Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois (petit e-péro entre potes hier soir ?) et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Les clips de la semaine épisode 68, c’est maintenant !
RIMON – Out Of My Way
C’est le retour de la nouvelle figure du RnB en provenance d’Amsterdam. Née en Érythrée avant d’être bercée par la culture néerlandaise des Pays-Bas, RIMON avait déjà fait sensation avec son tube Dust interprété pour les studios COLORS mais aussi par son esthétique pointue et alléchante. Que ce soit à travers son style vestimentaire dans l’air du temps ou ses clips visuellement léchés, c’est par la magie de l’image que la jeune artiste fait briller sa musique singulière, croisement entre la soul de Lauryn Hill et celle de Jorja Smith. Son nouveau Out Of My Way le prouve, chanson d’amour langoureuse sur les beats moelleux de son fidèle acolyte Samuel Kareem. Le clip est signé Bleu Nuit, le visionnaire studio bruxellois qui revient apposer sa patte vintage si remarquable sur ce visuel par un savant mélange entre urbain et raffiné.
CHROMATICS – TEACHER
Voilà un album qui aura fait couler beaucoup d’encre. Après la sortie surprise de l’excellent Closer To Grey, le quatuor américain tease son prochain disque Dear Tommy. Un opus qui aurait dû être partagé en 2014, mais dont la sortie a été avortée par l’expérience de mort imminente qu’a subi Johnny Jewel, producteur du groupe, et qui le poussera à détruire toutes les copies physiques du projet. Mais voilà, près d’une décennie après sa production initiale, le disque s’offre une réédition et le groupe annonce cette semaine via une tracklist que la sortie du fameux disque est toujours prévue, tout en partageant la pochette identique à celle prévue pour 2014. Un plot twist délicieux qui prend la forme d’un morceau énigmatique et délicat, aux accents subtils d’électro sur lesquels la voix de Ruth Radelet se fond finement. La vidéo est signée Jewel qui joue de split screens et d’ultra-saturation pour nous immiscer dans un rêve inquiétant et fascinant à la fois.
Dinos – Arob@se
Dinos est imprévisible et nous le prouve encore une fois avec la sortie d’un nouvel EP Taciturne – Les inachevés, quelques semaines seulement après la sortie de son album. Avec Taciturne, le rappeur de la Courneuve avait réussi son pari en livrant l’un des albums les plus réussis de l’année 2019. Ce nouvel EP contient dix sons enregistrés pour l’album, mais qui ne s’incorporaient pas bien dans le projet. Dinos a préféré les laisser de côté pour nous les livrer en pièces détachées. Dans son nouveau clip Arob@se, réalisé par Matthias Delabarre, on retrouve un homme tiraillé entre relation amoureuse et le simple désir sexuel. Il se confie, cœur sur la main, en avouant qu’il n’est sûrement pas une personne facile à aimer. De nombreux tableaux, extrêmement bien réalisés, nous plongent dans l’univers sombre et mélancolique du rappeur. Un clip à la hauteur du morceau !
Dana Gavanski – Good Instead of Bad
Dana vous veut du bien. La Canadienne d’origine serbe vient de publier son premier album, Yesterday Is Gone, recueil de petits bijoux folk et pop. Good Instead of Bad est sans doute la plus jolie douceur du disque. Toute en arrangements a priori simples mais délicats, elle vous fait l’effet magique d’une caresse. Telle celle du soleil de l’île croate où a été tourné ce clip. Entourée de sa mère et de sa baka, sa grand-mère, Dana Gavanski rejoue les scènes de son enfance autour de la table de la cuisine familiale. De cette relation avec les deux femmes, elle a “appris l’art de la patience et du lâcher prise”, sentiments illustrés à merveille par cette vidéo. Comme un vieux film de vacances fait de vignettes délicieusement fanées, tantôt contemplatives, tantôt oniriques. De sa voix suspendue, entre une Angel Olsen et une Aldous Harding, Dana nous chante la complexité des émotions. Mais sa musique nous dit de ne pas nous inquiéter. Tout ira bien.
Louxor et Malvina Meinier – Sous les toits…
Le petit bonbon kitsch de la semaine nous vient de la douce alliance entre Louxor et Malvina Meinier. Avec Sous les toits…, le duo chante la langueur des corps qui se frôlent pour mieux exploser l’un contre l’autre, les vapeurs d’alcool qui occupent l’espace d’un appartement aux vitres embuées et les promesses excitantes susurrées au creux de l’oreille. Filmé à la manière d’un film amateur à la saveur délicieusement rétro et réalisé par le génial Théo Leroyer, le clip est un huis clos érotique et dramatique, entretenu par la montée langoureuse des nappes de synthé jusqu’à son dénouement, jouissif, euphorique.
Poppy Moukoukenoff – 92i Veyron
La Grande Party, on vous en a déjà parlé : il s’agit de ce tout récent dispositif de repérage et d’accompagnement qui permet à de nouvelles pépites du Grand Paris de briller sur scène. En attendant le retour des concerts, La Grande Party a lancé Cover Party, une série de reprises d’artistes issus de la métropole. Cette semaine, Poppy Moukoukenoff a été la première à se lancer en reprenant 92i Veyron de Booba. Avec toute la délicatesse et la sensualité qui lui appartiennent, la jeune artiste revisite cet immense classique jusque dans ses paroles, qui reflètent la réalité du moment. Côté clip, elle s’est entourée de Zenzel pour un clip en forme d’ode vibrante à la liberté et à l’évasion, qui retranscrit à merveille son univers à la fois inspiré par la poésie et la photographie. Prometteur !
The Streets & Tame Impala – Call My Phone Thinking I’m Doing Nothing Better
Neuf ans qu’on attendait ce moment. The Streets, porté par son leader charismatique Mike Skinner, s’apprête (enfin) à sortir un nouveau disque, ce qui n’était pas arrivé depuis 2011. Skinner a décidé de s’entourer de la fine fleur de l’avant-garde britannique pour cette mixtape, mais aussi de grosses pointures comme Idles et, dans le cas présent, Tame Impala. “Si vous me connaissez, vous savez très bien que j’adore The Streets. C’est donc un grand honneur et un rêve devenu réalité” écrivait d’ailleurs récemment Kevin Parker sur son Instagram. Un clip nous transportant de l’Australie aux banlieues londoniennes, faisant office de teaser cinq étoiles d’un nouveau projet clairement placé sous le signe d’une rupture douloureuse. Mais toutefois garanti 100% respectueux des distances sociales.
Joji – Gimme Love
Joji annonce son album Nectar pour le 10 juillet prochain avec un troisième single Gimme Love. C’est avec ce morceau qu’il continue à nous raconter son histoire d’amour spatiale. Sanctuary rassemblait déjà les codes de Star Trek, dans un clip satirique complètement déjanté qui rappelle sa casquette précédente de Pink Guy. Run nous éblouissait de guitares saturées, ajoutant de la profondeur à son périple. C’est bien l’amour et l’espace qui réunissent les trois singles, prouvant l’intelligence de Joji à créer un univers autour de chaque album. Gimme Love renforce cette idée avec des plans façon The Office dans lesquels on le voit endosser plusieurs métiers sur un fond électro produit par ses propres soins et cet entraînant “Gimme Gimme Love, Gimme Gimme Love, Gimme Gimme Love when I’m gone”. Là où Joji montre son génie encore une fois, c’est quand il s’enfuit dans une fusée à la moitié de la chanson. Un moment suspendu qui change du tout au tout, troquant production pour du picking et des chœurs surmontés de la voix angélique de notre comique au cœur brisé. Encore une fois, il arrive à nous faire rire et pleurer là où on ne l’attend pas.
Kelly Rowland – COFFEE
Voilà de quoi rendre votre quarantaine tout sauf déprimante. Par la métaphore du café matinal, la sulfureuse Kelly Rowland livre une ode RnB évocatrice à l’amour de soi et la sexualité décomplexée. Dans un décor paradisiaque balancé entre l’or sableux et le translucide aquatique, c’est une dizaine de nuances de fierté noire qui parade dans de somptueux tableaux qui crient sororité et identité. “To me, ‘Coffee’ is about embracing your individuality, sexuality, or imperfections. […] Not comparing yourself to others. I want to remind women all over to reignite their magic!” Un esprit féministe efficace et des sonorités langoureuses qui ne laissent pas insensible. Une chose est sûre : vous ne verrez plus votre café au lait du matin de la même manière.
Platon Karataev – Wide Eyes
Le quatuor hongrois qui enflamme la scène folk-rock indé européenne à chaque nouveau morceau dévoile un titre dont le clip et les paroles résonnent particulièrement avec notre état d’esprit en ces temps étonnants. Sur fond d’une banlieue pavillonnaire, en noir et blanc, déserte et intemporelle, les questions intimes et existentielles qui tourmentent le groupe deviennent universelles mais restent sans réponse. Nos émotions et nos réflexions suivent les errances du personnage et sont bringuebalées par le timbre intense et profond du chanteur. Les images contemplatives sont submergées par des mélodies dont la ferveur s’accentue et se révolte contre l’apathie insidieuse qui guette. Platon Karataev n’empêchera peut-être pas notre naufrage, mais celui-ci sera sans aucun doute grandiose.
STRUCTURES – Sorry, I Know It’s Late But…
Une sélection particulière pour une semaine particulière ! Les garçons de STRUCTURES ont marqué leur grand retour avec la sortie d’un nouveau single Sorry, I Know It’s Late But …, extrait d’un premier album How Does It Feel ?, annoncé pour septembre 2020 chez Deaf Rock ! Une sortie qui permettra de fêter par la même occasion le premier anniversaire d’un EP initial, Long Life, qui a marqué les esprits et la scène cold wave française. Avec ce nouveau titre, le groupe affirme une fois de plus sa signature « Rough Wave » : une vague à la fois brute et mélancolique. A l’allure d’un message vocal de répondeur, ce titre s’accompagne d’un clip nous laissant entrer dans l’univers de ces rockeurs déjantés. Une première prise de parole qui annonce la couleur pour la suite qu’on a hâte de découvrir !
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.
