Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois (petit e-péro entre potes hier soir ?) et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Les clips de la semaine épisode 66, c’est maintenant !
Moses Sumney – Cut Me
Moses Sumney c’est une voix déroutante, un univers captivant et une esthétique minutieusement pensée. Trois qualités qui s’appliquent largement à ce nouveau visuel s’inspirant du renouveau artistique que constitue son nouvel album græ. Un nouvel opus qui se décline en plusieurs parties, dont la première nous dévoilait Cut Me. Le morceau est dédié à la reine Aretha Franklin, comme le confie l’Américain qui a tenté de livrer sa “propre version d’un son purement soul avec quelques artifices futuristes”. Si l’atmosphère de son précédent projet Aromanticism puisait dans l’élégance et la sobriété de noir et blancs somptueux, c’est ici une explosion symbiotique de couleurs qui est exploitée. Le clip est “une satire du système médical actuel et la corrélation qu’il entretient avec le taux de mortalité de la communauté noire” explique Sumney. Chaque tableau est empreint d’une photographie hautement léchée et les métaphores qui s’en dégagent appuient davantage toute la poésie du morceau.
Jerry Paper – Puppeteer
De retour d’une longue tournée mondiale, l’américain Jerry Paper, de son vrai nom Lucas Nathan, a rangé sa robe moutarde, ses chaussettes et ses sandales pour se rendre à nouveau en studio et ainsi mettre en boite et sur papier les mots et les sons qui viendront donner vie à son deuxième manifeste musical : Abracadabra. Pour ce second album, Lucas Nathan prendra la place du conteur d’histoire. Une histoire à mi chemin entre imaginaire et réalité, dotée de ses personnages loufoques. Puppeteer est l’un d’entre eux, le mystérieux marionnettiste qui semble contrôler et nourrir notre esprit, dont on veut se détacher pour pouvoir s’évader. Un deuxième single jazzy, imagé par une lyrics vidéo à l’apparence d’un clip d’animation tout droit sorti de paint ! De quoi nous tenir en haleine avant que l’alien Jerry Paper ne lance son sort le 15 mai prochain !
Diana Gordon – Rollin
Devenue célèbre sous le nom Wynter Gordon pour sa brillante collaboration sur le Lemonade de Beyoncé, l’artiste new-yorkaise opère un retour aux sources en musique sous son vrai nom, Diana Gordon. Avec son nouvel EP Wasted Youth, la chanteuse nous fait donc part de son spectre musical sans bornes, s’amusant à mêler les genres pour les faire briller d’avantage. C’est d’ailleurs le cas de ce Rollin, perdu quelque part entre une trap acide et un grunge intemporel. Le tout sublimé par la voix imparable de Gordon qui nous enchantait il y a peu sur le puissant Kerosene! de Yves Tumor. Laissez l’ambiance nocturne et les effets 8mm du visuel vous ramener au coeur des années 90 suivre l’escapade mi-femme fatale mi-thug de la visionnaire esthétique. Le morceau s’offre aussi une version acoustique qu’on vous conseille vivement, vous nous remercierez plus tard.
Powfu – death bed (coffee for your head) (feat. beabadoobee)
Ah, la viralité ! Un mot à prendre avec des pincettes au vu du contexte, mais qui résume assez bien le phénomène Powfu. Si l’artiste canadien a pu compter sur une fanbase plutôt solide depuis le succès de son Pocket Change sur Soundcloud en 2017, il y a fort à parier que 2020 soit l’année du rappeur lo-fi. Succès planétaire sur TikTok, son fameux morceau death bed (coffee for your head) a su transformer une sombre mélancolie semi-mortuaire en un tube léger et hautement addictif. Un titre porté par le flow organique du jeune artiste mais aussi par la voix éthérée de la Philippine-britannique beabadoobee (prononcez beabadoobee) qui insuffle un frissonnant esprit d’allégresse sur les refrains. La pépite se voyait cette semaine décorée de tableaux délicats en format carré, retraçant une histoire d’amour mignonne comme tout. Brace yourselves les célibataires, on est ensemble.
Ricky Hollywood – Single (feat. Juliette Armanet)
Ricky Hollywood est, comme nous tous·tes depuis trois semaines, en gueule de bois. Un café et un regard par la fenêtre pour sortir d’un sommeil douloureux. Alors que le décor est un peu sombre, l’extérieur donne à rêver en cette période de confinement. Le chanteur nous donne donc rendez-vous dans les grands espaces verts du sud de la France où les notes de musique résonnent comme le chant des cigales en été. Seulement, même dans ces conditions, la solitude reste un fardeau. Et ce fardeau, Ricky le chante dans sa villa. À travers ce titre, c’est une quête d’amour et de succès qu’il poursuit. Alors qu’il nous vapote ses promesses, Juliette Armanet chuchote sans cesse ce mot à la fois cool et ringard « single » et danse à la manière de nos parents dans la télé. Pourtant bien présente sur ce titre, difficile de savoir si elle finira par rencontrer notre chanteur en sortie de bain. Peut-être se croiseront-ils mais sans jamais réussir à se voir. Alors, pour patienter jusqu’à la sortie de son prochain album Le sens du sens, faites-vous un masque au concombre et servez vous un verre de vin, ça sort dans cinq jours.
Orville Peck – Summertime
Mais qui se cache derrière le masque devenu célèbre de ce bon vieux Orville Peck ? Figure de proue de la country queer, son excentricité continue d’impressionner après un premier album Pony qui avait fait du Canadien la nouvelle coqueluche de la pop culture. Nouvellement signé chez Columbia, les grands contrats n’ont visiblement pas causé du tort à la créativité débordante de l’artiste qui s’est chargé d’écrire et de produire seul ce nouveau morceau. Summertime ouvre ainsi la voie au reste de l’art que le chapeauté a à nous partager. De sa voix basse et suave, le cowboy nous captive alors sur une balade à l’eau-de-rose qui concilie la musique country et la pop-rock mainstream. Derrière la caméra, on retrouve l’expertise de Drew Kirsch, à l’oeuvre pour les plus grand·es (Taylor Swift, Wallows, Jeremy Zucker) qui capture l’épopée florale de Peck dans des plans à couper le souffle entre flore et poésie.
BBCC – How the fuck did she survive the nuclear holocaust ?
« Ok, on ne choisit pas sa famille. Mais ses influences, oui », les strasbourgeois semblent avoir choisi les rythmes syncopés du krautrock et du rock expérimental. De BBCC à Amor Blitz en passant par T/O ou encore IPPON, la liste est longue. BangBangCockCock (BBCC) nous emportent à nouveau avec eux pour une virée dans leur univers psyché. How the fuck did she survive the nuclear holocaust ? conte l’étrange histoire d’Eleanor, rare survivante de la guerre nucléaire, imagée par un clip tout aussi décalé, tourné à la pellicule 16mm. On y reconnait là bien la patte artistique de Laura Sifi qui a déjà réalisé certains clips de T/O comme celui de Godzilla, freak show similaire. Les jeunes de BBCC ont d’ailleurs laissé la direction artistique de leur nouvel album à Théo Cloux (T/O), dont on identifie également la signature dans la production de cette nouvelle track. Altered states of consciousness sortira via le label October Tone, le 12 juin prochain.
Rei – What Do You Want?
Le rock japonais, ça vous parle ? Laissez nous vous présenter Rei, celle qui proclame avoir “vendu son âme au diable”. Et au vu de l’embrasement de ses rythmes rock, on ne peut que la croire. L’attitude, l’énergie, le charisme : cette jeune guitariste de 27 ans a déjà les bonnes cordes à son arc et est visiblement prête à nous toucher en plein coeur. La fièvre de ses riffs épousent alors une certaine vibe country et quelques notes timides de nappes électro ci et là. Le mélange est explosif et le partage entre langue japonaise et anglaise résulte en un franc succès. Le clip peut compter sur un noir et blanc minimaliste pour mettre en lumière toute la prestance visuelle de l’artiste qui s’en donne à coeur joie dans une chorégraphie fiévreuse et galvanisante. La bonne dose d’énergie qu’il nous fallait en ce dimanche ensoleillé enfermé·es à la maison. “I wanna be a superstar when a die”, force est de constater que les plans de Guita Rei ont pris de l’avance.
Glass Museum – Clothing
La sortie de leur album Reykjavik étant repoussée au 24 avril, le duo belge nous a offert un petit cadeau pour compenser l’attente avec le clip de Clothing réalisé par le talentueux Simon Médard. Grace à eux, on redécouvre la beauté de la verdure et la beauté de la nature qui nous manque tant. Lumières naturelles qui nous émerveillent, séquences exotiques au coeur du Vietnam, effusion de faune et de flore pleines de vie. Des éléments qui nous rappellent, tout comme leur musique, la simplicité de la beauté quotidienne qui est sous nos yeux et que l’on ne prend pas toujours le temps d’apprécier. Au milieu de ce superbe clip vient l’illumination, le feu, puis apparaissent des lumières plastiques, presque folkloriques, qui tourbillonnent et se mélangent au décor citadin. En tout cas, c’est sur qu’avec ces belles images et cette musique si singulière, on ait l’envie de s’évader.
Marie-Gold – La seule règle
“La seule règle d’or, c’est qu’il n’y a pas de règle.” La bonne découverte de la semaine. Marie-Gold est une jeune montréalaise de 27 ans à l’ambition sans limite. Elle partageait récemment son premier album Règle d’or qui semble représenter un bon candidat pour manifeste du rap québécois féminin. “Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de modèles de rappeuses qui me parlaient. Mais je trouvais ça motivant parce que je me disais que je pouvais être ce modèle-là” confiait-elle au Journal de Montréal. Mêlant son joual généreux et un bilinguisme percutant, elle parvient avec La seule règle à marier harmonieusement une instru nébuleuse et un flow saccadé. Puisant dans les codes urbains du rap, elle se met en scène dans un décor industrialisé pour donner à cette ambiance nocturne la bonne dose de chaleur hip-hop. Tabarnak.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.