Les clips du mois, c’est votre rendez-vous mensuel qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque mois le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ce mois-ci.
Le plus Black Mirror : Yard Act – The Trench Coat Museum
| Sélectionné par Coralie
Cet été aura été l’occasion de retrouver les Anglais de Yard Act. Après un premier album qui aura propulsé leur musique dans nos oreilles et leur nom sur toutes les bouches, l’irrésistible formation post-punk revient cette fois-ci avec un récit dystopique. Co-produite par Remi Kabaka Jr du groupe Gorillaz, cette chanson d’anticipation nous plonge dans un futur auquel on ne souhaite pas appartenir mais qui, tel un extrait de Black Mirror, semble plausible. Guidé·es par l’objectif de James Slater, on visite ainsi le Trench Coat Museum, qui donne au morceau son titre. Pendant huit minutes, les éléments dérangeants se multiplient. Comme la série, on finit avec un sentiment d’inconfort et l’envie de prier pour que cette fiction ne devienne pas un jour réalité mais promis, le clip vaut d’être visionné.
Le plus clair-obscur : Ama Lou – Silence
| Sélectionné par Mathilde
Le plus engagé : Shunaji – Evil Cute
| Sélectionné par Giulia
Spontanée, vraie et politique, Shunaji dévoile Evil Cute, son manifeste sur les stéréotypes sexistes et de genre. Le clip est (presque) entièrement dirigé par Shunaji en personne, ce qui témoigne de son engagement et de sa détermination. Charismatique, elle critique avec son flow et ses paroles la société qui impose certains comportements aux femmes. Il faut suivre cette jeune rappeuse de près, elle mêle ses influences hip-hop alternatif au trip-hop. Shunaji est originaire de Rome, elle vit actuellement à Londres, raison pour laquelle elle ne va pas hésiter à écrire à la fois en anglais et en italien.
Le plus municipal : okis – Roi des banaveurs
| Sélectionné par Charly
Un fleuve de rimes est régulièrement venu déborder de la suite aléatoire de summer hits dansants et aériens que cracha tout l’été notre mauvaise enceinte portable. Hymne au mec qu’on entend plus que les autres au fond du bus et qui finit chacun de ses mensonges par jurer, c’est aussi comme ça qu’okis aurait pu appeler ce morceau s’il n’était pas lyonnais. Ici on parlera de banaveur, surnom argotique affectueux qu’il dirige vers ses gars, zonards s’il en est. S’érigent alors sous la plume du rappeur et les yeux de Boris Mouraret et Sandra Gomes (respectivement à la réalisation et à la direction artistique de ce clip) les lieux du quotidien bien connus des classes populaires françaises, endroits de l’ennui et de la beauté qu’il féconde : le banc d’arrêt de bus, la chicha, le PMU, le stade ou le parking souterrain. Finissons d’être pompeux·se en affirmant la belle ode au rap et à sa culture que forme cette juste fresque et soyons journaliste musical en vous conseillant de suivre okis, car avec ce quatrième clip en un an, il enchaîne et ne raconte pas que des banaves.
Le plus épuré : Billie Eilish – What Was I Made For?
| Sélectionné par Alice
Rares sont celles et ceux qui ne reconnaîtront pas ce titre de notre adorée Billie Eilish, écrite pour la BO du film Barbie réalisé par Greta Gerwig. Un fond uni, un plan séquence et deux mouvements de caméra… Il n’en faut pas plus à Billie Eilish pour nous raconter une histoire et nous y faire passer plusieurs émotions. Elle nous montre, à travers ce clip, le reflet de notre réalité et comment un évènement extérieur (ou l’intrusion d’une simple pensée) – à l’image de ces intempéries – peuvent nous déstabiliser dans notre quotidien que l’on pensait si bien contrôler. Comme pour la Barbie, incarnée par Margot Robbie dans le film du même nom, l’artiste nous demande What Was I Made For? et nous plonge dans cette réflexion universelle de l’être humain, qui est et restera toujours : pourquoi avons-nous été créé·es ?
Le plus puissant : Coely – Fruit of Bantu ft. Shaka Shams
| Sélectionné par Louise
Arrêtez tout, la collab’ la plus bouillante du rap game au nord du plat pays est signée Coely et Shaka Shams. Une esthétique brute, toute en nuances de gris et des plans qui s’enchaînent de façon électrique, comme s’ils essayaient de suivre le flow effréné de ce duo désormais iconique. Fruit Of Bantu, c’est deux minutes quarante-deux de montée en tension (et en température) aussi maîtrisée que déroutante pendant laquelle on célèbre sans réserve la résilience, l’unité et la diversité. Une glorification fière et provocante de ses racines qui fait du bien et pour laquelle on remercie les deux artistes.
Le plus doux : Charlie Cunningham – Water Tower
| Sélectionné par Joséphine
Retour en mai dernier, dans la pénombre de la salle de la Maroquinerie. Charlie Cunningham confie d’une voix feutrée s’être isolé pour composer le magnifique Frame, avec à perte de vue des champs… et un château d’eau. C’est ce dernier qui a inspiré ce morceau, par le besoin d’offrir une mélodie à un souvenir. À l’aube ou au crépuscule, sous le soleil étouffant d’un après-midi d’été ou la lumière dorée d’un matin d’hiver, fermer les yeux sous le charme de cette douceur suffira à se laisser porter par l’élégance du piano et de la trompette de Water Tower, aujourd’hui magnifié d’un clip aux jeux d’ombres et de lumières. De la délicatesse à l’état pur.
Le plus solitaire : Aliocha Sneider – Ensemble
| Sélectionné par Quitterie
Quiconque a déjà vécu une relation à distance se reconnaîtra dans Ensemble, le dernier single doux-amer d’Aliocha Schneider. Dans cette chanson probablement inspirée de sa relation avec la chanteuse québécoise Charlotte Cardin, que l’on entend d’ailleurs faire les chœurs, Aliocha met en musique le vide et le manque de l’être aimé. Même si le dicton dit vrai, être loin des yeux fait tout de même mal au cœur. Dans un clip d’une simplicité pudique, le chanteur est seul avec du monde autour. Un brouhaha de gens heureux, des groupes d’ami·es qui discutent, mais Aliocha n’est pas dans le mood. Ensemble est le second single de son nouvel album qui sortira le 29 septembre. Et si vous êtes sur le Vieux Continent en mars 2024, vous pourrez peut-être l’apercevoir à la Cigale.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.