Les clips de la semaine #34
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Auteur·ice : Océane Briand
04/08/2019

Les clips de la semaine #34

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Les clips de la semaine épisode 34, c’est maintenant.

Pond – The Boys Are Killing Me

Se servir de son art pour dénoncer les vices de la société actuelle. C’est ce que Pond a fait avec son dernier album Tasmania, un album engagé et porteur de quelques messages alarmants sur la santé de notre plus si belle planète. La planète. Cet élément de vie qu’on semble un peu trop négliger depuis des décennies et pour lequel le groupe semble tirer la sonnette d’alarme. Réveillez-vous ! C’est lors de leur passage au festival écolo We Love Green en juin dernier que les australiens en ont profité pour tourner le clip de The Boys Are Killing Me, un morceau langoureux et planant, manifeste d’une perfection ahurissante. Des visuels faits maison, tourné en format super 8 par Jay Watson avec une outro réalisée par l’illustre batteur de Tame Impala, Julien Barbagallo. Ces images qu’ils nous offrent nous donnent une petite idée de leur quotidien en tant qu’artistes vagabondant ici et là. On les retrouve à l’aéroport, à l’hôtel, dans leurs loges à siroter du champagne et surtout, en train de passer du bon temps entre copains. Un clip qui se concentre aussi principalement sur l’insoucieux frontman, Nick Allbrook, qui semble ne pas se prendre au sérieux et il a raison. La vie est plus belle ainsi.

Free Nationals, Mac Miller, Kali Uchis – Time

Le temps qui passe. Le temps, cette unité si précieuse mais qu’on ne peut pas saisir et arrêter comme on le voudrait. Concrètement, tout ce qu’on réussirait à obtenir ce serait de l’air entre les mains, du vide, du rien. Le temps n’est pas un détail dans l’existence d’un individu et il est important d’en extraire toute sa beauté et sa subtilité mais aussi de le laisser s’écouler comme bon lui semble. En juin dernier, sortait Time des fabuleux Free Nationals (associés à l’incroyable Anderson Paak) en featuring avec Kali Uchis et le défunt et très regretté rappeur Mac Miller. Au delà de l’instru groovy, cette animation colorée et empreinte d’une certaine mélancolie est signée BABEKÜHL et nous invite à planer dans ce qu’on appelle le flux de conscience. Un flux pas si anodin que ça et qui nous fait réaliser que tout a une fin même nos relations avec autrui. Des relations perdues auxquelles il faudra laisser au temps prendre le relais afin de panser d’éventuelles blessures. Cela peut paraître évident mais impossible d’aller à son encontre, on a tous déjà essayé et rien n’y fait. Alors laissons-le faire, sous peine de le regretter un jour ou l’autre.

Foals – Black Bull

Yannis Philippakis nous avait prévenu, la deuxième partie d’Everything Not Saved Will Be Lost sera bien plus énervée et heavy que la première. Et ce n’était pas une parole en l’air. On reconnaît que pour le coup, Foals n’a vraiment pas fait dans la demi mesure, la preuve avec leur nouveau single, Black Bull, qui semble ô joie être un très léger avant goût de ce qui nous attend en automne. On l’attendait ce rock bien dur comme on aime et nous voilà comblés rien qu’avec cette track que les anglophones pourraient qualifier de véritable banger. Il faut avouer que c’est ce qui nous manquait chez son prédécesseur, à tel point qu’on en était frustrés. Ici, force est de constater qu’il est temps de réagir et de ne plus laisser le futur partir en fumée. Il est encore temps de changer les choses, enfin on l’espère. Et rien de mieux que de personnifier cette volonté de contrer cette société aux airs dystopiques que par l’image d’un taureau, emblème d’une force et d’une invincibilité incontestables. Préparez-vous car cette seconde partie risque de vous prendre au dépourvu tant la rage est grande et sa patience arrivée à terme depuis bien trop longtemps.

The Marías – Clueless

Vous êtes amateurs de jazz ? Vous ne dîtes pas non à un peu de douceur et de volupté ? Et en plus vous êtes fana de percussions à vous caresser l’oreille d’une délicatesse inouïe ? Alors écoutez The Marías, le groupe tout droit venu de Los Angeles mais pour qui seulement deux EPs ont pu voir le jour depuis 2017 (pas de panique, on sait qu’un album est en pleine préparation). Alors que le groupe accompli une tournée estivale des plus grandes métropoles américaines, il en a profité pour créer un clip au nom de l’envoûtant Clueless. Ce qui était censé n’être qu’un récap de leur concert dans la Cité des Anges, s’est révélé être plus utile et illustre à merveille l’image qu’ils renvoient : une quiétude ambiante où la pop hypnotique et leur groove exquis nous transportent dans les ailleurs. Ah et au passage, écoutez leur reprise de Baby One More Time, de loin la meilleure cover de l’inépuisable Britney Spears. Sensualité garantie.

Angel Olsen – All Mirrors

En noir et blanc. Et non pas En Rouge Et Noir comme semblait le clamer haut et fort Jeanne Mas. Angel Olsen est donc de retour avec All Mirrors, premier single de son prochain album. Un titre résolument synthétique et où les cordes sont au centre de toutes les attentions. La voix de l’américaine y est comme criarde voire transformée mais ce n’est pas pour cela qu’elle en perd tout son charme et son intensité. Une intensité si forte qu’elle ne manquera pas d’être à l’origine de quelques uns de nos frissons. Côté clip, on reste dans la sobriété et l’obscurité la plus totale mais l’efficacité n’en est pas pour autant absente. Angel Olsen nous emporte avec elle dans un univers parallèle fantaisiste et rêveur où elle se retrouve face à tous ces miroirs, destinée à se confronter à sa propre image et celle que certains ont le malheur de lui renvoyer. Une image qui, nous le savons, change constamment. Bien qu’elle y garde un flegme pour le moins dérangeant et un caractère quelque peu taciturne, pas facile de saisir cette réalité déconcertante. On a déjà hâte de connaître la suite de ses péripéties et d’en savoir un peu plus sur cette nouvelle ère plutôt mystérieuse. Mais pour ça, il faudra attendre octobre.

Foster The People – Imagination

Lentement mais sûrement, Foster The People continue de jeter des petits cailloux jusqu’à son prochain album. Après Worst Nites et Style, la bande de Los Angeles est revenue récemment avec Imagination, deux ans après leur excellent Sacred Hearts Club.Titre plus lent et plus planant que les deux précédents singles dévoilés, véritable ode à l’imagination  et à l’envie de parfois s’échapper d’une réalité qu’on ne contrôle pas toujours, Imagination se pare aujourd’hui d’un clip à nouveau réalisé par Mark Foster. Le clip, où le leader du groupe nous ouvre littéralement la porte de son cœur, joue de cette dualité entre le noir et blanc et la couleur, entre la réalité parfois morne et les rêves qui nous habitent et montrent comment ces échappées permettent de ramener un peu de joie et de douceur dans un univers parfois brutal. Désormais, il n’y a plus qu’à espérer un retour du groupe dans nos contrées. On a hâte.

IDLES – MERCEDES MARXIST

Revoilà déjà IDLES ! Quinze jours après avoir fracassé la masculinité toxique, les anglais reviennent fracasser, avec Mercedes Marxist, la société actuelle avec leur rage habituelle, pointant du doigt dans un clip ravageur les défauts qui la gangrène. Ainsi la vidéo  suit un personnage qui utilise sa tête comme une percussion dans tous les instants de sa vie, du travail au pub en passant par son frigo et le centre commercial et ce jusqu’au KO. Comme à leur habitude; Mercedes Marxist est un shot de brutalité nécessaire, qui invite autant au défoulement qu’à la réflexion. Ce nouveau single, accompagné de sa face B au titre évocateur I Dream Guillotine, est une porte ouverte brûlante sur un nouvel album à venir. En attendant, les garçons sont nommés au Mercury Prize pour leur excellent Joy As An Act Of Resistance. Est ce qu’on espère les voir gagner ? Oui, mille fois oui !

Kirin J Callinan – You Weren’t In Love With Me

On a toujours tendance à se méfier des albums de reprise, surtout quand ils sont faits en France. Heureusement, certains artistes ont la distance et l’humour adéquats pour rendre ce genre de projet aussi excitant que drôle et réjouissant. C’est le cas de l’australien Kirin J Callinan. On sent toute la folie et le recul nécessaires dans sa reprise de You Weren’t In Love With Me de Billy Field et si on remarque dans son interprétation outrancière une certaine ironie, l’amour pour la chanson originale est véritablement palpable. Et cette relation amour/humour avec les années 80 se transpose dans le clip de Fabianne Gstöttenmayr. Tourné entre Los Angeles et Montréal où se trouve la cabine téléphonique préférée de Kirin (ça ne s’invente pas…), le clip joue de ses références, dans l’interprétation, les cadrages et les couleurs. Un résultant aussi hilarant qu’il est nostalgique. Surtout Kirin J Callinan se paie le luxe énorme de s’offrir l’icône Andie MacDowell en co-star de sa vidéo. Un immanquable de la semaine donc.

Haim – Summer Girl

ENFIN. C’est le premier mot qui nous vient à l’esprit quand on écoute avec une satisfaction non négligeable le nouveau single de Haim. Le trio originaire de Los Angeles est de retour, deux ans après la sortie de leur album Something To Tell You où figurent les non pas méconnus titres pop que sont Want You Back ou encore Little Of Your Love. Ne mentez pas, on parie que vous avez dansé sur ces titres avec une énergie folle au cours des étés passés. Co-produit par leur fidèle associé Ariel Rechtshaid mais aussi Rostam (Vampire Weekend), qu’on retrouve d’ailleurs à la prod du premier album de Clairo, leur titre Summer Girl est d’une réussite déconcertante. Aussi, les fans de Lou Reed l’auront remarqué, ce morceau est un véritable clin d’œil au fameux Walk On The Wild Side de l’artiste américain et son entêtant du-du-du-du. Quant au clip, on y retrouve le célèbre cinéaste Paul Thomas Anderson qui n’a pas manqué de faire part de son talent afin de donner vie à ce morceau revigorant et à la touche jazzy très efficace. On réclame déjà la suite.

Tom Rosenthal – Bicycle Lane

Six années passées, la Bicycle Lane de Tom Rosenthal trouve enfin cycliste à sa chaussée. L’Anglais, traditionnellement dictateur de nos glandes lacrymales, dépoussière son ukulélé le temps d’une promenade quelque peu singulière. Un périple trépident, émancipateur pour l’habitant du boîtier de feu, déguisant sous ses traits fantasques notre triste vérité. En 2013, B-Sides abritait déjà cette lettre ouverte ; innocente sur l’endroit, alarmante sur l’envers. Désormais figurée, elle résonne et percute avec génie, celui de Myles Wheeler, nos petites consciences de hippies. Une nouvelle fois, « It’s time to make the great escape », sourire aux lèvres… À bicycleeeeeetteuh !

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