Les clips de la semaine #79
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Auteur·ice : Rédaction
05/07/2020

Les clips de la semaine #79

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et quelle semaine ! Les clips de la semaine épisode 79, c’est maintenant !

JOKO – U GOT

L’évasion. Voici un mot qui pourrait aisément décrire l’esprit du magnifique visuel de U GOT, une pépite d’électro-pop issue de son premier EP FoolsUn premier projet déjà vieux de deux ans qui a valu à la jeune productrice française d’attirer une lumière avantageuse sur sa musique si singulière, au croisement entre la dreampop et l’electronica, le tout relevé par une fibre plus franche d’électro enivrante et foisonnante. Pour dépeindre l’atmosphère du titre, c’est Hector Di Napoli (frère d’Iris, chanteuse de JOKO) qui s’attelle à composer les tableaux et les séquences qui constellent cette invitation à la danse. Un art corporel qui se voit ici dépeint comme une source infinie d’échappement, d’élévation et surtout d’évasion. Un pur moment de poésie exécuté par la chanteuse elle-même qui, accompagnée du danseur Gaetano Vaccaro, nous prouve que la chanson n’est pas le seul art qu’elle maîtrise. Le clip de U GOT permet ainsi de clôturer le premier chapitre de JOKO qui s’apprête à nous dévoiler le second au travers d’un nouvel EP I’ve never been good with words attendu pour la rentrée. Et on vous l’assure : vous ne voulez pas rater ça !

Swing – Soon (feat Dūne)

Si son EP Alt-F4 nous avait tant fait d’effet en février dernier, c’est toujours un plaisir de découvrir les pépites qui le composent dans des cadres vidéos alléchants. Comme sur les autres clips du projet, on retrouve sur ce visuel la patte experte du studio bruxellois Bleu Nuit qui réitère l’association efficace entre la musique RnB addictive de Swing et le grain vintage de séquences séduisantes. C’est ici sur un noir et blanc façon La Haine que se construit le clip de Soon, ballade sentimentale vaporeuse partagée avec Dūne, moitié du duo français Dūne x Crayon qui partageait récemment Hundred Fifty Roses, l’un des plus beaux albums soul de ce début d’année. On retrouve alors le jeune bruxellois perché sur les toits de la ville baignée par les lumières de la nuit. D’un plan rapproché, on passe à un plan large qui démontre un groupe de jeunes mélomanes rassemblés autour de l’allégresse de la musique, insouciants et chaloupants. Parmi cette joyeuse bande, on aperçoit notamment le producteur Junior Goodfellaz, proche collaborateur de Swing qui l’accompagne d’ailleurs sur scène. Une séquence qui ne va pas sans rappeler le Territory de The Blaze qui mettait en images, lui aussi, toute l’authenticité et l’amusement décomplexé d’un groupe de potes savourant un pur moment de fraternité en musique.

Washed Out – Time To Walk Away

Un mois avant la sortie de son quatrième album intitulé Purple Noon, le maître de la chillwave déclare le début officiel de l’été. Un été ensoleillé, coloré mais mélancolique aux sentiments pastels. La caméra de Riley Blakeway nous plonge dans les derniers moments, ébats et tensions d’un couple en fin de course. Délicatement, l’amertume omniprésente s’octroie tout l’espace, recouvre l’écran, chaque action, chaque regard du duo. Par contraste, la légèreté de la voix d’Ernest Greene et la légèreté des percussions accentuent encore le spleen impitoyable. Le fatalisme exacerbé découle de l’incompréhension de la suite de choix, d’événements ayant entraîné une détérioration aussi rapide qu’inéluctable des sentiments amoureux. “Is It Time To Walk Away?”. Pas sûr mais pour ceux qui n’ont plus d’autre choix, les douces mélodies de Washed Out formeront un baume apaisant salvateur. 

Spoon – Small Takes

L’emblématique formation d’Austin annonce une sortie en version remastérisée du classique Kill The Moonlight avec un clip d’images d’archives datant de l’enregistrement original de l’album en 2002. Un retour en arrière où défilent à grande vitesse Britt Daniel et Jim Eno (les seuls membres encore actifs aujourd’hui) s’affairant dans leur studio, plongés dans leur réflexion ou discutant avec flegme. La voix charismatique du chanteur se casse sur ces souvenirs empreints de nostalgie. Un rythme répétitif de synthé aussi simple qu’efficace et des percussions nerveuses de batterie complètent une piste aux légers arômes punk. Dans le plus pur style spoonien, la chanson se distingue par des mélodies épurées et incroyablement entraînantes. Un agréable rappel que certains groupes peuvent réussir à garder leur propre style pendant plus de vingt ans sans jamais se répéter. Spoon, du rock sans concession mais avec sorties de piste depuis 1993.

Ojos – sola

Ça y est, l’été est lancé ! Après avoir célébré le printemps et révélé leur premier morceau original, Hadrien et Elodie donnent le coup d’envoi des beaux jours avec leur nouveau clip, sola. Le duo franco-chilien s’offre ici un roadtrip à la fois mélancolique et nostalgique, qui voit les paysages défiler au rythme des sentiments contraires dont parle le morceau. Toujours réalisée par Thibaut Charlut, la vidéo aborde la complexité du langage et des subtilités, la difficulté d’exprimer ce que l’on ressent, tout en reprenant en filigrane l’esthétique soigneusement travaillée du groupe, toute en couleurs et en lignes épurées. Une jolie manière de continuer à dévoiler un projet qui s’annonce parmi les plus excitants du moment.

Monsieur MÂLÂ – MISEMO

On change tout à fait de registre pour se plonger dans l’univers de Monsieur MÂLÂ. Véritables conteurs d’histoires qui se passent de mots, les cinq membres qui composent cet ensemble étonnant tissent une musique envoûtante, excitante, qui invite à la transe. C’est donc avec un immense plaisir qu’on vous présente leur tout premier clip, MIMESO. Avec ce nouveau titre qui revendique des influences et des sonorités métissées, le quintette insuffle un mot d’ordre : celui de danser, de se lâcher et de s’abandonner à la musique, quel que soit l’endroit d’où l’on vient. On se plaît à y observer des femmes et des hommes qui découvrent le morceau, se l’approprient et finissent par se laisser envahir par cette mélodie chaleureuse et entraînante. Un véritable petit rayon de soleil !

Bleu Toucan – Les Eaux de Naples 

C’est l’été, il fait chaud (mais si, mais si), le soleil brille : c’est l’occasion rêvée de piquer une tête dans Les Eaux de Naples. Pas besoin de prendre vos billets d’avion ni même de lever vos fesses de votre canapé, c’est Bleu Toucan qui régale. Avec leur nouveau clip réalisé par Polo de Polo & Pan, les deux lascars nous offrent un voyage tout en couleurs et en animation, qui fait parfaitement office d’hymne sensuel pour le début de la période chaude. Pas besoin d’en dire plus : on vous laisse apprécier cette belle aventure, qui s’écrit dans un pays mystérieux, entre les fleurs et les arbres, au son de ce doux refrain qui figure sans hésiter parmi nos coups de cœur de la semaine.

Men I Trust – Pines

Men I Trust nous raconte l’histoire de Paul Brimeau, ‘microwave gourmet‘, dans un clip dont l’absurdité en fait le charme. Les Québécois ont l’art de marier chanson poétique à clip absurdement génial pour un combo gagnant à chaque fois. Nous suivons l’aventure de Paul qui peine à pêcher le thon pour s’en faire un sandwich. Paul est déprimé, Paul se résigne, jusqu’à faire la découverte qui changera sa vie : les tartines au thon en conserve, au micro-ondes. Une technique qui lui donne plus tard le titre de ‘microwave gourmet‘. Pines dure cinq minutes, cinq minutes acoustiques comme on a l’occasion d’en écouter que rarement. Le titre semble parler d’une femme qui fuit et de son amant qui ne cesse de l’attendre, se languissant de plus en plus au souffle de la voix d’Emma. Une fois de plus le groupe ne déçoit pas mais impressionne par son second degré et sa douceur incomparable. Un équilibre parfait.

David Numwami – Le Fisc de l’Amour

“L’amour, L’amour, L’amour, L’amour, L’amour, L’amour”. Voici Le Fisc de L’Amour, la ballade la plus mignonne de l’été, par David Numwami. Après sa collaboration avec Le Colisée et ses rares apparitions scéniques, il nous tardait de pouvoir enfin écouter une chanson de l’artiste en boucle sur les plateformes. Nous sommes donc comblé·es avec ce morceau qui pousse la douceur du Français vers son paroxysme. Un clip qui s’empare du blanc pour montrer la pureté de l’amour. Une influence des années 80 dans les touches de couleurs et le stylisme qui en ajoutent aux synthés pour une chanson délicate et sensuelle, parfois à la limite d’être gênante, tout juste comme on aime. Le jeu entre classique français et français moderne qui en vaut la chandelle. Nous attendons avec impatience la suite de la douce pop décalée de David, le Brigitte Bardot des temps modernes.

The Pirouettes – Il n’y a que toi

Nos amoureux préférés sont de retour. La fausse “gnangnantise” assumée des Pirouettes revient sur Il n’y a que toi. Débarquement dans la bourgeoisie chaotique avec un clip rétro réalisé par la moitié du groupe : Vickie Chérie. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce single un succès à la Pirouettes. Une chorégraphie synchronisée, les harmonies de Leo et Vickie, des paroles qui traitent du sujet de l’amour avec une dynamique rare. Il n’y a que toi nous emmène dans sa danse qui se transforme rapidement en tornade -en jeté d’assiettes et de vêtements à la façon d’une histoire d’amour qui prend un autre tournant. Les Pirouettes sont toujours aussi attachants qu’à la sortie de L’Escalier, le single qui les avait faire connaitre. Ils·elles évoluent et continuent sur leur lancée dans un son pop electro romantique dont seul eux·elles sont les maîtres.

Nathaniel Rateliff – Time Stands

Nathaniel Rateliff nous en a parlé lors de notre entrevue en février dernier : la nature et les paysages contribuent fortement à la façon dont il voit les choses. Des paroles qui résonnent d’autant plus aujourd’hui à l’occasion de la sortie du clip de son puissant morceau Time Stands.

Filmé en plein confinement, ce clip dirigé par Rett Rogers capture la solitude et la distance du moment grâce à la force des différents plans de drone se succédant à travers plusieurs pays du globe. On y découvre alors des autoroutes vidées de leurs voitures, des quartiers commerciaux se comparant à des villes fantômes, des plages touristiques libérées et autres grands espaces sauvages jouant avec une sérénité (enfin) retrouvée. Des images magnifiques nous donnant la chair de poule. Une esthétique irréprochable surplombée par la voix de Rateliff qui nous chante cet hymne venant clouer le spectacle de son dernier album And It’s Still Alright.

Glass Animals – Heat Waves

L’ensorcellement continue. Avec Heat Waves, nouveau single tiré de leur prochain album Dreamland (dont la sortie a été repoussée d’un mois pour laisser le focus sur le contexte américain concernant le racisme), la formule magique de Glass Animals opère à nouveau. Ce banger mélancolique aborde le thème de la vulnérabilité comme une force. “Ça parle du fait de réaliser qu’on ne peut pas rendre tout le monde heureux et qu’il est normal d’être vaincu par quelque chose. On attend souvent de nous que nous ravalions notre tristesse. Mais être vulnérable devrait être une chose positive”, raconte Dave Bayley, chanteur et penseur du groupe. Dans son clip, Heat Waves transpose ce sentiment de la perte du contact humain causé par la disparition actuelle de la musique live. Dave se trimballe seul un chariot rempli de vieux postes TV, tandis que ses voisins le filment avec leur téléphone derrière leurs rideaux. Réalisée à distance par Colin Read (déjà collaborateur sur Dreamland, mais aussi pour Danny Brown, Battles ou Radiohead), la vidéo se termine sur Dave jouant devant une salle vide, les autres membres du groupe performant dans les téléviseurs. Heat Waves est autant une lettre d’amour qu’elle nous brise le cœur. Mais on peut se rassurer : on les reverra bien un jour les Glass Animals, et qu’est-ce qu’on a hâte.

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