Les clips de la semaine #70
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Auteur·ice : Rédaction
03/05/2020

Les clips de la semaine #70

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois (petit e-péro entre potes hier soir ?) et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et quelle semaine ! Pour célébrer la 70ème de nos clips de la semaine, ce ne sont pas 10 mais bien 16 clips qu’on a l’honneur de vous présenter ce dimanche. Les clips de la semaine épisode 70, c’est maintenant !



Gaétan Nonchalant – Gagner Son Pain

À La Vague Parallèle, on a pour habitude de mettre des artistes émergent·es en pleine lumière. Si on se concentre sur les contenus artistiques, on en oublie parfois que l’on ne peut pas forcément vivre de son art à chaque instant. Cette nécessité de jongler entre labeur et créativité, c’est précisément le sujet de Gagner Son Pain, le dernier clip de Gaétan Nonchalant réalisé par Victor Halfen et Martin Schrepel. On y croise un Gaétan ouvrier le jour et crooner la nuit, dans un enchevêtrement de scènes sous forme d’ode à cette scène indépendante parisienne qui se donne corps et âme pour la musique en enchaînant les jobs alimentaires. “Faut bien gagner son pain“, en effet. Une réalité qui a frappé le chanteur alors qu’il arrosait ses plans de tomates, pour une ballade simplement touchante composée à la guitare classique, assis dans l’herbe humide. Si cette anecdote vous intrigue, stay tuned, Gaétan Nonchalant nous a raconté les 1001 histoires derrière son nouvel EP Tout ça pour ça, à retrouver dans une interview en toute sincérité et bienveillance la semaine prochaine.

 

Yelle – Je t’aime encore

Sobriété, élégance, efficacité. Voilà les trois maître mots qui accompagnent le retour inattendu (mais plaisant) de la chanteuse française Yelle. Six ans après son Complètement fouc’est en septembre qu’elle reviendra pour partager un nouvel album qui risque bien de faire trembler la planète pop francophone. Pour marquer le coup, ce n’est nul autre que Loïc Prigent, icône de la critique mode, qui s’est essayé pour la première fois au rôle de réalisateur pour composer un clip simple mais captivant. Sur une atmosphère suspendue bercée par des tons blancs virginaux, on retrouve Yelle se payer une coupe par les mains virtuoses du célèbre Charli Le Mindu. Quelques pointes par ci et deux-trois fourches par là, la maestria ciselée de l’un se mêle à la musique de l’autre. L’occasion pour elle de nous dévoiler une facette sentimentale de sa musique sur fond d’électro pop édulcorée.

Peter Peter – Conversation

Après l’album Une Version Améliorée De La Tristesse qui nous avait bouleversé·es en 2012 et un successeur, Noir Eden, qui nous avait un peu plus laissé·es sur notre faim en 2017, on s’est précipité sur Conversation avec un mélange d’espoir et de crainte. Et il faut dire qu’on n’a pas été déçu·es, loin de là ! Tous les ingrédients qui font la beauté de Peter Peter sont réunis dans cette ballade douce-amère. Des paroles façon haiku, des rythmes vaporeux, des images comme volées d’un souvenir, et une poésie latente qui transporte l’auditoire dans un doux spleen et un optimisme lucide. Une énergie calme mais inébranlable qu’on a hâte de retrouver sur Super Comédie, à paraître le 25 septembre prochain.

Jazzboy – Jazzapocalypse

Même lorsque le monde semble sur le point de s’effondrer, Jazzboy n’est jamais bien loin. Alors que notre civilisation chancelle, l’apocalypse qu’il annonce est plutôt intérieure, propre à chacun·e d’entre nous. Avec le concept de Jazzapocalypse, Jazzboy explore ce point de bascule mentale à compter duquel l’inéluctable devient irréversible, où l’on se rend compte que plus rien n’est pareil. Dans un décor inquiétant, façonné à la manière d’une ville imaginaire aux recoins menaçants, Jazzboy et sa muse, Lucie Garrigues, dansent en attendant que le monde s’écroule, le 5 juin prochain avec la sortie d’un double EP qui portera ce nom : Jazzapocalypse.

HAIM – I Know Alone

La distanciation sociale au profit de la créativité. Le trio composé des frangines Haim nous revient pour partager un nouvel extrait du fameux Women in Music Pt. III, troisième album studio déjà annoncé par beaucoup comme un chef-d’œuvre indiscutable. Et voici une bonne raison de le croire. Ce I Know Alone enrobe à lui seul cette définition de new folk abordée par les musiciennes elles-mêmes. Pour réaliser un clip en quarantaine, vous n’aurez besoin que de deux-trois petits riens. Tout d’abord, assurez-vous d’avoir un Francis and The Lights sous la main pour vous pondre une chorégraphie sympa à exécuter tout en respectant les mesures de sécurité. Ensuite, filez un coup de fil à Jack Schreier, réalisateur du film Paper Towns, afin qu’il dirige à distance le tournage. Finalement, enfilez vos plus beaux jeans taille haute et rendez-vous sur le terrain de basketball entouré de pins à l’arrière de votre jardin, et le tour est joué. Vous voyez, rien de plus simple !

Run The Jewels – Ooh LA LA ft. Greg Nice & DJ Premier

C’est le dernier extrait en date de leur tant attendu Run The Jewels 4. Killer Mike et El-P s’entourent cette fois-ci de Greg Nice et du légendaire DJ Premier pour un son old school un poil anarchiste. Mettant en scène la victoire de l’humanité contre les forces de l’avidité et de la division (comprenez le monde capitaliste), on y voit une foule de personnes brûlant leurs richesses avant de danser autour. On n’est donc pas étonné·es d’apercevoir parmi eux Zach De La Rocha, subversif chanteur de Rage Against The Machine. Le refrain, qui restera probablement dans votre tête quelques heures, fait office de clin d’œil au morceau Dwyck du groupe Gangstarr en 1994, où l’on retrouvait déjà DJ Premier et Greg Nice.

Champs – Shadow On The Sea (Extended)

Les deux frères fendant les vagues de la pop anglaise depuis 2013 révèlent une version longue du très dansant Shadow On The Sea accompagnée d’un clip plongeant la tête la première dans un passé aussi attirant que repoussant. Les images visent juste et retranscrivent avec brio le sentiment doux-amer qui s’échappe des paroles. De quêtes impossibles en désir d’aventures infinies, nous suivons des hommes et femmes à la poursuite de prouesses techniques, sportives ou scientifiques qui apparaissent ici bien vaines et comme une simple façon de se détourner d’un vide intrinsèque inavouable. Plus lo-fi et rêveuse que l’originale, la nouvelle version du titre l’embellit d’une nouvelle dimension et d’une personnalité plus profonde, plus humaine.

Big Wool – Simple Travels

Cette semaine, Big Wool dépoussière ses bandes en l’honneur des routes qui furent et seraient idéales à la fuite. Austin dans une boîte. Ses captures sombres ou patinées confient en parcelles le périple tant chéri de nos Angevins. Sous la focale, une goutte puis trente, les lueurs d’un ciel timide, celles des phares au lointain et diverses autres portions de nostalgie. Nous pénétrons l’intimité d’un coin de feu, sans trop y être invité·es, spectateur·rices de quelques vies, de paysages sans vie, d’histoires de vices. Tressé par les mains expertes de Paul Liaigre (aka Pilou), Simple Travels se fait aussi doux que l’angora. Comme le vêtement dont on apprécie le poids, ce qu’il faut de chaleur pour traverser ces jours. Le plaid grand format est également prêt à recevoir nos corps amochés. On l’appellera Simple Travel et on s’y abandonnera souvent. Merci Big Wool, merci pour ce retour.

Paloma Mami – Goteo

Ambiance Street Fighter dans le nouveau clip de Paloma Mami, la nouvelle pointure sulfureuse du reggaeton. L’esprit farouche et malicieux de la jeune Paloma va de pair avec les rythmes bouncy et l’hispanisme brûlant qui habite sa musique. Une patte muy caliente qui ne va pas sans rappeler notre Rosalìa adorée. Et ce n’est pas un hasard ! La catalane se retrouve en effet aux crédits de ce Goteo, au même titre que son fidèle acolyte El Guincho. Pas étonnant, dès lors, que nos bassins se dandinent machinalement à l’écoute des premières notes du morceau. Pour illustrer cette nouvelle pépite, Mami se glisse dans la peau d’une ninja tressée pour livrer des combats épiques et terrasser ses opposant·es. Game over.

Videoclub – Enfance 80

« Je laisse aux autres les demain, moi je prends que les maintenant ! » Avec ce nouveau clip, Adèle et Matthieu nous emmènent en Cadillac dans leurs rêves d’enfants. On retrouve leur univers rétro mais cette fois, dessiné aux pastels. Sur un son électro pop et vintage, le groupe chante son enfance et questionne cette période où tout semblait si simple. Ils nous montrent également qu’ils n’ont rien perdu de leur fougue, même s’ils continuent de rêver aux jours usés. Un peu trop d’ailleurs car au début du clip, Adèle a les yeux fermés et les écouteurs de son walkman vissés sur les oreilles. Elle laisse un bon « vu » à Matthieu avant de se lancer dans une course sur GameBoy Color jusqu’au bal de promo. Là, le couple se retrouve et s’envole sur une musique qui respire le passé mais qui nous emporte pourtant avec fraîcheur et insouciance vers demain.

Mů – Alone in Kyoto

Le clip qui suit n’est pas vraiment un clip. Ce n’est pas non plus une lyrics video, puisque le morceau qu’il accompagne n’en comporte pas. En revanche, ce qu’on sait pour sûr, c’est que la vidéo qui suit est un chef-d’œuvre. Troisième artiste lauréat de La Grande Party à se prêter au petit jeu des reprises après Poppy Moukoukenoff et Lagrace, Mů a dévoilé cette semaine une reprise sublime d’un immense classique de Air, Alone in Kyoto. Faisant admirer ses remarquables talents pour l’image et pour les sonorités, le jeune prodige de la musique électronique nous embarque dans un voyage à la fois mystérieux et lumineux, inquiétant et plein d’espoir, incarné par une superbe animation d’inspiration japonaise, pleine de quiétude et de sensibilité.

Nick Cave – Cosmic Dancer

Quand un monument du rock en reprend un autre. À notre gauche, Nick Cave, à la carrière longue de 40 ans et pesant toujours dans le game à l’heure actuelle. À notre droite, Marc Bolan, considéré comme l’un des compositeurs les plus influents des années 70 avec son groupe T. Rex et pionnier du glam rock. Nick reprend donc Cosmic Dancer (que vous avez déjà tous·tes entendu dans Billy Elliot, ou dans Sex Education pour les plus millennials d’entre vous), dans une version habitée, dépouillée et juste sublime. Lors de sa dernière tournée Conversations with Nick Cave, le rockeur disait de cette chanson: “Je vais vous jouer ma chanson préférée de Marc Bolan. En fait, c’est ma chanson préférée tout court”. La performance est accompagnée d’un clip, session de studio filmée et agrémentée d’images d’archives de Marc. Cette cover se retrouvera sur un album hommage, AngelHeaded Hipster: The Songs of Marc Bolan and T.Rex, où se croiseront notamment Father John Misty, U2, Kesha ou Devendra Banhart.

Odina – 1,2,3,4

La bonne découverte de la semaine. Que de poésie et de douceur dans la musique de ce jeune talent brut, tout droit venu des terres chaudes catalanes et basé dans la froideur inspirante de Londres. C’est d’ailleurs dans la capitale anglaise qu’a été tourné ce clip somptueux, même si quelque peu dérangeant. Articulé autour du symbole meurtrier et incisif du couteau, le clip se construit de paradoxes intrigants, entre paillettes et bizarreries. Jonglant avec les dimensions carrées et les split screens, le visuel repousse les limites du format pour offrir une expérience visuelle à la hauteur d’un morceau folk rock frissonnant. “On a voulu jouer avec la juxtaposition d’éléments sombres et lumineux, d’où ce contraste entre le couteau et les paillettes rouges qui représente l’amour à double tranchant.” Odina, retenez bien ce petit nom de la grande musique.

Protomartyr – Worm In Heaven

Les Détroitiens au post-punk vibrant nous reviennent pour la deuxième fois cette année après leur single et leur clip délirant Processed By The Boys sorti quelques semaines plus tôt. Un retour réussi grâce à un clip des plus esthétiques sous la direction du photographe Trevor Naud. 4 minutes 31 d’arrêts sur image aux tons minimalistes et flous accompagnés de couleurs de vieilles diapositives. Un clip étrange et expérimental mêlant malaise et intrigue. Toute cette mise en scène cloisonnée est d’ailleurs propice à la rancœur qui se dégage des paroles. La construction en crescendo pourrait traduire cette amertume amoureuse qui se termine sur un goût de non-retour accentué de « jamais ». Nous attendons avec impatience la suite de ce qui fera leur prochain album au nom avant-coureur de leur futur succès. Le tout sera disponible le 17 juillet prochain.

Hinds – Just Like Kids (Miau)

Elles nous l’avaient confié au moment de la sortie de leur dernier album : les Espagnoles de Hinds se font un devoir de porter haut et fort la voix des femmes qui peinent à se faire une place dans le milieu souvent très viriliste du rock. “Tu chantes faux”, “il n’y pas de place pour toi”, “tu réussis juste parce que tu as de jolies jambes”… Avec Just Like Kids (Miau), elles font la nique à ces réflexions stupides qu’elles ont trop entendu et à ceux qui les profèrent. Surtout, elles revendiquent avec une joie communicative leur droit à profiter, à s’amuser et à continuer à faire ce qui leur plait dans un clip à la direction artistique soignée, toujours plein d’humour et d’ironie. Prochaine étape : la sortie de leur nouvel album, The Prettiest Curse, prévue pour le 5 juin 2020.

King Sheep – Golden Age

On termine cette sélection hebdomadaire en beauté avec une autre vidéo qui ne manque pas d’énergie. Les garçons de King Sheep se font remarquer depuis quelques temps pour leurs prestations survoltées, qui allient enthousiasme débordant et jolies influences. Cette semaine, le quatuor revient en force avec son tout premier clip qui accompagne un morceau un brin nostalgique, mais tout aussi jouissif. C’est réfugiés dans l’intimité d’une grange normande à la lumière tamisée que les quatre camarades se remémorent le Golden Age, l’insouciance de l’adolescence, des découvertes et des premières fois. Une chouette manière de découvrir l’univers de King Sheep !

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