Les clips de la semaine #82
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Auteur·ice : Rédaction
26/07/2020

Les clips de la semaine #82

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et quelle semaine ! Les clips de la semaine épisode 82, c’est maintenant !

Sampa The Great – Time’s up (feat. Krown)

Si vous en doutiez encore : niveau rap, les femmes dominent le game aussi. Et s’il vous faut une bonne raison de nous croire, la Zambienne Sampa The Great va vous expliquer pourquoi. Avec son album The Return, elle mêlait jazz et rap à ses racines africaines pour proposer une musique singulière, nous délivrant entre autres Final Form, élu sortie hip-hop de l’année par les prestigieux ARIA Awards en novembre dernier, faisant d’elle la première artiste de couleur à remporter ce prix dans cette catégorie. Autre pépite de l’opus, Time’s Up venait taper du poing sur la table pour dénoncer le racisme systémique qui sévit sur l’industrie musicale mondiale. Ainsi, engagée et fiévreuse, cette ode à l’empowerment partagée avec l’Australien Krown joue sur les sonorités d’une horloge qui tourne, symbolisant l’idée que le temps est venu d’arrêter de dénigrer les artistes de couleur, de minimiser leurs succès ou de les dépouiller de leur créativité sans aucune gratitude. Des messages que le clip vient délivrer par des métaphores subtiles, comme le confiait le réalisateur Sanjay Da Silva : “On joue avec le côté ironique de la musique en incluant des métaphores comme la cellule matelassée pour représenter la façon dont l’industrie voit les artistes noir·es, ou encore cette séquence où l’industrie secoue (littéralement) la culture de Sampa pour l’utiliser à son profit.” 

Dermot Kennedy – Giants

Moins d’un an après la sortie de son premier album Without Fear, Dermot Kennedy ne cesse de nous surprendre. Le jeune irlandais, dont le talent et la plume ne sont plus à prouver, continue ainsi son ascension avec la sortie de sa dernière pépite, Giants. Laissant le temps d’un instant les accords mélancoliques de sa guitare, Dermot Kennedy nous surprend merveilleusement bien, encore et toujours.

De plus, le côté esthétique est un point important pour l’artiste, qui mise énormément sur ses clips, tous plus incroyables les uns que les autres. Pour le clip de Giants, c’est dans les mains de Trizz Studio et sous l’œil avisé de Oriol Puig que revient ce nouveau challenge. Et c’est ainsi, au travers d’effets digitaux et de plans magnifiques que l’artiste voulait faire ressentir la réelle beauté de la nature en ces temps incertains, mais surtout sa fragilité. Tant sur le plan figuratif que physique, le chemin que prend ce clip résonne d’autant plus en cette période de changements inévitables. Un nouveau gros coup pour Dermot Kennedy, qui nous prouve encore une fois qu’il s’agirait peut-être plus que d’un simple talent.

Biig Piig – Don’t Turn Around

“Ma musique post-breakup, pre-glow up ; finalement en phase avec mon amour propre et prête à me débarrasser de mes relations toxiques.” L’artiste irlandaise revient cette semaine, en paix avec ses démons, pour nous délivrer un morceau groovy, vaporeux et enchanteur, faisant suite au tonitruant Switch, sorti en mai dernier, qui nous fait tourner la tête depuis. Ici, on change d’ambiance et de décor, on ralentit la cadence et on vogue du côté des mélodies libidineuses, caressant nos oreilles malicieusement pour nous entraîner vers la facette R’n’B sensuelle de Biig Piig. Le clip nous plonge au milieu des fantasmes les plus fous de la jeune femme, au beau milieu d’une vie de château extravagante, rose et débauchée.

The Strokes – Ode To The Mets

Les légendaires Strokes nous offrent le clip de Ode To The Mets – le nouveau I’ll Try Anything Once du groupe. Le single au tempo assez lent arbore une mélancolie très poétique, alliant les synthés et la guitare dans un premier temps pour être agrémentée de basse plus tard, et de la batterie à seulement 1 :44 – une construction assez exceptionnelle. Ode To The Mets avait déjà été jouée en live par le groupe, moment pendant lequel Julian disait vraiment “Drums please, Fab”, qu’ils ont laissé dans la version studio. Le clip prend la forme d’un jeu vidéo qui se divise en huit chapitres, créés chacun par un artiste différent. Un enchaînement de plans façon inception imaginés par le réalisateur Warren Fu. Il nous emmène de la Préhistoire à une New York submergée, avec quelques easter eggs liés au baseball puisque la chanson y fait directement référence dans le titre, en mentionnant les Mets. Un clip visuellement très fort pour un morceau beau et intense, une jolie ballade qui joue super bien son rôle de clôture de l’album. Du nouveau qui rappelle l’ancien. Amen.

Janie – Nino ou Rose

Les vibes rétro et vintage de la nouvelle venue de la scène française Janie s’attaquent cette semaine au registre mélo piano voix dans une composition crève-cœur délicate et éthérée. Nino ou Rose, c’est une lettre ouverte à l’enfant qu’elle aurait eu. Une façon de se montrer vulnérable et poétique à la fois, sur des mélodies pianotées berçantes. Ficelé par la maestria de l’image de Elisa Baudoin, le clip fait surplomber un certain amour maternel sur des décors marins, entre roches, marées et roses. Le summum de douceur qu’il nous fallait pour clôturer ce mois de juillet.

Jessie Ware – What’s Your Pleasure

La fièvre du samedi soir a touché Jessie Ware. Elle qui nous avait habitué·es aux ballades sentimentales et aux complaintes larmoyantes par le passé revient cette année avec un nouvel album plus flamboyant que jamais, remettant au goût du jour les strass et paillettes des années disco. Manifeste de cette philosophie artistique nouvelle, le morceau éponyme de l’opus puise dans des sonorités galactiques rondes et électroniques pour enrober le timbre voilé de la Britannique et donner vie à une effervescence disco-pop imparable, coulante de dopamine et autres sérotonines. Tout n’est que plaisir dans ce nouveau morceau, et le premier clip “Dance Version” nous avait déjà donné un bon aperçu de ce que Ware voulait transmettre comme message, avec en prime le chorégraphe qui affole le globe Nicolas Huchard pour assurer les exécutions corporelles les plus folles. Ici, c’est la chanteuse elle-même qui s’occupe de capturer la fougue du titre dans des élans de danse enivrants. Les séquences passent d’un noir et blanc rétro à des fish-eye voyeuristes, des coupes de cheveux mirobolantes façon seventies à des tenues de latex libidineuses. Jessie Ware en reine disco, qui dit mieux ?

AaRON – Les Rivières

AaRON nous revient cette semaine avec Les Rivières. On retrouve cette voix si caractéristique des morceaux qui nous les ont fait découvrir et aimer, à l’époque de Artificial Animals Riding On Neverland. Dans leur nouveau clip, Olivier Coursier et Simon Buret ont voulu se mouiller, au sens propre comme au sens figuré. « Comme deux traders échappés de la City où tout en surface semble taillé, maîtrisé, codifié ; c’est noyés dans les eaux d’un monde qui change à la vitesse de ses échecs que nous avons voulu traverser la métaphore du coup de foudre, de l’amour fou, à l’aube du réchauffement climatique » confient-ils. Toujours plein d’images et de poésie, AaRON nous sert un clip aux tons appréciables et avec une belle réalisation qu’ils ont entrepris eux-mêmes. On aime toujours autant les entendre en français, et on ne peut que se réjouir d’entendre leur prochain album, et tous les messages qu’il renfermera.

Moses Sumney – Me In 20 Years

Si Moses Sumney nous fait déjà bénéficier de son superbe don vocal, l’artiste ne lésine jamais non plus sur les clips d’une réalisation dingue. Me In 20 Years est le dernier clip du chanteur, après une fournée récente de clips déjà plutôt réussie (Cut Me et Bless Me (before you go)). Dans cette vidéo aux allures sci-fi, Moses se projette dans le futur, et l’on peut dire qu’il en résulte un clip captivant. Issu de son album græ, le morceau est sublimé par la vidéo qui nous offre un récit visuel tout aussi nacré et esthétique que réflexif et intriguant, à l’image de son album. Ce nouveau spectacle visuel, auquel nous a habitué Moses, a été réalisé par une collaboratrice de longue date, Allie Avital, et tourné à Kiev, en Ukraine. Les extraits de presse disent déjà de ce clip vidéo qu’il s’agit « d’un regard émotionnellement dévastateur et douloureusement personnel sur les visions du futur de Moses, avec une touche supplémentaire d’éléments visuels subtils et oniriques ». A must-watch, tant on se croirait face à un court-métrage.

POLO & PAN – Feel Good

Feel good, feel good.” Les petites notes du dernier tube de POLO & PAN sont déjà dans toutes les oreilles, mais cette semaine le duo revient pour nous offrir un charmant clip animé afin d’accompagner leur morceau. Feel Good est issu de leur EP éponyme paru récemment, dont chacun des titres est une invitation au voyage à la fois hédoniste, rêveuse et groovy. Le clip a été réalisé par Mathilde & Antoine, du studio d’animation Remembers. Le duo français a donné carte blanche aux réalisateurs pour raconter leur histoire. « Nous aimions beaucoup l’idée de pouvoir montrer à nos enfants dans 20 ans cette vidéo représentant la genèse et l’histoire de POLO & PAN, avec un peu de nostalgie » précise le duo, en parlant du clip où les deux dandy dansent, dans un film animé, avec leur parapluie, en introduction. Mathilde & Antoine expliquent leur démarche : « En jouant avec différents genres et codes, nous avons voulu raconter une amitié qui se balancerait dans le temps entre rêve et réalité ». Pour sûr, l’arrivée de ce joli clip ne fera que prolonger la belle vie de ce tube good vibes de l’été.

Kacy Hill – Just To Say

Meet Kacy Hill. Si la jeune femme n’est pas encore dans toutes les playlists, c’est une grossière erreur mondiale. Just To Say, issu du deuxième album de Kacy, Is It Selfish If We Talk About Me Again, est réalisée par Lauren Dunn, qui avait déjà collaboré avec l’artiste pour le clip de Everybody’s Mother, sorti début juillet. En 2017, Kacy Hill était apparue avec son premier album comme une révélation musicale, en s’installant dans une musique teintée de R’n’B et gonflée aux synthés, s’armant de sa plume pour donner naissance à une ode à la féminité sous toutes ses formes. Elle revient en 2020 avec une palette de synth-pop contemporaine et mature, agrémentée de R’n’B du début des années 2010, dont est issu Just To Say. Kacy nous sert une musique douce, feutrée et lumineuse. Le clip de Just To Say est à l’image des sonorités de l’artiste : apaisant, beau, simple.

Gorillaz PAC-MAN ft. ScHoolboy Q (Episode Five)

Mais comment font-ils ? On vous le clame à chaque nouvel épisode de leur Song Machine : Gorillaz est trop fort. Et la dernière cuvée de la série, PAC-MAN, ne viendra pas contredire ce constat. Le morceau est de toute évidence un tube instantané, dansant sur ce gimmick inspiré des effets sonores reconnaissables du jeu culte. Le clip évoque ce qui ressemble fort à un dimanche au Kong Studio du groupe : Russell s’entraîne sur un sac de boxe (toujours en rythme), Murdoc attend que la vie passe dans son placard-cercueil, Noodle glande sur son téléphone dans le canapé avec l’invité de passage et 2-D est scotché à une partie de Pac-Man. Hypnotisé, il (aka Damon Albarn) chante à quel point il se sent paumé dans ce monde, tel le petit bonhomme jaune tournant sans fin dans ce labyrinthe hanté par les fantômes. Ensorcelé par les pouvoirs du Kong Studio, le guest du jour, le toujours pertinent rappeur californien ScHoolboy Q, lui répond dans deux couplets incisifs, à coup de « qui/que peut-on encore croire de nos jours ». Avec PAC-MAN, Gorillaz revient à sa formule magique classique : un son immédiat, le chant de Damon Albarn, et un rappeur au sommet. Trop fort.

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