Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et l’épisode 57 fait particulièrement plaisir, marqué par plusieurs retours tant attendus !
Sébastien Tellier – A Ballet
Démarrons cette sélection par le retour le plus excitant de l’année. Un des personnages à la fois les plus méprisés et admirés (d’un côté, la condescendance de la bande à Ruquier ou des votants de l’Eurovision et de l’autre, la fascination d’une bonne partie de la presse spécialisée), au moins Sébastien Tellier ne laisse personne indifférent. Après avoir découvert la politique en 2004 avec Politics, l’amour en 2008 sur Sexuality ou la religion en 2012 via My God Is Blue, il semblerait que le protégé de Guy-Manuel de Homem-Christo se soit cette-fois ci attaché à une vie de famille. Le clip nous présente le dandy rétréci, évoluant au fur et à mesure des scènes qui jalonnent une vie à plusieurs. Rassurez-vous, rien n’est jamais normal dans la vie de l’artiste, et ces moments banals sont sublimés par des couleurs impeccables, du vocoder, du saxophone et plus globalement une esthétique implacable. 2020 commence à peine, mais le retour de celui qui décrit sa musique comme “la pop du futur” est déjà une bien belle nouvelle !
Austra – Risk It
Plongez dans l’obscurité de la nuit et des troubles sentimentaux de Katie Austra Stelmanis dans ce nouveau clip déchirant. Sur fond de notes électro et de “I wouldn’t risk it” aigus et redondants, le band canadien nous chante les responsabilités d’une rupture sentimentale. Parfois, c’est compliqué aussi pour celle qui part et c’est ce que le somptueux visuel signé Jasmin Mozzafari vient nous montrer. La rouquine, leadeuse du collectif, s’y présente comme la personnification presque angélique de la faucheuse. Pas celle de la mort, mais celle de la fin. La fin d’une relation, la fin d’une passion et surtout le début d’une nouvelle. Une histoire de sentiments perdus et la naissance de nouveaux, le tout sublimé par une cohésion visuelle : un rouge éclatant pour les scènes de flirt et une atmosphère maussade et sombre pour les scènes de déchirement. Austra, thérapeute de couple à ses heures perdues, visionnaire musicale à temps plein.
Cyma – Where All The Sheep Go
Même lorsque l’actualité musicale se fait dense, le rendez-vous des meilleurs clips de la semaine est aussi l’occasion de vous faire découvrir les nouveaux artistes qui nous ont tapé dans l’oeil. Et cette fois, c’est Cyma qui est à l’honneur avec son dernier clip, Where All The Sheep Go. Laissez-nous tout d’abord faire les présentations : Cyma, c’est un artiste aux facettes et aux talents multiples, aussi à l’aise avec les instruments que devant et derrière la caméra. Après un premier EP au potentiel chill incontestable, l’oiseau présente cette fois-ci un extrait de son deuxième disque, à paraître prochainement. Au programme, une mélodie qui rappelle agréablement les maîtres du feel good lo-fi, de Mac DeMarco à Fantastic Mister Zguy, une bonne dose d’humour, et un chouette clip, qu’on vous laisse découvrir ci-dessous.
Buvette – Last Dance
Certains projets ne finissent jamais de nous émerveiller, et Buvette en fait définitivement partie. Dans son nouveau clip, Cédric Streuli (son nom à la ville) explore les turpitudes de la vie d’un musicien qui a perdu l’envie de jouer, et voit inexorablement arriver son dernier concert. Une aventure touchante et sincère, entre mélancolie et amour véritable, tournée au Mexique et produite par Apollo Noir. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le Suisse vient de sortir 4EVER, son quatrième album, qu’il défendra à la Maroquinerie le 14 avril prochain.
Gorillaz – Momentary Bliss ft. slowthai & Slaves (Episode One)
Retour vers le futur. Cette semaine, Gorillaz vient de redébarquer dans nos vies en se réinventant, encore une fois. Sans avoir pris la peine de prévenir aussi, avec fracas et sans qu’on ne les attende de si tôt, il faut bien le dire. On a même été jusqu’à penser qu’ils ne reviendraient plus. Car au lendemain des sorties consécutives de Humanz et The Now Now, et des tournées gargantuesques qui allaient avec, on s’était sérieusement inquiété d’avoir eu droit à un chant du cygne. Deux albums en 2 ans, après 7 ans d’absence, ça sentait tragiquement le dernier sursaut de vie avant le silence éternel. Damon Albarn doit bien se marrer, à nous entendre. Parce qu’il nous encore bien eu. Et parce qu’à 51 ans, le lascar a encore un paquet de trucs à raconter. En se réinventant, toujours. Cette fois-ci, terminé le format classique d’un album. Son nouveau jouet: Song Machine, annoncé de manière énigmatique il y a quelques jours par un jingle de télé-achat. Une série collaborative de musique, de vidéos, d’interviews et de making-of, distillés au compte-gouttes sur les réseaux. Dans un communiqué, Russel, le batteur virtuel du groupe, s’explique: “Gorillaz brise le moule car le moule a vieilli. Le monde bouge plus vite qu’une particule surchargée, donc on doit rester au taquet”. Dans ce premier épisode, Momentary Bliss, Damon & co ont invité trois jeunes gars marrants mais un brin énervés: le rappeur slowthai et le duo punk Slaves. Toute cette bande de joyeux drilles s’est retrouvée au home studio londonien du gourou Damon. On les découvre en pleine création du morceau, noyés dans un bordel d’instruments, de câbles et de gens. Des gens aussi bien réels que virtuels. Les membres virtuels de Gorillaz faits de dessins et de couleurs se mêlent ici aux humains faits de chair et de sang. La jam est agrémentée d’une multitude de petites trouvailles animées par Jamie Hewlett, le cerveau graphique du groupe. Ça se regarde dix fois, en devinant à chaque fois une nouvelle pépite. Côté son, Momentary Bliss démarre comme une balade à la guitare vaporeuse façon King Krule. Ça dévie ensuite vers un déclamation incisive forte en accent de slowthai, sur fond de beat afro gratiné des guitares crasses de Slaves. Une montée sur un ska survitaminé, pour arriver enfin dans un refrain en forme de gros pogo jouissif. L’espace d’une seconde, on est de retour sur le premier album éponyme du groupe, sorti en 2001. Direct, foutraque, sacrément inventif. Russel conclut, en clin d’œil à l’époque de paix et d’amour dans laquelle nous vivons: “Song Machine se nourrit de l’inconnu, fonctionne dans le plus pur chaos. Donc quoi qu’il arrive, on est prêts à produire comme s’il n’y avait pas de lendemain. Vous savez, juste au cas où…”
Tame Impala – Lost In Yesterday
On continue notre tour des comebacks qui rendent tout chose ? On ne présente plus Kevin Parker, aka Tame Impala, qui se prépare (enfin) à sortir son quatrième album. Un album qui semble prendre une direction plus pop que les précédents, et dont voici donc le premier clip Lost In Yesterday. Comme d’habitude avec ce projet, c’est visuellement proche de la perfection. On assiste à un mariage en plan-séquence, une scène qui se répète au fur et à mesure des décennies. Des 60s aux 90s, le mariage semble s’améliorer au fil du temps, comme pour donner écho à la phrase “eventually terrible memories turn into great ones“. On constate avec plaisir que quel que soit le genre musical, les sons de l’australien le plus prisé du moment gardent toujours ce côté onirique qui oscille entre nostalgie, joie et mélancolie.
LAAKE – Run
Lorsque la curiosité presse, qu’une réponse est espérée, que la tourmente tiraille et affole le squelette entier, courir il faudra. Ce 31 janvier, LAAKE livrait Run, préludant O sa future longue pièce annoncée au printemps. Avant, la vie semblait douce. Les flots et la roche tranquilles. Avant, le vieillard au visage crasseux n’était possiblement que fantôme. Seulement, cordes, cuivres et machines symphoniques ont heurté les remous, le ciel argenté et les steppes armoricaines. Emporté, électrisé, dominé, comme menacé par les sables mouvants, l’homme ne touche plus sol s’il ne se noie. L’oeil craint le dénouement, l’oreille n’en souhaite pas. Nous ne savons plus qui de la matière sonore ou visuelle nous renverse tant. Les deux, n’est-ce pas ?
Nicolas Godin – Catch Yourself Falling ft Alexis Taylor
Si les noms de Nicolas Godin ou d’Alexis Taylor ne vous évoquent pas grand-chose, ceux de Air et de Hot Chip vous seront probablement plus familiers. Les deux transfuges respectifs présentent donc en images Catch Yourself Falling, extrait du nouvel album de Godin Concrete and Glass. Un album où le pionnier de la french touch s’offre une collection de feats impressionnant, puisqu’outre Alexis Taylor, on y retrouve Cola Boyy, Kirin J. Callinan, Kate NV et Kadhja Bonnet. Sur le clip de cette semaine, on est particulièrement soufflés par la capacité du producteur à sublimer l’énergie et la sensualité qui ont fait le succès d’Hot Chip en y conférant l’onirisme ouaté qui constitue sa patte depuis les premiers succès de Air. On vous conseille grandement d’écouter ce nouvel album d’une traite, un voyage au travers des styles et au-delà des sens.
Kate Tempest – Unholy Elixir
En juin dernier, Kate Tempest sortait The Book of Traps and Lessons, un album épuré et intimiste. Parmi les temps forts de l’album, on peut notamment retrouver le très beau Holy Elixir, qui s’est récemment vu offrir un petit frère. C’est donc avec plaisir que nous avons pu découvrir Unholy Elixir, un morceau puissant et sombre qui vient compléter son prédécesseur avec brio !
Côté clip, on ne peut pas dire que ça respire la joie de vivre. Dire que Kate Tempest a des idées noires est plus qu’un euphémisme. Cela dit, rarement celles-ci ont été illustrées avec autant de maestro que sous le coup de crayon de l’illustratrice Natalya Lobanova, à qui incomba la lourde tâche de retranscrire en image le bouillonnement de pensées qui s’échappent de la tête de notre poétesse préférée.
Liam Gallagher – Once
Prenez la personne avec le plus gros égo de la britpop. Prenez également la personne avec le plus gros égo du football. Si le parallèle entre Liam Gallagher et Eric Cantona semblait évident (penchant commun pour l’alcool, les coups et les polémiques en tout genre), on n’y aurait pas cru si on nous avait dit que le second serait la star du nouveau clip du premier. Encore moins que Liam Gallagher, qui se définit lui-même comme “the last fucking rock’n’roll star“, accepterait de jouer les domestiques pour la légende d’un club de foot qu’il hait viscéralement. Cela donne un plan séquence tout en second degré où le roi Cantona se déplace dans un manoir en peignoir, verre de vin à la main, avant d’enfiler sa cape et sa couronne pour une virée en Rolls-Royce. So british.
Isha – Magma
D’ici quelques jours, Isha nous ouvrira une fois encore les portes de son esprit pour nous présenter LVA3, la conclusion de sa trilogie d’albums initiée en 2017. Et pour bien faire monter la température (lol), quoi de mieux qu’un énorme morceau accompagné de son énorme clip ! Avec Magma, le Patron des OG bruxellois nous démontre encore une fois qu’il est l’une des plus belles plumes du rap francophone actuel, et il en profite pour nous embarquer avec lui dans ses errances nocturnes, pour le meilleur et pour le pire. Une chose est sûre, ceux qui seront prêts à faire un bout de route avec Isha ne seront pas déçus du voyage !
Mokado – Mona
Alors que son EP Ghosts vient de sortir, plongeons dans l’univers de Mokado avec le clip de Mona. Des images en noir et blanc pour une ambiance en clair-obscur qui retranscrit totalement l’esthétique du projet. Les danses ethniques des protagonistes délivrent une certaine poésie, une grâce qui épouse une track à la frontière du puissant et du mélancolique. Un tout qui fait voyager, surtout, que ce soit par les percussions tribales ou les synthés nimbés de réverb. Clairement un projet à suivre de très près !
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.