Les clips de la semaine #53
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
22/12/2019

Les clips de la semaine #53

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Les clips de la semaine épisode 52, c’est maintenant !

Kali Uchis – Solita

Kali Uchis, folle du désert. Un an et demi après la sortie de son acclamé Isolation, queen is back plus sulfureuse que jamais dans un morceau aux saveurs hispaniques mesmérisantes. Avec ce Solita, l’Américano-colombienne semble avoir décidé mettre en images l’expression “mieux vaut être seule que mal accompagnée. Ode brûlante au célibat, la chanteuse décrivait ce premier extrait de son projet à venir comme une vibe “triste mais chaude. Quelque chose de très sexy et nostalgique à la fois.” C’est sous l’oeil avisé d’Amber Grace Johnson que Uchis s’est dirigée pour personnifier cette confiance en soi débordante, cet esprit féministe exaltant. La réalisatrice, présente derrière les visuels promotionnels de la marque Savage x Fenty de Rihanna ou encore du clip sensuel Be Honest de Jorja Smith, nous prouve une fois encore sa capacité à mettre en lumière le corps d’une femme, sa beauté et ses forces. En dompteuse de serpent ou en strip-teaseuse vengeresse, le girl power n’a jamais été aussi bien porté que par la sulfureuse Kali.

De La Romance – Magnificat

De La Romance, c’est le projet électro de Vincent Girault, producteur multi-instrumentaliste qui associe l’organique de ses instruments et la complexité de la musique électronique à un timbre de voix céleste aux aigus frissonnants. Le résultat est un ensemble vaporeux de mélodies poétiques et sensuelles à retrouver sur un premier album au titre plus que pertinent : Dreamers. Un couple englué dans une “techno-relation”, des figures absorbées par leur smartphone, un danseur contorsionniste symbole d’un mal-être, voilà ce que donne à voir le visuel de Magnificat, présent sur l’album. Reflexion alarmiste ou interpellation poétique sur l’ère de la Modernité et son culte de la connectivité, de quoi nous faire réfléchir à notre rapport au monde et à l’humain. Réalisé par Etienne Larragueta pour Sanning Films, un bijou de subtilité et d’harmonie.

Tawsen – Safe Salina

C’est belge, c’est beau, c’est Tawsen et ça va faire du bruit. Nouveau venu de la scène urbaine bruxelloise, l’artiste puise dans ses origines et ses influences pour bâtir un univers aux chaleurs orientales et à l’élégance méditerranéenne. Al Mawja, son premier album paru le mois dernier, est une arabesque de poésie, de sentiments et de mélodies entêtantes. Après avoir dévoilé sa face gangster début du mois passé sur son titre Baby Mama, c’est ici son côté fleur bleue qui scintille sur Safe Salina. Bleu Nuit, le studio belge en vogue qui nous avait déjà foutu les poils sur le somptueux du rappeur Swing, nous plonge ici dans la troublante quiétude de Cuba pour dépeindre les tempêtes d’une séparation.“C’est terminé, le titre narre les douleurs d’une rupture, celles qui font mal à la poitrine. Mélangeant des refrains en arabe, des lignes en italien et des couplets rappés en français, Tawsen mélange ici les différentes cultures qui l’ont bercé et rend un vibrant hommage à ses racines.

Bombay Bicycle Club – Racing Stripes

Il y a quelques mois, on apprenait avec une joie non dissimulée le retour d’un des groupes rock britanniques les plus mythiques de la décennie. Dévoilant deux des bijoux qui composeront leur prochain album Everything Else Has Gone Wrong, prévu pour janvier prochain, les quatre musiciens ont lâché cette semaine le troisième chapitre de cette nouvelle aventure. Un titre qui marque un tournant pour le band qui s’éloigne ici des notes cuivrées et des percussions qui enrobent habituellement leurs compositions. Plus onirique que le reste de leur discographie, le minimaliste Racing Stripes “est la première chanson qu’on ait écrite sur laquelle vous pourriez brandir un briquet dans les airs tout en la chantant” confie Jamie MacColl, guitariste du quatuor. Pour cette nouvelle composition, Bombay Bicycle Club s’agrandit le temps d’une balade pour accueillir le timbre voilé de l’autrice-compositrice-interprète anglaise Billie Marten qui élève d’autant plus la douce intensité du morceau. Tourné au coeur de la beauté virginale des îles polaires du Lofoten en Norvège, le visuel s’appuie sur la pureté enneigée de ces paysages pour nous couvrir de sérénité.

James Blake – I’ll Come Too

James Blake nous avait promis un nouveau clip cette semaine et revient avec celui de I’ll Come Too. Avec des images offertes par la chaîne BBC Natural History, il nous emmène dans un clip vidéo qui dénote, où l’on est immergés dans le monde de Happy Feet, suivant Lovelace version réelle dans sa vie en pleine nature. Un titre que certains qualifieront d’ode au sacrifice amoureux, d’autres ne parleront pas de sacrifice mais simplement de mouvement naturel, comme le dit James lui-même “lorsque l’on tombe amoureux, les considérations pratiques tombent quelque peu à l’eau, vous voulez juste aller là où est l’être aimé”. Par les extraits de BBC, Matt Meech traduit d’une façon originale la symbolique du titre au moyen d’images retraçant une histoire amoureuse entre un pingouin et un albatros. C’est d’une poésie sans nom.

Clara Luciani – Emmanuelle (Live)

La magie derrière la caméra. Clara Luciani remonte le temps dans une version live de son morceau Emmanuelle, présent sur la Super-Édition de son joyau Sainte-Victoire. Plongé dans l’extravagance des années 30, le récit d’Emmanuelle nous ramène à nos romances les plus intenses. C’est entre les murs de la majestueuse Villa Cavrois que les équipes de La Blogothèque se sont amusées à recréer l’esprit des années folles pour tourner ce plan séquence audacieux dans lequel l’élégance sans équivoque de Luciani évolue au fil des ambiances. En parfaite narratrice, Clara se faufile entre les pièces et les invités pour nous chanter l’histoire racontée autour d’elle, dans un souci du détail captivant. Synchronisés à l’évolution rythmique du morceau, les plans s’accélèrent et nous amènent du calme plat de la bâtisse vide à l’effervescence d’une fête pailletée. Encore un pari réussi pour la chanteuse qui ne cesse d’étendre l’univers vibrant de son album dans des cadres toujours plus remarquables.

Lana Del Rey – Norman F***ing Rockwell

Le plus beau cadeau de noël, le voilà. Avant de boucler 2020 comme il se doit, Del Rey grace une dernière fois cette année qu’elle a déjà tant gâté par l’un des plus beaux albums de la décennie : Norman Fucking Rockwell!. “La poésie qui est en moi est chaude comme une arme à feu” chante l’artiste. Faisant suite à la fibre vintage irrésistible des visuels de Fuck It I Love YouThe Greatest et Doin’ TimeLana partage un court-métrage de plus de 14 minutes sublimant un medley de trois morceaux coup de coeur de l’album. Sur le premier, Norman Fucking Rockwell, on retrouve la diva dans un cadre intimiste, derrière son piano où allongée dans son hamac, regard caméra pour mieux prendre possession de nos esprits tourmentés par tant d’élégance et de classe. Le second chapitre du clip est habité par la délicatesse de Bartender, balade sentimentale aux refrains enchanteurs. Dans celui ci, Lana s’amuse à faire les 400 coups entourée de ses amies et, comme à chaque fois qu’on voit la chanteuse sourire, notre coeur s’emballe forcément.  C’est finalement sur le somptueux Hapiness is a butterfly que se cloture le visuel avec des séquences qui respirent la sororité et l’allégresse. Le tout est sublimé par un format 8mm qui se marie à l’univers de l’album, partagé entre la pop culture actuelle et l’esthétisme vintage des années 70. Monté par Del Rey elle-même et tourné par sa propre soeur sous le pseudonyme Chuck Grant, le clip est une production familiale qui réunit tant des images au magnifique grain rétro que des artifices délirants juxtaposés aux séquences. Entre vols de soucoupes volantes et caméo de Bambi, les métaphores fusent et la poésie de Lana nous touche en plein coeur.

Hamza – God Bless (feat. Damso)

Le Sauce God troque sa coupe peroxydée contre un bonnet de Noël pour nous offrir la surprise de cette fin d’année : Santa Sauce 2. Suite de la mixtape Santa Sauce partagée trois ans plus tôt, cet album fait surtout écho aux rythmes tant appréciés de son album Paradise sorti cette année sur lequel figuraient Aya NakamuraChristine & The QueensSCH ou encore Oxmo Puccino. À la table des invités cette semaine, on retrouve trois figures de proue de la scène rap francophone du moment : Koba La DGambi et le mastodonte belge Damso. Ce dernier est présent sur le morceau God Bless qui annonçait cette semaine la sortie impromptue de cet album avec un clip totalement barré réalisé avec soin et humour. Une collaboration qui fait suite à Slow sur lequel l’alchimie entre les deux rappeurs du plat pays réalisait déjà l’exploit. “L’album le plus attendu de l’année ne sortira pas cette année” Cette apparition exclusive de Damso lui donne aussi l’occasion de s’exprimer à travers son flow imparable sur la sortie tant attendue de son projet QALF qu’il ne sortira finalement pas ce mois ci, notamment au vu de l’état de santé de sa maman qu’il aborde ici “Mes pupilles ont vu trop de morts et la daronne dans le coma. Donc j’vais rien sortir cette année, le temps que la daronne marche, sorte de l’hosto, goddamn, God bless”. Critique subtile des grands requins de nos sociétés, le clip se dresse comme une chasse à l’homme riche nocturne où les deux artistes s’adonnent à une traque aux banquiers des plus virevoltantes. God bless la scène rap belge.

Jacques – Hoohoohoo Hahaha

“Dans ce nouveau clip, je dépeins l’urgence mondiale de notre siècle comme un problème finalement idiot que je peux instantanément arrêter de nourrir, mais seulement après avoir surmonté mes obstacles personnels: la gravité, l’illégitimité et la vanité. Arrêter de dépenser mon énergie pour alimenter un débat sans fin sur la situation mondiale, et utiliser ce silence pour me concentrer sur les changements personnels qui amélioreront la qualité de ma présence sur terre. J’ai 28 ans aujourd’hui et mes résolutions d’anniversaire commencent maintenant en publiant cette vidéo”. Voilà le message engagé qui marque le retour du producteur le plus déjanté de France. Jacques revient dans un hymne cacophonique qu’il accompagne de collages abstraits et loufoques en réaction à la situation tout aussi surréelle de nos sociétés. Jacques Arthus-Bertrand est dans la place.

Les Amants – Le Tour Du Monde

Si c’est le hasard et la magie des algorithmes des Internets qui nous ont amené à tomber sur Les Amants, c’est nos coeurs qui nous y ont fait rester. À l’image de l’oeuvre de Magritte, le groupe cultive un certain mysticisme brumeux qui aura su attirer notre attention. Après leur EP Saint-Ambroise en avril 2018, duquel on retiendra la caresse Trouville, les parisiens reviennent dévoiler leurs atouts sur Le Tour du Monde. Funk épurée, touches d’électro et notes de basse généreuses se mélangent pour tonifier une dualité captivante entre les textes mielleux d’un des chanteurs et l’éloquence virulente d’un deuxième. Si le morceau nous séduit, le clip nous conquit. Dans un délicieux format carré, l’espoir diurne et la morosité nocturne s’affrontent dans des séquences hautement esthétiques. Une photographie bluffante qui nourrit déjà notre impatience de découvrir le reste de l’univers tant visuel que sonore que Les Amants nous réservent.

 

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