Les clips de la semaine #99
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Auteur·ice : Rédaction
22/11/2020

Les clips de la semaine #99

© Photo : Atlantic Records |

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont retenu notre attention ces derniers jours. Cette semaine, on vous a concocté une compilation XXL des visuels les plus dingues de ces sept derniers jours, de quoi faire vibrer vos rétines et vos oreilles. Les clips de la semaine épisode 99, c’est maintenant !

MARINA – Man’s World

Le féminisme prend des couleurs avec Marina Diamandis. Alors que son cinquième album est actuellement dans les tuyaux, la sensation pop galloise Marina (fka Marina and the Diamonds) partageait cette semaine le premier extrait d’un projet 100% féminin. L’été dernier, elle déclarait ainsi vouloir composer une équipe exclusivement féminine pour la production de cet album : “Qui sont vos artistes, productrices et autrices préférées actuellement ? Je suis en pleine création de mon prochain projet, et cette histoire ne peut être racontée que par des femmes.” C’est ainsi que Man’s Worldpartagé entre un esprit vaporeux et hargneux à la fois, parvient à transmettre cette fougue féministe qui semble habiter la chanteuse. Et le message est clair : “I don’t want to live in a man’s world anymore.” Pour illustrer son propos, c’est autour des clichés rattachés à l’histoire de Salem et de la chasse aux sorcières que le visuel s’articule. Coloré et visuellement extravagant, il met ainsi en lumière les femmes et la communauté queer, dans un délicieux mélange d’hédonisme et de protestation.

 

Yaåster – No Matter What They Say !

Et si on commençait par une virée dans les années 70 ? Pattes d’eph’, cheveux au vent et lunettes colorées vissées sur le nez, Yaåster s’adonne à un voyage onirique à la rencontre de son héros intérieur. Rythmé par un refrain rendu addictif par un gimmick qui reste rapidement en tête, le nouveau clip du dandy trouve son aboutissement au château de Groussay, un décor bien connu de nos lecteurs·ices ces derniers temps. Une aventure musicale et temporelle parfaite pour partir à la découverte d’un artiste à l’univers déjà bien rempli.

 

Amarula Café Club – Afrodiziak

Après l’effort, le réconfort. Tout juste remis de l’épopée de Yaåster, on vous propose une rasade du savoureux cocktail d’Amarula Café Club. Attention, la dégustation ne sera pas de tout repos pour autant ! Avec Afrodiziak, le joyeux collectif offre un clip au morceau le plus explosif de son dernier album. Réalisée par Marge Vigneau, la vidéo sublime le titre, en transformant en images ces incandescentes incantations qui font toute la richesse de la musique d’Amarula Café Club, entrecoupées de flashs et de gros plans qui permettent de reprendre pied, au milieu de ces séquences survoltées.

 

La Femme – Cool Colorado

Cool Colorado. Dans cet État américain, il flotte encore aujourd’hui un air hippie, beatnik, en marge des récits de Kerouac. La Femme nous offre ici une véritable concentration de toutes ces inspirations et nous balade doucement dans cet univers psychédélique propre aux seventies. Nouvel extrait de leur album à venir en début d’année prochaine, le clip se veut comme un second épisode, une suite légitime à l’éloquent Paradigme qu’on avait allègrement découvert en septembre dernier. Les douces distorsions d’image évoquent une liberté passée, avec l’ambiance cabaret et la fanfare comme fils conducteurs désormais. Un plongeon moderne dans le temps, qui annonce un troisième album revisiteur d’époques musicales passées, mais surtout pas oubliées.

 

ALUNA – The Recipe (feat. KAYTRANADA & Rema)

Si le premier album solo d’Aluna Francis (découverte en tant que chanteuse du duo AlunaGeorge) avait tout pour lui, ce clip vient relever davantage le niveau. Avec le visuel de The Recipe, réalisé par ReggieAluna décide de donner sens au titre de son album Renaissance en recomposant l’ambiance de la Grande-Bretagne d’époque avec un malicieux twist inclusif : tous les personnages à l’écran sont de couleur. “Je voulais jouer avec la manière dont l’histoire nous a toujours été dictée. En grandissant en Angleterre, vous êtes constamment exposé·es à l’histoire blanche glamour des drames d’époque, sans une seule personne noire en vue. J’ai le sentiment qu’au vu de l’important financement de l’Empire britannique par l’esclavage, cette histoire est aussi la nôtre. Nous n’avons tout simplement jamais été représenté·es dans ces parures caractéristiques de l’époque, et je voulais voir à quoi cela ressemblerait.” Coup de génie donc pour ce visuel alléchant, qui crée un anachronisme plaisant entre les costumes élisabéthains extravagants et la vibe afrobeat soulful instaurée par le producteur Kaytranda et le kickeur Rema

 

TRENTE – Aux Absents (feat Karelle)

TRENTE, c’est de la douceur pure, des mots mélodieux sélectionnés avec soin, de la mélancolie comme on l’aime à toute saison. TRENTE, c’est aussi parfois prendre son temps, ralentir le rythme, et se laisser envoûter par les vagues musicales. Avec Aux Absents, Hugo Pillard de son vrai nom, nous offre un titre contemplatif comme on en rêvait pour traverser ces jours confinés. Le featuring avec Karelle est ici éclairé à travers un clip graphique aux tons de bleu et violet, ponctué de superpositions d’images d’archives personnelles. Aux Absents, qui nous séduit par sa délicate sincérité, est le premier extrait d’un EP à paraître la semaine prochaine.

 

Lost Horizons feat. Porridge Radio – One For Regret

Lost Horizons, le projet artistique de Simon Raymonde (Cocteau Twins) et Richard Thomas (Dif Juz), vient de dévoiler un nouveau titre avec la chanteuse de Porridge Radio, Dana Margolin. One For Regret est extrait de leur dernier album, In Quiet Moments, qui sortira le 4 décembre (Bella Union). Sombre et obsédant, le morceau est marqué par des riffs de guitare chatoyants et une batterie élancée, sublimés par la voix frénétique de Margolin, qui nous parle de nostalgie et d’erreurs passées. Réalisé par l’artiste visuelle Rachel Amy Winton, le clip est un trip angoissant, mettant en scène Margolin, seule ou en compagnie de ses doubles, dans une multitude de décors surréalistes allant du cosmos aux enfers.

 

Yves Tumor – Kerosene! (feat. Diana Gordon)

Après nous avoir offert l’un des albums les plus fascinants de l’année, le serpent Yves Tumor continue de captiver en soignant son esthétique mystique et surréaliste dans des visuels léchés. Dans un cadre plus sobre que l’extravagant Gospel For A New Centuryil prend ici les traits d’un Dom Juan des temps modernes, dont le coeur vacille entre deux conquêtes. La chanteuse Diana Gordon, avec qui Tumor partage le titre, y joue une golfeuse vengeresse prête à reconquérir le cœur de son amant. “Nous avons voulu créer une histoire épique, autour d’un groupe de personnages hétéroclites qui naviguent dans la vie”, confie le réalisateur Cody Critcheloe, alias SSION. En résulte une effervescente enfilade de séquences plus suggestives et affolantes les unes que les autres, entre luxure et violence. Rien de mieux pour refléter l’esprit de ce puissant Kerosene!.

 

Pablo Alfaya – Hero In Disguise

Dans la foulée de son étincelant premier album, le jeune musicien s’offre un clip aux airs de folle virée en solitaire. Sur les plages agitées du Pays basque, au volant d’une clinquante voiture de sport ou dans la brume, Pablo Alafaya se rêve boxeur céleste à l’infinie ténacité. Les mélodies rêveuses déploient leur chaleur solaire, alors que notre héros court vers son futur autant qu’il fuit son passé. Au fil des images aussi poétiques que triviales de Julien Peultier, il s’explore à travers le paysage et se retrouve enfin dans sa solitude. La musique rayonne et illumine ses aventures, transforme sa fuite en avant en danse cathartique. Si elle ne suffit peut-être pas à apaiser ses blessures, elle réveille ses forces et ravive sa soif de vie.

 

JAWNY – Sabotage

Laissez-nous vous présenter JAWNY, assurément votre nouvelle obsession indie-DIY-bedroom pop (tout ça, oui). Véritable produit de son époque, c’est propulsé par les algorithmes tiktokiens que son single Honeypie le glissera sous les projecteurs. Depuis, le jeune américain n’a cessé d’aiguiser ses qualités de producteur autodidacte pour produire, en plein confinement, un hybride semi-EP semi-album sobrement intitulé For Abby. Dans celui-ci, il tentera maladroitement de reconquérir cette fameuse Abby, qui lui a visiblement volé son cœur. Sabotage assure la partie mea culpa du discours aux violons de tout bon baratineur qui se respecte. L’esprit loufoque qui colore l’univers du chanteur s’applique au visuel totalement barré du morceau, qui nous emmène faire un tour psychédélique dans un car wash à bord d’un van, entre deux versets de la Bible récités par un témoin de Jéhovah. Et ça, c’est vendeur.

 

Megan Thee Stallion – Body

“The category is: body” À l’occasion de la sortie de son premier album Good Newsle phénomène hip-hop de Houston nous présente le clip de son titre Body. Une ode aux courbes, aux fesses et aux titties que la jeune artiste honore haut et fort, dans la lignée de WAP, son célèbre featuring aux multiples records avec Cardi B. Une raison de plus de croire que la nouvelle génération du hip-hop féminin n’a plus peur d’affirmer et chérir sa liberté corporelle et sexuelle. Entre l’actrice Taraji P. Henson, la mannequin Jordyn Woods et la rappeuse Blac Chyna, Megan Thee Stallion partage l’écran avec des invitées d’exception, pour une célébration inclusive des corps féminins de couleur. Trigger warning : ce visuel contient des séquences chaudes et décomplexées, et qu’est-ce que ça fait du bien !

 

Gaël Faye – Kerozen

Je t’inventerai des exils. Des archipels fragiles.” Une promesse, une poésie, et un tableau dessiné à l’aide de nouvelles couleurs. Si le rappeur-écrivain a choisi Kerozen comme première chanson de son nouvel album Lundi Méchant, c’est parce qu’elle symbolise à elle seule les nouvelles idées du franco-rwandais. Tout en gardant sa plume caractéristique, l’auteur cherche désormais à être plus universel dans ses textes que par le passé. Il nous confiait d’ailleurs il y a quelques semaines vouloir offrir à ses auditeurs une échappée face à la routine, à l’image du Wu-Tang qu’il écoutait lorsqu’il bossait à la City de Londres. Métro – boulot – violence – dodo, c’est donc le quotidien sur lequel s’attardent les images de Kerozen, comme pour mieux s’en extraire. Prenant une femme par la main, Gaël Faye erre au milieu d’un scène de crime comme au milieu d’une peinture figée. Le contraste entre la violence implacable de certains plans et la quiétude optimiste d’autres se fait écho des mélodies chantées par le slameur, pour un résultat d’une rare sensibilité. Enfin, rare, ce serait mal connaître la capacité de celui qui assure qu’il aura “toujours un millier de trucs à raconter” à transformer tout ce qu’il touche en or, que ce soit sur vinyle, papier ou pellicule.

 

Lulu Van Trapp – Brazil

Enfin ! On vous en parlait déjà en 2018, et puis plus rien, ou presque. Après des mois et des années à se faire prier, la bande à Rebecca Baby revient sur les internets pour nous emmener au Brazil. Surf-rock à l’hémoglobine, freak show et lasers, c’est en tout cas une arrivée en grande pompe pour le quatuor parisien aux airs de Tarantino. Toutes en noir et blanc, les images de Lucie Bourdeu épousent formidablement les guitares frénétiques et nappes psychédéliques du meilleur groupe live de Paris. S’il va falloir attendre un peu avant de goûter à nouveau à la douce folie des bals de Lulu Van Trapp, ce nouveau clip annonce un EP qui ne saurait tarder. Et c’est déjà une formidable dose d’euphorie croustillante.

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