Les clips de la semaine #92
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Auteur·ice : Rédaction
04/10/2020

Les clips de la semaine #92

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont retenu notre attention ces derniers jours. De quoi accompagner l’arrivée de la pluie et de l’automne. Les clips de la semaine épisode 92, c’est maintenant !

David Numwami – Beats!

David Numwami est de retour avec un second single après le Fisc de l’Amour, et cette fois “il veut faire des beats“. Attention toutefois à ne pas se tromper sur l’orthographe. Dans un clip mêlant pureté esthétique et une vibe de l’émission Art Attack qui a marqué les week-ends des années 2000, l’artiste belge nous fait chantonner gaiement sur ce morceau résolument pop française. Dans la vision artistique de David, il y a quelque chose d’assez inexplicable. Si au premier abord cela peut sembler léger aux oreilles, ça en devient très vite entêtant, et puis finalement brillant. Cela donnera à quiconque l’envie de faire des Beats! en se dandinant dans sa cuisine un dimanche matin. À propos de son nouveau titre, l’artiste avoue que “c’est un peu la lente réalisation, à l’âge de 26 ans, que peut-être les rêves ne se réaliseront pas”. Il évoque une fuite de la réalité. “Aujourd’hui plus que jamais, quand le monde semble maudit, je me réfugie dans ce qui me réconforte le plus : faire des beats dans ma chambre.” Pour le plus grand bonheur de nos dimanches matins moroses.

Cœur de pirate – T’es belle

Si on la connait pour avoir bercé notre préadolescence de son Comme des enfants, Béatrice Martin aka Cœur de pirate est maintenant à sa version la plus évoluée et assumée d’artiste. L’occasion de se départir des fioritures et d’en venir à un texte décomplexé, limpide et qui questionne – puisqu’il le faut encore – la position des femmes dans la société. “T’es conne si tu restes en silence, t’es folle si tu prends la parole” : le message de Béatrice ne peut pas être plus féministe et clair. La chanson se montre pour autant douce et simple, centrant la focale sur le message et la mélodie uniquement. La chanteuse de Montréal profite du moment pour inviter dans le clip (dont elle est aux commandes) des figures faisant honneur aux féminités diverses : Khate Lessard, première femme trans à faire partie d’une télé-réalité québécoise, Kiara, étoile montante de la scène drag notamment vue dans Canada’s Drag Race et Lactatia, une jeune drag-queen qui a participé à l’émission DragKids. Allez, l’ancien monde, on se tait et on admire la levée du nouveau.

Thérèse – T.O.X.I.C.

Une pierre de plus sur le chemin doré que se construit patiemment Thérèse. Après avoir dévoilé son génial premier single accompagné d’une session live que nous vous avions dévoilée en exclusivité il y a quelques semaines, la jeune artiste vient tout juste de sortir son tout premier clip, toujours pour le morceau T.O.X.I.C.. Militante, styliste, modèle et bien sûr musicienne, Thérèse y révèle toute l’étendue de son talent dans une vidéo réalisée par Charlie Montagut. Aussi brillante visuellement que musicalement, la vidéo mêle l’esthétique soignée et influences variées pour pousser un formidable cri du cœur, celui de la liberté. Un thème cher à Thérèse qui trouvera résonance en chacun·e d’entre nous au gré de sa musique.

Rallye – Theoreme

Voilà que s’avance un nouveau venu dans nos colonnes ! Rallye, c’est un groupe comme on les aime, né de l’amour entre quatre amis d’enfance qui ont décidé de mélanger la pop et les influences psychédéliques des années 60. Après avoir publié deux singles en 2018 et 2019, le quatuor prépare un premier EP à venir l’année prochaine et dont Theoreme est extrait. Cette semaine, Rallye en a dévoilé le clip, fruit du travail entre Krampf à la production (déjà à l’œuvre pour le dernier album de Las Aves) et Kevin Elamrani-Lince à la réalisation. Une œuvre au goût doux-amer qui traite de la rupture amoureuse et des sentiments ambivalents qui lui succèdent, avec une sensibilité et douceur bienvenues au début de l’automne.

Jorja Smith (feat. Popcaan) – Come Over

Vous reprendrez bien un petit peu d’été ? C’est par ici que ça se passe. Après le très réussi By Any Means, notre crooneuse britannique préférée semble bien décidée à garder une place de choix dans notre fil d’actualité. Et cette fois, elle n’est pas venue seule, puisqu’elle se fait accompagner du jamaïcain Popcaan, pour nous livrer un dernier élan estival sous le signe de la dancehall. Si le titre ne redéfinit pas le genre, il fait surtout le job d’apporter un peu de légèreté dans l’actualité de la chanteuse dont les dernières interventions se rangeaient plutôt du côté de l’engagement social. C’est à Amber Grace Johnson qu’a été laissé le soin de clipper l’affaire. Pour cette seconde collaboration avec Jorja, la réalisatrice nous emmène dans une futur dystopique bourré de référence à la culture anime.

Bottler – Phases

Les deux amis du duo Bottler, Pat Butler et Phil Shore, nous présentent enfin leur tout dernier clip, Phases. Inspirée des dessins animés des années 1990, la vidéo colorée nous replonge dans l’enfance. Le clip illustre avec justesse le combat quotidien d’une jeune héroïne contre ses troubles mentaux. Une véritable quête, poétiquement réalisée par Dylan Goodsell, puisque le mal est métaphoriquement représenté par un monstre à deux têtes, que l’héroïne parvient finalement à apprivoiser. Bien que traitant d’un sujet particulièrement difficile, le réalisateur prend le pari audacieux de l’associer aux codes colorés et chaleureux des cartoons. Pari brillamment réussi !

Murman Tsuladze – Abreshumi აბრეშუმი

Le trio à la croisée des routes de la soie continue de nous survoler à bride abattue, déversant de-ci de-là leurs tubes qui lorgnent vers l’Est. Les réverbérations de synthé et de sax emplissent l’espace autour de la voix chaude et indolente de Murman qui repousse le kitsch d’une pichenette goguenarde. De toute façon, Murman Tsuladze n’a que faire des obstacles. Perchés sur leur tapis volant, les musiciens s’en rient et les enjambent avec un sourire moqueur. Leurs aventures dans un monde post-soviétique pixélisé filmées par Lionel Jusseret alternent froides scènes sociales et chambardements mystiques et fantastiques. Avec toujours en ligne de mire la joie et la liberté. Passé et futur se croisent et se toisent alors qu’Orient et Occident s’interpellent dans un charivari d’une vivacité planante. Rare et précieuse est la félicité de celui ou celle qui lève les yeux et entre-aperçoit Murman Tsuladze en plein tohu-bohu aérien.

HAAi – Bon Viveur

La DJ australienne continue d’explorer un monde électronique aussi distinctif que varié sur son nouvel EP Put Your Head Above The Parakeets. À l’heure où la scène club à tendance à augmenter les BPM à tout va et à favoriser la puissance d’un kick léché et simple, HAAi expérimente sans entrave. Bon Viveur multiplie les sonorités, les nuances, et chaque élément trouve formidablement sa place dans ce court voyage psychédélique de 4:45 minutes. Brillant mélange de lâcher-prise et de contrôle sans faille, la track se révèle aussi dansante qu’’un banger hard-techno. Les images hachées et hallucinatoires de Sensory Works mêlent imaginaire nostalgique et effets festifs pour un clip au plus près des sensations procurées par la musique : retentissante, excitante et irrésistible. “Relax” nous disent-t-ils, sans façon mais avec plaisir.

Plants And Animals – Love That Boy

Titre après titre, Plants And Animals dévoilent quelques bribes ensorcelantes de leur futur nouvel album The Jungle. Quatre ans après l’impeccable et mature Waltzed in from the Rumbling, le nouveau disque s’annonce toujours aussi défricheur et colossal. Suivant l’explosif Your House Is On Fire et le sensuel Le Queens, Love That Boy s’affirme comme la plus classiquement rock des chansons dévoilées jusqu’à présent. La batterie saccadée est adoucie par les notes caressantes de guitare électrique et la voix vaporeuse de Warren Spicer. Les images lunaires et fluides de Yann-Manuel Hernandez jouent avec brio sur la distance fluctuante de la relation entre un parent et son enfant. Alors que la force de gravité du duo restera à jamais constante. La nostalgie de l’innocence de sa propre enfance s’efface rapidement alors que l’unité et la joie de sa famille le submerge. Warren chante “There is a world out there, someday I want you to show me”. On a hâte d’explorer The Jungle en entier.

Bingo Club – Shallow

Bingo. Jeu de loto très répandu au Canada. Club. Cercle où des habitué·es passent leurs heures de loisir. Depuis mai, la grille se complète, traverse les continents. L’automne venu, Bingo Club choisit de poser son troisième pion sur le sable du Sahara. Shallow souffle le Sirocco léger et s’ajoute à la collection des souvenirs sans âge. Une nouvelle fois, la pellicule est terne. Pourtant, quelque chose rayonne. La naïveté du regard porté par le caméscope ? Le plaisir de la cavalerie, prête à faire feu pour l’amusement ? Le soleil derrière son palmier ? Martin mentionne plutôt l’aura de l’imbécile heureux. C’est bien ça. Dance Me, Separated déchargeaient déjà nos corps de tous poids futiles. On les dit doux, chauds. Nous les embrasserions si ces ballades étaient palpables. Faute de quoi, nous les calons au creux de l’oreille, tel ce vieux doudou, lorsque nous étions endormi·es sur le velours du canapé, chez grand-maman, à côté du phonographe. On s’y retrouve le 30 octobre, quatre titres, un EP, sans phonographe.

Népal – Benji

Près d’un an après la mort anticipée du rappeur parisien créateur de la 75e Session, après la sortie de son album posthume Adios Bahamas, l’entourage du rappeur a sorti cette semaine les cinq derniers sons, les dernières paroles que l’on entendra de lui. Benji, c’est l’omega de Népal, la fin de son œuvre. Tourné sur les côtes du Sri Lanka, le clip met en scène le rappeur, toujours masqué comme à son habitude. Le nom de la chanson fait directement écho à Benjamin Franklin, l’un des pères fondateurs américains figurant sur les billets de cent dollars. Mais Benjamin Franklin, pour la petite histoire, c’était surtout le premier titre de Népal sous son pseudonyme. Un joli clin d’œil mais surtout une façon de boucler la boucle, de finir l’histoire, qui n’est pas prête d’être oubliée.

Abandon – The Limits

Il faudra encore probablement (et malheureusement) du temps avant de pouvoir retrouver ce genre de musique en club. D’ici là, les Allemands d’Abandon nous offrent leur nouveau clip, The Limits, dédié à toutes ces limites que l’on nous met et que l’on se fixe nous-mêmes tous les jours. Le clip nous emmène dans une espèce de cave où règne un DJ fou aux allures steampunk, officiant à tous les étages. Pour la première transposition en vidéo de leur musique, les deux Colognais ont réussi à brillamment représenter leur univers, à la fois sombre et dansant. C’est d’ailleurs autour de cette dernière caractéristique qu’ils ont axé leur clip, avec des chorégraphies léchées.

Dana Gavanski – Trouble

Ah, c’était bien l’été ! J’arborais ma dégaine de surfeur raté, je déambulais dans les rues désertes de ma ville de banlieue plombée par le soleil, je passais la journée à griller des clopes adossé au mur de la salle des fêtes, dont les portes sont restées closes depuis mars, et je m’empiffrais de colliers-bonbons en regardant la vie défiler. Je m’imaginais dans un clip tourné en film Kodak, comme ceux de Laura-Lynn Petrick. Ces journées, je les ai passées un casque enfoncé sur la tête, musique plein pot dans les oreilles. Mon walkman jouait un morceau à guitares lo-fi, marchant au pas cadencé, au-dessus desquelles la chanteuse faisait monter sa voix à la Nico. Dana Gavanski : c’était le nom inscrit sur la cassette. Cette Canadienne ne venait pas de mon bled sur la rive du Lac Supérieur, mais de Toronto. Son album Yesterday Is Gone – que je m’envoyais chaque jour de cet été où le monde s’était arrêté de tourner – avait le don de me mettre du baume au cœur. L’été est maintenant fini, mais au moins il m’a offert la musique de Dana Gavanski.

beadaboobee – How Was Your Day?

Mélancolie et douceur caractérisent l’univers sucré de How Was Your Day? signé beadaboobee. Il s’agit du quatrième single de la jeune musicienne rock pop anglaise qui annonce la sortie imminente de son album fake it flowers. Le clip empreint de nostalgie suit l’esthétique du vintage et touche par sa délicatesse. Ce titre renoue avec la musique lo-fi et DIY de ses débuts. How Was Your Day? est un morceau authentique et home made réalisé pendant le confinement.

QuinzeQuinze – Le Jeune

Attention, talent(s) ! QuinzeQuinze est un collectif qui définit sa musique comme “climatique“. Un projet qui prend forme sous nos yeux, petit à petit, et qui nous enchante à chaque étape. Que ce soit au niveau des textures, de la direction artistique ou de l’esthétique globale, on ressent un dépaysement, une force en mouvement qui fait du bien. QuinzeQuinze, c’est une histoire qui n’en est encore qu’à ses balbutiements, mais qui promet de nous emmener loin, très loin. Et Le Jeune fait un formidable incipit.

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