Les clips de la semaine #59
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Auteur·ice : Rédaction
16/02/2020

Les clips de la semaine #59

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Les clips de la semaine épisode 59, c’est maintenant !



Fantastic Mister Zguy – Nothing Else To Say

L’éternel candide attaque cette décennie comme il a terminé la dernière, par une boulimie musicale. Après trois disques en 2019, Fantastic Mister Zguy est déjà de retour avec Heart Condition, un nouvel album enregistré à la maison et avec ses bros, comme à son habitude. De retour aussi avec un clip tout doux dessiné par Julien Arnal, pour un duo avec une chanteuse (Laetitia ou Alice, on ne sait pas trop) qui navigue entre mélancolie et entrain pour mieux traiter des questionnements amoureux au XXIème siècle. Comme toujours chez Fantastic Mister Zguy, on retrouve dans cette chanson de la ballade acoustique, un accent français très prononcé, des arrangements délicieusement lo-fi et beaucoup de love. Mention spéciale pour la phrase “you want to play a game, and I just want to lose“. Nothing Else To Say, si ce n’est que le zouave présentera son nouvel album au Pop-Up du Label le 29 février, où vous nous trouverez au premier rang !

Sudan Archives – Limitless

C’est le retour en images de Brittney Parks, l’Angeline violoniste et chanteuse expérimentale qui nous revient dans un visuel sombre et puissant qui sublime en musique la dualité artistique et personnelle de l’artiste. La réalisatrice Femke Huurdeman explique que le clip est en réalité un véritable reflet de Sudan en tant que “reine vampire pleine d’assurance, qui démontre son côté sobre tout en chantant à propos d’émotions et de sentiments de vulnérabilité”. Elle rajoute que l’œuvre exprime à quel point, en tant que personne, on peut vite se sentir divisé·e entre des sentiments contradictoires. Le tout n’est pas de choisir l’un ou l’autre sentiment, mais plutôt d’accepter le fait qu’on soit tous·tes composé·es de plusieurs couches. Une fois qu’on accepte cela, on accepte toutes les complexités de la nature humaine.” Issu de son remarquable dernier album Athena, le morceau se paie un visuel de circonstance dans lequel Parks troque son violon contre une bonne dose de boss attitude.

Marian Hill – was it not

Alors qu’ils·elles annoncent un EP pour mars et leur nouvelle tournée, le duo électro Marian Hill dévoile un nouveau titre et un clip pour was it not. Le binôme exquis entre la vocaliste Samantha Gongol et le producteur Jeremy Lloyd nous avait déjà épaté·es lors de leurs précédentes sorties, notamment avec leur dernier album Unusual sorti en 2018, leur titre Down (issu de leur premier album ACT ONE) et son clip à l’ascenseur fou ou encore avec le remix de Bellyache de Billie Eilish. Les deux acolytes nous avaient habitué·es à une électro perfectionniste et léchée, faisant son effet au plus profond de l’oreille. Ils continuent sur leur lancée avec was it not, annonciateur d’une troisième ère après leurs deux premiers albums. Un titre qui puise dans leurs influences originellement jazz et qui sonne comme une ambiance de club sombre et enfumé. Le morceau illustre l’entre-deux étrange et émotionnel entre une relation amoureuse passée et l’instant présent. Le duo est maître pour transformer les émotions en sonorités. Ce titre, appuyé par la vidéo, respire à merveille l’inconfort procuré par la confusion et l’incompréhension.

Philippe Katerine – Duo (feat. Angèle & Chilly Gonzales)

“Comme un sculpteur qui se retrouve avec une dalle à marbre, le sculpteur enlève tout ce qui n’est pas la statue. C’est ça, mon pattern.” Voici les lignes qui ouvrent votre dose de wtf de la semaine, le tout représenté à l’image par notre chanteuse à frange préférée qui sculpte littéralement un Philippe Katerine déjanté (pour ne pas changer) dans du marbre blanc. Si ce morceau – que l’on trouve sur la dernière merveille Confessions de l’auteur-compositeur français à l’inspiration sans bornes – nous avait déjà beaucoup plu à l’audio, le visuel rend l’ensemble encore plus délicieux. Un duo qui n’en est pas vraiment un car en plus de la chanteuse belge, nous retrouvons l’hispanisme légendaire de Chilly Gonzales qui vient sublimer l’œuvre par des spoken words tout aussi barrés. Le trio devient finalement quintette si l’on considère les visionnaires Manon Milou et Vincent Castant (aka Ouai j’vois ouai) à qui l’on accorde tout de même le mérite d’avoir monté une course sur dos de dauphins entre une icône de la pop francophone et un monument de la chanson française. Que demande le peuple ?

Blanche – Empire

La coqueluche belge de l’Eurovision est de retour. Protégée de l’écurie PIAS, son album est attendu depuis un bon moment déjà – on en venait même à se demander s’il allait voir le jour. Blanche nous surprend – enfin – avec un nouveau titre Empire et un clip vidéo assorti. Empire, titre de ce dernier single, sera également le titre de son prochain album dont elle a annoncé la sortie dans la foulée le 24 avril prochain. Bien vite oubliée l’image “Eurovision”, le travail de Blanche, tant artistiquement que visuellement, a toujours été détaillé et esthétique. S’entourant d’une équipe qui l’emmenait déjà de l’autre coté de la Manche pour le clip de Moment, l’univers de Blanche ne cesse de pouvoir éclore et démontrer toute sa potentialité. Empire ne fait pas défaut à la règle, après le clip déjà très léché de Wrong Turn qui donnait l’impression d’un New Rules indie et belge. Véritable corps de travail, le clip (signé Valéry Joseph et dirigé par Ludovic Beun qui a travaillé avec Alice on the Roof et Oscar and the Wolf) mélange des tableaux rendant hommage à Gertrude Abercrombie et des postures stylisées de la chanteuse. Les mêmes ingrédients que sur les derniers titres sont présents : une voix mi-grave mi-rauque propre à elle, une production moderne, sombre et électro. On a hâte de pouvoir décortiquer l’album, qui on l’espère, tiendra toutes ses promesses.

King Princess – Ohio

Le retour de la dure à queer. La bipolarité musicale de Mikaela Mullaney Straus (de son vrai nom) est ici extrapolée et mise en images dans un jeu de contraste alléchant entre une King Princess langoureuse et séductrice et une autre King Princess déjantée et rock’n’roll. La première partie vient donc dévoiler la jeune femme maquillée comme un camion volé et parée de ses plus belles boucles extravagantes pour combler une foule gorgée de testostérone. Format carré, noir et blanc élégant, la section colle parfaitement à l’univers de la première moitié du morceau plus calme et lounge. Vient alors le fracassant coup de guitare électrique qui scinde drastiquement l’œuvre et ouvre un nouveau chapitre beaucoup plus frontal et purement rock. On passe alors à des images d’archives de concerts baignés dans un brin de folie et une monstruosité scénique fascinante. Un contraste tant visuel que sonore qui fonctionne complètement et met en lumière toute l’authentique créativité de celle qu’on surnomme déjà la nouvelle Gaga. 

Grimes – Delete Forever

Surprise et émotions : voilà la sauce à laquelle la visionnaire artiste canadienne a décidé de nous manger cette semaine. Surprise d’abord, car Grimes qui s’attaque à un guitare-voix, on dit “what the fuck ?” mais on dit surtout oui, mille fois oui. Un choix artistique qui se justifie par le fond du morceau : le deuil. Celui de son proche ami Lil Peep en 2017, emporté par une overdose. Émotions, en plein. “Ce son est à propos de la perte de ses amis dans des crises d’opioïdes et dans la perte d’intégrité qui se construit lorsque le processus de deuil copie les attitudes qui ont pris la vie de cet·te ami·e” confie-t-elle. La mise en scène est simple mais porteuse de métaphores et de poésie : en véritable tyran, Claire Boucher (de son vrai nom) expose ses lamentations alors que son empire explose autour d’elle, le tout dans un cadre galactique aux airs de sci-fi qui colle à la peau de l’excentrique Grimes.

Arlo Parks – Eugene

Du haut de ses dix-neuf ans, Arlo Parks possède déjà une justesse désarmante pour évoquer l’amour. L’amour ambigu, presque inavouable, celui qui compliquerait tout. Eugene “explore l’agonie, la jalousie et la confusion qui apparaissent lorsque les frontières entre l’amour platonique et romantique s’estompent”. Sur une ballade soul rêveuse, la londonienne chante ce moment où elle se rend compte qu’elle est en train de tomber amoureuse (ou qu’elle l’a toujours été) de sa best friend forever, alors que la tête et le cœur de celle-ci sont occupés par son boyfriend. Ce chaos de sentiments prend tout son sens dans ce clip d’une douceur touchante. La première réalisation des frères Coyle-Larner, aka Loyle Carner et son bro Ryan, nous prouve (si c’était encore nécessaire) que le talent du rappeur comportait plus d’une facette. Un plan fixe de quatre minutes où la beauté simple des images dit tout. Bien que les mots d’Arlo Parks décrivent un triste désarroi, les images des Coyle-Larner prennent joliment parti et nous rappellent que Loyle a un cœur de beurre (no spoiler). Les histoires d’amour ne finissent pas toujours si mal.

Sunset Rollercoaster – My Jinji

Sunset Rollercoaster落日飛車, ou le groupe taïwanais le plus groovy de l’espace, sortait ce jeudi 13 février un clip pour My Jinji. Une nouvelle des plus surprenantes puisque le single était sorti en 2016 et reste à ce jour la chanson la plus connue de leur discographie. Les cinq musiciens nous ont toujours habitué·es à des sons aux influences rock et funk années 80 un peu galactiques sur les bords. Mais avec ce clip, le groupe nous emmène sur les traces d’un visuel à la Mac DeMarco, perché au dessus de l’eau, mais sur une planète tout à fait autre. Un extraterrestre oui. Une princesse intergalactique, une créature volante et des visuels tous plus déjantés les uns que les autres rendent la vidéo captivante et presque psychédélique. Les Sunset Rollercoaster nous racontent l’histoire d’un amour perdu et de sa recherche à travers toutes les contrées de la Terre, et bien au-delà.

Moon Wave – Song For Nick

Pour célébrer sa naissance, Moon Wave a vu les choses en grand. Projet protéiforme récemment fondé à Berlin par le producteur franco-allemand Franz Matthews, Moon Wave est une entité aux contours variables, accueillant tour à tour différents protagonistes, musiciens, producteurs et artistes graphiques, toujours au service de la musique. Cette semaine, elle s’est associée aux légendes allemandes de Puppetmastaz pour dévoiler Song For Nick, le deuxième extrait de son futur EP, Carved in Sand, prévu pour le mois d’avril prochain. On est tombé·es sous le charme de cet étrange voyage psychédélique, de sa basse sensuelle, de ses drôles de voix et de son clip qui retrace la vie de Nick, un personnage mi-humain mi-marionnette, perdu dans un monde pour le moins étonnant, pour un clip aux influences Gondry-esque qui figure parmi nos coups de cœur de la semaine.

The Strokes – At The Door

The Strokes est de retour après sept ans d’absence et n’a pas lésiné sur les moyens pour cette annonce. Un clip réalisé par Mike Burakoff, qui avait déjà collaboré avec MGMT. Cette fois-ci, il s’aventure dans le monde du dessin animé rempli de vaisseaux et de créatures en tout genre. Au milieu de la galaxie, un petit garçon. “My thoughts – such a mess. Like a little boy. What you running for?” L’histoire est tellement bien ficelée qu’on aimerait qu’il soit transformé en long métrage. Un clip magistral pour une chanson qui dépeint du grand Julian Casablancas finalement – et fait écho à son projet The Voidz par la même occasion. At The Door est un cadeau inespéré pour les fans puisqu’il annonce l’album The New Abnormal qui sortira le 4 avril prochain.

 

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