Les clips de la semaine #84
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Auteur·ice : Rédaction
09/08/2020

Les clips de la semaine #84

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et quelle semaine ! Les clips de la semaine épisode 84, c’est maintenant !

Eartheater – How To Fight

Si le caméléonisme musical vous branche, découvrez Eartheater, votre prochaine obsession à l’art aussi kaléidoscopique que fascinant. Issue du visionnaire label berlinois PAN (Objekt, Yves Tumor)Alexandra Drewchin est le genre d’artiste qui vous balance une mixtape électronique aux influences trap une année (Trinity en 2019) et vous promet un recueil acoustico-expérimental l’année d’après. Quatrième album de la New-Yorkaise, l’opus s’appelle Phoenix : Flames Are Dew Upon My Skin, et deux extraits ont déjà été partagés. L’envoûtant Below The Clavicle annonçait ainsi déjà les couleurs tendres et délicates en juin dernier avec une production éthérée et aérienne, ouvrant la voie à How To Fightsecond morceau partagé cette semaine et qui suit la lancée délicate du premier. Le clip, réalisé par l’artiste elle-même, nous plonge dans les étreintes sensuelles et électrisantes de Drewchin avec la chorégraphe Chucky Rosario, entre tendresse et bestialité.

Flatbush Zombies – Afterlife

Alerte grosse sortie ! Deux mois seulement après la sortie de l’EP now, more than ever, les Flatbush Zombies reviennent une nouvelle fois d’entre les morts pour nous en mettre plein les oreilles. Afterlife est une preuve supplémentaire (s’il en fallait une) que le trio new-yorkais est clairement un des crews les plus intéressants de la scène hip-hop actuelle. Le flow est sûr, avec la pointe de psychédélisme un peu malsaine qu’on aime tant chez eux, le tout passé au rayon X pour plus de transparence. Et cerise non négligeable sur un gâteau déjà bien copieux : c’est un petit jeune du nom de James Blake qui s’invite à la prod. What else?

Flying Lotus – Remind U 

Cette semaine, Flying Lotus nous emmène aux confins d’un monde où tout est possible. À bord de vaisseaux et voitures délirantes, nous voyageons à travers un visuel à couper le souffle signé Winston Hacking. Ses collages rétros présents tout au long du clip s’allient judicieusement à l’atmosphère psychédélique du son, lui donnant un côté très imagé. Cela pourrait d’ailleurs nous faire croire qu’il a été composé pour illustrer le clip et non l’inverse, ce qui lui apporte une touche d’autant plus réaliste. C’est en s’accrochant à cet imaginaire que l’on peut rentrer si aisément dans l’atmosphère du morceau figurant sur le sixième opus du groupe. Ce clip est d’ailleurs l’occasion de se replonger dans Flamagra, décliné depuis mai en version deluxe.

Tkay Maidza – You Sad

Nous rappelant avec joie la verve artistique et versatile de Santigold, la Zimbabwéenne Tkay Maidza continue cette semaine de cimenter sa réputation d’artiste tout-terrain avec un titre léger et plein d’efficacité, inspiré par la vibe dancehall pop, qui vient faire sourire et balancer de la tête dans l’allégresse la plus totale. Initiée en 2018, sa trilogie Last Year Was Weird s’offrait cette semaine son deuxième volet, contenant entre autres ce jubilatoire You Sad. Un titre plein d’humour qui vient aborder ce fameux mec relou et collant (vous en avez toustes un dans la tête, mentez pas) en mettant en scène Tkay dans un univers hallucinatoire et coloré, entre plaines fleuries multicolores et ciel mauve-fuschia, indifférente aux innombrables “Some Guy calling” s’affichant sur son téléphone. Le ghosting poétisé avec ironie et finesse par Tkay Maidza.

Joji – Daylight

Le grand Joji revient avec un nouveau son, Daylight, une première pour l’artiste puisqu’il s’associe avec Diplo pour l’occasion. Un featuring qui surprend par sa nature commerciale. Daylight, c’est un peu le son de Joji qui lui permet de s’ouvrir au grand public. Stratégie de communication pour promouvoir son album Nectar à paraître le 25 septembre prochain ? Peut-être. Mais le titre reste efficace, il pourrait pousser les réticents à en écouter plus de l’artiste et, qui sait, les convertir au style sombre et cru de Joji. On y perd malheureusement ce style mélancolique, intense et sans édulcorant qui nous émerveille depuis le début de sa carrière, surtout dans la production du titre puisque c’est Diplo qui la sucre à sa façon. Quant au clip, luxures et Botox hollywoodiens sont au rendez-vous pour faire de l’ombre aux frères Bogdanov. À l’instar de ce qu’il fait d’habitude visuellement, c’est très coloré, poussé expressément vers le kitsch au moyen de danses, d’avions et de néons. La vidéo nous montre le tournage d’un clip de boys band senior poussés dans les retranchements de l’excès d’argent. Alors, qu’en pensent les fans ? Flop ou pas ?

LEON – Chasing A Feeling

Ce n’est plus vraiment un secret : les ruptures, ça inspire. Innombrables sont les perles musicales à succès basées sur des histoires d’amour écourtées, ou tout simplement expirées. Si beaucoup d’entre elles sont le fruit d’une accumulation d’abus, de dramas et autres assiettes exposées contre les murs, d’autres résultent tout simplement d’un status quo, d’une léthargie sentimentale pas foncièrement dévastatrice mais logée dans un coin de la tête, assez solidement pour exposer des inconforts inéluctables. “How do you know when things aren’t bad but they aren’t good either?” C’est autour de ces questionnements relationnels que s’articulera Apart, le second album de LEON, artiste suédoise à la voix forte et aux émotions vives qui s’applique à apposer sa plume vibrante sur une composition uptempo semi-nostalgique semi-dansante avec Chasing A Feeling. Un quatrième extrait de ce disque attendu pour octobre et qui s’accompagnait d’un visuel soigné, balancé entre des séquences pleines d’allégresses et d’évasion entre ami·es et des plans plus introspectifs de souvenance d’une ère sentimentale révolue.

Smahlo – Esili

Effluves de rumba et autres sonorités solaires au cœur de la musique de Smahlo, jeune talent Belgo-congolais qui continue de lever le voile sur une voix charnue et voilée, à la fois mise au profit d’une musique engagée et honorant ses racines congolaises. Avec Esili, il réitère l’exploit en proposant une composition chaloupée et intense à la fois, à l’image de sa live session de mars dernier, et qui aborde tant la soif de réussite de l’artiste que l’envie de faire honneur à ses origines, tout en pointant du doigt l’intolérance qui l’oppresse. Le clip est signé Beaucartel et nous transporte dans une succession de plans hautement visuels, hantés par un subtil esprit sombre et dur. De la musique profonde et forte, qu’il nous tarde de découvrir davantage.

Greentea Peng – Hu Man

Vous connaissez déjà notre adulation pour Greentea Peng : artiste ascendante venue tout droit de la scène soul londonienne (probablement la plus fructueuse du moment), elle commence à solidement se positionner comme l’une des nouvelles voix à suivre. Voguant sur des univers variés, qu’elle marie justement à sa propre patte voluptueuse et brumeuse, elle impressionne autant qu’elle subjugue, veillant à toujours bien soigner autant ses compositions que son esthétique. Avec ce nouveau morceau, elle s’inspire ici des saveurs délicieuses de la bossa nova pour les infuser à sa musique singulière. En résulte une invitation à l’introspection envoûtante et profonde, questionnant les identités et les égos sur fond de réflexion spirituelle. Hu Man est une offrande de paix et de guérison en ces temps intenses, et je prie pour qu’il entraîne les gens à l’intérieur d’eux-mêmes, ne serait-ce que pour un instant”.

Tame Impala – Is It True

C’est avec beaucoup de surprise que Kevin Parker, leader de Tame Impala, nous offre le clip du neuvième titre de son album paru cette année. Nous le retrouvons donc avec le même plaisir que la cassette retrouvée dans le grenier poussiéreux de grand-mère. C’est d’ailleurs le cas. Insertion de la VHS : dès les premières notes, le tempo singulier et les synthés sont mêlés à l’ambiance rétro du clip. Un visuel simple aux couleurs saturées, qui laisse cependant échapper un côté fragile et hésitant que Parker traduit dans des mouvements nonchalants. En effet, les paroles romantiques du morceau et les effets saccadés donnent cette note légère à ce titre si particulier au genre de Tame Impala dans un album aussi éclectique que The Slow Rush. Une belle dualité entre le clip et le morceau s’installe alors, pour davantage nous surprendre.

ANOHNI – It’s All over Now, Baby Blue

Vous lisez bien : la voix du bouleversant groupe Antony & The Johnsons est de retour. Évoluant en solo depuis son disque Hopelessness en 2016, la chanteuse britannique s’attaque cette semaine à deux monuments de la chanson : Bob Dylan et Nina Simone, à qui elle rend hommage dans deux reprises aussi mystiques que touchantes, résonnant avec une ferveur particulière au vu des circonstances actuelles. Pour accompagner sa réédition lo-fi et envoûtante de It’s All Over now, Baby Blue, c’est à partir d’archives de représentations à New York au sein de son ancien groupe qu’elle constituera un clip mesmérisant et troublant, témoignant d’une beauté toute particulière. N’ayant jamais caché ses engagements multiples pour différentes causes sociétales, en parallèle à la sortie des deux covers, l’artiste confiait “J’espère que cette période, et cette répugnante présidence, seront bientôt terminées, et que ces bigots, ces capitalistes apocalyptiques et ces évangéliques ramperont à nouveau dans leurs petits trous pourris.” Un EP de 7 titres est attendu pour la fin d’année, et c’est très certainement l’une des meilleures nouvelles de cette première moitié de 2020 éclatée.

Tim Dup – Une Autre Histoire d’Amour

Souvenez-vous : en janvier dernier, Tim Dup nous chamboulait le cœur avec Qu’en restera-t-il ?, un manifeste vertigineux et d’une profondeur rare qui questionnait le temps et la vie, tout en sublimant la chanson française et le spoken word, réunis le temps d’un album sur des compositions parfois légères, parfois dures, mais toujours vivantes. Une Autre Histoire d’Amour représentait sans équivoque le côté allègre et facile de Tim Dup qui nous offrait avec ce morceau un instant de volupté, de rêverie et d’errance sucrée parfumée d’amour et de bons sentiments. En équipe avec Flore Benguigi (du groupe L’impératrice), il conte ici l’effervescence d’une idylle acidulée, contrebalancée par la pudeur sentimentale qui l’empêche de déclarer cette flamme qui le consume. Entre humour et légèreté, Hugo Pillard, collaborateur aussi bien de FAUVE que de Videoclub, ou encore Pomme (pour qui il a réalisé le sublime documentaire Les Failles), fait ici briller sa fibre pleine d’authenticité et de poésie avec un clip en noir et blanc, tourné en plan-séquence au cœur de la nuit citadine, et qui met en image les papillons qui se croisent dans notre estomac lorsque vient la saison de l’amour. Spoiler alert : la fin est cadeau. Longue vie à Claude !

Sarah Walk – nobody knows

“Ils vont te crucifier pour être restés le·la même. Si tu changes, ils vont te crucifier pour avoir changé. Mais rester le·la même, c’est ennuyeux. Et le changement, c’est intéressant. Donc des deux options, je préfère être crucifié pour avoir changé.” disait Joni Mitchell. Et c’est à partir de ce motto émancipateur que l’artiste américaine Sarah Walk a construit son second album Another Me, qui promet un virage conséquent pour la jeune chanteuse. Avant de dévoiler l’entièreté du disque (attendu pour la fin du mois d’août), elle partageait cette semaine un dernier amuse-bouche alléchant, baigné dans une atmosphère acoustique folk et relevé par des rythmiques très subtilement électroniques et dynamiques. Malgré l’entrain du titre, le sujet abordé ici touche à une corde sensible de la jeune poétesse qui se confie à propos des dépressions qu’elle a traversées. L’occasion pour elle de mettre en lumière une autre facette d’elle-même et de continuer à réaliser l’ambition féministe et humaniste de ce nouveau projet : raconter la vie d’une femme queer dans ce monde.

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