Les clips de la semaine #71
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Auteur·ice : Rédaction
10/05/2020

Les clips de la semaine #71

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois (petit e-péro entre potes hier soir ?) et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et quelle semaine ! Les clips de la semaine épisode 71, c’est maintenant !

Claire Laffut – Etrange Mélange

Après ses premiers titres comme Vérité ou Mojo, ou encore son featuring chaloupé avec Yseult (Nudes), la Belge nous revient en plein confinement avec Etrange Mélange, un titre que les plus chanceux et chanceuses avaient déjà pu entendre en concert. Si Lil Laff s’adonne à la chanson, elle est aussi artiste et a su rentabiliser les longues heures des dernières semaines dans son propre studio. L’une de ses toiles a donc trouvé écho dans ce titre écrit l’été dernier, après une rupture difficile. « Mirage de l’Amour Fini » s’est vue offrir une animation, rendant la toile vivante et vectrice de cette histoire d’amour éteinte dans la moiteur de l’été. On retrouve les ondes groovy de l’artiste, avec des influences tropicales qui soufflent une sensation de chaud et de nostalgie. « J’avais l’impression que tout me montait à la tête, la tristesse, l’euphorie de l’été. » Un titre dansant pour un récit esquissant une passion achevée, avec ses regrets, ses désirs qui demeurent ainsi que ses errances traduites et personnifiées dans cette animation où emoji, serpent et soleil couchant se donnent la réplique.

Cut Copy Love Is All We Share

Le mythique quatuor australien revient trois ans après son dernier excellent album Haïku From Zero et leurs synthétiseurs sont toujours aussi hypnotiques. Pour créer cette atmosphère intime et féerique, le groupe n’a utilisé qu’un nombre restreint de sons. La vidéo d’animation réalisée par l’artiste contemporain états-unien Takeshi Murata, où interagissent de façon hyper réaliste des bulles virtuelles, renforce la dualité de notre rapport à la technologie. Bien qu’enregistrée l’année dernière, Cut Copy a souhaité partager son message humaniste au regard de la situation actuelle. Tous confinés que nous sommes, nous pouvons et devons, toujours, continuer à partager notre amour inconditionnel. L’écoute d’une chanson aussi apaisante au clip envoûtant semble être bon un point de départ.

Arca – Nonbinary

L’incroyable productrice et compositrice vénézuélienne annonce son retour et son nouvel album KiCK i au moyen d’une track aussi tranchante et farouche que son clip est renversant. À travers un imaginaire robotique imaginé  par  Frederik Heyman rempli de symboles chers à l’artiste, on assiste à la transformation d’Arca en deux courtes minutes. Les punchlines se succèdent et se répètent, matraquées par la chanteuse qui n’a jamais été aussi revendicative (“I don’t give a fuck what you think”) et dans l’affirmation de soi (“I do what I wanna do when I wanna do it”). Toujours surprenante, celle qui a déjà collaboré avec Björk ou Kelela nous assure ici n’avoir rien perdu de son inventivité musicale ou visuelle, et qu’elle n’est pas prête d’arrêter de défendre un art total. Plus que jamais nécessaire.

Cage The Elephant – Black Madonna

Chaque retour furtif de Cage The Elephant est un cadeau du ciel. Après la sortie de clips déjantés comme Ready To Let Go, le groupe porté par Matthew Shultz nous ravit d’une nouvelle vidéo pour Black Madonna, réalisée par ses soins pendant le confinement. La nouvelle esthétique de Social Cues avait déjà fait du bruit sur la toile, notamment avec des visuels influencés par l’esprit SM faits de tenues de latex, de contenu assez provocateur parsemé de beaucoup de rouge. Le clip se place ici comme une exploration d’un style psychédélique dont on retrouvait les prémisses dans Night Running et Social Cues. Black Madonna parle de séparation et d’isolation : parfaitement dans le contexte de notre époque. C’est pourquoi le clip a été magnifiquement composé de diverses séquences déjà tournées par le groupe mais jamais diffusées au public, mêlées à du contenu tourné pendant le confinement avec la collaboration de quinze artistes dans le monde entier. Le groupe nous livre un texte émouvant dans la description de son clip sur Youtube pour finir par ces quelques mots : This isolation is an illusion, Love is the only way (issus de leurs lyrics).

Men I Trust – Dorian

Dorian, c’est un des neveux d’Oncle Jazz, l’extraordinaire dernier album de Men I Trust. Un album qui sortait en septembre 2019 pour un sentiment familier avec quelques titres déjà parus et des nouvelles pépites comme celle-ci. Le morceau se place aux côtés de Pierre, deux chansons très douces aux prénoms masculins. C’est Dorian qui remporte le droit au clip, toujours si esthétique et vintage en ce qui concerne le groupe montréalais. Ici, un côté plus second degré, doux versus absurde, est arboré par le trio. La vidéo donne la réplique (muette) à Brother Petrus et Marc St-Cyr pour une histoire de liberté retrouvée, impliquant le port d’ailes d’anges à bord d’une voiture volante pour s’égarer avec eux. On y décèle la nostalgie du groupe pour Montréal, à laquelle ils font souvent référence dans leurs chansons/clips, du temps où ils y habitaient. Un morceau nébuleux, un hommage mi-satirique mi-posé qui nous apaise et nous languit encore plus de voir le groupe se produire un jour en Belgique.

Roxaane – Contresens

Il y a quelques mois, on avait déjà parié gros sur le talent de cette jeune amiénoise. Alors qu’elle vient à peine de fêter ses vingt ans, Roxaane nous impressionne toujours autant par son flow à la fois brut et ultra maîtrisé. Résolument inscrite dans son époque, son univers mêle avec fraîcheur et justesse le rap et la chanson, l’inscrivant ainsi dans les pas d’Aloïse Sauvage et d’Eddy de Pretto. Sa poésie est empreinte d’une pureté captivante, tandis que son regard semble translucide. Dans ce clip, la jeune chanteuse pose ses doutes sur le bitume d’un parking de supermarché et plane au-dessus de ses désillusions. “Tout est terminé. Mais non rien n’est fini”, dans un tee-shirt aussi gris que le sont ses yeux clairs, elle dépeint avec fraîcheur ces sentiments contradictoires qui la traversent. Sous un ciel rose pastel, impossible de savoir si le jour se lève ou si la journée est en train de s’éteindre. Une chose est sûre par contre, Roxaane semble n’être qu’à l’aube d’une carrière très prometteuse.

Rone – Nouveau Monde

Avec Room With a ViewRone nous a offert un album profond, empreint d’une certaine sociologie musicale qui sonorise et sublime les rapports complexes et fluctuants qu’entretient la race humaine avec la planète qui l’abrite. La dimension sociale est ici davantage mise en avant avec un clip documentaire réalisé par Jérôme Clément-Wilz. Une invitation à réfléchir un monde nouveau, en superposant les notes électro éthérées du morceau à des tableaux colorés et effervescents capturés lors du Carnaval de Jacmel en Haïti. “Dans ce vidéoclip documentaire, je voulais dépeindre ce qu’est la communion. Pas une simple communion chrétienne régulière, mais plutôt une communion ludique, folle, poétique, syncrétique” confie le réalisateur. La communauté mise en lumière dans le visuel, déjà affaiblie par le tremblement de terre et d’autres catastrophes naturelles ayant frappé Haïti, se voit fortement impactée par la crise sanitaire actuelle. Une plateforme a donc été mise en place pour leur venir en aide : lien ici. Avec cette nouvelle œuvre audiovisuelle, Rone pose donc les bases d’un Nouveau Monde gravitant autour des notions chatoyantes de partage, de culture et de musique.

Arlo Parks – Black Dog

La poésie de la jeune Britannique continue de gagner nos cœurs. Une poésie franche et simple, sans artifices, qui s’accapare des éléments de nos quotidiens pour narrer des histoires touchantes et justes. Le black dogc’est la métaphore de la dépression inventée par Winston Churchill lorsqu’il faisait lui-même face à des épisodes sombres. Le politicien personnifiait alors ses idées tiraillantes en un chien noir, qui venait et le quittait sporadiquement. Parks s’attaque ici à une réinterprétation de cette approche de la dépression en lui dédiant un morceau voluptueux, bercé par une ritournelle saccadée d’instruments à cordes enveloppant le tout d’une chaleur réconfortante. Car si la forme est quelque peu mélancolique, le fond se veut solidaire : “Ce morceau est supposé réconforter les personnes dans le besoin à se sentir moins isolées et à lancer une conversation à propos de l’importance des troubles de la santé mentale dans le monde actuel.” Le clip vient subtilement mettre en scène des situations d’isolement et de solitude dans lesquelles tout un chacun saura se retrouver pour questionner son rapport à son propre chien noir. Introspection et sentiments, Arlo Parks n’a visiblement pas fini de nous faire frissonner.

Sirius Trema – Faya

Après avoir chauffé les scènes de la France entière au sein du collectif électro Synapson, ce jeune auteur-compositeur-interprète endosse le nom de Sirius Trema pour nous gâter de sa trap généreuse et incandescente. À l’image de son brûlant Faya, présent sur son premier EP Sacré Cœur disponible depuis le 8 mai dernier. J’ai écrit Faya à un moment où il ne se passait plus grand chose dans ma vie, j’avais l’impression de stagner, de ne plus avancer. Je ne savais plus à qui en vouloir. La drogue est une échappatoire, c’est une sorte de dépôt de bilan raconté avec egotrip. Dans le titre, toute mes actions sont justifiées par le fait d’être faya.” Pour mettre en images la dimension hallucinée des trips abordés ici, c’est l’artiste Joshua Dunglas qui s’amuse à offrir la vie à des figures incontournables de la mythologie remises au goût du jour dans une allure modélisée futuriste. Une façon chaloupée et hautement visuelle d’aborder les vices illicites qui ponctuent les aventures de ce jeune artiste à la voix envoûtante, qui n’a pas fini de nous transporter dans ses folles nuits d’hérésie.

The Districts – Eyes Open Wide

Welcome to the zoo cette semaine avec The Districts. Des lions et éléphants de mer, des lémuriens, des iguanes, des lamas mais surtout des guitares saturées sont au rendez-vous. Une visite à tout berzingue qui nous ramène sur les traces de leur deuxième album A Flourish and a Spoil, avide de sonorités garage rock. La voix de Rob Grote évolue et chancelle au rythme d’un vieux film de Charlie Chaplin nous rappelant dans ce cas Popular Manipulations. Un morceau qui s’offrait déjà une version démo en 2016 mais qui aura dû patienter jusqu’à cette semaine pour que le band ne la ressorte de leurs placards, pour notre plus grand bonheur. Le morceau est d’ailleurs disponible sur leur Bandcamp pour la modique somme d’un dollar. De quoi soutenir les artistes en cette période de confinement.

Maddy Street – Cycle

On avait découvert Maddy Street au début de l’année, lors des auditions de La Grande Party à FGO-Barbara. La jeune artiste franco-britannique poursuit sa route avec Cycle, un titre accrocheur qui mêle sonorités indie-pop et vibrations plus urbaines. Toujours très créative malgré l’étrange période que nous traversons, Maddy Street fait à nouveau preuve d’une originalité bienvenue avec un clip inspiré du “Getty Museum Challenge”, qui consiste à recréer des œuvres d’art dans une esthétique très DIY. Elle explore ainsi avec humour et mélancolie le cycle des relations amoureuses qui naissent, s’enflamment et se consument, pour renaître de leurs cendres à l’infini.

Fontaines D.C. – A Hero’s Death

Fontaines D.C. nous propose un talk show morbide pour promouvoir le premier single de leur album à paraître le 31 juillet prochain. Le présentateur joué par Aiden Gillen (aperçu dans Game of Thrones, Peaky Blinders, Bohemian Rhapsody,..) nous emmène dans une course contre la folie bercée d’un chœur menaçant. « Life ain’t always empty » retentit en écho pour faire monter en puissance le riff simple et efficace tandis que le présentateur déambule dans des coulisses macabres. Un capharnaüm qui laisse place aux images délirantes et sordides sorties tout droit d’un film d’horreur. Le clip traduit cette idée d’une société où le travail prend une place chronophage dans la vie de chacun et peut en devenir un cauchemar à ciel ouvert. Ce retour nous laisse sans voix et dans l’impatience des prochains titres arrivant à grands pas.

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