Matthew Caws)
On le sait : en musique comme ailleurs, tout est une copie d’une copie d’une copie d’une autre copie. Le quatuor d’indie rock/grunge new-yorkais Pom Pom Squad l’a bien compris, et a décidé de pousser l’art du sampling et de la cover un peu plus loin. Lorsque le band décide de reprendre le légendaire tube Popular qui avait propulsé le groupe Nada Surf en 1996, Mia Berrin (frontwoman du band) décide de convier sur le morceau Matthew Caws (membre tutélaire de Nada Surf) mais également d’aller tourner le clip dans le cadre qui avait accueilli le premier clip. Un remake qui se veut fidèle tout en s’inscrivant dans l’ère moderne, et l’occasion pour Pom Pom Squad de délivrer un joli coup de maître avec une satire des clichés teenager et un titre qui sent bon la guitare grasse des nineties et un phrasé-chanté délicieux qui rappelle les meilleurs groupes de l’indie rock actuel.
FINNEAS – Only A Lifetime
Le grand FINNEAS nous gratifie d’un clip pour la douce ballade Only A Lifetime. Très simplement, l’artiste arpente un aquarium dans un plan séquence au rendu aussi berceur que consolant. Il n’est point question de s’endormir devant tant de beauté sonore, celle-ci prenant toute la lumière. Elle avait été écrite comme un hommage à la famille de FINNEAS et il y dit d’ailleurs “I’m unprepared for my loved ones to be gone”. Il y fait aussi référence à son enfance et sa colère de l’époque, sur un fond de piano. Une production aux antipodes de ce qu’il produit avec sa sœur Billie, mais il lui insuffle une grâce à l’épreuve de tous les bobos. C’est le câlin du dimanche.
Metronomy – Red River Rock
C’est la période des chansons de Noël claquées, mais aussi des reprises alternatives, et ça on valide. Dans cet esprit, Metronomy nous a offert un cadeau pour rendre l’attente de leur nouvel album moins pesante. On y voit les musicien·nes et leur joli chapeau de Noël dans un stoïcisme hilarant. Le groupe n’a donc rien à envier à Johnny & The Hurricanes avec cette cover Red River Rock. Le synthé simplet, mais emblématique de l’originale, des gens blasés et hop on se lance dans 2 minutes de gêne. Et comme chez nous on adore ça, on dit OUI. De toute façon aimer les chants de Noël, c’est overrated. Vive Le Grinch.
IDLES – When The Lights Come On
La bande à Joe Talbot a sorti son dernier disque le 12 novembre dernier. Après un dernier album en demi-teinte, Crawler est venu rappeler pourquoi le groupe de Bristol est le leader en termes de post-punk ces dernières années. On retrouve dans celui-ci When The Lights Come On, un single bien sombre à la limite du nihilisme comme savent le faire les cinq gars d’Idles. Le clip est une déambulation monochromatique dans des rues britanniques, on y voit un type danser en leggings ainsi qu’un cycliste couvert de feux de bengale qui pourrait rejoindre Slipknot sans trop de problèmes. Le résultat est comme leur travail depuis longtemps : puissant.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.